Les SECRETS QU'IL NE FAIT SURTOUT, SURTOUT, SURTOUT PAS DIRE

Par Sophie Laroche et Jean Morin

Qu’arrive-t-il à Max et sa bande ?
Amis depuis le primaire, les copains ne partagent plus leurs secrets : le chien d’Alexandre a été enlevé, la voisine de Max l’intimide et Zizou est prêt à tout (mais vraiment tout !) pour participer à un camp intensif de soccer.
Sans parler des étonnants « Potins de Martin » qui circulent sur les médias sociaux et qui causent du tort à toute la ville…
Cette fois, le lien qui unit Max et ses amis suffira-t-il à percer ces nouveaux mystères ?

• Langue: Français
• Éditeur: De Mortagne
• Date de sortie: 6 avr. 2022
• ISBN: 9782897923464

Sophie Laroche

Née en 1970, Sophie Laroche a grandi au bord de la mer, à Wimereux, dans le Pas-de-Calais. Après des années de journalisme, elle se consacre à l’écriture pour la jeunesse, la rédaction d’articles comme pigiste pour un magazine féminin et les rencontres dans les écoles. C’est indéniable, Sophie Laroche sait écrire pour la jeunesse. N’hésitant aucunement à aborder des thèmes graves, elle n’a cependant pas besoin d’être moralisatrice, les légèretés et gravités de ses romans suffiront à ce que le message soit compris par les jeunes lecteurs. La plume de Sophie Laroche est une vraie découverte.

Aperçu du livre

Chapitre 1

Que les choses soient claires dès le départ : je n’y suis pour rien !

Rien du tout, du tout, du tout !

Je sais à quel point Max a horreur de lire1, je ne suis pas assez cruelle pour le remettre volontairement dans un roman. C’est lui qui est venu me chercher. Ça faisait deux ans que je ne l’avais pas vu. Comme il a grandi ! Comme il est mignon ! Il est en deuxième secondaire maintenant, et j’ai constaté avec plaisir qu’il a toujours la même bande de copains : Max, Alexandre, La Flèche, Zizou, Benjamin et Hortense.

Toutefois, leur façon de se tenir et de parler, leurs vêtements aussi, m’ont signalé un changement majeur : Max et ses amis

sont entrés dans l’adolescence. La preuve : j’ai eu du mal à comprendre ce que me racontait La Flèche ; il utilise plein d’émoticônes dans ses phrases ! Max m’a expliqué qu’il parle bizarrement depuis qu’il est accro à son cellulaire.

—  C’est ennuyeux qu’il ne s’exprime pas correctement dans un livre ! ai-je protesté.

—  Ce qui est surtout « ennuyeux », a repris Max en appuyant sur l’adjectif d’un ton moqueur, c’est que tu nous as oubliés tout ce temps !

—  Je ne vous ai pas oubliés, j’ai décidé de vous ficher la paix, c’est différent ! ai-je rétorqué, avant de m’inquiéter. Mais qu’est-ce qui se passe, Max ? Marc Norenêt est revenu ?

—  Alors là, madame Sophie, c’est bien le moment de vous en préoccuper ! s’est presque étouffée Hortense.

Hortense est la seule de tous mes personnages qui me vouvoie, rien à faire.

—  C’est vous qui avez décidé de pardonner à cet homme son horrible machination à la fin du Livre qu’il ne faut surtout, surtout, surtout pas lire.

Apparemment, Hortense m’en veut encore de lui avoir « cramé les neurones »…

—  C’est vrai, ai-je humblement reconnu.

Puis, j’ai tenté une diversion :

—  Alors, racontez-moi ce qui vous arrive.

—  Nous comptions sur vous pour nous l’expliquer, a-t-elle rétorqué en remontant ses lunettes sur son nez, ce charmant tic que j’avais oublié. C’est vous, la narratrice de cette histoire. Vous seule connaissez la fin.

—  Sophie, il faut que tu nous donnes un coup de main ! ont traduit ses copains.

—  Émoji d'un visage criant de peur Émoji d'un visage qui pleure , a ajouté La Flèche.

Oh là là ! me suis-je dit. Un appel à l’aide et La Flèche qui ne sait plus parler correctement, voilà les problèmes qui recommencent. Et à propos de problèmes…

—  Comment se porte Augustin Kacerol ? ai-je demandé à Max, dont c’était l’ennemi juré au primaire.

—  On n’en sait rien, il n’est pas à notre école.

Ah ! me suis-je réjouie intérieurement. Un méchant de moins dans cette nouvelle aventure, je suis vraiment une écrivaine sympathi…

—  Il me manque vraiment ! a lancé Max, interrompant ma séance d’autosatisfaction.

—  La peste que tu as collée à Max est encore plus pire !

—  On dit « encore pire », Benjamin…

—  Oh, Hortense, tu ne vas pas t’y remettre ?!?

Eh bien, on n’est pas tirés d’affaires ! ai-je pensé en les regardant repartir.

Mais comme c’est bon de retrouver Max et sa bande !

Sophie Laroche

Les potins de Martin

L’élégante et raffinée madame Frizzoti, gérante du salon de coiffure Toutes belles !, est adepte des combats de lutteuses dans la boue.

Elle a visionné quarante-sept fois la finale opposant Princesse Biceps à Lulu Kitue.

(Lulu Kitue a gagné.)

