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Chroniques Terriennes (Volume I)
Chroniques Terriennes (Volume I)
Chroniques Terriennes (Volume I)
Livre électronique241 pages5 heures

Chroniques Terriennes (Volume I)

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À propos de ce livre électronique

Chroniques Terriennes se veut une plongée dans la société humaine sans concession ni angélisme, où des personnages sont face à des dilemmes profonds, et que vous pourrez suivre dans leurs doutes, leur humanité. Et ce, dans des univers différents en termes de genres : de l’horreur, du fantastique, du polar... Ca parle de tragédies quotidiennes, des monstres humains qui rôdent dans notre société, on y trouve des thèmes comme l'homosexualité luttant pour exister, la lutte des femmes pour une certaine justice sociale...
Malgré ses thèmes sombres, il y a de la joie, de la romance même parfois, mais il est vrai que la teinte dominante est assez noire. C’est une virée réaliste dans la société d’aujourd’hui qui permet d’aller d’un univers à l’autre, d’un polar glauque à une science fiction proche de métal hurlant, puis, quelques pages plus tard, de suivre les pas d’un tueur allant jusqu’au bout de son contrat, bref il y en a pour tous les goûts en somme. Le tout irrigué par une plume acerbe et acide qui n’épargne personne, avec des accents sociaux et poétiques.
S’il y a des influences pop, ce celles de la scène cinématographique, d’oeuvres comme Bloody kids de Stephen Frears ou The Wall d'Alan Parker, mais aussi celles de Rob Zombie, Aja ou la plupart des grosses machines hollywoodiennes, Kill Me Please ou Cannibal pour la peinture du monde populaire, mais aussi les chansons de Brel, surtout Ces Gens-là qui a eu une forte influence sur cet ouvrage.
Ce livre est en effet l’œuvre d'un cinéphage à l’écriture instinctive, sans démarche conventionnelle.

LangueFrançais
Date de sortie23 avr. 2012
ISBN9781476294001
Chroniques Terriennes (Volume I)
Auteur

Marc Hoffmann

Marc Hoffmann est né le 18 août 1983 à Paris. Il commence à écrire dès l’âge de 9 ans ; des poèmes, des nouvelles et toutes sortes de textes. Au fil des années, il écrit des articles sur le cinéma — sa seconde passion — ainsi que des scénarios en autodidacte. En parallèle, il poursuit une carrière d’animateur pour enfants et met en scène plusieurs spectacles dans la région messine, dont il en écrit parfois les textes. Marc publie son premier recueil de poésie à l’âge de 27 ans : « Corpus » aux Editions Baudelaire (ISBN 978-2-35508-865-0), puis un second l’année suivante : « Mentalis » aux Editions In Libro Veritas (ISBN 978-2-35209-489-3).

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    Aperçu du livre

    Chroniques Terriennes (Volume I) - Marc Hoffmann

    AUTO INTERVIEW

    ***

    Merci d'être venu nous voir pour parler de ce livre.

    De rien.

    Tout d'abord, ce qui saute aux yeux, c'est la violence des actions dans tes nouvelles… est-ce ton avis ? Penses tu ton livre violent ?

    Une chose tout d'abord, il faut savoir que la plupart des nouvelles que j'ai écrites se basent sur des histoires vraies, que j'ai amplifiées, mais la base est réelle. Je me base sur la réalité de la société. La seconde est que la violence du livre se veut une façon d'alerter le lecteur sur les travers de ses semblables, sur ce qui se passe tous les jours et surtout le confronter soit au point de vue de la victime, soit du coupable, pour ne rester dans ce point de vue aseptisé véhiculé par les grands médias sur les « gentils » et « les méchants », tout en souhaitant que faire ressentir la douleur et l'absurdité d'un crime, fasse que le lecteur se révolte à son tour contre la barbarie quotidienne. Violence oui, mais pas inutile.

    Oui, mais on peut penser parfois que vous avez de la complaisance pour les actes barbares.

    On peut le penser, en effet. Je crois que l'un des grands thèmes de ce livre, est ce qui se passe quand la part d'animal surgit hors de l'humain et aussi que cette notion me parait un peu sujette à discussion, quand on voit les actes que ce bipède est capable d'accomplir tous les jours. Je pense aux viols, aux meurtres, à la pédophilie ou à la guerre, alors qu'on présente la valeur d'humanité comme positive. Comme si cet être était forcément bon, et par ailleurs, j'essaie de comprendre la mécanique de la violence, alors forcément, cela revient à prendre une valeur universelle pour la redéfinir, et lui donner du volume, ne pas la laisser avec la seule facette positive si on veut. Et puis, cela trouve un écho dans une conviction que j'ai depuis longtemps que l'être humain peut devenir barbare si on lui donne une raison rationnelle ou non de l'être.

    Certains pourraient parler de mauvais goût…

    Le mauvais goût est une notion subjective, qui sert souvent à condamner sans raison précise… et pour ma part, je ne pense pas qu'on puisse dire que c'en est. Peut-être que ce livre n'est pas tous publics, mais ce n'est pas du mauvais goût. En tous cas, pas selon ma définition, qui est que cela désigne les œuvres dont le message est une incitation à la violence ou au rejet de l'autre, mais pas aux images franches et crues. Et puis, je crois que ceux qui diront que ce livre est de mauvais goût sont les mêmes qui pensent que les œuvres d'art sont plus responsables de la violence de la société que l'absence de dialogues, de valeurs, de rêves possibles pour certains. Si cela peut les rassurer de rejeter la faute sur les autres…

    Un autre point qui ressort, c'est que pour vos personnages, il y a peu de moments joyeux. Est-ce volontaire ?

    Non, et puis, je ne suis pas d'accord. Ils tombent amoureux ou savourent des moments simples, mais il est vrai que pour eux, ce n'est jamais de longue durée… sans doute une névrose encrée en moi, je ne sais pas. J'écris sans réfléchir, je laisse mon inconscient écrire… et puis dans la vie, c'est pareil. L'amour dure un temps et devient une sale habitude polie, l'enfance passe, la naïveté aussi, l'extase aussi… mais je ne suis pas forcément un optimiste de nature, il est vrai.

    Il y aussi votre rapport aux enfants dans vos histoires qui peut paraître suspect…

    Comme je le disais plus tôt, j'essaie de donner à sentir la douleur d'une victime, et il n'y a rien de plus horrible que celle d'un enfant qu'on maltraite. Et pour donner cette sensation, il faut aussi décrire les choses un minimum, mais je vous concède que cela ne colle pas avec le reste de la tradition française qui édulcore les récits pour en faire des œuvres tous publics, comme si l'art ne pouvait pas être un miroir total de la société et de son coté sombre. Ce genre de fait existe, et une nouvelle fois, j'espère que le lecteur sera révolté par ce genre de récit et voudra en savoir plus, et surtout faire quelque chose contre. Un appel à la civilité et au bien commun, en somme. Après, on a tout à fait le droit, et le devoir peut-être, de ne pas se sentir à l'aise devant ce livre.

    On y trouve aussi des sujets d'actualité, vous pouvez nous en parler ?

    Bien sûr. J'ai une tendresse toute particulière pour les marginaux donc on y trouve des thèmes comme l'homosexualité luttant pour exister, la lutte des femmes pour une certaine justice sociale… mais je dois admettre que ce livre est totalement sorti de moi et que je n'ai que de lointains souvenirs de ses textes… en effet, j'écris actuellement deux autres livres en parallèle… mais je fais confiance au lecteur pour se faire un avis et découvrir ses thèmes, se poser ou s'opposer par rapport à mes écrits, c'est cela l'art aussi, lancer des débats, remettre en question. L'art gentillet m'ennuie.

    Quelles sont vos influences ?

    Elles ne sont pas littéraires, je ne lis presque pas, mais cinématographiques bizarrement. Je pense toujours en image. Je dirais des œuvres comme « Bloody Kids » de Stephen Frears ou « The Wall » d'Alan Parker, mais aussi celles de Rob Zombie, Aja, ou la plupart des grosses machines hollywoodiennes, mais je ne saurais vous le dire en détail, d'abord parce que je suis un cinéphage ingurgitant une masse conséquente de films chaque semaine et ensuite parce que, comme je le disais, j'écris à l'instinct, sans réfléchir ni démarche consciente. Mais je pense qu'elles seraient à chercher du coté du cinéma belge comme « Kill Me Please » ou « Cannibal » pour la peinture du monde populaire que j'essaie de faire, et aussi les chansons de Brel, surtout « ces gens-là » que j'ai beaucoup écouté en faisant ce livre.

