Jeu, sexe et match UNE NOUVELLE ÉROTIQUE DE MATHIEU PALAIN
Elle est arrivée au début du deuxième set. De sa voix cassée elle s’est excusée d’avoir manqué le premier mais son fils avait décidé de lui en vouloir. Pour se faire pardonner, elle a osé un « allez mon chéri ». Il n’a pas daigné la regarder. Il a quitté sa chaise en y laissant sa serviette, a ramassé trois balles qui traînaient dans le couloir, en a choisi deux au creux de sa paume comme font les pros à la télé, et s’est posté sur la ligne de fond, prêt à servir.
Pour vous le décrire, je dirais qu’il est plutôt petit, avec des cheveux longs retenus par un bandeau dont il a centré le logo, comme s’il était sponsorisé et que, par obligation contractuelle, il était tenu de laisser la marque bien en évidence. C’est un gaucher. Je le joue tout le temps. Je ne l’ai jamais battu. Je déteste les gauchers. Je sais que je ne devrais pas, mais en le voyant faire rebondir la balle à ses pieds, je pense à l’après, quand il m’aura battu et qu’il cherchera une pièce de deux dans son porte-monnaie pour honorer la coutume qui veut que le vainqueur paie son coup. Ça ne va jamais plus loin qu’un Coca au distributeur du clubhouse, mais c’est un moment excessivement pénible de se tenir en sueur l’un en face de l’autre en n’ayant rien à se dire. Ce qui m’énerve chez ce gamin, c’est qu’il n’a pas de talent. Je n’en ai pas non plus, je joue mon classement parce
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits