Suspicion

11 – RÉSUMÉ: Perturbée par ce qu’elle vient de découvrir, Honor a du mal à donner le change à Elipher, pendant le dîner. Et celui-ci en est vexé. Honor décide alors d’aller au rendez-vous quotidien que lui a fixé Robert Landier. Elle se confie à lui, lui raconte ses doutes au sujet de la pièce, sans trop lui en dire pour autant. Celui-ci lui propose de la conduire à Londres dès le lendemain, pour qu’elle puisse comprendre ce que manigance Elipher. Pendant ce temps, en France… Herbert Smith, le cousin d’Elipher Dicks, écrivain à succès, s’est installé pour quelque temps à La Rochelle pour travailler à son nouveau roman. Tandis qu’il se promène sur le cours des Dames, une jeune femme, une compatriote, pense-t-il, l’interpelle pour lui demander une cigarette… Il est troublé par son regard inquiet. (Voir Veillées n^os 3491 et suivants.)

Herbert Smith se demanda ce qui poussait cette fille à arrêter les passants. Elle était peut-être en manque de drogue ou d’affection… Quant à l’argent, elle ne devait pas en posséder beaucoup, s’il en jugeait à ses sandales avachies. À la réflexion, il lui fallait un sacré don d’observation pour avoir remarqué tout cela en l’espace de quelques secondes. De ses traits, en revanche, il ne gardait qu’un souvenir flou. Quelle importance! Il ne la reverrait sans doute jamais, à moins qu’il ne la croise de nouveau sur le port.

Le restaurant s’était considérablement rempli depuis son arrivée.

Les gens venaient dîner de plus en plus tard, Herbert le constatait. Lui-même éprouvait beaucoup de plaisir à sortir le soir. Se découvrant un appétit plus aiguisé qu’il ne l’imaginait, il commanda un chateaubriand arrosé d’une demi-bouteille de Morgon. Surgit une dizaine de jeunes gens particulièrement gais et sympathiques. La salle fut aussitôt envahie d’un brouhaha animé de boutades suivies de rires francs. L’Anglais se félicita de ne pas avoir terminé son repas. Il aimait être entouré de jeunesse.

Sur ces entrefaites, entra dans le restaurant une sculpturale brune aux yeux verts. Sa taille de guêpe contrastait avec la largeur de sa carrure, encore accentuée par les épaulettes à la mode que supportait