Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Entre Ombre et Lumière: Tome1 LA PAIRE
Entre Ombre et Lumière: Tome1 LA PAIRE
Entre Ombre et Lumière: Tome1 LA PAIRE
Livre électronique390 pages5 heures

Entre Ombre et Lumière: Tome1 LA PAIRE

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Depuis les origines de la création de l’univers, des dynasties de Chevaliers de la Lumière et de l’Ombre n’ont cessé de se succéder.
Luca, un jeune orphelin de quinze ans, est collégien à Paris en 1998. Rongé par la solitude, il cherche en vain un sens à sa vie quand il est projeté dans une aventure extraordinaire, au cœur de l’avenir de la terre et de la survie de l’espèce humaine.Son destin basculera à nouveau quand à New-York, quelques années plus tard, il affrontera un Chevalier de l’Ombre, et échappera de peu à la mort.
Peut-être la naissance d’un nouvel espoir pour l’humanité !
LangueFrançais
Date de sortie8 sept. 2016
ISBN9782312046624
Entre Ombre et Lumière: Tome1 LA PAIRE

Lié à Entre Ombre et Lumière

Livres électroniques liés

Fiction générale pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Entre Ombre et Lumière

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Entre Ombre et Lumière - Frédéric Ortega

    cover.jpg

    Entre ombre et lumière.

    Tome 1

    LA PAIRE

    Frédéric ORTEGA

    Entre ombre et lumière

    Tome 1

    LA PAIRE

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2016

    ISBN : 978-2-312-04662-4

    Préambule

    Voilà, c’est fait. Je n’aurais jamais imaginé qu’un jour, je puisse écrire un roman et pourtant… Il est bien là !… J’ai plusieurs cordes à mon arc mais certainement pas celle d’un écrivain.

    Depuis des années, j’imagine des histoires, surtout quand je suis en déplacement professionnel…

    Moi qui n’ai jamais été l’as des as en français et encore moins attiré par les lectures romanesques, j’ai pu écrire ce livre ! La vie nous transforme !…

    J’aurai attendu d’avoir 33 ans pour enfin lire des romans. Cette découverte est vite devenue une nouvelle passion. Toutes deux m’ont donné l’envie et l’énergie d’écrire malgré un niveau médiocre en français. Rien n’est impossible !…

    Je dédicace ce livre à deux personnes :

    À mon cousin à qui je racontais mes différentes histoires et qui m’a toujours dit :

    « Écris-les ! ». Voilà, cousin, c’est fait et c’est à toi que je dédicace ce premier tome.

    À ma femme qui m’a aidé et soutenu pendant sa rédaction. Elle est ma moitié. Elle me complète. Avec elle, je forme « la paire » !

    Merci à toi aussi.

    Il m’aura fallu trois ans pour écrire ce premier tome, et huit ans pour que ce projet aboutisse. Ma vie est faite de rencontres incontournables. Elle m’a permis de faire la connaissance de deux personnes sans lesquelles ce premier tome n’aurait pu être finalisé. Je veux remercier Gérald de Murcia et Odile Steffan-Guillaume pour leur investissement dans cette aventure.

    À l’heure où j’écris ce préambule, je peux d’ors et déjà dire que j’ai commencé le tome II.

    Je remercie tous ceux qui auront le désir et la patience de lire jusqu’au bout ce premier livre dont le but n’était pas d’être publié mais d’être lu en famille.

    Je voulais à travers ce roman parler de la chance que nous avons de vivre dans un pays dit « civilisé ». Bien des personnes ne réalisent pas que la misère est à nos portes. Seul, l’amour transcende toutes les différences.

    L’homme peut être cruel et impitoyable mais il reste fascinant, imaginatif et souvent d’une très grande bonté. Un véritable paradoxe…

    CHAPITRE I

    L’orphelinat

    Je regardais le ciel parfaitement bleu qui laissait apparaître de légers nuages blancs en forme d’oiseaux. Il faisait très chaud pour ce mois de mai 1998. J’avais 14 ans et j’étais assis sur un banc au milieu d’une cour de collège typiquement parisienne.

    Celle-ci était carrée. De chaque côté, jaillissait un peuplier qui devait avoir neuf fois mon âge.

    Les bâtiments, en parement de briques rouges usées par le temps, entouraient la cour et s’élevaient sur deux niveaux.

