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L'ombre d'une imposture: Thriller sentimental
L'ombre d'une imposture: Thriller sentimental
L'ombre d'une imposture: Thriller sentimental
Livre électronique258 pages4 heures

L'ombre d'une imposture: Thriller sentimental

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À propos de ce livre électronique

Entre mensonges et vérité, l'amour n'est-il qu'un jeu de dupes ?

JPC, célèbre chroniqueur littéraire, ne se remet pas dela disparition soudaine de la femme qu'il aime, Virginia Manstill, écrivain surdouée à la personnalité énigmatique. Pour la retrouver, il décide d'écrire un livre confession...

La plume habilement intrigante de Marie Vincent entend bien nous faire naviguer en eaux troubles et nous tenir en haleine jusqu'au point final.

EXTRAIT

« Je l’ai rencontrée au Salon du livre, porte de Versailles, en 1993. »

Ces mots, je me souviens les avoir prononcés il y a quelques années, quand j’étais au faîte de ma notoriété. C’était la réponse à une question posée par une charmante journaliste en tailleur noir et lunettes rouges. La demoiselle avait été dépêchée pour en savoir plus sur la relation que j’entretenais à l’époque avec Virginia. Rappelez-vous...Virginia Manstill, jeune écrivain à l’avenir prometteur dont la disparition soudaine alimenta quelque temps la une des journaux, avant d’être éclipsée par la mort brutale de Lady Di, en 1997.

Lors de cette interview, la journaliste m’avait demandé où j’avais rencontré Virginia pour la première fois. Engoncée dans un chemisier blanc laissant deviner la forme de ses seins — deux petits globes à l’arrondi parfait qu’un minuscule bouton de nacre tenait à peine prisonniers —, miss Tailleur noir se trémoussait sur sa chaise, frétillant du stylo. Une pensée m’avait alors traversé l’esprit, un frisson, une envie... mais je m’étais tout de suite ressaisi. En levant le nez de son décolleté, je remarquai que la jeune femme cachait, dissimulés derrière ses verres antireflets, de magnifiques yeux bleus, clairs comme un premier jour d’été sur la Côte d’Azur.
LangueFrançais
Date de sortie17 janv. 2018
ISBN9791095999256
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    Aperçu du livre

    L'ombre d'une imposture - Marie Vincent

    actuellement.

    Livre I

    Manuscrit à l’attention de Marie Genévrier,

    Éditions La plume qui chante.

    Derrière les initiales, ma vie.

    La vérité sur JPC.

    Par Jean-Paul Chapuis

    Roman autobiographique

    M. Jean-Paul Chapuis

    14 rue des Mougettes

    75328 Paris Cedex 7

    Tél. : 01 42 05 80 00

    Mail : jean-P.C.Paris@yahoo.fr

    Imprimé le 15 novembre 2000

    Au lecteur

    « Je l’ai rencontrée au Salon du livre, porte de Versailles, en 1993. »

    Ces mots, je me souviens les avoir prononcés il y a quelques années, quand j’étais au faîte de ma notoriété. C’était la réponse à une question posée par une charmante journaliste en tailleur noir et lunettes rouges. La demoiselle avait été dépêchée pour en savoir plus sur la relation que j’entretenais à l’époque avec Virginia. Rappelez-vous…Virginia Manstill, jeune écrivain à l’avenir prometteur dont la disparition soudaine alimenta quelque temps la une des journaux, avant d’être éclipsée par la mort brutale de Lady Di, en 1997.

    Lors de cette interview, la journaliste m’avait demandé où j’avais rencontré Virginia pour la première fois. Engoncée dans un chemisier blanc laissant deviner la forme de ses seins — deux petits globes à l’arrondi parfait qu’un minuscule bouton de nacre tenait à peine prisonniers —, miss Tailleur noir se trémoussait sur sa chaise, frétillant du stylo. Une pensée m’avait alors traversé l’esprit, un frisson, une envie… mais je m’étais tout de suite ressaisi. En levant le nez de son décolleté, je remarquai que la jeune femme cachait, dissimulés derrière ses verres antireflets, de magnifiques yeux bleus, clairs comme un premier jour d’été sur la Côte d’Azur.