    Pourquoi ce virage entre la poésie et les nouvelles ?

    Ce n'est pas une rupture mais une continuation, une façon de dire de manière directe des choses que je ne peux pas forcément aborder frontalement avec la poésie, et par ailleurs, j'aime les histoires, c'est par-là que j'ai commencé il y a bien longtemps. J'écrivais des sagas de science-fiction et du fantastique quand j'étais ado, c'est une sorte de retour aux sources si on veut. La poésie, elle, est là, en complément, comme si je faisais du cinéma expérimental et des courts métrages, deux facettes de la même chose. Une sombre, une lumineuse. Une pour le public, une plus intime. La même chose au final. Des mots. Des sons. J’ajoute qu'actuellement j'écris un recueil de poèmes, alors « le virage » n'est pas irréversible.

    Certains peuvent reprocher à vos textes un certain manque de rigueur…

    C’est là, une des bases de ma démarche d'artiste, refuser la perfection, de tout lisser. Je veux dire que contrairement à notre époque où tout doit être « meilleur », plus rapide, plus clair et toujours plus aseptisé, je crois que les imperfections sont une marque d'artisanat comme il en manque dans notre société. Et puis c'est aussi une façon d'ajouter une touche de dadaïsme, et d'envisager l'art comme aussi bien une quête de l'idée que comme un enfant qui dessine sur une feuille, sans chercher à impressionner ou à conceptualiser ce qu'il fait, et cela, il me semble, est de l'art à l'état pur. Tout cela étant dit, toujours en tant qu'artiste, j'apprends mon art au fil des œuvres, de la recherche d'idée, et en chemin, il se peut que je ne sois pas toujours assez rigoureux.

    Quelques mots encore ?

    Oui, je tenais à ajouter deux éléments à ceux que je viens d'exposer. Le premier est que dans ce livre, j'aimerais que le lecteur ne vienne pas avec ses certitudes mais avec ses émotions, qu'il arrive à ressentir tout cela plus qu'à le penser, mais en même temps je sais bien que c'est une chose difficile. Surtout dans une époque où, comme je le disais, l'art est pré-maché aux masses et de moins en moins audacieux. La seconde chose est que j'ai essayé de créer mes propres règles et mon univers, ce qui peut dérouter les amateurs de textes rigides et de choses carrées. Voila, j'espère que le lecteur ne prendra pas tout cela comme des choses gravées dans le marbre, dans le prochain ouvrage, il se peut que mon « programme » soit différent et j'espère que tout cela restera surprenant !

    JAMES

    ***

    Une rue déserte après minuit, à part la lumière des magasins du quartier rien ne vient transpercer la noirceur de la nuit. Dans un tapis de lumières rouges et vertes, un corps à terre. Les cheveux éparpillés de part et d'autre du visage pâle d'une adolescence. Son corps restera là pendant quelques heures en attendant que la police ne viennent l'emballer dans un joli sac noir et refermer en un éclair la voie solaire qui caressait il y a encore peu son teint d'opale. Le premier à être arrivé était James Boon, un ancien gamin du quartier devenu inspecteur de police.

    Le quartier. Une façon polie de désigner un entassement de briques et de cafards où s'agitaient vainement quelques bonnes âmes, où les putes au rabais se dandinaient à peine la nuit tombée, où les dealers devenaient les dernières barrières avant une mort lente et certaine, dans des jobs de merde. Une façon aussi de désigner autre chose, un état d'esprit particulier. Endormie par des chansons guerrières, la population ne croyait plus en rien, juste à la violence, à une sorte de retour à la loi des cavernes. Les hommes jouaient les durs dans leurs blousons de cuir, shootaient sans remord au premier regard les atteignant en plein visage. Les femmes ne pouvaient guère faire mieux que de gérer au quotidien les coups de colère dans cette cité devenue plus proche d'un asile de fous furieux qu'un lieu où élever des enfants en toute sécurité. Une enfant comme elle.