    Chaque porte ou fenêtre était voûtée. En direction de la façade sud, on pouvait apercevoir le grand portail violet qui s’ouvrait sur l’extérieur.

    Je repensais un peu à ma vie, me laissant emporter par le chant des moineaux avec la chaleur du soleil qui me réchauffait agréablement le visage.

    Tout avait commencé dès ma naissance, quand j’avais été abandonné dans une des nombreuses maternités de Paris, et déclaré sous x.

    Je n’avais commencé à me poser les vraies questions qu’après avoir compris ce qu’étaient un père et une mère. Le choc avait été effroyable.

    Aujourd’hui, ce temps-là me semblait bien loin. J’avais beau savoir que j’étais loin d’être le seul sur la terre sans parents, je ne cessais de me poser cette terrible question : « pourquoi moi ? ».

    Mes tuteurs, moniteurs et même aides sociales avaient essayé de me répondre, mais ne m’avaient jamais convaincu. Les réponses étaient toujours les mêmes : « ta mère biologique était jeune et sans ressources, et ton père ne t’a pas reconnu. ».

    Je n’avais jamais cru à cette histoire, je ne savais pas pourquoi. On a tous besoin de connaître ses origines pour se construire, d’avoir des racines pour se propulser dans l’avenir. Je comptais bien tout découvrir dès que j’atteindrais ma majorité.

    J’avais grandi ensuite, changeant sans cesse de familles d’accueil. Je n’y restais jamais bien longtemps, pour la simple raison que je ne parlais pas. J’étais devenu le jeune garçon qui passait son temps à consulter orthophonistes et psychologues car mes cordes vocales, elles, allaient bien.

    J’avais fini par prononcer mes premiers mots à huit ans, exaspéré par tous ces spécialistes.

    Pendant ce temps, je ressassais : pourquoi avais-je été orphelin si jeune ? Que me réservait la vie ? À quoi servaisje ? Pourquoi m’appelait-on Luca ? J’étais très renfermé et aujourd’hui encore.

    Pendant toutes ces années, j’observais le monde autour de moi. Malgré tout, j’avais reçu tant d’attention et d’amour de la part de tous ceux qui m’avaient entouré, que j’en avais conclu que la vie méritait d’être vécue.

    Après onze années d’attentes, ma vie devenait un peu plus intéressant…

    Je fus coupé dans mes réflexions par une voix familière :

    Luca, tu rêves encore ? me demandait Loan.

    Je sursautai sous son coup d’épaule.

    – Non, Loan. Qu’y-a-t-il ? Répondis-je, un peu agacé.

    – Révise ton anglais, car on a un devoir surveillé aujourd’hui !

    J’éclatai de rire. Loan était mon meilleur ami. Il était arrivé en même temps que moi, à l’orphelinat, en 1992. Dès le premier instant, une véritable amitié s’était créée entre nous,… nous étions comme des frères. Il y avait aussi Lucie. Arrivée un an après nous, celle-ci ne nous avait plus quittés. Entre nous trois, une véritable complicité s’était forgée, même si Lucie était surtout proche de Loan. À l’orphelinat, on nous surnommait les trois mousquetaires, le trio infernal.

    – Loan, tu rigoles ? L’anglais, voyons… !

    Je m’esclaffai. Loan se mit à rire aussi.

    Loan était plus grand que moi. Un mètre quatre-vingts, un peu métissé, de type méditerranéen, il était originaire du sud. Il avait de longs cheveux noirs et un visage rectangulaire assez fin. Par rapport à mon mètre soixantedouze, ça faisait drôle.

    – Eh, les garçons, qu’est-ce qui vous met d’humeur si joyeuse ? demanda Lucie.

    – Loan me dit de réviser mon anglais.

    – Luca, tu n’es vraiment pas raisonnable !… À vrai dire, Loan a raison, répliqua Lucie avec un sourire. C’était vrai que l’anglais et moi, n’étions pas vraiment en osmose… Déjà le français, ce n’était pas terrible !… (Je souris) mais je ne m’inquiétais pas pour mon avenir. Einstein était le plus grand physicien du XXe siècle et pourtant il était dyslexique et avait un mal fou à s’exprimer ! En ce qui concernait les maths, je m’en sortais bien, mais de là à être physicien, j’en étais loin !

    Je rêvais plutôt d’aventures, de m’engager dans l’armée : les para commandos ou la légion étrangère. Enfin le choix était vaste.