    Je m’étais alors fait plaisir en lui assenant un « Mademoiselle, vous n’en saurez pas plus », ou un truc dans le genre. Déstabilisée, probablement vexée, miss Tailleur noir avait rougi et commencé à bégayer. Voyant que je ne faisais aucun effort pour l’aider à se sortir d’une situation qui devenait de plus en plus embarrassante, la jeune femme avait alors empoigné son sac — d’une manière que je jugeai assez grossière — et s’était levée. Après quoi, elle avait quitté la pièce, sans un mot d’excuse, sans un au revoir.

    Quel manque d’éducation ! Que croyait-elle ? Que juste pour ses jolis seins et ses beaux yeux, j’irais plus loin dans la confidence ? J’aime les femmes, c’est vrai, mais j’aime encore plus Virginia. Et les consignes qu’elle m’avait données étaient claires : je devais en dire le moins possible, m’en tenir aux faits.

    Et pourtant…

    Pourtant, je l’avoue, j’en aurais bien dit davantage à Mademoiselle déboutonnée du chemisier.

    J’aurais pu lui dire, par exemple, que Virginia Manstill, je l’avais déjà rencontrée avant… avant le Salon du livre, porte de Versailles.

    Je lui aurais dit : « Mademoiselle, il y a une chose que vous devez savoir… Virginia, son fan de la première heure, c’était moi. Un véritable coup de foudre littéraire. Oui, on peut dire ça comme ça, je l’ai aimée au premier regard… vous savez, celui que l’on pose sur la quatrième de couverture avant même de feuilleter les pages du livre que l’on tient entre les mains… Bien sûr que je me souviens du titre ! Vous vous souvenez bien de votre premier amour, non ? Que les rues sont tristes, sans toi, le dimanche. C’était ça, le titre du premier roman de Virginia Manstill. Tout est parti de là. De ce moment magique où, après avoir refermé ce livre bouleversant, je compris une chose : il fallait que je rencontre l’auteur de ce chef d’œuvre. Cette histoire m’a tellement ému que je me demande parfois si je n’étais pas là, près de Virginia, lorsqu’elle l’a pensée et écrite. Quand elle cherchait ses mots et construisait ses phrases, j’étais là, c’est certain, flottant quelque part dans la pièce...

    Hélas pour moi, Virginia n’a jamais été adepte des phénomènes surnaturels. Elle ne croyait pas non plus à l’amour avec un grand A, ou au destin avec un grand D, vous savez, celui qui est censé réunir les gens qui s’aiment. Tout ça, c’est des foutaises, disait-elle, dans la vraie vie, le parfait amour n’existe pas, il n’existe que dans les romans... Et encore, mademoiselle, vous l’avez probablement remarqué, dans les romans de Virginia Manstill, les histoires d’amour, en général, finissent mal… »

    Je suis sûr qu’à ce stade de votre lecture, cher lecteur, vous vous dites que tout ceci n’est qu’une histoire de fan perturbé, obsessionnel… voire légèrement psychopathe. Encore une. Vous n’avez pas tout à fait tort. Il y a effectivement un psychopathe dans l’histoire, mais rassurez-vous, ce n’est pas moi. Derrière les initiales, ma vie est Mon histoire, le récit de Ma vie, tout simplement. Ma vie avant Virginia, avec Virginia et, malheureusement, après elle.

    Virginia… Où est-elle ? Est-elle encore en vie ? Et surtout, pense-t-elle toujours à moi ? Moi, Jean-Paul Chapuis, auteur de ce livre ?

    « — Jean-Paul Chapuis ? Attends un peu, c’est pas ce type qui se faisait appeler JPC ? Tu sais, ce mec qu’on voyait partout sur les plateaux télé, il y a quelques années ? Il était chroniqueur non ? Mais si ! Il parlait de romans. Le grand brun un peu maigre, aux yeux bleus…

    — Ah oui ! Tu as raison, c’est lui ! Mais tu te trompes, il n’avait pas les yeux bleus, ses yeux étaient vairons, comme ceux de David Bowie. Un œil bleu, l’autre vert. C’était très étrange, un peu irréel...