    Elle. 12 ans. Jolie comme un cœur, mais déjà victime d'une guerre absurde. Mais qui étaient les clans en place ? Alors que ses collègues optaient pour une histoire de junkies, James ne pouvait y croire. Une gamine comme elle, se droguer ? Aucune chance. D'ailleurs les premiers résultats du légiste allait dans son sens, aucune trace de drogue ni d'alcool dans les veines, ni nulle part sur ses vêtements. Le coup fatal était un coup de couteau. Une grande lame, retrouvée non loin du corps d'ailleurs. Mais qui aurait pu en vouloir à cet enfant ?

    Pour commencer à comprendre une affaire de meurtre, James avait besoin de voir la scène sous un angle neuf, loin des néons de police, loin de tout. Alors qu'il se rendit sur les lieux de l'affaire, il observait par la fenêtre les gens qui passaient, imaginant comment cela pouvait être de continuer à vivre dans un coin pareil. Lui avait fui vers le nord de la ville dès qu'il le put, mais eux non. Peut-être trouvaient-ils leur compte dans les récits de faits divers, ou alors les coups de feux du petit matin les berçaient comme des bébés. À un feu rouge, son regard croisa celui d'un jeune môme, un noir, 9 ans, et déjà il ressemblait à un fantôme, les yeux sombres, cernés, les gestes rapides comme s'il était trop pressé pour vivre un peu. D'après les témoignages des rares témoins présents, la gamine était comme lui, un peu jeune pour la dépression. Il arriva sur les lieux et inspecta tranquillement la scène.

    « Scène », drôle de terme pensa-t-il, comme s'il s'agissait d'un spectacle et non d'un lieu funeste. Cette pensée fut balayée par un détail, qui, semble-t-il, avait échappé à tout le monde : sur l'un des murs de la ruelle, il y avait une marque. Minime, dessinée à la craie, mais à demi effacée, comme si la signature avait déserté d'elle-même la « scène » d'un funeste spectacle. Il s'agissait d'un cercle avec un triangle dedans. Cela lui rappelait quelque chose sans qu'il ne put dire quoi, un truc religieux peut-être. Le doute était si fort, qu'il lui fallait en avoir le cœur net. Mais il devait attendre, la bibliothèque n'ouvrant pas avant 8 h le lendemain matin. Et il commençait à pleuvoir. En regagnant sa voiture garée non loin, toujours les mêmes visages sur le trottoir, toujours ce même cirque. Les flics qui patrouillent en vain, les putes qui se cachent, embarquent, descendent de voiture, les clients qui s'arrêtent pour une bonne petite pipe, ceux qui s'arrêtent pour assister au dernier zoo humain permis par la loi, ceux qui cherchent de la compagnie ou un plaisir coupable et vite fait. En tournant la tête, il aperçut l'entrée du quartier riche, triste contraste, olympe inaccessible aux habitants du quartier.

    Il s'en retourna dans son appartement de fonction, délabré ou seuls résistaient un lit, une douche et un bureau, comme pour lui rappeler sa propre existence et à quelle point elle peut se résumer à seulement trois meubles. Un de plus, il entrait dans les normes de la classe moyenne, dix de plus dans celle des riches. C'est une chose qu'il avait apprise en allant enquêter un peu partout au fil des années, la vie se résume à des détails. Une brosse à dent ou deux, un cendrier, la présence d'un bain, quelques tickets de métro ou une clé de voiture, minimes rappels d'une condition. Il serait long de parler ici de sa longue expérience, mais il lui semblait avoir vu le pire de la condition humaine. Et elle n'était pas celle des tueurs ou des violeurs, mais celle des agitateurs de drapeaux. Celle de ceux qui gardent pour eux leurs vices et se forcent à vivre une vie normale, ceux qui se vengent de leur existence de merde sur leurs chiards, celle de ceux qui violent leurs filles chaque soir en se cachant sous le voile putride du bon petit citoyen qui se lève tôt pour aller travailler, qui croient encore que l'amour se limite à une queue chaude et une chatte pas toujours consentante. Après tout, ce sont eux les gentils, les pions dociles de la société. Ce monde-là le dégoûtait. Mais il était temps de dormir, une grosse journée l'attendait demain.