    Je n’en étais pas encore là, mais quoi qu’il arrivât, je serais un voyageur à parcourir le monde…

    Moi qui n’avais jamais quitté Paris ! C’était la plus belle ville du monde, certes, mais visiter chaque année les mêmes monuments depuis cinq ans me blasait un peu…

    Dire que la montagne et la mer avec ses belles plages de sable fin, ne se résumaient pour moi qu’à des images à la télé ou aux photos des catalogues de voyages ! Plus tard, le monde ne serait jamais assez grand pour moi.

    Lucie m’interrompit dans mes pensées :

    – Luca, reviens sur terre.

    – Oui. Qu’y a-t-il ma sœurette ? Je lui lançai un clin d’œil.

    – Déborah te regarde et vient dans notre direction.

    – Elle est collante, celle-là. Et je grimaçai.

    – Tu devrais clarifier les choses avec elle ! Me dit Loan, en me regardant, l’air narquois.

    – Tu connais les femmes ! l’amour rend aveugle et je pense qu’il rend sourd aussi !

    On explosa de rire, tous les deux. Lucie nous regarda hébétée :

    – Bande de petits… Elle fut coupée par Loan :

    – Oh la la… grands, oui, mais ne prends pas ce cas pour une généralité !

    Et on éclata encore de rire, encore plus réjouis ! Lucie, énervée, nous laissa en plan et partit en direction de Déborah.

    – Luca ! Elle est quand même belle. Pourquoi tu n’en profites pas ?

    – Arrête, je ne suis pas comme ça. J’ai le temps et puis ça ne me dit rien. Je préfère mon célibat.

    – T’es peut-être bien le seul, Luca, me dit Loan d’un air sérieux.

    – Vas-y, toi ! Je ne te retiens pas, Loan.

    – Arrête ! C’est après toi qu’elle court !

    Cela commençait à m’irriter, mais en vérité j’étais juste trop réservé pour tenter une relation avec une fille.

    S’il y avait bien une chose que je ne maîtrisais pas, c’était bien cela ! Pourtant Déborah était une charmante fille, du même âge que moi. De plus, elle n’hésitait pas à se plier en quatre pour moi… Ses sentiments envers moi étaient clairs, mais moi, je n’en avais pas pour elle. Je ne me sentais pas prêt…

    – C’est bon, Loan, là, tu me soûles ! Quand elle en aura marre, elle arrêtera de me courir après.

    – Cool mec, t’énerve pas !…

    Un long silence s’installa et la sonnerie de l’établissement se mit à retentir, il était 13 h 30. On se leva à contre cœur pour aller vers notre pénitence, le fameux cours d’anglais, celui que je détestais le plus. On était si bien sur le banc de la cour à faire bronzette !

    On se dirigea vers l’emplacement de notre classe marqué au sol, le numéro 404 qui me faisait toujours penser à un modèle de voiture !

    En rentrant en classe, Lucie s’assit à côté de moi. Loan et moi avions ce privilège à tour de rôle. Moi, ça me permettait de copier sur elle.

    C’était ma deuxième année de quatrième. Je me félicitais d’avoir redoublé sinon je n’aurais pas été avec eux.

    J’étais plutôt pensif, toujours en train de réfléchir à ce qui pourrait m’apporter des réponses concrètes.

    Je n’étais pas intellectuel et mon gros défaut, c’était de n’apprendre que ce que j’aimais. On me comparait souvent à un autodidacte. Le français, l’anglais et aussi la musique n’étaient pas mes domaines de prédilection, mais par contre l’histoire, les maths et les sciences me fascinaient.

    Je fus dérangé dans ma rêverie par une voix que je ne reconnus pas sur le coup. C’était le professeur d’anglais qui nous indiquait de ranger nos affaires et de ne garder qu’un crayon à papier pour le devoir surveillé.

    La journée passa vite. Il était déjà 17 h 30. Notre moniteur Charly allait venir nous récupérer et nous ramener à l’orphelinat.

    – Salut, Charly !

    – Salut, Luca. Comment s’est passée ta journée ?

    – Comme d’habitude… Ensoleillée ! Et je souris. – Où sont Loan et Lucie ? – Ils arrivent.

    Ils étaient toujours à la traîne, ces deux-là ou bien c’était moi qui étais toujours trop pressé.

    En fait, j’étais impatient de voir arriver la mi-juin, car pour la première fois nous allions bouger.