    — Je l’aimais bien, il avait une sacrée classe ! Un air d’Alain Delon… Delon jeune… dans ce vieux film, La piscine… Dis donc, il n’était pas avec Virginia Manstill ?

    — L’écrivain disparu ?

    — C’est ça ! Je crois même qu’il a été soupçonné de l’avoir tuée !

    — Quelle terrible affaire !

    — Terrible ! Le pauvre… il a eu du mal à s’en remettre. Je crois bien qu’elle était partie, tout simplement. Elle avait tout plaqué, comme ça, sur un coup de tête.

    — Franchement, il n’a rien perdu. J’ai toujours dit qu’ils n’allaient pas du tout ensemble. Cette Virginia Manstill… elle était extrêmement antipathique, et puis, elle n’avait aucun style, enfin… oui, elle en avait un, de style, et il était complètement démodé… avec ses robes en mousseline, sa fleur jaune dans les cheveux, qu’est-ce qu’il pouvait bien lui trouver ? Ni sexy ni aimable, la fille. En plus, elle était plus âgée que lui, non ? C’est bien simple, moi, chaque fois que je la voyais à la télévision, je changeais de chaîne. Par contre, lui, s’il était passé me dire bonjour, je peux te dire que je ne l’aurais pas laissé dormir dans la baignoire !

    — C’est sûr ! (gloussements) Mais bon, qui sait ? Il va peut-être revenir sur le devant de la scène ?

    — Vraiment ? Je crois plutôt qu’il a eu son heure de gloire et qu’aujourd’hui, c’est foutu pour lui. »

    Voilà le genre de conversation que vous pourriez entendre aujourd’hui à mon sujet, ou pour être plus précis, au sujet de JPC, mon double.

    Sachez, cependant, que je n’ai pas toujours été ce bellâtre médiatique, intelligent et sexy, que certains ont pris pour un meurtrier. Avant d’être un chroniqueur people, j’avais une vie. Une vie de modeste écrivain, plus ou moins en quête de gloire et de reconnaissance.

    Contrairement à Virginia, je n’ai pas eu la chance d’être adoubé au berceau par les muses de l’écriture. Avec moi, ces dames se sont montrées plus radines. À Virginia le génie, à moi les poussières de talent.

    Sa spécialité ? Les belles, les tragiques histoires de famille et d’amour. Pour quelqu’un qui prétendait ne pas y croire, Virginia ne se débrouillait pas trop mal. Elle était capable, par les mots, de transformer une banale histoire en tragédie inoubliable. Lire un de ses romans, s’y plonger, c’était — permettez-moi de citer un extrait d’une de mes chroniques — « se confronter à l’évidence d’une intrigue sans faille servie de façon magistrale par un style d’une clarté obscure ». Plus d’une fois, il m’est moi-même arrivé de rester ébahi devant le paragraphe ou la phrase parfaite, celle qui par magie dissipe les doutes du lecteur tatillon, celle dont on se dit que, justement… il n’y a plus rien à dire. Tout est là. La perfection faite phrase en somme. À cet instant-là, juste avant de sombrer dans un sommeil mérité, j’éprouvais alors un sentiment ambigu, mélange d’admiration et de jalousie. Un waouh ! Suivi d’un pff… ou vice versa.

    Le genre de mes bouquins ? Des thrillers que je signais Jean-Paul Chapuis. Des thrillers bien sanglants, aussi saignants qu’un steak pris à la va-vite dans une brasserie de bord de route. De la violence, du sang, du sexe. Pas de belles histoires d’amour, pas de recherche de style. Pas de prise de tête. Le psychopathe dont je parlais plus haut... le personnage principal de mes thrillers dégoulinants d’hémoglobine, s’appelait Daniel Please et il ne faisait pas dans la dentelle. Il la déchirait plutôt, la dentelle.

    Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à vous procurer le premier tome de cette fabuleuse saga, Please, laisse-moi vivre, mais je vous avertis, après le tome trois, Et ce sera ton dernier voyage, il n’y a plus rien. Le héros meurt dans un stupide accident de montgolfière. Virginia elle-même m’en avait suggéré l’idée, elle pensait qu’il était préférable que je me consacre entièrement à mon job de chroniqueur, beaucoup plus rentable, il est vrai. Les chiffres lui donnaient raison : le dernier tome de ma saga Please n’avait pas dépassé le cap des trois mille exemplaires vendus.

