La pédagogie dans le boudoir
ire que le dernier livre de Robert Bober n’est pas un roman, c’est ne pas comprendre que les souvenirs sont des personnages de fiction. Il faut admettre que Bober se plaît à semer le doute. (P.O.L) est une lettre, veut-il nous faire croire. Et de fait, il s’agit bien d’un roman épistolaire, lequel est moins un genre qu’une élégance, quand on use de l’envoi avec parcimonie. Dans le, invité par un collège du Blanc-Mesnil à parler du livre dans une classe de quatrième, une élève m’a demandé si tout ce que j’avais raconté était vrai. Lorsque je lui ai dit que ce livre était un roman, et avant que je puisse lui en dire plus, elle m’a dit : “Alors, j’ai pleuré pour rien?”» Nous avons la chance, en France, d’avoir à la tête du ministère de l’Education nationale un personnage de fiction. Jean-Michel Blanquer, au cours d’un entretien donné au a promis de « retrouvercette règle d’airain : les parents ne se mêlent pas de pédagogie ». Je croyais que les familles étaient quelque peu concernées par l’éducation de leurs enfants… C’est donc fini ? Elles ne doivent plus s’en mêler ? Ah, mais non, ça y est, j’ai compris! Quand Blanquer parle de « pédagogie », il pense au « programme scolaire ». Déformation professionnelle du technocrate, sa novlangue a fourché. A moins que, derrière ce glissement sémantique, la République ne nous annonce que l’éducation sera bientôt tout entière contenue dans la scolarité. Maintenant, quand notre Pécuchet de la rue de Grenelle parle de revenir à la loi d’airain, à quelle sorte de retour pense-t-il ? Quelle civilisation perdue, quelle culture enfouie, quel régime abhorré a instauré ce précepte consistant à interdire aux parents d’éduquer leurs enfants ?
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