YANN MOIX SORT LA TÊTE DE L’EAU
Il sort de sa plongée quotidienne en piscine, teint javel, sourire craintif, demande gentiment que l’on se déchausse à l’entrée de son appartement, situé à deux pas de l’Élysée. Tout est en ordre, tons ocre, statuettes africaines, piles de « Spirou » au coin de la cheminée, ambiance zen pour un écrivain furieusement tourmenté. Le récit de son enfance maltraitée, « Orléans », publié en 2019, a failli l’anéantir après une tempête familiale – ses parents et son frère le traitant de mythomane – suivie d’un tsunami quand la presse a exhumé ses caricatures antisémites, dessinées à 20 ans, et ses liens tardifs avec quelques négationnistes. Crucifixion cathodique, silence, nage, guitare, écriture. La plume est miraculée, toujours brillante et noire. Dans « Reims », Yann Moix scalpe sa jeunesse nauséeuse en école de commerce, les vies engluées dans le marketing et le pastis, l’échec, l’ennui, le vide. Ça explique tout, ça ne justifie rien.
Paris Match. Comment écrire après le scandale que vous avez suscité ? Vous aviez alors achevé “Reims”, avez-vous tout remanié ?
“Reims”, deuxième volet de cette tétralogie sur ma jeunesse, était prêt depuis début 2019 (il va dans son bureau et revient avec les prochains épisodes, “Verdun” et “Paris”, ainsi que quatre autres manuscrits). Je parlais de
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