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Le voile du crépuscule
Le voile du crépuscule
Le voile du crépuscule
Livre électronique194 pages2 heures

Le voile du crépuscule

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À propos de ce livre électronique

Une vie trop cadrée, des parents exaspérants, un lycée déprimant, un mal-être permanent, et puis l'envie d'ailleurs et de liberté, de tout envoyer bouler... Rien de grave, Mathilde a 16 ans. Quand sa meilleure amie déménage, elle sombre dans un profond désarroi. Mathilde se raccroche à ses projets, elle veut aider les autres. Pendant les vacances d'été, bénévole au Secours populaire, la rencontre d'Elyas, jeune réfugié afghan, va déclencher une réelle métamorphose. Mathilde sourit, s'ouvre un peu plus chaque jour...mais la rentrée scolaire arrive et peu à peu, le rêve vire au cauchemar.
LangueFrançais
Date de sortie4 avr. 2018
ISBN9782322088218
Le voile du crépuscule
Auteur

Valérie Thévenet

Valérie Thévenet est ingénieur en environnement. Après avoir écrit plusieurs ouvrages techniques relatifs à la gestion durable des espaces naturels, elle a publié en 2016 un premier roman sur l'écologie en Asie du sud-est. Encouragée par son entourage, elle publie alors un second roman, pour nous alerter sur les nouveaux risques auxquels sont confrontés les adolescents d'aujourd'hui.

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    Aperçu du livre

    Le voile du crépuscule - Valérie Thévenet

    A mes enfants.

    « Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur. Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au delà de toute limite. C'est notre propre lumière, et non pas notre obscurité, qui nous effraie le plus.

    Nous nous posons la question : Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux ? En fait, qui êtes-vous pour ne pas l'être ? Vous êtes un enfant de Dieu !

    Vous restreindre, vivre petit ne rend pas service au monde. L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour éviter d'insécuriser les autres. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous et, au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres. »

    Extrait du discours d'investiture à la Présidence de Nelson Mandela (1994)

    Sommaire

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Chapitre 15

    Chapitre 16

    Chapitre 17

    Chapitre 18

    Chapitre 19

    Chapitre 20

    Chapitre 22

    Chapitre 23

    Chapitre 24

    Chapitre 25

    Chapitre 27

    Chapitre 1

    Cher journal, Léa m’abandonne ! Elle va déménager pendant les vacances d’été car ses parents sont mutés à Hyères les Palmiers. Pourquoi les miens restent-ils ici au lieu de postuler dans le sud comme tout le monde ? Elle m’a dit qu’elle était vraiment triste à l’idée de me quitter, mais elle est aussi super excitée par ce nouveau départ. Le soleil, la mer dès la fin des cours, le top quoi ! Léa est belle, mince, blonde, sa peau est mate et elle va pouvoir parfaire son bronzage en permanence. Elle sera comme d’habitude, irrésistible. La vie est injuste ! Je deviens quoi sans elle ? C’est ma meilleure amie ! En fait, c’est ma seule amie. Depuis le collège, on est inséparable, comment ont-ils pu nous faire ça ? Dès mon entrée en sixième, elle m’a prise sous son aile. Nous étions comme deux sœurs. C’était elle, la meneuse, plus téméraire, un peu plus âgée que moi, plus grande, plus belle,… Elle a toujours été mon modèle, elle est tellement sûre d’elle. Sa seule présence m’a toujours rassurée et elle m’a permis de trouver une place et de m’affirmer un peu plus d’année en année, mais j’ai encore besoin d’elle !

    Elle m’a déjà invitée pour le mois d’août. Super ! Mais après, en septembre, je serai seule dans ce lycée sinistre avec des élèves immatures et superficiels qui ne s’arrêtent qu’aux apparences… Léa a toujours cru en moi. C’est elle qui m’a appris à me détacher des moqueries sur mon âge et mon physique un peu ingrat. En plus, elle a toujours été là pour me défendre et me réconforter, surtout depuis que cette Julie Baumann a décidé de me pourrir la vie. Pourquoi est-ce-que le sort s’acharne sur moi ? Je veux juste être heureuse, comme tout le monde, et depuis quelques mois tout va de travers, j’en ai marre !

    — Mathilde, descends, nous passons à table.

    — Oui, j’arrive ! 5 minutes !

    — Non ! Descends de suite ! Avec toi cinq minutes deviennent souvent une éternité. Tout est prêt, ton père attend !

    Je pose mon journal et je m’exécute car si mon père attend, on va frôler l’incident diplomatique. Ici, c’est manger à l’heure, dormir à l’heure, se lever à l’heure… Je n’en peux plus. Aussi loin que je me souvienne, tout a toujours été parfaitement rythmé à la maison. En fait, tout doit être débarrassé pour le sacro saint journal du soir, sur une chaîne publique bien sûr. Il faudrait une catastrophe naturelle pour que mes parents ratent ce rendez-vous.

    Même si notre vie sociale n’est pas excitante, parfois nous sortons ou nous recevons des amis. Comme il est hors de question qu’ils en loupent un seul, et bien ils l’enregistrent. Je pense que mes parents n’ont pas passé le cap du vingt-et-unième siècle, car mon père ne fait confiance qu’à son vieux magnétoscope à cassettes pour cela. Je trouve cela stupide surtout avec les chaînes d’information en continu, mais bon c’est comme ça.

    Cette routine a quand même eu quelque chose de rassurant parfois, mais aujourd’hui, je n’en peux plus, j’étouffe. Heureusement le bac de français m’occupe beaucoup, et puis dans un an, Lyon, la faculté, la cité universitaire, mon studio, enfin le bout du tunnel et un véritable espace de liberté rien qu’à moi.

    Mon pas lent et lourd résonne dans l’escalier.

    — Enfin Mathilde, fais un effort. Dépêche-toi, tu sais bien que ton père n’aime pas attendre, en plus j’ai fait un soufflé !

    Je m’installe sans un mot. Pour leur dire quoi d’ailleurs. Je n’ai jamais dit grand-chose car dès que j’aborde un sujet un peu délicat ou que je tente une petite rébellion, c’est un déluge d’arguments et de contre-arguments pour me prouver que j’ai tort ou que ce n’est pas le moment. En général cela se termine par « de mon temps je n’aurais pas osé aborder cela avec mes parents », et puis « tu es trop jeune », ou alors, « un peu de respect s’il te plait ! ».

    En fait, j’ai découvert très tôt le premier paradoxe de la vie. Quand on est petit on nous apprend à parler et en grandissant, on nous apprend à nous taire. J’espère pouvoir en parler dans ma copie du bac.

    Le repas se passe tranquillement. Je ne dis rien pour Léa, je ne suis pas certaine de trouver du réconfort auprès d’eux. Ils parlent de leur journée, des élèves en général, de ceux du lycée. Mon père est CPE et ma mère prof de maths. Ils travaillent dans le même lycée agricole, public bien sûr ! Il a lui-même inscrit sur sa porte « Pierre Ponse : Cauchemar Pour Elèves », pour se mettre au niveau selon lui. Par contre moi, je suis inscrite à Chambéry dans un lycée de l’Education Nationale. Heureusement d’ailleurs, car je n’ose pas imaginer ce que pourrait être ma vie au lycée avec mes parents.

    Ils parlent toujours d’aider leurs élèves, confrontés à des situations difficiles, mais moi, personne ne voit quand je ne vais pas bien. De quoi devrais-je me plaindre d’ailleurs ? Je n’ai jamais manqué de rien, mes parents travaillent, personne n’est malade et je suis une bonne élève. L’an dernier, j’ai eu quelques notes en dessous de quinze et alors là, il y a eu quelques discussions houleuses. Comme ils sont vraiment très objectifs, mes copies sont passées au peigne fin et parfois j’en prends pour mon grade, sinon, c’est sur leurs collègues qu’ils râlent.

    Aujourd’hui, c’est un certain Jules qui occupe la conversation. C’est un élève de bac pro qui est aussi un bi-athlète prometteur pour les prochains Jeux Olympiques. Il vient d’avoir un accident de moto à quelques semaines des qualifications. Mes parents se reprochent de ne pas avoir assez fait de prévention sur les risques des deux roues, mais finissent par rejeter la faute sur l’inconscience des parents et l’insouciance des adolescents.

    Leurs discussions m’ennuient. A peine la dernière bouchée avalée, je range mes affaires et je file dans ma chambre. Je mets mon casque, je referme mon journal resté ouvert sur le lit et je prends le dernier roman que je dois présenter au bac, Le jardin des Finzi Contini.

    Je n’y arrive vraiment pas avec ce roman, ce n’est pas le genre de livre qui me fait rêver mais bon, je suis bien obligée de le finir. Quand on sait tout ce qui existe comme type d’ouvrages classiques, pourquoi toujours prendre les plus chiants ? Ma mère m’a avoué qu’elle l’avait aussi lu durant ses études, mais elle se garde bien de me dire qu’elle ne l’a pas aimé du tout… Là, c’est ma tante qui a cafté.

    Il est plus de 22h, je jette un dernier coup d’œil sur mon téléphone. Aucun message. J’en envoie un à Léa pour lui dire combien elle me manque déjà et je me blottis sous la couette en serrant très fort Gustave, mon ami de toujours. Je sais que ce n’est qu’un ours en peluche mais c’est le meilleur des confidents.

    Chapitre 2

    Comme prévu, Léa est partie dès la fin des examens. Elle m’a donné sa belle écharpe verte et moi je lui ai laissé Gustave. Nous pourrons nous voir tous les jours et communiquer par skype ou messanger, mais plus rien ne sera jamais pareil. Combien de temps aurons-nous encore des choses à partager ? Elle sait se faire de nouveaux amis, moi pas !

    Après de longs au revoir, je suis rentrée chez moi et je me suis enfermée dans ma chambre pour pleurer. Même sans le départ de Léa, l’été s’annonçait déjà peu réjouissant, alors là, c’est le pompon ! Léa déteste cette expression, pourtant je l’adore. Ma grand-mère l’utilisait tout le temps et je me surprends de plus en plus à parler comme elle. De toute manière, Léa ne sera plus là pour me reprendre. Je sais que parfois je parle comme mes parents, mais cela doit faire partie de mon charme !

    En plus, Gustave n’est plus avec moi, j’ai été idiote de le lui donner, mais sur le moment cela m’a paru la meilleure manière de lui témoigner mon amitié. J’espère qu’elle en prendra soin ou qu’elle voudra bien me le rendre, si j’ai le courage de le réclamer.

    Officiellement, les vacances sont là et je suis trop jeune pour travailler. J’aurai 17 ans en décembre et rares sont ceux qui acceptent de prendre des mineurs comme saisonniers. En plus, je n’ai pas de moyen de transport.

    J’ai eu de super résultats au bac de français alors j’ai demandé à passer la conduite accompagnée. Pourtant je vais devoir attendre, mon père ne se sent pas de prendre une telle responsabilité et ma mère a peur pour moi. Elle a fini par conclure que, « compte tenu de mon investissement et de mes capacités, il était logique d’avoir eu de bonnes notes. Le contraire aurait été anormal ! ». Elle m’a dit de profiter de la vie, que j’avais beaucoup de chance… Enfin le truc classique pour me faire culpabiliser, mais qu’est ce qu’elle connaît vraiment de moi ?

    Cette année, ce sera donc encore de sympathiques mais ennuyeuses vacances familiales et culturelles. Nous partons trois semaines en Normandie pour visiter les plages du débarquement. Nous devons faire notre devoir de mémoire semble-t-il, et puis « c’est très important pour le bac », a cru bon de préciser mon père.

    Les parents de Léa ont appelé pour renouveler leur invitation, mais c’est mort ! C’est un refus catégorique pour que je prenne seule le train, même un direct. Je dois comprendre que depuis « Charlie », « le Bataclan » et la montée du terrorisme, rien n’est plus pareil. Pourtant, devant leurs amis, ils présentent systématiquement leur visage de républicains ouverts et tolérants, qui refusent de céder à la psychose face au fanatisme. Mais quand on parle de moi, plus aucun principe ne tient, si ce n’est celui d’extrême précaution.

