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IL EST DES HOMMES QUI SE PERDRONT TOUJOURS

Le nouveau livre de Rebecca Lighieri est un roman noir d’une grande intensité, au décor planté dans les quartiers nord de Marseille. Le narrateur, Karel Clayes, est beau au point que l’on se retourne sur lui dans la rue. Beauté qu’il partage avec sa sœur, Hendricka. Leur mère est d’origine kabyle, leur père vient d’un village belge où l’on parle allemand. Papa méprise la terre entière, enchaîne les pastis et les bières dans les bistrots, se drogue dur et vocifère tant qu’il le peut sur le frère cadet de Karel, Mohand, né avec de lourds handicaps. Les Clayes habitent la cité Artaud, baptisée du nom d’un écrivain que Karel a lu. Ce dernier se débrouille du mieux qu’il peut avec une enfance chaotique. À 7 ans, il en connaît déjà « un rayon sur le cœur des hommes » ainsi que sur« la couleur des sentiments ». Il lui faut tenir, s’évader, grandir dans le mépris et la haine d’un père cogneur. Karel traîne avec les gitans, participe avec Hendricka aux castings où leur géniteur les expédie en leur rêvant un destin digne de ceux de Michael Jackson et Céline Dion. Il découvre les plaisirs de la chair, les pulsions qui sommeillent en lui… Avec Il est des hommes qui se perdront toujours, Rebecca Lighieri signe une tragédie avec ses élans, ses éclats de violence et de beauté, sans oublier sa bande-son d’époque – celle des années 1990, d’Elsa et de Philippe Lavil.

LE LIVRE

IL EST DES HOMMES QUI SE PERDRONT TOUJOURS PAR REBECCA LIGHIERI, 384 P., 21 €. COPYRIGHT P.O.L. EN LIBRAIRIE LE 5 MARS.

QUI A TUÉ MON PÈRE ?

Qui a tué mon père ? À cette question, je crois pouvoir répondre : personne. Non pas en raison d’un jeu de mots aussi retorsn’a tué mon père, il n’en demeure pas moins qu’il a été assassiné et qu’il a connu une mort aussi violente qu’infamante, à deux pas de la cité où il avait passé l’essentiel de sa vie d’adulte, adossé à un tas de gravats dont émergeaient des bouts de ferraille difficiles à identifier.

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