ÉCRIRE L’INTIME OU LA FIN DE LA CULPABILITÉ
« Le vêtement tomba; il rejeta au loin sa veste, et se dressa nu comme un dieu. Un instant il tendit vers le ciel ses bras grêles, puis, en riant, se laissa tomber contre moi. Son corps était peut-être brûlant, mais parut à mes mains aussi rafraîchissant que l’ombre. Que le sable était beau ! » Le lecteur d’André Gide devra se contenter du sable pour dire la peau, et de sa brûlure pour suggérer une étreinte communément jugée, quand paraît en 1926 la version définitive de Si le grain ne meurt, obscène. Aussi pudiques qu’elles nous paraissent aujourd’hui, ces quelques lignes forment la première confession homosexuelle dans une autobiographie.
Avant? Rien, ou si peu. Un regard sur la littérature du xix siècle suffit pour comprendre que, si la passion amoureuse peut se décliner en cinquante nuances, elle ne doit concerner que des individus de sexe différent. Ainsi, du Rimbaud et Verlaine ne diront rien à l’exception du évoqué dans le poème « Laeti et errabundi » de Verlaine, qui
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