À propos de ce livre électronique
Ces contes ont été recueillis au cours de mes voyages. Ils charmaient les heures fastidieuses des longues chevauchées sous le soleil brûlant ou dans les nuits fraîches.
Les uns viennent des forêts vierges et des tabas indiennes, les autres des plages et des collines portugaises.
Parfois l’imagination populaire a singulièrement transposé et mélangé les traditions des indigènes et celles des colons.
Partez à la découverte des contes ramenés par Paul Roblot de son voyage en Amérique latine !
EXTRAIT DE LE CRABE, LE JAGUAR ET LA LOUTRE
Caranguejo le crabe, Lontra la loutre, Onça le jaguar vivaient tranquilles sur les rives du Manguaba.
Ils étaient voisins, bons voisins. Entre eux jamais une brouille, une dispute, une chicane, un procès. Ah ! les heureux. Lontra et Onça s’invitaient souvent à dîner, chacun apportant son écot. L’un quelque bon quartier de cerf, l’autre de délicieux poissons. Caranguejo prenait part au festin. Ses amis ne lui demandaient rien. Qu’eussent-ils fait de ses limaces, de ses crevettes, de ses manguabas. Le repas le plus abondant du pauvre petit n’eût pas donné pour eux le dixième d’une bouchée. Ils ne lui demandaient rien, ils partageaient avec lui et la viande et le poisson. Ah ! les bons amis. Ah ! Les heureux.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Paul Roblot (1880, Meuse – 1957, Côte d’Or) a été missionnaire au Brésil huit années durant lesquelles il a recueilli et retranscrit les contes et histoires populaires.
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Avis sur Contes du Brésil
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Aperçu du livre
Contes du Brésil - Paul Roblot
CLAAE
France
Paul ROBLOT
Contes du Brésil
CLAAE 2015
© CLAAE, 2015
Tous droits réservés. Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
EAN e-book 9782379110351
Paul Roblot (1880, Meuse – 1957, Côte d’Or) a été missionnaire au Brésil huit années durant lesquelles il a recueilli et retranscrit les contes et histoires populaires.
Les sabots de Noël
Il y a longtemps, bien longtemps, si longtemps, que je ne puis dire. Nous n’avions pas encore notre belle église. Là-haut sur le mont de la forteresse, une petite chapelle, toute petite. Sur l’autel la belle Notre-Dame, que vous connaissez ; dans un coffre, à la sacristie, l’Enfant Jésus, que vous verrez ce soir, l’Enfant, joli dans sa chemisette de soie rose, brodée d’or. Dona Maria de Albuquerque 1 les avaient apportés de Lisbone, quand elle vint s’établir ici, pour construire des fermes et des usines à sucre.
Déjà, on faisait la fête de Noël. Le père disait la Sainte Messe au portail de la chapelle. L’Enfant Jésus, était placé près de l’autel, dans un joli berceau de palissandre, sur une natte de sapé2 secs, que couvrait une nappe de toile brodée à jour. Il y devait rester jusqu’au jour, auréolé de cierges.
Zéquinho da Chica3 avait assisté à la cérémonie. Il était encore bien jeune, bien petit, le pauvre. Il avait cinq ans. Sa maman avait voulu le retenir au logis. Il avait pleuré, supplié. Que ferait-il seul, la nuit, dans la choupana4. Il aurait peur. Il pleurerait. Le méchant diable viendrait, qui le prendrait. Bien sûr quand maman reviendrait, elle ne retrouverait plus son petit Zéca. Maman s’était laissée fléchir. Elle avait permis à l’enfant de passer la nuit dehors sur la place de l’église. Il s’était bien amusé, Zéquinho. Il avait contemplé toutes les boutiques, les unes après les autres. Il avait admiré les beaux ananas, les gros melons d’eau, les gâteaux dorés. Il s’était intéressé au montage du feu d’artifice. Il avait compté les fusées de la girandole, plus de cinq cents.
Pendant la messe il s’était rapproché de l’autel. Il n’avait pas quitté des yeux le petit Jésus qui lui souriait sur sa couchette blanche.
Le prêtre avait laissé l’autel depuis longtemps déjà. Les assistants s’étaient dispersés. La messe entendue, la fête était finie. Zéquinho n’avait pas bougé. Il regardait l’Enfant Jésus, qui lui souriait toujours à la lueur des cierges.
La fraîcheur montait avec le brouillard s’élevant des vallées. L’enfant frissonna. Le froid l’arrachait à sa contemplation — Je n’ai pas chaud, je serais mieux sur mon chimbèque5. Je retourne près de maman. – Il baisa l’extrémité de ses petits doigts, envoya son baiser à Jésus. — Mais, vous, Noëlsin ho6, vous n’avez pas chaud. Votre chemisette est bien légère, vos petits pieds sont nus. On vous a donc oublié. Attendez, je cours chez maman et je reviens. – Zéquinho prit sa course. Il fut bientôt à la choupana. Doucement, il poussa la porte, s’enfuit à son chimbèque, prit sa couverture de linon, avisa dans un coin ses tamancos7, les saisit, et vite, vite revint à l’Église.
