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Constance Debré Offenses

Ça commence comme un fait divers. Dans une ville non nommée de la banlieue parisienne, un jeune homme de 19 ans a des galères d'argent - il doit 450 euros au dealer pour lequel il fait la nourrice (c'est-à-dire dont il garde la drogue). Pour gagner trois sous, il lui arrive de faire les courses pour sa voisine du dessous, une octogénaire qui vit chichement grâce à la pension de réversion de son mari. Il décide de « payer sa dette de shit avec la carte ». Il se rend donc chez elle pour lui voler son sac, elle ne se laisse pas faire, ça dégénère, et il la tue de dix coups de couteau… À partir de ce point de départ, Constance Debré raconte le procès d'un assassin ordinaire en alternant les points de vue - on passe de la tête de son personnage à sa tête à elle d'ancienne avocate qui interroge le droit, l'injustice sociale et la « » que représente tout procès. Le style est sec, à l'os, avec cet art du monologue fulminant à la Thomas Bernhard, déjà présent dans Sans rien dévoiler, disons juste que le livre, qui retourne habilement les fausses vérités, finit par une envolée étourdissante à la tonalité quasi religieuse. Surprenante anomalie que Debré, que l'on réduit souvent à tort à une simple héritière de la littérature égotiste gay du xx siècle (Hervé Guibert, Guillaume Dustan) alors qu'elle a au moins autant à voir avec les penseurs jansénistes du xvi tel Biaise Pascal, qu'elle cite dès les premières pages d'.

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