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Harcelée à l'école, doubles peines: Une mère et sa fille racontent
Harcelée à l'école, doubles peines: Une mère et sa fille racontent
Harcelée à l'école, doubles peines: Une mère et sa fille racontent
Livre électronique160 pages2 heures

Harcelée à l'école, doubles peines: Une mère et sa fille racontent

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À propos de ce livre électronique

Un mois de harcèlement, quatre ans de dépression.

Raphaëlle, adolescente choyée, élève d’une des plus élitistes écoles parisiennes, a payé très cher l’agression violente et sans répit de « camarades » de classe, qui pensent pouvoir tout se permettre.
Ce long tunnel, marqué par les tentatives de suicide, la boulimie, les TOC et la déscolarisation, est aussi celui d’Isabelle, sa mère, qui vit l’effondrement de sa fille comme une remise en cause de ses qualifications de parent.
Mais dans cette famille peu conventionnelle, la vitalité et la détermination sont les plus fortes. La lumière viendra de là où on ne l’attendait pas.

Tantôt sous la plume de Raphaëlle, tantôt sous celle d’Isabelle, ce livre juste et utile, à l’écriture tendue, témoigne également de l’amour immense qui unit mère et fille. Un amour qu’aucun harceleur n’a pu détruire.

EXTRAIT

J’ai la chance d’être née dans un milieu aisé. Dans ma famille, il y a mes parents Isabelle et Alain, ma petite sœur Emma et ma grande demi-sœur Marion, issue d’un premier mariage de mon père. S’ajoutent à ce petit monde mon beau-père David et ma belle-mère Karine. Maman, c’est la mère rêvée ! Je l’aime à un point tel que ce sentiment est indescriptible. Elle est belle, intelligente, drôle, cultivée, aimante, chaleureuse... et tant d’autres qualités ! Bon, évidemment, elle est aussi pénible. Parce qu’une mère juive est forcément poule donc collante, donc toujours sur mon dos. Papa, à l’inverse, c’est l’iceberg. Beaucoup plus retenu, même s’il peut avoir beaucoup d’humour par moments. Quand il faut agir, il répond toujours présent mais quand il s’agit de montrer ses sentiments, l’affaire est plus compliquée. Je crois que c’est son héritage corse qui le rend parfois austère. C’est une sorte de héros lointain et sans nous l’avouer vraiment, Marion, Emma et moi en avons toutes un peu peur. Peur de ne pas être à la hauteur de ses exigences, peur d’être jugées du haut de sa réussite.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Un récit touchant qui fait ouvrir les yeux sur la force des mots. On ne saurait que trop conseiller ce livre à toute personne qui pourrait de près ou de loin être familière avec le sujet. A ces mères qui ne savent pas forcément comment agir... à ces filles qui n’en peuvent plus de garder pour elles... - Alizée English, Détachée de presse

À PROPOS DE L'AUTEUR

Raphaëlle Paolini a été chargée de communication au club L’ARC. Elle a assumé les mêmes fonctions au club le Baron de Londres puis au Sofitel St James. De retour à Paris, elle a renforcé l’équipe de communication d’une société de production pour finalement revenir à ses premières amours en créant sa propre entreprise.

Auteur, concepteur-rédacteur, Isabelle Paolini a été journaliste, spécialiste des sujets de société pour France 3, chroniqueuse politique pour Bloomberg TV et Europe1.fr. Elle a également été Responsable de communication dans un grand groupe.
LangueFrançais
Date de sortie7 mars 2017
ISBN9782390091226
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    Aperçu du livre

    Harcelée à l'école, doubles peines - Raphaëlle Paolini

    Allen

    Avant-propos

    Je suis d’une époque individualiste. Rares sont les occasions de se retrouver pour faire la fête, pour communier dans la bonne humeur. La nuit est un refuge, on peut y danser, se rencontrer, rire, faire du bruit, autant de plaisirs qui parlent à ma nature fondamentalement sociable et joyeuse. Loin de l’anathème jeté sur moi par des barbares d’un nouveau genre, la nuit m’a accueillie, m’a révélée et m’a guérie car elle est sans a priori et tous les chats y sont gris. Oui, tendre est la nuit.

    Preface d’Emma Paolini

    J’aurai éternellement dix ans.

    Quand ma sœur plonge dans la dépression, je sais que des gens mal intentionnés lui ont fait du mal mais je n’en saisis pas toutes les répercussions. À dix ans, on ne comprend pas ce qu’est le harcèlement scolaire ou la boulimie, on sent que quelque chose se passe, quelque chose d’important. Ma sœur n’est plus jamais gaie, le visage de mes parents a changé, leurs conversations sont plus fréquentes, plus longues, plus graves qu’avant. J’ai dix ans et je découvre que la vie peut être triste.

    Alors que ma sœur était jusque-là une sorte d’idéal, d’exemple à suivre, elle tombe de son piédestal. Non pas que son image se dégrade à mes yeux mais de protectrice, elle devient fragile. Elle ne me montre plus le chemin, elle ne se moque plus de moi en m’expliquant que j’ai une coiffure hors du temps, elle ne propose plus de nouvelles activités pour la « ligue anti-parents » et elle ne s’agace plus de mes intrusions régulières dans sa chambre.

    J’ai toujours été le petit clown charmant, celle qui attendrit et qui fait rire. Le truc classique des derniers nés pour attirer l’attention. Mais là, je n’ai plus du tout envie de me faire remarquer. Je sens qu’il faut à tout prix faire quelque chose pour redonner le sourire à ma sœur et à mes parents. Et peut-être à moi aussi. J’ai dix ans et malgré mon mètre soixante-dix, je suis une petite fille. Des élèves ont fait du mal à ma sœur adorée mais quoi, comment, pourquoi, je ne sais pas précisément. Je comprends aujourd’hui que mes parents n’ont pas voulu expliquer pour ne pas m’accabler avec des choses trop dures pour mon jeune âge. Mais si je ne comprends pas tout, je vois bien qu’il ne s’agit pas de chamailleries ou de vêtements volés. D’ailleurs, rien de ce que je fais pour égayer l’atmosphère ne marche vraiment, je me sens impuissante.

    Ma petite tête d’enfant recèle une bonne dose d’instinct. Je flaire le danger et je décide de devenir sourde, aveugle et muette. Comme ça, je reste dans ma bulle confortable et je ne crée de problème à personne. Je me préoccupe donc essentiellement des nouveautés Pokémon et du nouvel épisode de Kim Possible qui va bientôt être diffusé. À l’école, avec mes amis, je suis un vrai caméléon et m’adapte à toutes les situations. Je suis gaie, bonne élève, bonne copine. Le bouclier anti « problèmes de grands et soucis associés » fonctionne très bien et, je le sais aujourd’hui, trop bien.

    Pour ne pas paraître « anormale » et être stigmatisée à mon tour, je ne parle à personne des problèmes de Raphaëlle. Je ne dis à personne à quel point ma famille est bouleversée et je garde pour moi le sentiment étrange qui me serre le cœur quand j’entre dans la chambre de ma sœur. Je ne dis à personne que même au plus fort de mon excitation avec mes copines, un léger voile vient me rappeler que ma joie ne peut pas être totale. Je ne dis pas non plus à mes parents que j’aimerais bien qu’on s’occupe plus de moi, que j’en ai assez des problèmes de Raphaëlle (car oui, par moments, j’en ai assez) et que moi aussi j’existe. Je suis piégée par l’image que je dois renvoyer de moi. Pour mes copines comme pour mes parents, même si c’est pour des raisons différentes, je dois être celle qui va bien.

    C’est ainsi que prendre sur moi devient une seconde nature. Pendant, un, deux, trois, quatre ans, je suis d’une discrétion exemplaire. Petit à petit, Raphaëlle commence à aller mieux, j’aborde alors l’adolescence comme une revanche.

