LE SUPPLÉANT
PRINCE HARRY, FAYARD, 538 PAGES, 26,50 EUROS.
« Dans l’avion qui relie Londres à l’Écosse, le jour de la mort de la reine
J’ai consulté le site de la BBC. Grandmère était partie. Papa était roi. J’ai mis une cravate noire, je suis sorti de l’avion dans un brouillard épais et j’ai foncé vers Balmoral dans une voiture de location
C’est le livre dont tout le monde parle mais que personne n’a lu. Annoncé comme une bombe qui peut faire trembler la monarchie britannique, il est attendu avec crainte par la couronne. Certains journaux anglais ont défloré des extraits savamment choisis. Nous sommes le premier média français à avoir eu l’ouvrage – dans sa version anglaise – entre les mains. Il s’ouvre dans les jardins de Frogmore à Windsor sur une réunion de famille qui tourne court en marge des funérailles du prince Philip. L’incommunicabilité entre d’un côté le prince Harry et de l’autre le futur roi Charles et son fils aîné est à son summum. La tension est palpable, et personne n’ose dire ce qu’il a sur le cœur. Il se referme 538 pages plus loin sur les funérailles de la reine Elizabeth…
Entre ces deux scènes, ni celui d’un En Irak puis en Afghanistan – où il a tué une vingtaine de talibans –, dans le contrôle aérien puis dans le cockpit d’un hélicoptère, Harry n’a vraiment pas démérité et fréquemment fait preuve de courage. Mais, sur un théâtre extérieur, il devient rapidement une cible, un objectif militaire, ce qui oblige le commandement supérieur de l’armée britannique à l’exfiltrer. Une nouvelle fois, son statut de « suppléant » lui ferme les portes d’une carrière qu’il aurait souhaité poursuivre. Sa vie sous les drapeaux constitue le plat de résistance du livre. Les missions du jeune capitaine sont largement racontées avec leur cortège de peur, d’hésitation, d’épuisement, de camaraderie, de solitude et parfois de vexation. Le but est atteint: non, le duc de Sussex n’a pas revêtu un uniforme d’opérette.
