La fin de l’été
Je l’aime tant.
Elle est si belle, si douce, si tendre. Si fragile aussi. Sans elle je ne suis rien, et quand elle partira, je n’existerai plus. Elle est et sera toujours mon unique amour.
Et pourtant je vais la perdre.
Nous allons être séparés à jamais.
Parce que le corps est plus faible que le cœur et l’esprit et qu’il est toujours, irrémédiablement, le premier à perdre la partie. Dans quelques jours, quelques heures peut-être, elle ne sera plus là, près de moi avec son regard bienveillant comme en cet instant.
Ses yeux vont se refermer définitivement pour me dissimuler son mal mais ses paupières ne parviendront pas à me cacher son âme. En cette mi-septembre, la chaleur est encore intense dans notre région du Luberon.
Notre petite maison brille de mille lumières aussi étincelantes que l’est notre amour. Dans le jardin et les champs alentour, les abeilles sautent de fleur en fleur, bourdonnent comme si elles tentaient de rivaliser avec le chant des cigales et le crissement des grillons confortablement installés dans les oliviers.
La nature sait que l’été s’achève.
Moi, je sais que ma vie touche à sa fin.
Parce que Hélène va mourir.
Et quand Hélène ne sera plus, je n’aurai plus aucune raison de vivre. Aucune envie non plus. Les médecins ont été formels : la leucémie ne lui donne plus qu’une espérance de vie qui se compte en jours. Dix ? Deux ? Peut-être moins encore.
Hélène ne souffre pas. Les médicaments sont nombreux, les doses de morphine de plus en plus importantes. Hélène ne souffre plus. Je veille sur elle comme elle a toujours veillé sur moi et je ne laisserai jamais la douleur prendre le dessus. Son mal est atténué, le mien devient insurmontable.
Pour vivre intensément nos dernières journées ensemble, nos ultimes moments de bonheur à deux, je ne dors presque plus. Si je fermais les yeux, j’aurais l’impression de perdre de précieuses secondes pendant lesquelles je ne profiterais pas de celle que
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