    Il commença par un café bien corsé. Parcouru le dossier. Assis dans un fauteuil crasseux où l'on pouvait distinguer de nombreuses traces de mégots, des marques de verre, souvenirs de soirées solitaires. Alicia Beylay, 12 ans. Résidant au 12 354 Park Line, Chicago. Que faisait-elle si loin de chez elle ? Une fugue peut-être. Il appela les autorités de l'Ohio et parla au chef de la police locale. Ses parents avaient signalé sa disparition il y a un mois, et il ne savait pas grand-chose, sinon que la dernière personne qui l'avait vu en vie était une vieille dame du nom de Mme Lawford. 87 ans. Il avait de la chance, le chef lui transmit son numéro de téléphone en signalant qu'elle était un peu folle. Paranoïde, et avec raison : l'an dernier elle s'était faite cambrioler 3 fois, sans compter que l'un de ses visiteurs avaient tué son mari et son fils, ainsi que les enfants de celui-ci. Putain de monde à la con. Dès qu'il l'eut en ligne, il comprit, elle le prenait pour son mari. Entre une bonne dizaine de rappel de sa vraie identité, il réussit à lui soutirer un témoignage. « Elle », c'était un amour d'enfant, toujours prête à rendre service. Mais depuis qu'elle avait rencontré ce jeune garçon, elle ne tenait plus en place et ça hurlait dans sa maison tous les soirs. D'après ce que j'entendais, elle reprochait à son père des violences. Mais monsieur, dans notre bonne ville, jamais un père ne ferais une chose pareille, surtout pas monsieur Beylay.’

    « Il avait tellement de qualités, ce brave homme… pour en revenir à Alicia, je l'ai vue s'enfuir avec ce jeune garçon. Son nom était John Crowman, un de ses amis de classe. Un ami aussi de mon Billy et de mes petites filles… » Elle ne semblait pas en savoir plus au sujet de ce John. Mais c'était toujours un début de piste, une fugue. Amoureuse, peut-être. Chicago le 23 juin, mais après ? Comment et pourquoi cette ville ? Si les deux premières questions restèrent sans réponse pour l'instant, un coup de fil rapide à l'école d'Alicia lui donna une réponse à la dernière : John avait de la famille ici, et quelques amis, pour y avoir vécu son enfance. Ah ! Cette bonne ville de New York ne cessera jamais de le surprendre. Tellement de monde a la bonne idée de la fuir, et pourtant beaucoup reviennent. Comment retrouver un gamin dans un si grande ville ? Avec un peu de chance, sa famille aura eu des nouvelles de lui.

    Il prit sa voiture et se rendit auprès de la mère de John, qui avait épousé un certain Harper après le divorce d'avec le père du garçon. Elle lui fit part de plusieurs faits éclairant : d'abord il était effectivement amoureux d'Alicia, mais d'une façon particulière. Il l'enfermait dans la cave chaque fois qu'il quittait la maison, et lorsqu'il rentrait, elle pouvait entendre des cris de douleurs et d'autres bruits de jouissance assez curieux. Pourtant, lorsqu'elle allait voir la jeune fille pour lui apporter à manger, elle ne semblait pas malheureuse, au contraire, elle en rajoutait en poussant son assiette par terre afin de manger comme une chienne. Et lorsqu'il rentrait, il avait un regard sombre et ne parlait que d'une lumière. Lorsqu'elle l'interrogeait, il répétait sans fin un charabia sans queue ni tête, mais très vite il se précipitait à la cave et les cris recommençaient. Elle termina en ajoutant qu'une fois ou deux, elle avait fouillé dans les affaires de son fils, et y avait trouvé une série d'objets, qu'elle avait depuis mise dans un carton au garage. Son fils était reparti, mais cette fois, nul ne sait où il était.

    La liste des objets prit une bonne partie de la journée à James. Une montre Mickey, un paquet de cigarettes, tout un tas de trucs divers allant du paquet de chewing-gum périmé à un couteau, mais surtout un pendentif qui rappelait le dessin sur le mur de la ruelle. Même rond, même triangle. Mais cette fois, il y avait un livre avec. Cela rappelait davantage un grimoire qu'un livre de prière. Une secte ? Cela paraissait valable comme hypothèse.

    Quand il s'y plongea, il n'en croyait pas : il y était question de sacrifices humains, de rituels barbares. Quand il retrouverait John, il allait morfler. Au dos du livre, une inscription

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