Une folle aventure

Une tentative d’assassinat ?

L’homme qui venait d’entrer dans l’immeuble fronçait les sourcils tout en s’adressant au gardien d’une voix rauque. Celui-ci répliqua aussitôt :

– C’est mademoiselle Chevrier qui en a fait les frais. Elle a eu heureusement plus de peur que de mal. Enfin, vous ne pouvez pas vraiment vous en étonner, monsieur le commissaire. Vous savez bien tout ce qui se passe en ville, et ce n’est pas parce que vous habitez ici, au huitième étage, que ça fait fuir les malfrats !

Négligeant de s’insurger contre cette mise en cause directe, Charles Simonet se dirigea vers l’attroupement qui l’avait étonné dès qu’il avait pénétré dans le hall. Plus jeune commissaire de police de France à moins de quarante ans, il faisait à Melun toujours tout ce qu’il pouvait avec le peu de moyens qu’on lui octroyait pour mettre un frein aux vols à l’arraché, aux cambriolages, aux rodéos sauvages la nuit et autres méfaits, mais il était loin de pouvoir y mettre fin, il le reconnaissait sans peine. S’approchant de la victime, il la vit en larmes, incapable de répondre aux multiples questions qui fusaient autour d’elle. L’horreur s’inscrivait dans son regard clair et elle n’arrêtait pas de tousser.

L’individu qui l’avait agressée alors qu’elle sortait de son appartement, un studio au quatrième étage, s’était acharné sur sa gorge et elle ne devait son salut qu’à l’intervention inespérée du gardien qui, à cette heure matinale, venait de porter un paquet à madame Favron, la propriétaire du cinquième. C’était en ressortant de chez la vieille dame qu’il avait entendu des hurlements. Cela provenait de l’étage en dessous à n’en pas douter. Aussitôt il s’était précipité dans l’escalier.

À peine avait-il débouché sur le palier qu’il s’était vu bousculer par un homme dont la tête était recouverte d’un bas nylon. La jeune fille qui émergeait de l’ombre était encore sous le choc, si bien qu’elle s’était laissée glisser à