    JPC, chroniqueur populaire, et Virginia Manstill, écrivain surdouée, je dois avouer que je me serais contenté d’être heureux avec ça. Et puis du jour au lendemain, pschitt ! Plus rien. Plus de femme, plus de travail, exit le beau JPC… et à la place, des rumeurs infamantes et totalement folles. Je ne faisais pas le fier. Bien sûr, l’idée m’est venue de tout quitter, Hit the road Jack¹… tailler la route, à défaut des veines, et ne plus, ne plus jamais revenir… mais je n’en avais pas le courage. J’avais trop besoin de mes repères. Mon appartement, mon lit, ma machine à café, et même la tasse dans laquelle je buvais mon café, m’auraient manqué.

    Et si jamais Virginia revenait ? Si elle réapparaissait ? Non, il fallait que je sois là, à Paris. Ma présence ici est indispensable, elle compense l’absence de Virginia.

    Après un épisode de dépression justifié et un séjour très instructif dans un centre spécialisé, je parvins quand même à sortir la tête de l’eau, contrairement à mon compte bancaire qui, lui, plongea très vite dans le rouge. Ne pouvant me résigner à la disparition de ma promise, j’avais dans l’idée de tout mettre en œuvre pour la retrouver, quitte à engager un détective privé. Trouver un moyen de renflouer mes caisses devenait urgent. Hors de question cependant que je retourne faire le guignol à la télévision.

    La solution à un problème qui me paraissait, à l’époque, insoluble, me fut apportée un dimanche après-midi, il y a plus d’un an de cela, lors d’une rencontre avec une jeune fille au look particulier dans le métro parisien. Fan de Daniel Please, elle regrettait sa mort et m’encourageait à le ressusciter. Me remettre à écrire ? Pourquoi pas ? Un petit à-valoir concédé par Marie, mon éditrice et amie, me permettrait non seulement de payer un ou deux mois de loyer de plus, mais aussi, et c’était ça le plus important, de verser un acompte sur les frais demandés par le détective privé que j’engagerais pour retrouver Virginia… Enfin, le bout du tunnel.

    Le lendemain, j’allai frapper à la porte de Marie. J’avais le sentiment qu’elle serait heureuse de me revoir. Elle savait ce que j’avais enduré, avait lu les journaux. Elle aurait pitié de moi et m’accueillerait à bras ouverts. Lorsqu’elle me vit, Marie eut un bref moment de surprise. Normal, nous nous étions un peu perdus de vue ces derniers temps. Elle m’invita à entrer, d’un air embarrassé et s’excusa de ne pas être passée me voir plus tôt, « mais tu comprends, me dit-elle, chacun a ses problèmes », les siens étaient apparemment d’ordre financier. Je lui exposai mon projet sans pour autant lui révéler ma véritable motivation.

    Marie me regarda, perplexe :

    — Mon petit Jean-Paul, j’ai compris que tu avais besoin d’argent, mais j’ai besoin de réfléchir à ta proposition. Écrire une suite n’est peut-être pas la meilleure solution. Es-tu sûr de ne pas vouloir retourner sur les plateaux télé ?

    — Après tout ce qu’on a dit sur moi ?

    Elle fit une grimace que j’interprétai comme un « Tu n’as peut-être pas tort ».

    — Écoute Marie, j’ai plus un rond. Je me demande si je vais pouvoir encore payer mon loyer.

    — Tu n’as qu’à retourner vivre chez ta mère.

    Je la fusillai du regard.

    — Tu blagues, j’espère !

    — Ça va… détends-toi.

    Marie savait qu’il ne fallait pas aborder ce sujet-là, celui de ma mère. Elle se leva, alla fermer la fenêtre, puis revint s’assoir. Je constatai qu’elle avait grossi. Sachant combien elle prêtait attention à son apparence, je décidai de ne pas lui en faire la remarque. Elle me dit alors, prenant un air sérieux :

    — Ton Daniel Please, laisse-le tomber. Moi, j’ai une proposition à te faire bien plus intéressante, quelque chose qui peut nous sauver tous les deux de la banqueroute. L’autre jour, je prenais un café en attendant quelqu’un dans le onzième, un ami… et figure-toi qu’à la table voisine, un groupe de femmes parlaient de toi. Pour être plus précise, elles parlaient de JPC et de Virginia. Ça m’a fait un drôle d’effet. Pour moi, tu as toujours été Jean-Paul, mon petit Jean-Paul, bref… Une idée m’est alors venue. Une idée géniale. Et si tu parlais vraiment de toi, de Jean-Paul Chapuis ? Si tu racontais ta vie ? La vraie… pas celle de JPC, pas celle que tu as inventée pour Virginia…

    — La vraie vie de Jean-Paul Chapuis ? Franchement, je doute qu’elle intéresse quelqu’un.

    —Bien sûr qu’elle peut intéresser quelqu’un ! Le public est curieux de savoir ce qui se cache derrière JPC, derrière les initiales… Qui es-tu vraiment ? Personne ne le sait.

    — C’est vrai… en tant que chroniqueur, j’ai toujours signé JPC, c’était mon nom de scène.

    — N’oublie pas une chose, le public, les téléspectateurs, ce sont des lecteurs potentiels. Parle-leur de ta vie. Mets-toi à nu. En cette fin de siècle, la tendance est au vrai, c’est ça la véritable révolution littéraire, la mise à nu. Toi, Jean-Paul, tu as un gros avantage par rapport à l’écrivain lambda, les gens te connaissent, tu es médiatique, ils ont suivi ta descente aux enfers. En disparaissant des écrans, tu les as laissés sur leur faim…

    — Tu crois vraiment ?

    — Ton bouquin se vendra, je vais tout faire pour ! Je te l’ai dit : tu n’es pas un type surgi de nulle part. La promo de ton livre va en être grandement facilitée.

    — Et ma saga ?

    — Honnêtement ? Tu ne ferais que perdre ton temps… tu m’as bien dit que tu voulais gagner un peu d’argent, non ?

    — Oui…

    — Tu sais, mon petit JP, c’est un risque que je prends, mais je crois en ce projet. J’y crois dur comme fer. Tu l’as compris, je m’adresse ici à JPC, le chroniqueur sexy, et j’oublie Jean-Paul Chapuis, un de mes auteurs. Cela peut sembler cruel de ma part, mais, à bien y réfléchir, la véritable question à se poser est : quel est le plus populaire des deux ?

    Elle fit une pause, fronça légèrement les sourcils et ajouta :

    — Je ne vais pas te mentir, dans cette histoire, j’y vois aussi mon intérêt.

    Oui, j’avais bien compris, pensai-je, un peu étonné qu’elle me juge aussi naïf.

    Marie sembla hésiter avant de poursuivre.

    — Et puis… tu me dois bien ça. Quand tu as décidé d’arrêter d’écrire, voulant mettre un terme à ta saga Please, tu m’as un peu laissée tomber, non ?

    Aïe, je savais qu’un jour ou l’autre, Marie me le reprocherait. Je comprenais maintenant le pourquoi de son manque d’enthousiasme lorsqu’elle m’ouvrit la porte.

    — Je suis désolé, Marie, Virginia voulait que…

    Elle m’interrompit.

    — Oui, Virginia voulait que… comme d’habitude. Bref.

    Marie semblait très amère. Si je voulais parvenir à mes fins, il fallait que je fasse profil bas.

    — Vraiment, Marie, je suis désolé… cette fois, tu peux compter sur moi.

    — Bon, c’est pas grave. On oublie tout ça. Tiens, j’ai même un titre en tête : Mais qui se cache vraiment derrière JPC ? Pas mal hein ?

    Je ne répondis pas, n’osant pas lui dire que cela faisait tout de même un peu cliché. Croyant probablement que mon silence était le signe de doutes que je nourrissais à l’égard de son idée géniale, Marie ajouta, comme pour me convaincre :

    — Allez, fais-moi confiance, tu vas y arriver. Quand tu écriras ton histoire, pense à elle, pense à Virginia.

    Touché. Je restais muet. Je pensais au pauvre type que j’étais devenu, un type minable qui se débattait encore avec ses vieux démons : mensonges, boisson, culpabilité… rêves de gloire avortés.

