Patrick Modiano ENCRE SYMPATHIQUE
Une simple fiche dans une chemise à la couleur bleu ciel qui a pâli avec le temps » : il n’en faut pas plus à Modiano pour nous entraîner dans la rêverie habituelle, pleine de mystères non résolus et de personnages en rupture de ban. Le narrateur, un certain Jean Eyben, se souvient: trente ans plus tôt, il a brièvement travaillé dans l’agence de détective Hutte (la même que celle de Rue des Boutiques obscures). Son patron, un type insaisissable, lui avait confié une mission tout aussi louche. À partir des rares informations contenues dans ladite chemise bleu ciel, il devait comprendre où et pourquoi avait disparu Noëlle Lefebvre, une jeune femme qui vendait jusque-là des sacs chez Lancel. Voici donc Eyben lancé dans une enquête qui ne cesse de se dérober. Il déambule dans Paris, s’enfonce dans le flou, croise des hommes mutiques et inquiétants tels que le patibulaire Gérard Mourade et sa veste de mouton retourné. Arrivant à réunir quelques maigres indices, Eyben avance pas à pas, allant de la rue de l’Alboni (comme dans Accident nocturne) à Annecy (comme dans Villa Triste). Avec Encre sympathique, on est en territoire connu, typiquement modianesque, et pourtant on découvre encore de nouvelles contrées dans ce paysage brumeux qui nous mènera à Rome, « une ville qui avait le pouvoir d’effacer le temps, et aussi votre passé, comme la Légion étrangère ».
Il y a des blancs dans cette vie, des blancs que l’on devine si l’on ouvre le « dossier » : une simple fiche dans une
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