    Tout ce que je savais, c’est que nous allions partir pour la première fois dans le sud de la France, dans un monastère.

    C’était une association qui nous avait acceptés pendant les vacances afin que nous puissions réviser notre année scolaire dans un environnement agréable. Charly nous avait dit que nous ferions des randonnées sauvages et du camping et qu’il y avait beaucoup de chance pour que nous passions une journée à la mer.

    Il était clair que pour moi, aller dans un Monastère ne m’inspirait pas plus que ça, mais cela valait mieux qu’un sixième été à Paris.

    Je pensais à tout cela avec enthousiasme, quand à leur tour, Lucie et Loan arrivèrent et saluèrent Charly.

    Le collège n’était pas loin de l’orphelinat, à peine dix minutes à pied de celui-ci. Le soleil continuait de caresser et de cuire ma peau, c’était agréable. L’orphelinat se trouvait dans un bâtiment rectangulaire, haut de deux étages, construit en béton préfabriqué au début des années quatrevingts. Nous disposions d’un terrain de basket et de football. L’orphelinat était perpendiculaire à la rue par laquelle on y pénétrait. On y accédait par une double porte qui débouchait sur un grand couloir. À droite, il y avait la salle de détente et d’études, puis un petit salon pour les soirées et à gauche, un réfectoire et sa cuisine. Au bout du corridor, trônait l’escalier qui montait aux chambres avec son sol en carrelage vert, et ses murs crépis de blanc où étaient suspendus des copies de tableaux encadrées comme celles de Van Gogh et d’autres peintres renommés.

    Le premier étage était séparé par un palier central qui ouvrait à droite sur les dortoirs des filles et à gauche, sur ceux des garçons. Les garçons étaient deux par chambre dont le mobilier se composait d’une armoire et d’un bureau.

    Ils disposaient aussi, au bout du couloir, d’une salle de bains commune qui faisait penser à celle des casernes de pompiers.

    Les filles, elles, avaient des chambres avec lavabos et douches. L’avantage, c’était que nous n’étions pas nombreux. Actuellement, il y avait quatre filles et dix garçons pour tout l’orphelinat.

    Nous étions les plus jeunes, la moyenne d’âge était de dix-sept ans. Nous fréquentions très peu les autres car ils avaient une certaine liberté, le couvre feux était à minuit pour eux et cela à partir de seize ans. Par contre pour nous, il était à vingt-deux heures.

    – Tu ne dis pas grand-chose aujourd’hui, Luca, me dit Loan.

    – Que veux-tu ? Je suis vidé aujourd’hui, soupirai-je.

    Lucie me prit dans ses bras, me fixa de ses yeux verts et me dit avec un joli sourire :

    – Mon petit Luca, as-tu le cafard des jours de printemps ?

    – Lucie, arrête tes bêtises ! Ça va, C’est simplement que je réalise que notre vie est monotone.

    – Oh ! s’écria Loan. Tu ne vas pas nous faire une déprime à quatre semaines des vacances…

    – Non, t’inquiète pas, Loan. Je suis simplement fatigué, répondis-je un peu agacé.

    – Mais Luca, tu peux me parler si tu veux, me rétorqua Lucie sans me lâcher du regard.

    Lucie était une fille superbe, aussi grande que moi, avec un vrai caractère de garçon manqué.

    Elle avait le visage rond encadré de cheveux blonds, longs et dégradés. Habillée d’un éternel jogging, elle pratiquait régulièrement le sport, lui donnant une ligne svelte qui attirait la plupart des collégiens de 3e, mais elle n’en faisait pas cas. Elle était studieuse et n’avait pas de copines à proprement parler. Elle traînait toujours avec nous. Je ne l’avais jamais vue en robe ni s’intéresser au maquillage et à toutes les choses que les filles aiment à cet âge.

    Je la considérais comme ma sœur. Je n’avais jamais compris ce qu’elle attendait de moi. Même si elle avait plus d’affinités avec Loan qu’avec moi, je restais son confident et elle était ma confidente.

    Sur ce point, je lui soupçonnais un don réel, car elle arrivait toujours à bien me deviner et à me comprendre, comme si elle lisait en moi. De ce fait, je n’avais aucun secret pour elle.

    Depuis notre rencontre, elle m’avait fait énormément de bien. C’était la sœur que j’aurais aimé avoir.

    – Ça va ! ça va ! Répliquai-je à Lucie.

