Qu’elle serve à relater les premiers temps du monde, dresser des filiations entre des entités divines ou des héros mythologiques, légitimer une lignée royale, revendiquer un pouvoir, flatter l’ego d’une élite, calculer des degrés de consanguinité, rehausser l’éclat de ses origines familiales et gagner en respectabilité, renseigner un individu lambda sur l’identité de ses aïeux, etc., la quête des ancêtres, réels ou fictifs, s’enracine dans un passé lointain. Plusieurs millénaires avant notre ère, des listes dynastiques (listes de souverains) éclosent en Mésopotamie, en Égypte, en Chine. La Bible, en particulier la Genèse, abonde en généalogies. Sous le ciel bleu de l’Attique, la généalogie occupe une part non négligeable dans les récits d’Homère et d’Hésiode (poète du VIIIe siècle avant notre ère dont la Théogonie retrace l’histoire des dieux) et les notables athéniens du Ve siècle vénèrent leur ascendance. De même, dans les maisons des riches familles romaines, les portraits des ancêtres sont peints sur les murs de l’atrium (vaste salle d’apparat) et reliés entre eux par des bandelettes (stemmata), tandis que saint Luc et saint Matthieu offrent sans surprise une généalogie du Christ dans leur Évangile.
Au haut Moyen Âge (du V au X siècle), qui voit l’Empire romain d’Occident céder la place aux royaumes germaniques, les rares généalogies confectionnées par des clercs (moines, évêques) en latin, celtique, vieil anglais, norrois, etc., concernent exclusivement les grandes familles aristocratiques et se présentent sous la forme de simples listes de noms. Meilleur exemple : la généalogie des Carolingiens élaborée à Metz du vivant de Charlemagne et faisant de celui-ci un descendant d’un sénateur romain ayant épousé une princesse mérovingienne. (Ansbertus) (Blithilde ou Blihilde) commente Valérie Piétri, maître de conférences à l’Université Côte d’Azur. (Voir , p. 42).