Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Les Secrets d'Algoria - Tome 1
Les Secrets d'Algoria - Tome 1
Les Secrets d'Algoria - Tome 1
Livre électronique266 pages5 heures

Les Secrets d'Algoria - Tome 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Lucy et Ashley, amies depuis toujours, mènent une vie des plus banales en banlieue new-yorkaise. Quand elles sont kidnappées, celle-ci bascule. Un monde fantastique aux créatures hors du commun s’ouvre à elles ainsi qu’une nouvelle destinée. Mais prises entre attaques, alliances et rivalités, les deux amies se lanceront dans une course effrénée afin de rétablir une paix dont leur passé est la clé.
LangueFrançais
Date de sortie24 avr. 2023
ISBN9782384600854
Les Secrets d'Algoria - Tome 1

Auteurs associés

Lié à Les Secrets d'Algoria - Tome 1

Livres électroniques liés

Fiction d'action et d'aventure pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Les Secrets d'Algoria - Tome 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Les Secrets d'Algoria - Tome 1 - Zélie Milleret

    Roman

    ouvrage a été composé et imprimé en France par les

    Éditions La Grande Vague

    3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

    Site : www.editions-lagrandevague.fr

    ISBN numérique : 978-2-38460-085-4

    Dépôt légal : Mars 2023

    Les Éditions La Grande Vague, 2023

    Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages et les évènements sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou utilisés fictivement. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, ou des évènements, serait pure coïncidence.

    Myosotis

    « Tout ce qui a un début a une fin, mais chaque fin est le début d’un nouveau départ. »

    Serge Zeller

    Lucy

    Ce n’est pas possible ! Nous allons finir par être en retard le jour de la rentrée. Ce n’est pas que j’aime particulièrement le lycée, mais j’ai tellement hâte de retrouver nos amis. Plus de deux mois que nous ne les avons pas vus et Ash, ma meilleure amie, n’est décidément pas prête à se dépêcher.

    Dix minutes que je poireaute dans son salon. Nous vivons dans des maisons côte à côte. Je viens la chercher chez elle tous les matins à huit heures, depuis le collège. Bon, j’avoue, j’ai moi-même dix minutes de retard tous les jours, mais Ash détient tout de même un record. Nous ne sommes pas amies pour rien. Avec Ash, nous allons dans la même école depuis la maternelle. Nous sommes nées en France, avons passé nos dix premières années là-bas puis nos parents ont dû déménager à New York City pour le travail, nos mères travaillent dans la même entreprise. Depuis le premier jour de collège, c’est-à-dire la première fois que nous avons fait le trajet jusqu’à l’école toutes seules, nous ne sommes jamais parties à l’heure. À ce niveau… c’est un don.

    Nous arrivons au lycée, complètement essoufflées, et rejoignons directement nos amis, Michael, Blake, Liliana, Mary et Eligea. Je les adore. Notre groupe est génial. Nous les connaissons depuis le collège et nous ne nous sommes jamais quittés. Ils sont nos piliers dans cette école de snobinards. Nos parents ont fait le choix de nous inscrire dans une des meilleures écoles de New York. Résultat : nous ne nous retrouvons qu’avec des gamins friqués et pourris gâtés qui n’en manquent pas une pour nous rappeler que nous ne venons pas du même monde. Certes, nos parents sont loin d’être pauvres, mais ils ne sont pas non plus millionnaires.

    Nous nous racontons nos vacances. Enfin leurs vacances, puisqu’ils ont tous passé l’été soit sur un yacht, soit en Europe, soit dans leur résidence secondaire des Hamptons. Nous, nous sommes allées dans le Vermont et avons fait du camping. Autant dire que nous avons moins d’anecdotes à échanger. À part des marshmallows carbonisés, des crottes d’animaux et une toile de tente déchirée… Nous n’avons pas tous croisé JLo, Meryl Streep et Mark Wahlberg. Je les verrais plutôt mal dans la forêt, effectivement. Remarquez, ça pourrait être très drôle.

    La sonnerie qui annonce le début des cours retentit. Nous filons tous en classe. Le professeur de mathématiques entre dans la salle, se présente, et soudain une violente migraine me fend le crâne. Oh non ! Pas encore ! Ces maux de tête rythment mon quotidien depuis des années… depuis qu’ils sont apparus. Ash et moi avons promis de n’en parler à personne. Seulement, je n’en peux plus de me cacher. Je me suis toujours sentie différente, mais pendant longtemps je n’ai pas su pourquoi. Jusqu’à ce que ça arrive. Dans des circonstances différentes mais très rapprochées, nous avons découvert que nous avions des pouvoirs. Nous n’en discutons jamais, personne ne le sait. Ce secret est tellement pesant. Pourtant, ils sont là. Ashley les refuse, les normalise presque. Mais il faut bien admettre que tous les adolescents n’ont pas la capacité de devenir invisibles ou d’hypnotiser les gens. Je ne sais pas ce que vous en pensez, pour ma part, je ne qualifierais pas ça de détail. Même si je n’utilise pratiquement jamais mon invisibilité, ce pouvoir fait partie de moi. Il est grandissant et je sens que plus je le réprime, plus il demande à s’exprimer. En dissimulant cette partie de moi, j’ai l’impression d’être un imposteur. Je peux comprendre que Ash ne veuille pas aborder le sujet. Il est vrai que dans notre société, tout ce qui sort de la norme n’est pas vraiment bienvenu, mais quand même ! Pour ma part, je ne pourrai pas mentir de cette façon toute la vie. C’est pour cette raison que j’évite d’y penser. Alors, comme d’habitude, je chasse vite ces pensées et essaye de me concentrer sur le cours. Impossible, cette migraine est en train de me tordre la tête. Je n’écoute que d’une oreille et me fais mes points de compression à des endroits stratégiques. Petit à petit, la douleur se calme et bizarrement elle repart aussi vite qu’elle est arrivée. Étonnant. Habituellement, cela dure toute la journée ou au moins jusqu’à ce que je m’enferme dans le noir et que je dorme. Je ne saurais l’expliquer, mais j’ai un pressentiment étrange. Le reste de la matinée se déroule tranquillement, entre les cours avec des professeurs qui ont l’air déprimé par leur métier et des maux de tête qui vont et viennent. À midi, nous nous rejoignons tous à la cantine. Je prends Ash à part avant que nous nous mettions à table.

    Elle m’adresse un grand sourire et se faufile jusqu’à la table. Malgré ce que m’a dit Ash, je ne parviens pas à faire partir la boule qui se loge dans mon ventre. Je vais finir parano si ça continue. Je m’installe avec les autres et prends part aux conversations. Eligea se met à côté de ma meilleure amie et la drague ouvertement. Ils me font rire tous les deux. Cela fait des années que je lui dis qu’il veut sortir avec elle et elle persiste à m’affirmer que je me trompe. Je ne suis peut-être pas douée en amour, mais je ne suis pas aveugle. Ash est celle de nous deux qui a le plus de succès auprès des autres. Elle est hyper sociable, très drôle, adore sortir et faire la fête, rencontrer des gens. Il est impossible de se fâcher avec elle. Elle est la gentillesse incarnée et cherche toujours à éviter le conflit. Pour ma part… j’ai un quota de socialisation très bas. Je suis très méfiante et mets du temps à m’ouvrir aux autres, ce qui explique mon impulsivité ; elle me protège, elle est mon bouclier. Contrairement à Ash qui a sans arrêt besoin d’être entourée de plein de gens, la solitude ne me dérange pas du tout. Nous sommes des exacts opposés : elle est grande et châtain foncé alors que je suis petite et blonde comme les blés, je me lève tôt le matin et Ash ne se lève pas avant midi, elle est hyper attachée à sa maison alors que je me fiche pas mal du matériel, elle adore se baigner alors que je déteste, elle pourrait passer des heures à bronzer au soleil alors qu’à partir de vingt degrés, j’ai l’impression de fondre comme une glace, elle déteste les cours alors que moi j’adore, elle est hyper expressive, moi je camoufle tout ce que je ressens. Franchement, je ne sais même pas comment nous pouvons être amies. Pourtant, Ash est comme ma sœur. Nous avons toujours vécu ensemble, elle est mon premier soutien. Quoi qu’elle fasse, je suis derrière elle et je sais qu’il en est de même pour elle. Je sors de mes pensées et reviens à l’instant présent.

    Après notre pause repas, nous retournons en cours. Je vais devoir bosser dur cette année si je veux obtenir des résultats excellents et décrocher une bourse dans l’une des meilleures universités du pays. Je suis un peu perfectionniste, je dois bien l’avouer. À la fin des cours, comme à notre habitude, nous nous rendons tous dans le café Fifty Five à deux blocs de maisons et papotons de tout et de rien. Au bout d’une heure, Ash et moi fonçons dans le métro et rentrons à la maison. Ce soir, nos deux familles mangent ensemble et je dois aider mes parents à tout préparer.

    Nos parents sont meilleurs amis depuis l’enfance, alors quand ils ont déménagé à New York, ils ont décidé d’acheter des maisons proches l’une de l’autre. En l’occurrence, ils ne pouvaient pas faire plus près. J'avance vers chez moi. Le petit jardin de devant est tout entretenu, deux hamacs sont disposés sous notre porche et notre façade a été fraîchement repeinte en blanc. J’entre, ma mère doit déjà être derrière les fourneaux, alors je file à la cuisine. Elle est en train de découper des légumes sur l’îlot central.

    Poppy est mon surnom depuis que je suis toute petite. Cela veut dire coquelicot, et comme je rougis très vite, le rapprochement est vite fait.

    Elle rigole et me fait un bisou. Ma mère est à peine plus grande que moi, nous avons les mêmes cheveux blonds et les mêmes yeux bleus. Tout le monde nous dit que nous sommes le portrait l’une de l’autre.

    Je lui fais un câlin.

    Je traverse la maison et fonce sur mon père qui m’attrape à la volée.

    Il me serre dans ses bras et me fait tourner dans les airs. Mon père est tout pour moi. Je suis très proche de mes parents, nous avons toujours beaucoup communiqué. J’aperçois mon petit frère Nathael arriver en courant vers moi. Il se jette dans mes bras et me fait un gros câlin. Ma famille, c’est ma vie, je ne l’échangerai pour rien au monde. Je papote un petit peu avec mon père avant de monter me préparer. J’entends la sonnette quelques minutes plus tard et me précipite sur la porte d’entrée pour ouvrir à la famille d’Ash. Sa mère entre en premier suivie de mon amie et de sa petite sœur Millie. Nous nous installons tous dans le jardin, aidons mon père à mettre la table et ma mère à tout apporter.

    La soirée défile sans que je la voie passer. Nous parlons, rigolons, débattons sur plein de sujets. J’adore ce genre de soirées. Passer du temps avec ma famille est vraiment ressourçant.

    Je lui réponds par un grand sourire. Elle est adorable.

    Je lui souris et lui fais un bisou sur la joue. D’un côté, une partie de moi aimerait que nous soyons dans la même université l’année prochaine. Nous pourrions partager plein de moments géniaux, être dans le même dortoir. D’un autre côté, peut-être que si je me retrouvais seule, je pourrais essayer de me faire des amis sans elle, voir un peu comment je m’en sors. Non pas que je vive dans son ombre, je suis très indépendante dans la vie quotidienne. J’ai plein de projets d’avenir, je suis capable de vivre en totale autonomie, de gérer un budget et je m’accepte comme je suis avec ma différence, mes qualités et mes défauts.  En ce qui concerne les relations sociales par contre, ce n’est pas du tout ma tasse de thé. Je ne comprends pas les gens de mon âge et leur parler me fiche des crises d’angoisse. Alors, peut-être que si je m’y confrontais sans l’aide de ma meilleure amie, je pourrais prendre vraiment mon envol. Je serais incapable de ne plus du tout la voir, mais prendre nos distances nous ferait probablement du bien. Je ne sais pas, nous verrons bien. Nous mangeons et rions à s’en faire mal au ventre. Lorsque la soirée se termine, ma mère nous demande d’aller jeter les poubelles. Le local se trouve au bout de la rue, alors nous mettons nos chaussures et filons dans la nuit.

    J’essaye de marcher sans me casser la figure, mais avec deux sacs-poubelle dans les mains et des crevasses sur la route, cela relève de l’exploit. Un lampadaire sur deux est cassé, je ne sais même pas comment nous arrivons au bout de la rue en un seul morceau. Bon, j’en fais peut-être des caisses. Je jette en vitesse les sacs dans le bac et le maintiens ouvert pour Ash. Soudain, j’entends des bruits bizarres dans les plantes sur notre gauche. J’ai presque l’impression que ce sont des voix, des chuchotements.

    J’en doute, à ma connaissance, les animaux ne parlent pas dans l’État de New York. Non, j’ai dû me faire des films. Je regarde une dernière fois dans la direction des plantes avant de reprendre la route. À mi-chemin, un bruit retentit derrière nous. Nous nous retournons brusquement. Il n’y a personne.

    Nous opérons un demi-tour pour courir jusqu’à la maison. Sauf que lorsque nous nous tournons, deux hommes baraqués en tenue de combat cintrée se tiennent devant nous. Nous restons pétrifiées sur place.

    Je n’arrive pas vraiment à distinguer leur visage dans le noir, mais il ne me semble pas les avoir déjà vus. Eux, par contre, ont l’air de très bien nous connaître.

    Oh purée ! Des kidnappeurs ! Mais pourquoi nous ? Comment nous connaissent-ils ? Si nous courons, vu leur silhouette athlétique, ils nous rattraperont vite. Ash fait la chose de trop et se met à crier à l’aide. Les deux gros bras nous sautent dessus, nous bâillonnent, tandis qu’une sorte de cercle d’ondes lumineuses apparaît devant nous. Mais c’est quoi ce bordel ? Je me débats de toutes mes forces mais ce mec a une force de titan ! Les hommes nous forcent à avancer et avant que nous ayons le temps réagir, ils se jettent vers le cercle et pénètrent à l’intérieur. Seul problème, nous sommes encore dans leurs bras.

    Magnolia

    « Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. »

    Francis Blanche

    Lucy

    Ce portail est une sorte de tunnel interminable. Des couleurs aveuglantes apparaissent aussi vite qu’elles disparaissent. Nous nous enfonçons dans ce tourbillon aussi irréel que déstabilisant. Je suis dans une incompréhension totale. Est-ce un cauchemar ? Ce moment me paraît pourtant tellement réel. Quelle autre explication pourrait être rationnelle ? J’ai le tournis, je n’ai plus aucun repère. Sommes-nous mortes ou en train de mourir ? Nous sortons brusquement de ce désordre et la réponse s’impose à moi. Nous sommes bien vivantes. Nous déboulons dans un endroit dont la luminosité est aveuglante. Mes yeux se rouvrent petit à petit. Ils tentent de s’habituer à la lumière qui se reflète dans une sorte de paroi de cristal en face de nous. La bâtisse est entièrement faite de pierres précieuses de couleurs changeantes selon la lumière reçue. Je suis à la fois terrifiée et impressionnée. Je n’ai pas le temps d’observer davantage ce qui m’entoure, car les hommes qui nous ont emmenées ici nous font entrer. Je ne sais ni où nous sommes, ni pourquoi nous sommes là. Je ne sais pas quoi penser, j’ai peur de ce qui nous attend et pourtant, cet endroit me rappelle une sensation familière. Je reconnais son odeur.

    La salle dans laquelle nous pénétrons est de forme ronde et le plafond est d’une hauteur ahurissante. Des arbres et des chutes d’eau naturelles sont parsemés de part et d’autre de la pièce. Où avons-nous atterri ? Comment ce portail nous a-t-il conduites ici ? Pourquoi y avons-nous été emmenées et que va-t-il advenir de nous ? Sommes-nous en danger ? Les deux hommes qui sont venus nous chercher sont encore derrière nous, immobiles, attendant sans doute que nous nous remettions de nos émotions.

    Nous nous retournons vers lui. Il pourrait nous tuer en une seconde s’il le voulait. Des muscles ciselés, une mâchoire carrée, une silhouette athlétique. En voyant que je l’observe, il m’interroge du regard du haut de son mètre quatre-vingt-quinze. Pourtant, il ne dit rien, il attend puis s’avance.

    Les deux hommes passent devant nous et se dirigent vers une immense porte de cristal ogivale encadrée de deux arbres aux feuilles bleues et aux troncs verts. Chacun d’eux se positionne d’un côté de la porte après qu’elle s’est ouverte toute seule. Houlà ! Je commence à délirer je crois. Ash et moi entrons dans une salle constituée de nombreuses fenêtres laissant passer les rayons du soleil qui éclairent et réchauffent la pièce. Nous nous avançons jusqu’au centre de la « bulle des Gouverneurs ». Autour de nous se trouve une bande de cristal flottante, au-dessus de laquelle lévitent douze trônes en demi-cercle dont un légèrement plus grand que les autres. Depuis quand le cristal peut voler ? Ash et moi sommes côte à côte et ne bougeons plus. Sur ces trônes sont installés six femmes et six hommes habillés de capes faites de végétation. Ils possèdent de nombreux bijoux réalisés avec des branches d’arbre colorées. Je n’imaginais pas les « Gouverneurs » de cette manière, mais ma foi, au point où nous en sommes…

    Ces Gouverneurs connaissent donc notre identité. Il n’y a que moi que ça inquiète ? Et ils nous souhaitent la bienvenue ? Mais la bienvenue où ? Je ne me prive pas de leur faire part de mon questionnement :

    Ils semblent tous surpris par mon initiative et se crispent légèrement.

    Je suis surprise que ma mâchoire ne se soit pas encore décrochée. Monde magique. Gouverneurs. Origines algoriennes. Nées ici. Trop d’informations envahissent mon esprit. Ils ne sont pas nets ceux-là. Sérieux, ils ont bu ou quoi ? C’est obligé qu’il s’agisse d’un rêve ou d’une blague, peu importe. Je ne vois aucune autre explication.

    Mais j’hallucine ! Ces pignoufs habillés de feuilles sont en train de remettre toute notre vie en question. Je ne peux tout simplement pas me résoudre à abandonner tout ce que je connais pour une simple blague de monde parallèle magique. C’est bien une blague, hein ? Mais je ne peux pas imaginer tout ce que je vois tout de même. Peut-être suis-je devenue folle.

    Cette question est pertinente, effectivement.

    Je ne vous raconte même pas à quel point il est compliqué d’apprendre, à dix-sept ans en plus, que vos parents ne sont pas vos parents, que votre planète n’est en fait pas la vôtre et que pour couronner le tout vous venez d’un monde magique. J’étais déjà perturbée par mon rêve éveillé, il ne manquait plus que des révélations de ce genre pour faire déborder le vase.  Comment notre vie entière peut-elle être remise en question en si peu de temps ? Ce matin, Ash et moi sommes parties au lycée comme tous les matins et à présent nous nous retrouvons dans un autre monde et on nous annonce que nos parents biologiques sont morts. C’est le pompon. Chapeau à l’inventeur de cette supercherie. Vraiment bravo !

    Un biblien ? Qu’est-ce donc encore que cela ? Nous saluons les Gouverneurs, qui nous ont gracieusement consacré cinq minutes de leur temps, et nous nous dirigeons vers la porte, qui s’ouvre toute seule, bien sûr. Il va falloir s’y habituer. Les deux hommes de tout à l’heure nous attendent. Ils nous conduisent dans une grande salle dont les murs sont recouverts d’étagères en bois remplies d’un nombre incalculable de livres. Cette pièce m’apporte un léger réconfort. J’ai toujours adoré les livres. Un homme âgé avec une barbe et de longs cheveux blancs, vêtu d’une cape marron terre, vient nous accueillir. Et nous voilà maintenant face à Dumbledore. Il ne manque plus qu’Harry Potter et Voldemort et nous pourrons nous lancer dans le cinéma. Les deux jeunes hommes s’arrêtent au niveau de la porte tandis que Ash et moi suivons le vieil homme jusqu’à une table en forme de feuille de lilas à laquelle nous nous asseyons.

    Nous le saluons en retour.

    C’est un euphémisme de dire que nous avons une centaine de questions. J’espère que ce mage a du temps à revendre, car il va devoir nous écouter pendant un long moment. Je me lance la première :

    Il esquisse un petit rire.

    Dans quel pétrin nous sommes-nous encore fourrées ?

    Ash et moi nous nous regardons, « la Cité des Lumières » ? Remarquant notre incompréhension, le mage Gradow précise :

    Ben voyons. Ce sujet doit tout de même être sensible car le mage Gradow ne développe pas sa réponse, alors je décide de passer à autre chose.

    Nous avons toujours cru que nous étions les seules et que nous n’étions pas normales. Apprendre que, pour la première fois de notre vie, nous n’allons pas être obligées de nous cacher me soulage. Même si j’aurais préféré camoufler mon pouvoir et rester avec ma famille, savoir que je pourrai le laisser s’exprimer atténue un peu ma peine. Je dis bien un peu. Ce poids était tellement lourd.

    Ash et moi hochons la tête. Bon, on repassera pour garder le secret. Ils ne mentaient pas en disant qu’ils nous avaient surveillées durant toutes ces années, ils connaissent tout de notre vie.

    Cette question me trottait

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1