    – Ha, je préfère !

    – Bon Luca, on se dépêche de déposer nos affaires à l’étage pour aller manger un morceau. – Oui, ça creuse !

    Lucie me lâcha la main. Nous montâmes tous les trois déposer nos sacs avant de redescendre au réfectoire.

    La nuit tombait. Ce soir-là, il y avait l’Arme Fatale à la télé, l’un de mes films préférés parce que j’appréciais la complicité des deux policiers et surtout, leur vie familiale.

    J’adorais le mobile home où vivait Riggs et à maintes reprises je répétais à Loan et à Lucie, qu’un jour, j’en aurais un moi aussi, au bord de la mer dans le midi, et qu’on y ferait des barbecues.

    C’est vrai, je me résignais, Lucie et Loan étaient ma seule famille. J’accomplirais n’importe quoi pour eux, j’irais jusqu’à me sacrifier. Loan ronflait dans le fauteuil et Lucie était déjà partie se coucher.

    Le film n’était pas encore fini que je regardais le plafond, la tête appuyée sur le dossier du fauteuil.

    J’étais absorbé dans mes réflexions. Je pensais que les enfants de mon âge vivaient en famille avec un papa et une maman. Et Déborah s’imposa à nouveau à moi. Il était clair vu mon manque d’expérience avec les filles que je me voyais mal avoir une copine.

    Je ressentais trop de craintes à l’idée de me fiancer un jour, de me marier et d’avoir des enfants. Oh non ! Surtout pas ! Je serais incapable de gérer une telle situation Ce n’était vraiment pas imaginable pour moi. Avec mes projets de voyage ou d’armée, une vie de famille ou une simple histoire d’amour ne serait pas envisageable.

    Je pourrais aussi me lancer dans l’humanitaire. Ah non ! Il faudrait s’occuper d’enfants…

    Le générique de fin me ramena sur terre et je bousculai Loan pour le réveiller :

    – Loan, réveille-toi ! Loan, réveille-toi !

    – Hein ? Qu’y a-t-il Luca ? – On va se coucher, Loan.

    – Je suis déjà au lit, Luca. T’es chiant !

    – Loan, tu délires ! On est au salon ! Ouvre les yeux ! Je me marrais à voir sa tête de déterré.

    – Oui, je… Ah !

    – Quand tu feras une phrase complète, je comprendrais mieux ce que tu veux dire, Loan.

    Il était totalement dans le gaz. On monta se coucher avec beaucoup de difficultés. Cependant, je m’endormis vite.

    Comme d’habitude, j’étais déjà réveillé avant la sonnerie du réveil. Je me levai, direction la salle de douche. Après m’être lavé les dents et avoir fini ma toilette, je me toisai dans le miroir, pensif comme d’habitude. Même si je décidais d’avoir une famille plus tard, j’avais du boulot pour trouver la femme de mes rêves, à en croire ce que reflétait mon visage.

    Je me scrutai attentivement : yeux de cochon, de couleur marron clair et cheveux bruns. Je pesais soixantesept kilos. Un beau physique avec un visage clair et de gros sourcils.

    Mais tout le monde savait bien que les filles préféraient les garçons grands, blonds, aux yeux bleus. Même ça, la vie ne me l’avait pas donné ! Que me trouvait donc Deborah, alors ?… Avait-elle de la pitié ? Non, il doit y avoir autre chose, me dis-je.

    Il fallait que j’arrête de penser à tout ça, faute de quoi j’allais sombrer comme je l’avais déjà fait à l’âge de douze ans. J’avais filé un mauvais coton à cet âge-là, à cause de la solitude, mais heureusement Loan avait su me remonter le moral et surtout, il y avait eu Lucie.

    Je devais prendre d’urgence des résolutions :

    Un : ne plus penser au futur. Deux : ne plus songer aux filles. Trois : ne plus rêver aux vacances et enfin Quatre : je n’étais qu’un con, s’il ne restait plus rien à faire, je serais encore plus frustré.

    Loan m’observait sur le pas de la porte depuis déjà un certain temps.

    – Luca, ça va ? Tu m’inquiètes, là !

    – Non, ça va Loan, lui dis-je d’un air peu convaincant. – Arrête tes conneries Luca, je te connais par cœur. Dis-moi ce qui te tracasse. Dis-moi tout sinon, j’en parle à Lucie. Depuis deux jours, je ne te sens pas, je sais que pour nous la vie n’est pas facile Luca, mais il faut que nous restions soudés et surtout, nous devons nous soutenir quand l’un de nous a le blues.