Il chaussa l’Enfant divin de ses tamancos. Ils étaient un peu grands, les semelles bien usées. Qu’importe. Le petit Jésus n’aurait pas à marcher. Ils suffisaient pour garantir les pieds. Il plia la couverture, la déposa sur la crèche, la borda. Satisfait, il sourit, envoya un baiser et s’en fut.
Alors il se passa une chose merveilleuse, qu’on n’avait pas encore vue et qu’on ne voit plus.
Au fond de la chapelle, la Vierge quittait son trône. Elle fit signe à saint Joseph qui descendit de son piédestal. Tous deux arrivèrent au portail, près de la crèche. Ils virent la couverture, ils touchèrent les tamancos. Ils se regardèrent et sourirent.
Les derniers cierges mouraient. Marie prit l’enfant dans ses bras, elle l’emporta enveloppé dans le linon.
Saint Joseph la suivit portant les tamancos.
Ils arrivèrent au trône de Marie. La Bonne Mère fit un signe. Les angelots s’animèrent, descendirent des autels, des corniches, de partout. Ils s’empressèrent autour de Jésus. — Allez à Nazareth. Prenez dans la chambre de ma mère sa quenouille, son métier, et sa provision de laine ; cherchez dans l’atelier de mon père, ses outils et deux petits blocs de cèdre du Liban. – Les anges partirent, vite, vite, et plus vite ils revinrent. Ils apportaient et la quenouille, et la laine, et le métier, et les outils et le bois de cèdre.
Sur les marches de son autel, Marie fila, fila, un angelot pelotonnait la laine, qu’un autre montait sur le métier. En rien de temps fut fait un beau tissu de laine, doux, soyeux, chaud.
Près d’elle, Joseph creusait le cèdre. Il fit une paire de tamancos jolis, légers, polis.
Marie prit le tissu de laine. Joseph les tamancos. Ils sortirent de l’église. Ils s’engagèrent dans les rues désertes, gagnèrent la choupana.
Ils poussèrent doucement la petite porte. Zéquinho dormait sur son chimbèque, pelotonné à cause du froid, n’ayant plus rien pour se couvrir. La Vierge doucement, doucement, comme sait faire une maman, l’enveloppa sans l’éveiller, dans la chaude couverture. Joseph déposa les tamancos près du foyer, laissant dans chacun trois belles oranges du Paradis. Bénissant la maison et ses habitants, ils s’en furent rejoindre à l’ég1ise le Petit Jésus. Marie remonta sur son trône, Joseph regagna son piédestal. L’enfant fut remis dans son berceau par les anges, qui le couvrirent de leurs ailes. Le linon de Zéqninho et ses tamancos disparurent, on ne les a plus revus. Ils sont au ciel où des chérubins les ont emportés.
Qui fut étonné le lendemain ? Zéquinho à son réveil. Qui le fut plus encore ? Sa maman. D’où venait cette couverture de laine ? Que faisaient là ces tamancos neufs, ces oranges ? Où était le linon ? Qu’étaient devenus les vieilles chaussures ?
Zéquinho conta son aventure. La maman n’y pouvait croire. Elle conduisit son fils au presbytère. Monsieur le curé était un bon vieillard qui aimait Dieu, la Vierge, saint Joseph. Zéquinho répéta son récit. Son accent sincère, la limpidité de son regard convainquirent le prêtre de sa véracité. Il le bénit et le renvoya, louant Dieu de cette foi simple, de cette charité naïve.
Voilà, Père, l’histoire des tamancos de Zéquinho, des tamancos de Noël.
C’est depuis ce jour que les enfants mettent leurs tamancos près des foyers. Ils les offrent au Petit Jésus. Ils les font beaux, pour qu’ils lui plaisent. Jésus accepte l’offrande. Il ne prend pas les tamancos. Il récompense les enfants sages par des jouets et des friandises.
Il leur demande d’être sages, sages, toujours sages, pour les prendre un jour avec lui dans son beau ciel, où ils joueront avec les anges.
__________________
1. Épouse du cavalier Luidgi Lins, fondateur de la ville de Porte Calvo (état d’Alagaoas).
2. Graminées à feuilles longues et coupantes, rappelant le blé avant l’épiage.
3. Zéquinho diminutif de Zéca, terme familier de Joseph Chica, terme familier de Francisca, Françoise.
4. Hutte.
5. Lit.
6. Diminutif de Noël.
7. Babouches à semelles de bois épaisses, spéciales pour les temps de pluie : c’est le sabot brésilien.
Le vautour à tête noire
Il y a longtemps, longtemps, bien avant, bien avant l’homme, le Bon Dieu créa les petits oiseaux. Parmi eux, l’ourouhou. Il fait bien ce qu’il fait le Bon Dieu. Il réussit l’ourouhou mieux que tous les autres. Il lui donna un bec solide, de longues ailes, de fortes serres. Il prit pour le couvrir un reste des plumes blanches, qui avaient servi pour les ailes des anges,
