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le peintre: VINCENT VAN GOGH

ans la matinée du 27 juillet 1890, Vincent van Gogh achève son dernier tableau intitulé . Comme son titre l’indique, il s’agit d’un plan serré sur un taillis: quelques troncs, une souche, un croisement de lignes verticales et horizontales claires sur fond sombre. Presque une peinture abstraite,  datent tous de cette très courte période… Mais il est encore très fragile en réalité. Le 30 juin, une lettre de Théo lui porte involontairement un coup fatal. Il y confie ses contrariétés professionnelles et ses difficultés à subvenir aux besoins de son frère artiste, en plus de sa propre famille. Vincent rechute. Il se sent coupable d’être un poids pour lui, un inutile. Le sol se dérobe sous ses pieds. “Ma vie à moi aussi est attaquée à la racine”, répond-il. “À la racine”: la voici l’explication de ce dernier tableau. Vincent van Gogh est allé peindre des racines après s’être senti attaqué à cet endroit-là, les siennes. A-til voulu exorciser son angoisse en allant à leurs rencontres? A-t-il cherché à se nourrir de la sève qu’il y a en elles, pour retrouver la force de vivre? C’est probable. Se guérir par la peinture, en incorporant une image, comme dans des temps reculés où on croyait pouvoir se soigner en mangeant des plantes ressemblant à un organe du corps… Le fait est qu’il n’y aura pas réussi. Dans les racines, il y a quelque chose de sombre aussi, l’humus, qui attire vers les profondeurs du sous-sol. Avalé par son sujet, il s’est dissous dedans. Mais c’est dire aussi que Van Gogh n’est peut-être jamais mort. Devenu racine, plante, lignite et surtout pigment, couleur, ligne, il a seulement rejoint son tableau d’où il nous contemple pour l’éternité.

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