    – Loan, c’est bon. Je te dis que ça va ! Un simple coup de cafard passager, ça n’a jamais tué personne. ! – Bien plus que tu ne crois, Luca !

    – Loan !

    – Quoi ?

    – Tais-toi, tu parles trop ce matin, ce n’est pas dans tes habitudes.

    Loan s’approcha de moi, saisit ma tête entre ses mains, me fixa de ses grands yeux marron foncé puis colla nos fronts l’un contre l’autre et dit :

    – Tête de mule… tu m’écoutes maintenant ? Tu es comme un frère pour moi, je veille sur toi, et tu veilles sur moi, alors arrête tes conneries et tu te changes les idées tout de suite. On va aller en classe ce matin, puis si tu veux, cet après-midi, on séchera les cours et on partira à l’aventure dans Paris. Ils ne nous tueront pas pour autant ! je pense que passer un peu de temps ensemble te fera du bien.

    J’éclatai de rire, Loan aussi. – Toi, sécher les cours ?

    Je m’esclaffai de plus belle…

    – Tu as vu, ça marche… Ton visage est redevenu normal !

    – Ah oui ? Alors regarde ça.

    Je le repoussai, saisis le verre d’eau qui servait à me rincer les dents, lui lançai son contenu à la figure. Et une bataille d’eau s’ensuivit dans les douches. Elle ne dura pas longtemps. Nous fûmes vite rappelés à l’ordre par les majeurs que nous avions réveillés.

    On alla petit déjeuner. C’était un de mes plaisirs… les biscuits trempés dans le chocolat au lait !

    Je regardai Samuel devant moi, c’était un bon camarade d’orphelinat. De temps en temps, je taillais une bavette avec lui. Il me vint une question :

    – Samuel, ça fait combien de temps que tu es ici ? – Huit ans, Luca, pourquoi ?

    – Non, je me demandais comment c’est le Mona, Je pense que tu as dû y aller !

    – Le quoi ?…

    – Le monastère près de Grenoble !

    – Je ne sais pas de quoi tu parles, Luca !

    – Tu ne connais pas le monastère ?

    Non, Luca. Est-ce que j’ai une tête de moine ? et il se mit à rigoler.

    – C’est la première fois, peut-être, Luca ! Me jeta Loan.

    – Vous parlez de quoi ? Rétorqua Samuel.

    Agacée, Lucie coupa la discussion :

    – Vous êtes lourds, les garçons, ! Abrégez un peu et rentrez dans les détails.

    – Oh, Lucie, calme-toi ! Répondis-je.

    – Luca, Lucie, Loan, de quoi parlez-vous ? Nous demanda Samuel. C’est quoi, ce monastère à Grenoble ?

    – C’est là où nous allons pour les vacances, cet été, affirmai-je.

    – Comment ?… Interrogea-t-il, surpris. Un monastère pour les vacances ?… Vous vous foutez de moi !

    – Non, dit Loan.

    – Non, on ne rigole pas, Samuel. On y va vers le milieu du mois de juin, lui confirmai-je.

    – Mais les cours ne seront pas finis ! Répliqua Samuel, encore plus étonné.

    – Si j’ai bien compris, on finira notre année scolaire là-bas.

    – Je n’ai pas le souvenir que les anciens y soient allés. C’est peut-être nouveau, tenta de nous expliquer Samuel.

    On se regarda tous les quatre très étonnés. Il s’écoula un long silence.

    Mais Charly arrivait :

    – Salut, les enfants ! Il est l’heure ! Dépêchez-vous ! Je vous attends dehors.

    – Bonjour, Charly ! Nous répondîmes en chœur.

    Sur la route du collège, je repensais à tout ça et posais une question à Charly :

    – Charly, tu pourrais éclairer notre lanterne sur nos vacances ?

    – Laquelle ?

    – À propos du monastère de cet été !

    – Non ! C’est une première, pour moi aussi ! Et puis, je ne vous accompagne plus. Quelqu’un viendra vous prendre à la gare du Nord et fera le voyage avec vous.

    – C’est qui ?

    – Je pense que ce sera Nell.

    – C’est bizarre tout ça, en tant que pupille de la France !… Charly se mit à rire.

    – Mais non ! Vous n’êtes pas sous la tutelle de La France, se moqua-t-il.

