Il faut que tu reviennes
Dans mon bureau en noir et blanc, étouffé sous un ciel gris de béton, le vent emporte mes dossiers. Pourtant la fenêtre est fermée. Depuis que tu es partie, je ne suis plus qu’une carcasse de navire battue par les flots, sans espoir de revoir enfin le rivage de tes seins où je dormais, paisible encore, il n’y a pas très longtemps.
Il n’y a pas d’air, j’étouffe ici.
Derrière ces vitres scellées, je n’entends pas les oiseaux chanter. J’ai peur, si peur.
Il y a un endroit où j’aimerais passer le reste de ma vie…
C’est toi, Savannah. Tu es mon île battue par les vents, mon refuge, la forteresse où je veux vivre et mourir toutes les morts douces et savoureuses de ta chair…
Si par malheur je t’ai perdue à tout jamais, l’océan ne suffira pas à noyer toutes mes larmes. J’irai las sur cette terre, éphémère et solitaire, aveugle dans la lumière. Je veux te dire, mais tu ne m’entends pas, combien mes nuits sont nues sans toi.
Savannah, je hurle ton prénom, il rebondit sur le béton et rejaillit sur mon linceul.
Oui, je suis mort sans toi, privé de tes mains, de ta voix, de tes baisers rouge passion.
Qu’ai-je donc à faire de tous les autres et de ces femmes insipides qui me sourient sans même me voir et qui me parlent sans m’entendre ? Je n’en peux plus de ces gens, de ces dossiers, de ces monceaux de papiers, de ces forêts dévastées, de ce béton et de ces vitres.
Quand est-ce que je suis allé chercher ce café ? Je ne m’en souviens même plus. Il est froid. Avant, pendant ma pause, j’en profitais pour te téléphoner. Je te devinais brûlante entre les draps que je venais à peine de quitter, je te disais que je t’aimais, que la journée me semblerait interminable, et tu riais.
Mais tout à l’heure, en allant chercher ce fichu café qui a refroidi dans le gobelet, j’ai voulu t’appeler. Tu ne m’aurais pas répondu. Tu n’étais pas entre les draps, endormie,
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits