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Chroniques Terriennes (Volume II)
Chroniques Terriennes (Volume II)
Chroniques Terriennes (Volume II)
Livre électronique232 pages3 heures

Chroniques Terriennes (Volume II)

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À propos de ce livre électronique

Marc Hoffmann frappe fort et gore avec le volume II des « Chroniques Terriennes ».
Il taille à grands coups de hache dans des sujets dérangeants, tels que la pédophilie, l'inceste, la violence gratuite et la haine de la société.
Son style sombre et brûlant est imprégné des rêves les plus noirs, martelants ses histoires à coups d'atrocités et de désillusions, entrainant le lecteur dans son exploration des bas-fonds de la déprime .
Personne n'en sortira indemne...

LangueFrançais
Date de sortie18 août 2012
ISBN9781476119977
Chroniques Terriennes (Volume II)
Auteur

Marc Hoffmann

Marc Hoffmann est né le 18 août 1983 à Paris. Il commence à écrire dès l’âge de 9 ans ; des poèmes, des nouvelles et toutes sortes de textes. Au fil des années, il écrit des articles sur le cinéma — sa seconde passion — ainsi que des scénarios en autodidacte. En parallèle, il poursuit une carrière d’animateur pour enfants et met en scène plusieurs spectacles dans la région messine, dont il en écrit parfois les textes. Marc publie son premier recueil de poésie à l’âge de 27 ans : « Corpus » aux Editions Baudelaire (ISBN 978-2-35508-865-0), puis un second l’année suivante : « Mentalis » aux Editions In Libro Veritas (ISBN 978-2-35209-489-3).

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    Aperçu du livre

    Chroniques Terriennes (Volume II) - Marc Hoffmann

    AUTO-INTERVIEW

    ***

    Bonjour, alors on vous retrouve pour le volume 2. Ce nouvel ouvrage est différent du premier de par sa thématique autour de la suffisance d'une certaine classe sociale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

    Et bien le premier livre était plutôt « social », parlant de la classe laborieuse. Et ici j'ai eu affaire à des gens comme dans certaines de ces nouvelles, puant d'orgueil et de suffisance. Pour une première fois, j'ai mis une impression immédiate de personnages, ce qui était moins vrai dans le précédent où j'imaginais davantage. Et je trouve qu'ils sont révélateurs d'une certaine idée de la vie contemporaine, où tout est distance par rapport aux choses, où les proximités sont abstraites, par Internet ou par l'influence de machines dans notre quotidien, où l'on peut « vivre », « savoir », sans jamais sortir de son lit, comme si le monde était ouvert mais qu'on finissait seul, sans connexion véritable avec lui. Et j'avoue aussi que ces personnages sont les premiers – non pas que je juge – mais que j'aborde comme des symboles plus que comme des personnes.

    Il y a aussi des nouvelles plus oniriques, comme « Welcome to New Mexico ». Est-ce conscient ?

    Non, du tout. La nouvelle que vous évoquez m'est venue après le visionnage d'un film qui s'appelle « Midnight Meat Train », bien connu des amateurs de genre, et c'est une relecture quasi-intégrale de celui-ci, mais il est vrai que j'y ai ajouté un thème « positif » : l'appréciation de la vie. Le coté onirique vient sans doute du fait que, lorsque j'aborde le fantastique, je le fais comme si je racontais un rêve. Et dans les rêves, il n'y a que rarement des détails ou des angles droits. Dans les miens, quand je m'en rappelle, je ne vois jamais de visage ni de silhouette clairs.

    Est-ce que votre approche de l'écriture a changé lors de la rédaction de celui-ci ?

    Oui, un peu. Même si la méthode reste la même, et disons pour faire simple que c'est un processus mystérieux dont je ne veux pas connaître les secrets, il y a quelque chose de nouveau. Dans le premier, je ne me sentais pas vraiment auteur de fiction mais chroniqueur de la vie réelle, et là, j'ai commencé à raconter des inventions. Et quand je me relis, je me rends compte qu'il s'agit soit d'êtres seuls, soit de salopards. Parfois les deux, mais en général, bizarrement, je trouve que je sens de plus en plus précisément les personnages…

    que vous prenez un plaisir à tuer ?

    Pas à tuer, à mettre à l'épreuve… à mettre en scène. La mort n'est jamais gratuite ou malheureuse… je ne voudrais pas faire comme tous ces auteurs qui, parce qu'ils créent, croient avoir tout compris de la vie. Il me semble que la mort soit, comme le disait Jim Morrison, « un rendez vous qui nous a déjà trouvé », quelque-chose d'inévitable, de toujours inattendu, qui peut arriver à tout moment, et devant lequel nous sommes égaux. J'aime à penser que ce n'est pas forcément triste, cela n'est qu'une étape de l'existence, rien de plus, ni une fin, ni un début, juste un mystère. Et du coup, mes personnages y sont confrontés chaque fois d'une manière ou d'une autre…

    Et la vie ?

    C'est commun, un mystère plus stressant, oppressant presque, auquel je ne comprends pas grand-chose et elle me fascine sans enthousiasme particulier. D'ailleurs je n'ai jamais compris l'engouement pour le fait de vivre, cela n'a rien d'extraordinaire en soi. Par contre, tenter d’en percer le mystère, et surtout, de voir ce qu'une partie de moi est capable de créer à partir d'elle, ça c’est vraiment extraordinaire.

    Il y a, dans la nouvelle « Des gens biens », une sorte de vision particulière des apparences, et de méfiance vis-à-vis des riches…

    Pas des riches, de ceux qui ont l'air lisse et sans problème, sans aspérité. Et je ne m'en méfie pas, je dis simplement qu'au moins, avec ceux qui laissent sortir leurs idées noires, on connait mieux leur essence qu'en se fiant à leurs cotés positifs. Et les personnages de cette nouvelle sont comme ça : sans aspérité, sans état d'âme en public, et avec un regard très ordonné sur la vie. C'est sûrement cela qui est si effrayant chez eux, plus que leur rang social. En dire plus serait dévoilé la fin…

    Il y a une histoire qui est comme un retour aux sources, « La sortie », pouvez-vous nous en dire plus ?

    À l'époque, il y avait un fait divers qui avait fait la une de quelques journaux. À la sortie d'une école, un type avait été agressé parce qu'on le prenait pour un pédophile. Curieusement, comme souvent en France, les questions de mœurs sont chassées des unes, mais là non. Et je trouvais que cela soulevait deux questions fondamentales : la peur et ses conséquences quand elle est infondée, et ensuite la malédiction d'être pédophile, d'avoir une maladie incomprise et toujours assimilé à quelque-chose de maléfique. Une chose encore, je voulais ensuite que le peuple ne s'en tire pas, que pour une fois on regarde cet amateur de bûcher droit dans les yeux, au risque qu'il se vexe. L'art est provocation aussi, pas seulement une chose d’agréable. Et puis bon, après le premier livre, on peut se dire que les lecteurs savent à quoi s'en tenir.

    Hors micro, vous me disiez que « De la neige en hiver » vous tenait particulièrement à cœur, pourquoi ?

    Elle parle d'un moment précis dans l'histoire, à savoir la fuite des nazis et le carnage précipité qui en suivi. Et surtout d'un soldat, qui est un gars ordinaire, aux prises avec un monde fou. Cela me touche particulièrement car je l'ai écrite en pensant à mon père qui a grandi dans ce monde-là. J'ai un oncle qui a combattu à Stalingrad, un grand-père prisonnier des nazis, un ami de la famille membre des jeunesses hitlériennes, et j'ai longtemps eu une passion pour cet univers, et les doutes qu'il soulève sur la question humaine.

    UNE APPARITION

    ***

    Elle était au-dessus de lui. Nue. Ses petits seins caressaient son costume. L'eau de la douche, sur elle, coulait le long du tissu et des draps. Son visage juvénile, ce sourire, ces pommettes. Elle était comme une sirène ou un ange, à la fois follement belle et si innocente. Il n'aurait jamais dû lui demander d'accomplir une chose pareille. Il fit durer le plaisir de la sentir tout contre lui, de respirer son parfum, de sentir son souffle dans son cou tandis qu'il lui expliquait ce qu'il attendait d'elle. Il se sentait excité par cette nymphette de 23 ans qui rappelait une star du cinéma, une sorte de Marilyn Monroe en plus jeune, qui aurait, sous ses traits radieux, un mystère. Il y avait cette mission dangereuse, il aurait voulu la retenir, lui faire l'amour, là, maintenant. La prendre toute entière, retirer ses vêtements et goûter à sa peau, à ses lèvres, à elle complètement. Ils auraient pu, mais ils n'en avaient pas le temps. La chaleur de ce corps tout contre lui, douce vibration à travers lui. Tu dois aller la bas. Tu dois aller tuer cet homme. Il savait que pour être assez proche de la victime, elle devrait être nue à nouveau.

    Elle quitta l'appartement en robe du soir, un revolver dans son sac. Rien que l'idée de la savoir près d'un autre le minait. Les mains d'un autre sur ses petits seins, une autre langue dans cette bouche qu'il adorait. Un pèlerin auprès de sa déesse, c'était trop pour lui. Mais il devait se dominer, être un bon complice. Rester là, et être prêt à la fuite avec elle. La guider dans un hôtel calme, rester auprès d'elle. Mais le patron ignorait pour tous les deux. S'il l'apprenait, il ne sait pas ce dont il serait capable. Mais il se faisait des idées, elle n'était ni amoureuse, ni attirée par lui. Par ce petit homme d'1m60 qui jouait les durs et qui fondait à son moindre sourire. Elle n'imaginait pas l'effet qu'elle lui faisait. Il était tellement secret, il se cachait toujours sous un sourire nerveux et une cigarette.

    Elle préférait les hommes qui ont de la poigne, qui savent ce qu'ils font. Ce soir, celui qui était devant elle était l'un d'eux. Il la saisit par les épaules et l'embrassa avec force. Elle ne pouvait rien faire. Elle devait trouver le bon moment pour chercher son arme dans son sac, mais elle n'avait pas la force d'y penser. Et encore moins à celui qui devait l'attendre. L'homme de l'hôtel était une armoire à glace, une force de la nature, cela lui faisait un peu peur et en même l'attirait sans savoir pourquoi.

    Non pas qu'elle soit d'un nature à aimer les muscles comme toutes ces midinettes, mais il dégageait une foi en lui même, une confiance qui la rassurait. Quand il lui retira ses vêtements un à un, elle ne fit aucun effort pour l'en empêcher, au contraire, elle l'encourageait d'un regard complice et d'un sourire en coin. Pendant ce temps, l'autre attendait. L'autre, le nerveux, le petit. Comme il devait s'ennuyer ! Eux, s'amusait bien, très bien. Du champagne dans un coin, des vêtements un peu partout, comme seul bruit de fond, les râles de plaisir.

    Les encouragements de la belle, les grognements de la bête. Mais c'était un homme en sursis, elle serait son juge et son bourreau ce soir. Elle le savait, alors elle savourait son plaisir. Aussitôt qu'elle pût, elle alla dans la salle de bain saisir son revolver. La femme qu'elle voyait dans le miroir était si loin de cette gamine qu'elle était, si loin de ce dont elle rêvait dans la vie. Pas le temps de rêvasser, elle tira plusieurs coups de feu. Ils font tous la même tête quand on leur tire dessus après l'amour !

    Un mélange de surprise et de sourire béat. Voir un aussi grand gaillard avoir l'expression d'un gamin de 8 ans l'amusait. Cet homme fort, cette force de la nature, aussi mou que de la guimauve, belle déception. Un métro et elle retrouva le petit homme. La voiture était prête à démarrer, les valises dans le coffre. Pour lui, c'était un beau voyage en amoureux, du moins il aimait se l'imaginer. C'est curieux comme parfois l'imagination peut donner de l'espoir, quand on ignore que l'objet du rêve est une chimère. Il souriait bêtement, la regardait autant qu'il pouvait. Ils parlèrent de choses et d'autres, de missions, de la couleur du ciel ou encore de l'avenir. Elle n'était pas amoureuse mais elle avait fait suffisamment de missions avec lui pour savoir qu'elle ne risquait rien. Qu'il serait incapable de lui faire du mal et qu'il donnerait sa vie pour la sienne. Et puis ses airs d'amoureux timide l’amusaient toujours beaucoup.

    Parfois il ouvrait une porte en lui offrant des chocolats achetés auparavant dans un supermarché du quartier, parfois c'était des fleurs cueillies ici et là dans les jardins publics. Cela la faisait toujours rire. Il choisissait toujours les moments où elle se préparait pour une mission. Le trajet s'étirait mais ils finirent par arriver à une maison à l'écart de tout. Autour il n'y avait qu'une forêt épaisse, comme on en lit dans les contes. Parfois on y entendait les cris des animaux ou le bruissement du vent dans les branches des arbres.

    Elle, elle préférait passer ses journées à dormir ou à se promener nue dans la demeure, le reste ne l'intéressait pas. Pourtant il faisait ce qu'il pouvait. Cuisiner, être aux petits soins. Petit à petit elle était bien avec lui, très bien. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas pris soin d'elle comme ça. Dans le métier des tueurs, on trouvait plus facilement une prison ou un gros dur qu'un petit déjeuner au lit ou un homme qui faisait d'aussi bons massages. Il aimait lui faire des massages, faire passer ses mains le long de son épiderme, enduire son corps d'huiles, passer le long des jambes. Faire délicatement passer entre ses doigts les gouttes de nectar, sentir la chair comme de la pâte à pain. Se rapprocher pour sentir encore le parfum simple et enivrant de son souffle. Parfois il aimait aussi se reculer pour la voir entière, ses fesses comme des pommes, son dos comme une sculpture ondulée figurant une note de musique, ses bras comme les ailes d'un oisillon.

    Mais si au fil des jours elle se rapprochait de lui, lui restait sur ses gardes. Comme s'il la désirait autant qu'il en avait peur, comme si son cœur battait mais que sa tête ne l'entendait pas. Puis elle prit les devants et l'embrassa. Les choses étaient claires, il la prit sur le lit. Dans un coin de son esprit, il avait peur. Peur que ça se reproduise. Comme il y a quelques années.

    Elle était sous lui, son ventre menu semblait une mer soyeuse, il y avait aussi ses baisers qu'il découvrait pour la première fois, elle avait un goût de pêche. Ou d'un autre fruit paradisiaque. Sa peau était à la fois ferme et douce, comme un être entre l'enfant et la femme, pas tout à fait réel. Son étreinte devenait de plus en plus étroite, et ses ondulations à lui plus franches. Elle, jouissant, ne regardait plus ses yeux. Si elle l'avait fait, elle les aurait vu changer. Devenir plus fixes, comme ceux d'une machine, sans expression.

    Elle aurait vu son visage devenir aussi rigide que de la pierre. Elle aurait vu le danger arriver. Il avait sentit qu'il changeait, que l'esprit reprenait son empire sur lui et que bientôt il ne pourrait plus rien faire. Ce serait comme pour toutes les femmes de sa vie. Pour l'instant, il la serra tout contre lui, comme un baiser d'adieu. Elle le sentait fort en elle. Son sexe devenait viril. Lui, le petit homme était devenu un ogre qui la dévorait délicieusement de l'intérieur. Puis l'étreinte devint encore plus violente, il la tenait par les cheveux, la tenait contre lui. Il la retourna comme il aurait fait d'une souris. Il était un chat en rut à présent.