    En attendant le départ pour la Normandie, je suis donc seule, à la Motte-Servolex, banlieue nord de Chambéry. Et ici, je risque quoi, sinon de mourir d’ennui ? De toute manière, je les connais par cœur mes parents, ils ont des idées très arrêtées sur tout. En fait, ils sont simplement bornés et rejettent tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux. Il y a longtemps que j’ai compris.

    Mais quand même, il va loin le principe de précaution depuis quelques mois : retour impératif à 19h pour le repas, je dois envoyer un message toutes les heures quand je suis à l’extérieur, fini les concerts et plus de sorties entre amis le soir. Je dois avouer que de ce côté-là, j’ai peu d’occasions, mais bon, c’est le principe !

    Ils reconnaissent à demi-mot que je suis responsable mais ils ont peur des autres.

    Hier soir, à table, face à leur énième refus de me donner plus de liberté, j’ai proposé une option qui ne les a pas fait rire du tout, mes laïques de parents : c’était l’entrée au couvent. La religion, c’est comme le sexe ! En famille, c’est tabou !

    J’ai vraiment hâte de quitter ce cocon étouffant. L’année scolaire va être très longue. Heureusement qu’ils n’ont pas remis en cause mon inscription en fac à Lyon. Je veux faire psycho, avec la mention Sciences cognitives. Le choix de cette option est fondamental car Chambéry a une excellente fac dans ce domaine, mais pas de licence avec cette option. Comme depuis des années, ils me rabâchent qu’il est impératif de s’épanouir professionnellement, et qu’une fois le bac en poche, je ferai ce que je veux, ils ont bien été obligés de céder.

    Cet après-midi, pour me changer les idées, j’ai pris mon vélo pour aller au bord du lac, sur la zone de loisirs des Mottets. Je trouve un banc un peu isolé et je me plonge dans ma lecture du moment, un livre du docteur Raphaël Cario sur le paysage intérieur. Ce dernier explique comment, à partir d’un dessin que l’on peut juger puéril au premier abord, on peut tout savoir de notre état d’esprit au moment présent. Grâce à lui, on découvre sans artifice la perception que l’on a de nos proches et de notre histoire personnelle. On peut exprimer les non-dits et surtout réparer les blessures. C’est un truc de dingue ! Tu dois dessiner un soleil, une maison, de l’eau, un serpent et un arbre. Et après analyse, tu as une explication sur ton mal-être du moment. Je le refais dès que je ne vais pas bien et je suis toujours aussi épatée par le fait que cinq éléments posés sur une feuille traduisent aussi bien mes pensées, même les plus inavouables. Ma mère affirme que ce ne sont que des « élucubrations » et qu’une fois que l’on connait le sens des choses, on peut dessiner ce que l’on souhaite montrer. Pourtant, elle refuse catégoriquement de le faire. Elle a trop peur de m’ouvrir son jardin secret. Pour ma part, il me rassure ce dessin. Je sais que j’en ferai bon usage lorsque je serai devenue la brillante professeure Mathilde Ponse, Docteure en sciences cognitives. En tout cas, je dévore tout ce que je trouve sur le cerveau et les mécanismes d’apprentissage. Je sais que je veux aider les autres à prendre conscience de leur potentiel et à s’apprécier à leur juste valeur. Nous devrions tous avoir le droit d’exister sans craindre aucun jugement.

    Après une heure de lecture au bord de l’eau, j’enlève mes baskets pour sentir la douceur du gazon fraîchement tondu. Je ferme les yeux et je me laisse envahir par ce qui m’entoure, le chant des oiseaux, la chaleur du soleil sur mon visage, les cris d’enfants… Je suis bien. Hélas, je ne peux pas rester longtemps car je suis attendue. En fait, après le bac, j’ai répondu à une petite annonce et à 15h00, je suis attendue à la permanence d’été

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