    Je pensais à celui que j’aurais pu être si Virginia n’était pas partie. Mon amour…

    L’avais-je vraiment perdue ?

    À toi Virginia

    Virginia, dis-moi, t’ai-je vraiment perdue ? Car oui, désormais je m’adresse à toi, à toi seule. Où que tu sois, quoi que tu fasses² — tu connais la chanson…

    Tu veux peut-être savoir ce que j’ai fait en rentrant chez moi ? D’abord, je me suis servi un bon verre de cognac (je n’avais plus de whisky). Désolé, j’ai craqué, une fois de plus. Ensuite, j’ai ressorti tout ce que j’avais mis de côté nous concernant. Tous les articles de magazines, de journaux, les photos volées, les enregistrements des émissions auxquelles nous avions participé. Ensemble. Virginia et JPC… Des souvenirs qui tenaient dans une boîte à chaussures. Et dans ce tas de papiers, parfois un peu froissés, un peu tachés, j’ai retrouvé le très court article de l’interview de miss Tailleur noir.

    Devant la photo de moi qui l’accompagnait, je restai un instant songeur. En très peu de temps, j’avais beaucoup changé. J’allais avoir trente ans, mais j’en paraissais dix de plus. Marie avait sans doute raison, les histoires de sexe et de sang n’étaient plus de mon âge, il était temps de mûrir un peu. Une autobiographie ? Pourquoi pas…. si j’écrivais le livre de ma courte vie, il fallait que je trouve pour me motiver une raison plus noble que la simple évocation des petits secrets de JPC allias Jean-Paul Chapuis. Mon but premier n’était-il pas de retrouver Virginia ? Je n’avais nulle envie de me disperser.

    Une idée commença à me trotter dans la tête, une idée qui, peu de temps après ma visite à Marie, se concrétisa dans un rêve…

    J’ai rêvé que Marie frappait à ma porte.

    Je lui ouvre. Elle entre et déjà elle n’a plus le même visage. Elle te ressemble, Virginia… mais ce n’est pas tout à fait toi. Sans un mot, cette femme, la femme de mon rêve, me tend une bouteille. Une nouvelle tentation ? Vade retro satana ! Je résisterai ! Mais cette bouteille n’a pas d’étiquette, elle ne contient ni rouge millésimé ni whisky de quinze ans d’âge. C’est une bouteille verte, cylindrique, en verre dépoli, comme celles qui contiennent des maquettes de bateaux ou des messages cachetés à la cire rouge. Une bouteille vide. Marie me dit qu’il faut que j’écrive un mot, un message qu’elle va glisser dans la bouteille, à ton intention. Elle la jettera à la mer, pour qu’elle voyage, qu’elle parcourt le monde… et qu’enfin, elle te trouve…

    Virginia, mon aimée, ce rêve m’a fait comprendre une chose essentielle. Inutile de dépenser mon argent pour partir à ta recherche. Pourquoi engager un détective privé quand j’avais la possibilité d’écrire un livre ? Un livre comme un SOS, un appel de détresse.

    Pourquoi es-tu partie ? Pourquoi m’as-tu quitté ? Tu aurais pu au moins me laisser un mot sur la commode à l’entrée, griffonné au rouge à lèvres, sur le miroir de la salle de bain, comme dans les films… Mais non… Rien. Notre amour s’est crashé, désintégré en plein vol, et je me retrouve aussi désemparé que ces familles de victimes d’accident d’avion qui passent le reste de leur vie à demander des explications, à chercher la boîte noire. Cette foutue boîte noire, sois en certaine, je ferai tout pour la retrouver.

    — Alors Jean-Paul, tu as réfléchi ? Que penses-tu de mon idée ? Es-tu prêt à tomber le masque ? À dire enfin la vérité ?

    C’est la question que Marie me posa quand elle vint me voir le lendemain. Je lui répondis que oui, plus que jamais, j’étais prêt.

    — Tu as pris la bonne décision. Ton roman se retrouvera très vite en tête de gondole, sois en certain.

    Je souris. Je t’imaginais déjà en train de le feuilleter…

    Il me fallut six mois pour pondre le livre de ma vraie vie. Celle de Jean-Paul. Je me suis

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