Fantaisies suicidaires: Recueil de nouvelles

Par Raphaël Fayolle

Des récits brefs, efficaces, teintés à chaque page d'un humour noir savamment maîtrisé

L’exercice de la suppression du « e » ayant déjà été résolu par Georges Perec, l’auteur s’est amusé à éliminer un personnage tous les 400 mots des 11 textes qui constituent ces réjouissantes Fantaisies suicidaires.

Texte après texte, l'auteur bâtit une réflexion profonde sur l'absurdité de la vie et de la mort.

EXTRAIT

Je vivais il y a des millénaires, mais peut-être pas si loin du lieu où vous êtes actuellement – pour ceux qui apprécient les exactitudes temporelles et spatiales : - 61 970 - 61 949 avant aujourd’hui dans le lieu-dit, depuis, La Coume de Vengues (près de Saint-Lary, en Ariège). Depuis le temps que je suis mort, j’ai eu tout loisir d’apprendre votre langue. La mienne était plus rudimentaire, elle ne m’a pas empêché de formuler clairement ce qu’aucun de mes ancêtres n’avait jamais fait auparavant : la seule question qui vaut la peine d’être posée n’est pas « comment vais-je faire pour chasser ce cerf ? » mais « comment vais-je mourir ? » Je l’ai résolue.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Raphaël Fayolle est né en 1970 au Puy-en-Velay, département de la Haute-Loire, région Auvergne.
En 2002, son ami d'enfance et de toujours, Carro, se suicide à l'hôpital psychiatrique Sainte-Marie du Puy-en-Velay.
En 2009, son fils Augustin naît à la clinique de La Ligne Bleue d'Epinal.

• Langue: Français
• Éditeur: Emoticourt
• Date de sortie: 6 févr. 2018
• ISBN: 9782823900057

Aperçu du livre

Fantaisies suicidaires

Raphaël Fayolle

La mauresque au perroquet rouge tomate

Si Franck Lesieur avait été moins maladroit, c’eût été vraiment dommage et pour moi, en tant que journaliste, et pour vous, en tant que lecteur. Nous aurions été privés des détails de cette soirée peu commune. Mais on ne réécrit pas l’Histoire, et c’est tant mieux. Jugez plutôt.

Vendredi dernier aux environs de 19 h, Jean-Paul Muzo – 37 ans, médecin généraliste – se rend au domicile de M. et Mme Franck et Éléonore Lesieur – lui, 42 ans, échographe ; elle, 29 ans, dentiste – pour un dîner qu’il ne prendra, hélas, jamais. Le caniche du couple – Rolland, 4 ans – est de la partie.

Avant de passer à table, les convives boivent un apéritif, puis un deuxième… puis un neuvième, d’après la mémoire surprenante de Lesieur. Du pastis. Précisément, perroquet pour madame, tomate pour l’hôte et mauresque pour l’amphitryon. C’est à partir du cinquième perroquet que les choses prennent un tour polémique. M. Muzo aurait alors dit à M. Lesieur que le métier d’échographe « se borne à savoir faire marcher une machine et c’est tout » et celui-ci de lui répondre que « sans lui derrière pour analyser les résultats, la machine est aussi efficace qu’un sparadrap sur une blessure par bazooka ».

Entre la huitième et la neuvième mauresque, tout s’enchaîne