    Je ne sombre pas dans la dépression comme Raphaëlle en son temps, mais je revendique tout et n’importe quoi. Tout est bon pour compenser le manque d’attention dont j’ai souffert. La moindre chose qui m’est refusée est décodée comme une insulte à ma personne, une négligence supplémentaire, une brimade éternellement renouvelée. Avec mes amis aussi, je deviens d’une exigence folle et tout le monde n’arrive pas forcément à suivre. Je réclame mon dû à cor et à cri. Seul un détour de trois ans par la case pensionnat me permet de retrouver un peu de lucidité et des rapports apaisés avec mon entourage.

    Pourtant, le calvaire de Raphaëlle continue à mon insu à peser sur mes choix et mes comportements. Quand j’entreprends des études supérieures, c’est pour moi bien sûr, pour m’assurer un avenir, mais pas seulement. Je serai ce qu’on attend de moi, celle qui fait des études et qui réussit. Et puis, je n’entreprends pas n’importe quelles études mais des études de psychologie. Au moment où je fais ce choix, je pense que j’ai simplement opté pour le domaine qui me plaît, mais non. Ayant progressé dans mon parcours universitaire et entrepris une psychanalyse – passage obligé de tout psychothérapeute – je sais que ce choix ne doit rien au hasard. Dix ans après la catastrophe, je continue à chercher des réponses à ce qui est arrivé à ma sœur et à ma famille. Et j’espère, à l’opposé de celle qui était trop petite pour venir en aide, être cette fois-ci celle qui guérit, celle qui peut apporter la lumière dans les ténèbres.

    Il m’arrive encore souvent de me sentir délaissée. Je dois sans cesse lutter contre cette impression de passer au second plan, comme si aujourd’hui encore mes préoccupations étaient toujours moins considérées que celles de ma sœur que j’aime pourtant de ton mon cœur. Mon alliée, ma confidente, mon acolyte, celle qui me surprend tous les jours par sa perspicacité, sa détermination, son courage et sa joie de vivre fait parfois encore les frais de mon ennemi intime. Car j’aurai éternellement dix ans.

    Septembre 2004

    À l’aube de ma rentrée en Troisième, c’est l’excitation ! J’ai hâte de revoir mes copines, de savoir dans quelle classe et surtout avec qui je vais partager le plus clair de mon temps. Et ouf, comme chaque année depuis la maternelle, je me retrouve dans la même classe que ma meilleure amie Audrey. Soulagée d’avoir mon alliée de toujours à mes côtés, je suis loin d’imaginer que je suis dans une classe où quatre-vingts pour cent des élèves ne souhaitent pas être mes amis. J’ai toujours eu du mal à l’école. Pas vraiment mauvaise élève, pas bonne élève non plus, plutôt moyenne. Pas terrible, quoi. Malgré tout, je réussis toujours à passer de justesse en classe supérieure et ça se décide généralement dans la dernière ligne droite du troisième trimestre.

    J’ai la chance d’être née dans un milieu aisé. Dans ma famille, il y a mes parents Isabelle et Alain, ma petite sœur Emma et ma grande demi-sœur Marion, issue d’un premier mariage de mon père. S’ajoutent à ce petit monde mon beau-père David et ma belle-mère Karine. Maman, c’est la mère rêvée ! Je l’aime à un point tel que ce sentiment est indescriptible. Elle est belle, intelligente, drôle, cultivée, aimante, chaleureuse... et tant d’autres qualités ! Bon, évidemment, elle est aussi pénible. Parce qu’une mère juive est forcément poule donc collante, donc toujours sur mon dos. Papa, à l’inverse, c’est l’iceberg. Beaucoup plus retenu, même s’il peut avoir beaucoup d’humour par moments. Quand il faut agir, il répond toujours présent mais quand il s’agit de montrer ses sentiments, l’affaire est plus compliquée. Je crois que c’est son héritage corse qui le rend parfois austère. C’est une sorte de héros lointain et sans nous l’avouer vraiment, Marion, Emma et moi en avons toutes un peu peur. Peur de ne pas être à la hauteur de ses exigences, peur d’être jugées du haut de sa réussite.

    Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours craint qu’il ne soit pas fier de moi. J’ai intégré dans un recoin de ma tête qu’il y avait une possibilité pour que je le déçoive, et que cette déception aurait des conséquences. J’avais l’impression que son amour avait des limites, qu’il pouvait s’effriter. Un amour comme un permis à points. Vous avez un capital de départ mais tout peut être remis en cause après un nombre trop important de faux pas.

    Mes parents ont divorcé lorsque j’avais neuf ans. Je me rappelle avec exactitude de la scène de l’annonce de la séparation. À l’image de ces films dramatiques où il arrive quelque chose de grave et douloureux au protagoniste principal. Coup de poignard dans nos cœurs, Emma sur les genoux de Maman, moi sur ceux de Papa, accablées de chagrin, inconsolables. Comme tous les enfants, j’étais triste que mes parents ne s’aiment plus et comme beaucoup d’enfants j’avais peur de ne plus avoir de papa, moi qui n’étais déjà pas rassurée sur la permanence de son investissement paternel.

    Emma, la benjamine, est en quelque sorte le petit bijou de la famille. Belle et douée à l’école, j’ai l’impression qu’elle est chouchoutée par mon père. Je suis jalouse d’Emma. Au-delà de ses bonnes notes et de son joli visage, elle a quelque chose d’attendrissant et on s’est toujours extasié devant d’elle. Ses boucles blondes, ses yeux bleu-vert, sa petite bouille gracieuse font craquer tout le monde depuis qu’elle est bébé. Ma grande sœur Marion vit elle sur l’île de beauté, à Ajaccio, depuis toujours. Côté beau-père, j’ai une chance inouïe que ma mère ait rencontré David. Il est plus jeune, plein d’énergie et de fantaisie. Il s’occupe de nous depuis que nous sommes petites, Emma n’avait que six ans et moi dix quand il est arrivé dans nos vies. Il nous élève comme si nous étions ses propres filles. C’est lui qui me fait réviser les maths et il est d’une patience d’ange. Il faut avouer que je suis super nulle en maths et qu’il me faut plusieurs jours avant de comprendre un exercice. David joue avec nous, nous fait rire. Il enfile le costume du père à fond, alors qu’il n’y est pas obligé. Cela comble le manque de présence paternelle qu’Emma et moi ressentons.

    Et moi, je suis au beau milieu de cette famille hétéroclite à chercher ma place. Je ne me sens ni à l’aise ni mal à l’aise. Je sais simplement que sans ce toit si chaleureux, sans cette mère présente dans toutes les épreuves de ma vie, mon existence aurait été plus compliquée encore. Certes, Papa lui aussi est présent dans les coups durs mais la personne qui vit le cœur des événements, c’est Maman.

    Mes parents m’ont inscrite dans une école internationale à côté de la maison. Ils tiennent à ce que je reçoive la meilleure éducation possible. Ils veulent aussi que je me confronte à des cultures différentes. J’apprends donc l’anglais depuis la grande section de maternelle dans une école où plus de soixante-dix nationalités sont représentées et dans une ambiance très américaine. L’anglais, véritable coup de foudre ! Cette langue sonne d’emblée familière à mon oreille. Et c’est tant mieux car le rythme d’apprentissage est soutenu : oubliée l’heure et demie d’anglais quotidienne en primaire, depuis la Sixième, ce sont tous les cours qui sont en anglais, hormis les maths et le français, bien sûr. Résultat garanti : la langue de Shakespeare n’a plus de secret pour moi.

    C’est dans cette école pas comme les autres que je rencontre Laura, Julie et Audrey, qui deviennent mes meilleures amies. Jennifer, Caroline et Marie sont aussi des copines très proches mais Audrey, Laura, Julie et moi sommes tout le temps « collées ». Nous suivons les mêmes cours de danse depuis que nous avons quatre ans, nous organisons nos anniversaires respectifs, nous passons beaucoup de nos

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