Le temps de l’absolution
Je m’appelle Eloïse et je n’ai plus d’âge depuis fort longtemps.
J’ai fêté mes 20 ans en 1922. Ceux qui m’ont souhaité le repos éternel ne sont plus que poussière aujourd’hui. Ma pauvre mère, mon père, mon petit frère Simon, ma chère sœur aînée Adélaïde, et Valentin… ils ont tous quitté ce monde en pensant sans doute que nous serions réunis de l’autre côté.
Pourtant je suis restée là, dans ce château des environs de Saumur. Je suis là depuis le 10 juillet 1923, jour de ma mort.
C’est à cette date précise que l’on m’a couchée dans une longue chemise blanche et que ma mère a répandu sur mon oreiller des pétales de rose.
Personne n’a compris pourquoi j’avais mis un terme à mon existence en me jetant du haut de la tour. C’est une si longue histoire… Une histoire d’amour et de folie.
Personne ne me voit ni ne m’entend, mais parfois il arrive que quelqu’un ressente ma présence. Quand je souffle sur sa nuque ou que j’effleure sa joue. Il faut que cette personne soit réceptive. Quand cela se produit, je comprends vite si la personne est ouverte au dialogue ou non.
J’ai besoin de parler. Toujours. Eternellement.
Il y a quelques jours, j’ai cruque la petite vieille de la chambre 14 m’avait vue. Elle ouvrait de grands yeux en fixant la porte devant laquelle je me tenais, mais, quand je me suis retournée, son fils était derrière moi et cela faisait si longtemps qu’il ne lui avait pas rendu visite qu’elle avait du mal à y croire.
Elle a pleuré toutes les larmes de son corps quand il l’a prise dans ses bras en lui promettant qu’il ne resterait plus jamais aussi longtemps loin d’elle. Cette nuit-là, elle est morte, heureuse. Elle a passé cette porte invisible vers l’au-delà, cette porte qui me résiste. Elle était si belle, auréolée de lumière.
Je vois toutes ces choses que les autres ne voient pas.
Je connais même leurs secrets. Je n’ai rien à faire que les observer. Des pensionnaires, qui attendent la fin dans cet
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits