Sacrées voies du Seigneur !
Par Arlette Lameyre
()
À propos de ce livre électronique
Agathe va-t-elle mourir elle aussi ?
Une ancienne amie de la famille, Marie Dupuis, surnommée L’Araignée par ses élèves, tentera de mettre la jeune fille en garde en lui révélant les secrets et les drames successifs que sa famille a vécu mais qu'Agathe ignore...
Lié à Sacrées voies du Seigneur !
Livres électroniques liés
Valentine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCaramel Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Chroniques De Laura Kerne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉlizabeth Longhorn - Tome 1: Celle que je suis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Lutine du Val d'Argent: Recueil de nouvelles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne existence comme les autres…: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDites-leur que je suis mort: Roman historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Ombre s'étendit sur le Jardin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne enfance pas comme les autres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe festin de durian Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAU LONG DU CHEMIN: Personnages et temps forts d'une vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Sourire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCE MATIN-LÀ Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Le Jour où j'ai...(journal intime in french : résilience et émotion) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Sans un bruit Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes ombres de Mainhattan Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIncarnations - Tome 1 : Ombre fauve Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'épouse d'un Dieu: Tome 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationŒil du Pouvoir Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa mémoire des Piché Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUn beau soleil, un jour d'enterrement… Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMasculins Singuliers: Alphabet au masculin Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationD’il en il Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMaux Tus et Bouche Cousue Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDemi lune tome 2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSketo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Secrets d'Algoria - Tome 1 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVampire Solitaire - tome 2: Ensorcelée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa vie est belle ! Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Grosse: ou Les tribulations d'une factrice Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Fiction générale pour vous
La Vie devant soi de Romain Gary (Fiche de lecture): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Petite Prince (Illustré) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'Art de la Guerre - Illustré et Annoté Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/51984 Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Moby Dick Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'Étranger d'Albert Camus (Analyse de l'œuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Proverbes et citations : il y en aura pour tout le monde ! Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les frères Karamazov Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMauvaises Pensées et autres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoires de sexe interracial: Histoires érotiques réservées aux adultes non-censurées français novelle èrotique Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Procès Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Alchimiste de Paulo Coelho (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Nouvelles érotiques: Confidences intimes: Histoires érotiques réservées aux adultes non-censurées français histoires de sexe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAlice au pays des merveilles Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Gouverneurs de la rosée Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Les Carnets du sous-sol Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Mythe de Sisyphe d'Albert Camus (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Comte de Monte-Cristo Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les légendes de la Bretagne et le génie celtique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'étranger Évaluation : 1 sur 5 étoiles1/5Le Père Goriot Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Orgueil et Préjugés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMes plaisirs entre femmes: Lesbiennes sensuelles Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Manikanetish Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Learn French With Stories: French: Learn French with Stories, #1 Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Grand Meaulnes: édition intégrale de 1913 revue par Alain-Fournier Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'Odyssée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAnges Gaiens, livre 1: La Toile de l'Eveil Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe secret des templiers: Roman Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Doctrine Secrète: Synthèse de la science de la religion et de la philosophie - Partie I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Sacrées voies du Seigneur !
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Sacrées voies du Seigneur ! - Arlette Lameyre
LIRE !
Mercredi 19 avril 1978
Extrait du journal d’Agathe Brunet
Aujourd’hui j’ai 17 ans mais je n’ai pas voulu de festivités pour l’occasion. Maman m’a demandé ce qui me ferait plaisir et j’ai suggéré un voyage en Corse en tête à tête avec elle. Elle m’a observée, étonnée, et a répondu « Très bonne idée. »
Il y a un an, pour mes 16 ans, c’était une fête super-sympa : les parents m’avaient abandonné la maison et j’avais invité tous mes copains. Je me souviens de chaque instant mais surtout de mon bonheur et de mon insouciance.
C’était sans compter sur l’Araignée, notre prof d’anglais. Personne ne l’aime, elle fait peur : toujours de noir vêtu, un teint très blanc, une maigreur maladive (elle serait, paraît-il, anorexique) avec ses bras et ses jambes qui se répandent, s’étalent, s’agitent comme si elle allait nous emprisonner dans sa toile. Pourtant elle a des yeux magnifiquement verts mais même ces yeux-là nous foutent la trouille (ils doivent être phosphorescents la nuit !). Bien entendu elle n’était pas invitée à la fête de mon anniversaire mais m’avait demandé de passer la voir le lendemain. J’étais très étonnée. Un cadeau ? Pour un cadeau, c’en fut un tout pourri. Je me suis donc rendue chez elle pour apprendre, ô surprise, qu’elle avait des révélations à me faire sur ma famille. De quel droit ? Il paraît qu’elle l’avait beaucoup fréquentée jadis.
J’ai freiné des quatre fers, je ne voulais pas entendre ses commérages. Mais cette peau de vache d’Araignée est rusée et, n’ayant pas pu jeter son venin oralement, elle a écrit ce qu’elle a nommé pompeusement « Histoire d’Anna Brunet-Gugliani et de sa famille » c’est-à-dire ma mère, Anna, et ma famille, les Brunet. Elle m’a expédié le document par la poste ; je ne l’ai pas déchiré et puis, curiosité oblige je l’ai lu, relu et rerelu. Ce n’étaient que quelques feuillets qui narraient froidement la destinée de personnes que je n’ai, pour la plupart, pas connues, me dévoilant ainsi des secrets soigneusement cachés par mes parents. Cette femme a parasité ma famille durant des années, l’a étudiée, surveillée, espionnée puis elle a tissé sa toile et m’a emprisonnée dans sa vérité. Mais était-ce vraiment LA vérité ou un tissu de mensonges ? Que faire d’autre que tenter d’enquêter moi-même.
Un passage m’a intrigué dans le récit de l’Araignée, celui ou elle parle d’une photographie de mon père Philippe en Corse au moment de sa rencontre avec ma mère Anna. Une photo ? Je n’en ai jamais vu aucune dans cette maison à l’exception des deux qui trônent sur la commode de la chambre des parents : leur mariage et tante Angelina jeune, d’une beauté à couper le souffle. Alors j’ai cherché. Pour la première fois de ma vie je suis allée fouiller dans la chambre des parents. Jamais je n’aurais commis une telle indiscrétion avant ça. Et j’ai trouvé : une petite valise noire tout en bas de la penderie. Pas même fermée à clef. Tout y était. Les albums photos, les actes de naissance et de décès, le livret de famille, les médailles militaires de Pierre…
J’ai dû me rendre à l’évidence : le récit de l’Araignée est vrai.
Aujourd’hui j’ai 17 ans et j’ai décidé de tuer maman.
Histoire d’Anna Brunet-Gugliani et de sa famille
Agathe, si je commence le récit par tes ancêtres que tu connais mal ou même peut-être pas du tout, c’est pour que tu comprennes l’enchaînement et le rôle de chacun dans cette histoire. D’abord ta famille maternelle, les grands-parents d’Anna.
Les Bartolomeo étaient, au xixe siècle, des armateurs Toscans à la tête d’une flotte de bateaux à vapeur assurant un service maritime entre l’Italie et la Corse. Ils vivaient à Gênes mais possédaient sur l’île une propriété où la famille séjournait durant l’été.
À 47 ans, Sophia, l’épouse de ton grand-père Alessandro Bartolomeo, meurt en laissant un veuf avec quatre enfants. Ton ancêtre est accablé de chagrin, désemparé, incapable d’assumer les responsabilités de chef d’entreprise et de père de famille. Il charge Angelina, sa fille aînée, alors âgée de 18 ans, de s’occuper de l’intendance. Ses frères et sœur, Luciano, Sergio et Maria se laisseront conduire par celle qui s’est installée, de gré ou de force, aux commandes.
Face à la concurrence française, le lent déclin de l’agence maritime Bartolomeo s’amorce, bientôt aggravé par des querelles familiales entre Alessandro le patriarche, et ses deux fils, qui lui reprochent sa gestion désastreuse de la compagnie. Il est vrai que le vieil homme supporte mal son veuvage. Las, au lendemain de la Première Guerre mondiale, il abandonne la gestion de sa société à ses fils, Luciano et Sergio, et se retire définitivement en Balagne avec ses filles Angelina et Maria, sa cadette de dix ans.
La grande bâtisse des Bartolomeo est imposante ; couronnant un piton rocheux elle domine le village balanin situé à quelques kilomètres d’Île Rousse. Depuis des années la famille Bartolomeo passe ses vacances d’été dans ce hameau et les jeunes filles ont été adoptées par les villageois qui apprécient leur courtoisie et leur serviabilité. Et puis l’Italie n’est-elle pas cousine de la Corse ? Bastia fut même une ville génoise avant que l’île ne soit vendue au Royaume de France.
La Première Guerre mondiale fit beaucoup de ravages et les hommes payèrent un lourd tribut : ceux qui n’étaient pas morts au combat, ou invalides, demeurèrent sur le continent contribuant au dépeuplement de l’île. Les terres furent abandonnées, le chanvre, le lin et les céréales n’étaient plus cultivés, la vigne se mourait de phylloxera. Restaient les oliveraies et les châtaigneraies mais, faute de bras, les arbres furent peu ou mal entretenus et les fruits non cueillis.
Malgré cette absence d’hommes Maria Bartolomeo, la benjamine, n’eut pas à chercher très loin son futur époux : il résidait dans son village (je crois savoir qu’elle était un peu plus âgée que lui) et il était sans doute trop jeune au début de la guerre pour être mobilisé ; Antoine Gugliani et elle s’unirent sans attendre. Sans doute était-elle déjà enceinte.
Sur lui je ne sais pas grand-chose en dehors du fait que son père tenait l’unique café du village.
Les Corses abandonnent leur île. Presque toujours. Ils ont le choix entre deux options, c’est ce que soutient la rumeur populaire : gendarme ou voleur. Antoine avait le goût des armes, c’était un marcheur infatigable et un patriote, il aurait pu être brigand ; il se laissa pousser la moustache et opta pour la gendarmerie. Oui, à l’époque le port de la moustache était obligatoire pour être gendarme, il paraît que cela leur donnait une certaine autorité.
Je suppose que c’est le mariage qui poussa le jeune homme à s’engager dans la force publique. Les conditions de vie d’un auxiliaire de gendarmerie étaient plutôt misérables à l’époque ; le salaire était quatre fois moins élevé que celui d’un ouvrier qualifié mais d’autres avantages avaient convaincu Antoine d’opter pour cette profession : la gratuité des soins, des permissions régulières, la retraite à cinquante-cinq ans.
De cette union naquit, le 2 mars 1919, dans la maison familiale des Bartolomeo, Anna Gugliani, future Anna Brunet. Antoine, son père, regagna sa caserne et sa mère Maria s’abandonna, comme elle l’avait toujours fait, à la bienveillance de sa sœur Angelina.
Le soir du 31 mars 1919, la jeune accouchée étant souffrante, son nourrisson fut confié pour la nuit à la garde de sa tante Angelina. Quant à la malade, on lui prépara un lait de poule sucré au miel, chaud et mousseux et elle s’endormit calmement pour ne jamais se réveiller, le poêle de sa chambre ayant dégagé un gaz mortel. « Le monoxyde de carbone a fait une victime en Balagne » c’est sous ce titre que la presse locale relata l’événement. Lorsqu’Antoine Gugliani racontait l’accident, il concluait ainsi : « ma pauvre femme aurait fêté ses 20 ans le lendemain, le premier avril… et si j’avais eu à choisir j’aurais préféré que ce soit la petite qui y passe… des enfants on peut toujours en faire d’autres, mais une épouse comme Maria… ». Antoine ne se remaria jamais.
Voilà, c’est le premier mort dans la vie d’Anna, âgée alors d’un mois. Le premier d’une longue série où aucune victime n’atteindra sa vingtième année.
À 30 ans, Angelina eut en charge son père veuf et sa nièce orpheline. Elle gardait un souvenir douloureux des vêtements de deuil qu’elle avait porté après la mort de sa mère, une année durant ; elle détestait cette couleur qui lui rappelait sans cesse qu’on ne devait pas rire, qu’il fallait parler bas, que le rouge à lèvres était prohibé. Elle ne souhaitait pas élever Anna dans la tristesse de cette couleur de mort : le blanc serait plus approprié pour s’occuper d’un nourrisson. Je l’ai toujours vue vêtue ainsi, cela ajoutait à son charme naturel, lui conférait une certaine classe et les inconnus qu’elle croisait la désignaient comme « la dame en blanc ». En conséquence Anna fut élevée par sa tante Angelina (Tantange) jusqu’au jour où son père décida qu’il était temps qu’elle suive une éducation scolaire plus rigoureuse.
Deux tempos rythmèrent l’enfance d’Anna, l’un doux et tendre, celui passé auprès de sa tante durant les six premières années de sa vie puis ponctué par les vacances scolaires les douze années suivantes ; l’autre imprégné de froideur et de discipline, temps lui semblant s’écouler trop lentement, entre son père et les pensionnats auxquels il la confiait en fonction de ses affectations.
Si je me réfère à la brochure d’un collège de jeunes filles où séjournèrent Anna et ma mère (Geneviève de Breuil épouse Dupuis) dans les années trente, je ne peux que déplorer l’éducation qu’elles y reçurent en lisant ce postulat : « La jeune fille, futur pivot de la famille, a le sens