David Foenkinos LA FAMILLE MARTIN
Tous les romanciers vous le diront : ils ne font qu’écouter leurs personnages. Ce sont eux qui font l’histoire, réduisant l’écrivain au rôle de scribe. Dans La Famille Martin, effectivement, ils font ce qu’ils veulent de l’auteur. Enfin, du narrateur. En fait : des deux. Le protagoniste du nouveau roman de David Foenkinos ne nous donnera jamais son nom : tout juste sait-on qu’il est écrivain, en panne d’inspiration. Il se lance un défi: « Tu descends dans la rue, tu abordes la première personne que tu vois, et elle sera le sujet de ton livre. » C’est une octogénaire, Madeleine Tricot, qui va accepter de lui ouvrir les portes de son appartement, ainsi que les pages lumineuses de son passé, ses zones grises, mais aussi celles de sa descendance : deux filles quadragénaires. L’une a fondé une famille. Les Martin. Ils sont quatre, et veulent devenir les héros du prochain roman de notre homme. À défaut : pouvoir se servir de ce que le destin leur apporte, à savoir une façon d’être des héros aux yeux des leurs. Dès lors, La Famille Martin devient une comédie familiale, doublée d’un (faux) reportage sur une fiction qui échappe sans cesse à son auteur, puis les tribulations d’un écrivain qui, voulant accaparer le réel, se fait des films. Comme dans Qui se souvient de David Foenkinos ? ou Le Potentiel érotique de ma femme, David Foenkinos se joue des apparences de la banalité et de l’inventivité romanesque en phagocytant les codes de l’autofiction, voire en les pastichant.
LE LIVRE
240 P., 19
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