    – Je ne comprends pas, Charly.

    Je commençais à m’énerver.

    – Luca, calme-toi ! Je vais t’expliquer.

    Nous formâmes un cercle autour de Charly.

    – Vous avez été pris en charge depuis votre arrivée à l’orphelinat par une Fondation privée qui s’occupe de tout. Moi-même, je suis employé par celle-ci, c’est pour cela que vous êtes tranquilles. Ne vous inquiétez pas pour votre avenir, mais sachez que vous n’êtes plus sous la tutelle de la France. Tous les trois nous le regardâmes bouche bée.

    – Mais quelle est cette Fondation ? Rétorqua Loan.

    – C’est la Fondation de la Lumière ! Celle-ci est une excellente Fondation réputée dans le monde entier.

    Nous reprîmes le chemin du collège. Charly rigolait encore, par contre nous, nous réfléchissions, nous étions les premiers étonnés.

    Allez les enfants, ne vous encombrez pas le cerveau avec ça et passez une bonne journée, nous dit Charly.

    La journée arriva vite à son terme. À aucun moment nous ne reparlâmes de la Fondation. De retour au pensionnat, nous mangeâmes et fîmes nos devoirs. La pendule marquait vingt heures trente.

    Nous fîmes un petit match de foot avec les plus âgés.

    Même Lucie joua, comme je le disais souvent, c’était un vrai garçon manqué.

    Après une belle défaite de match, direction la douche qui se termina dans une guerre de shampooings.

    La nuit tomba. Nous avions aussi l’habitude le vendredi soir, quand il faisait beau, de rester dehors dans la cour.

    Nous discutâmes à nouveau de la Fondation, bien déterminés à mener notre petite enquête.

    – Tu comprends, Loan, ce n’est pas normal que nous ne soyons pas au courant… Ça nous concerne directement ! Je le répétai au moins pour la dixième fois.

    – Luca, c’est bon ! Là ou ailleurs, qu’est-ce que ça change ?

    – Rien, Loan, mais j’ai quand même 15 ans dans deux mois et j’aimerais être plus impliqué dans tout ce qui concerne mon avenir.

    – Les garçons, vous faites une histoire d’état pour rien. Moi, je suis contente de tout ça, des personnes qui veillent sur nous. Quoi de plus formidable et que demander de plus ? Répliqua Lucie.

    – Que demander de plus ? Répétai-je. Passer le permis, par exemple ?

    Et tous les trois, nous nous mîmes à rire aux éclats.

    C’est une très bonne idée, Luca, me répondit Lucie, en ricanant.

    – Bon ! Décidai-je. Il est temps que l’on monte se coucher, je commence à fatiguer.

    Tous les trois avions pour habitude de coller nos fronts les uns contre les autres, les yeux fermés et de se dire bonne soirée avec beaucoup de plaisir, mais ce jour-là, un événement étonnant se produisit. Au moment où nos fronts se touchèrent, une Lumière intense, comme une étoile d’un éclat surnaturel s’infiltra au milieu de nous trois, nous aveugla intensément et s’évanouit presque aussitôt… Nous bondîmes en arrière, interloqués…

    – Que s’est-il passé ?

    – Je ne sais pas, Luca, rétorqua Loan.

    – J’ai eu la frousse de ma vie !

    Déclara Lucie, qui s’était empressée de se mettre derrière nous. Une minute s’écoula dans un silence total que je brisai enfin.

    – Ce n’est rien ! Sûrement un phénomène de ces orages d’été dont j’ai entendu parler.

    – Es-tu sûr, Luca ? Questionna Loan.

    – Je ne vois pas ce que ça pourrait être d’autre. Ça existe, je vous assure.

    Ils avaient tendance à m’écouter, car j’étais féru de sciences et cela me faisait penser à un article que j’avais lu.

    – Ce n’est pas tout ça, mais moi, je suis fatigué. On irait bien se coucher !

    – Oh non ! Supplia Lucie.

    – Qu’y-a-t-il Lucie ?

    – Moi, je suis seule dans ma chambre et je pense qu’on devrait dormir ensemble, ce soir.

    – Ok, Lucie. Ça ne pose pas de problème, je dormirai avec Loan et tu prendras mon lit.

    Oui, Luca a raison, on ne te laissera pas tomber. – Merci les garçons, soupira-t-elle soulagée.

    Lucie

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1