Chapitre 2

Oui, Max s’est levé de mauvaise humeur. Non, ce n’est pas parce qu’il a de l’école aujourd’hui ni parce que c’est presque un adolescent et que les ados se lèvent souvent de mauvaise humeur. (C’est en tout cas ce que leurs parents prétendent.) En fait, c’est une histoire de position dans son lit, et de rideaux laissés ouverts.

Max a dormi sur le côté droit, et la première chose qu’il a vue en ouvrant les yeux, c’est la fenêtre de sa chambre. Par sa fenêtre, il voit la fenêtre de la maison d’en face. Et ce matin, à cette fenêtre, se tenait… Ange, sa voisine qu’il déteste (encore plus qu’Augustin Kacerol), qui le fixait en souriant méchamment.

Depuis qu’elle a emménagé dans le quartier, enquiquiner Max semble être l’activité favorite d’Ange. Elle commente ses paniers manqués quand il s’entraîne au basket, elle ricane quand il essaie ses figures de skateboard… Le pire ? Elle va à la même école que lui, et comme le sort s’est acharné cette année, ils sont dans la même classe. Un cauchemar éveillé…

Imaginez-vous vous cassant le nez sur votre pire ennemie dès le réveil. Croyez-vous que vous sortiriez du lit en sifflotant ?

Heureusement, la douce odeur de pain grillé qui s’échappe de la cuisine chatouille les narines de Max… Sa journée n’est peut-être pas fichue.

Pour cela, il faudrait juste que Mathilde le laisse déjeuner en paix. Du haut de ses huit ans, la petite sœur de Max est la meilleure pour vous gâcher la digestion avec des questions impossibles, du genre : « Pourquoi on dit qu’on met du lait dans ses céréales, alors que ce sont les céréales qui nagent dans le lait ? » Toutefois, ce matin, elle est particulièrement silencieuse. Max en profite pour déguster sa première tartine en paix. Mais ce calme inhabituel le perturbe. Sa deuxième tranche de pain est légèrement moins savoureuse, et la troisième, carrément indigeste. (Alors qu’en temps normal, Max en dévore quatre ou cinq.)

—  Mathilde, qu’est-ce qui t’arrive ? demande-t-il, inquiet à l’idée que ce soit désormais le silence de sa sœur qui lui coupe l’appétit.

—  Rien…, marmonne-t-elle.

C’est un rien qui veut TOUT dire, sauf « rien ». (Un rien qui veut tout dire, voilà une aventure qui s’annonce compliquée !) Par chance, Max connaît très bien sa sœur et il sait comment lui tirer les vers du nez. Admirez :

—  Bon, ben… s’il n’y a rien, alors…

Il fait mine de se lever de table.

—  Attends ! J’ai un truc à te demander !

La réaction n’a pas tardé ! Loin de fanfaronner après cette victoire trop facile, Max décide de jouer son rôle de grand frère :

—  Vas-y, je t’écoute.

—  Comment t’as su qu’y avait un truc louche, avec le livre de Marc Norenêt ?

Oh non, pas encore cette histoire ! Max l’a racontée mille fois. Il en a assez d’être le garçon qui a démasqué l’écrivain maléfique.

—  Pourquoi tu me reparles de ça, Mathilde ? C’est de l’histoire ancienne !

—  Je voudrais devenir une héroïne comme toi. Gaspard est d’accord pour mener l’enquête avec moi, il dit qu’il n’aura pas peur. Le problème, c’est qu’on n’a aucun mystère à résoudre.

Max affiche un grand sourire et réplique :

—  Gaspard est ton meilleur ami alors que c’est aussi le frère de cette peste d’Ange. Ça, c’est un sacré mystère, non ?

Mathilde hausse les épaules, se lève, attrape son manteau et son sac et sort en claquant…

—  LA PORTE !!! s’écrie leur mère depuis la salle de bain, où elle est en train de se maquiller. Combien de fois faut-il que je vous le répète !?

Chapitre 3

Zizou a toujours voulu ressembler à son idole, Zinedine Zidane. Il rêve de jouer aussi bien que lui au soccer. Quand il sera plus vieux, lui aussi entraînera les jeunes joueurs. Et quand, à son tour, il sera tellement riche qu’il aura une paire de chaussures à crampons et une voiture pour chaque jour de la semaine, il aidera aussi les enfants malades. Il est même prêt à faire carrière dans un club à l’étranger (sauf en Angleterre, car il déteste l’anglais). Le garçon a choisi de prendre des cours d’espagnol l’année prochaine. (Beaucoup plus utile pour jouer dans l’équipe du Real Madrid.)

Il y a juste deux points sur lesquels notre Zizou veut rester différent du grand Zizou :

Les cheveux. Ou plutôt, l’absence de cheveux.

Il espère ne jamais vivre de moment de honte comme celui qu’a connu son idole pendant la finale de la coupe du monde en 2006. (Ce jour-là, Zidane a donné volontairement un coup de tête à un joueur italien. J’écris tout petit car Zizou a horreur qu’on évoque ce terrible geste.)

Pour les cheveux, notre Zizou n’a pas trop à s’en faire : sa crinière semble bien attachée.

Pour ce qui est de la honte… Zizou semble condamné à partager ce sentiment avec sa star préférée plus tôt que prévu. Le sourire de Miss Debbie, sa professeure d’anglais, s’efface quand elle