    Il prit un couteau et le mit sous sa gorge. Il la possédait. Lui était un autre, une brute, une bête sauvage. Lui était celui qu'il nommait du nom de Jacques. Le garçon qu'elle avait connu avait disparu, la voix avait changée, les gestes étaient plus surs. Il faisait d'elle ce que bon lui semblait. Elle ouvrit les yeux quand elle entendit la voix changeante, elle ne savait plus qui était cet homme dont elle ne savait rien, finalement. Il était impossible que ce soit le même homme qui la bichonnait depuis des jours. Dans cette maison abandonnée. Quand il la prit, et lui coinça la tête contre son sexe , la forçant à avaler son sperme, il n'y avait aucun doute. Il n'était plus le même, surtout quand il la jeta dans un coin de la pièce en grognant. Il disparu un instant. Elle essayait de comprendre ce qui venait de se passer et qui était ce nouvel occupant de la maison. Il revint vite avec de la corde. En lui, il luttait contre cet esprit qui s'emparait de lui à chaque fois qu'il en pinçait pour une fille. Il n'aurait pas celle-là. Dans cette tête, il y avait comme une pièce vide où deux êtres se faisaient face. Il y avait simplement eux. Il y en avait un trop faible pour prendre le revolver sur la table et tirer, l'autre trop fort et trop sur de lui pour le laisser faire. Un regard vers la fille attachée. De l'alcool dans les circuits, le fort ne savait plus où il était, mais il la besognait fort. Elle hurlait. C'est pratique les maison à l'écart de tout. Le faible, le gentil garçon, prit l'arme. Le coup de feu imaginaire partit, mais quand il revint à lui, la fille était morte. Son corps avait suivit le fil de sa pensée. Il lui avait tiré dessus. Son regard horrifié valait tous les films à suspens du monde. Et la mare de sang, quand il retourna l'arme contre lui, tous les discours. Il n'y avait plus personne. Ils n'avaient été qu'une apparition dans ce monde. Trop brève. Trop fragile pour la planète terre.

    UNE LONGUE NUIT

    ***

    C'était cette nuit-là, c'était ici. C'était la nuit, c'est la fin d'un monde. La main retombait, le bras pendait, le corps était sur ce lit. Elle était à la fois la même et différente, elle avait toujours la beauté des anges, mais quelque chose l'avait quitté. Elle ne se relèvera plus, elle ne l'embrassera plus ni ne lui dira que tout ira bien. C'était ici qu'il fallait lui dire au revoir, mon amour. Lui dire ces mots qu’il ne lui avait jamais dit. Tout ce qu'elle était. Tout ce qu'elle ne sera plus jamais, la lumière de son existence, l'aube dans la nuit de sa route.

    Il fallait partir maintenant, monsieur. Le docteur le prit par les épaules. Sortez, monsieur, on ne peut plus rien faire pour elle. L'opération n'a pas été un succès, nous avons tout fait pour la sauver. Enfin, tout ce qu'on pouvait pour une pauvre. En cas de réussite, il n'y avait rien à espérer, l'assurance ne couvrirait même pas les frais d'hospitalisation. Son mari avait donné jusqu'à son dernier sou dans cette tentative de guérison. Il avait donné jusqu'à sa voiture. Tous les sous qu'il avait allèrent dans les poches de l'hôpital.

    À présent, il était dans une salle d'attente dont les lumières s'éteignaient. Il pleurait dans ses mains. Un souhait impossible lui vint, comme une prière désespérée à un dieu inconnu. Ca n'aurait été qu'un rêve, et quand il se réveillerait, l'accident de voiture n'aurait pas eu lieu. Sa femme ne serait pas, à l'heure qu'il est, dans une chambre froide, à attendre son enterrement. Ses enfants ne seraient pas tous morts brûlés dans l'incendie. Il revoyait le visage de son petit garçon tout couvert de noir et de rouge, tendant sa petite main vers lui en hurlant :

    Papa, papa ! J'ai peur ! Je ne sens plus mes jambes, ni mon dos, je me sens tout froid.

    Tout ira bien fiston.

    Pieux mensonge d'un père qui voit partir les étincelles de vie

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