À propos de ce livre électronique
Fragments est l’histoire d’une contagion passionnelle par le biais de la lecture, sur fonds de lutte contre le nucléaire.
Dora, une femme blessée par la vie, dépressive, se retire loin de tout pour écrire dans l’espoir de guérir ; des pages et des pages, tous les jours. A les piller clandestinement, Millie, une employée ordinaire, ne pourra s’imprégner que de quelques bribes, de fragments d’une passion étrangère ; et cette lecture précipitée va devenir une nécessité dans le vide de sa vie. Millie va en arriver à recouvrir sa propre existence avec les lambeaux de la vie d’une autre, et tout va basculer.
« …A lire ces bribes chargées de passion, Millie s’est enflammée, se sentant dès lors source d’une force inconnue ; un amour sans cible, sans branche où se poser(…) Pour qui cet élan fabuleux qui la submerge ?( …) Est-il possible d’aimer passionnément… personne ? Ou est-ce seulement le germe d’une grosse mélancolie ? » « ― Vous savez, je n’ai jamais écrit que des articles, des reportages. Quelle que soit la passion qu’on éprouve pour une forme artistique, on ne s’improvise pas sculpteur, ou peintre ou… écrivain… Écrire à ce niveau-là représente une telle entreprise, une telle maîtrise, de la langue, bien sûr ; mais surtout de la composition, du temps… Je n’en serais sûrement pas capable, bien que j’y aie souvent songé. Cet univers me fascine, c’est vrai, mais lorsqu’on se met à écrire, on se rend compte, si on est lucide, qu’on se met très vite à dire des choses insignifiantes… Les choses importantes, pleines, se retrouvent noyées dans une logorrhée qui ne sert peut-être qu’à cacher une vacuité de la pensée. »
Découvrez l'histoire d'une contagion passionnelle par le biais de la lecture, sur fonds de lutte contre le nucléaire.
EXTRAIT
Quelques feuilles de papier jonchent le tapis devant la table de chevet, dont les pliures montrent qu’elles ont été piétinées plusieurs fois.
Dora regarde sans les voir ses mains nerveuses et sèches ; elle a retiré les divers anneaux d’argent qui ornaient ses doigts, et ce déshabillage leur confère une sorte de légèreté à laquelle il faudra s’habituer ; près d’elle, sur le lit, des dépliants à en-tête d’hôtels divers et de maisons de convalescence.
Un sac de voyage à moitié rempli bâille près de la porte d’entrée. Le taxi au bas de l’immeuble s’est signalé par trois coups de klaxon brefs, comme convenu au téléphone. En fait, quitter cet appartement niché au bas de la Butte Montmartre s’avère plus facile que prévu : elle n’a fait le plus souvent qu’y passer rapidement.
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Aperçu du livre
Fragments - Hervelyne Fauve
Table des matières
Fragments 3
Du même auteur 4
Fragments 90
Hervelyne FAUVE
Fragments
Roman
Dépôt légal septembre 2012
ISBN : 978-2-35962-302-4
©couverture de Hubely pour Ex Aequo
©Editions Ex Aequo 2012 - Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.
Éditions Ex Aequo
6 rue des Sybilles
88370 Plombières-les-bains
http://www.editions-exaequo.fr
www.exaequoblog.fr
Du même auteur Chez Ex Aequo
Au-delà de la chair – collection Accroch’Cœur – 2010
« La mélancolie n’est que de la ferveur retombée. »
(A.Gide)
La sonnerie du téléphone a déjà retenti plusieurs fois lorsqu’elle lève la tête ; le combiné doit être quelque part sur le canapé, entre les coussins, sous les vêtements jetés là en vrac par brassées. Assise au bord du lit défait, les genoux serrés, elle regarde ses mains, posées à plat sur sa jupe ; plusieurs fois, sa main droite s’est posée sur le dos de sa main gauche et a glissé lentement jusqu’à rencontrer la surface lisse du collant, le chaud de la paume sur les dernières phalanges froides, puis, après quelques voyages semblables, est retournée se ranger à plat sur la jupe, près de l’autre, sagement.
Une lumière pâle se glisse entre les doubles rideaux à demi tirés, la lumière sale d’un matin d’hiver à Paris… Quelque part dans l’appartement, on entend le grésillement d’une radio mal réglée, et le chuintement d’un robinet mal fermé… ou qui fuit.
Quelques feuilles de papier jonchent le tapis devant la table de chevet, dont les pliures montrent qu’elles ont été piétinées plusieurs fois.
Dora regarde sans les voir ses mains nerveuses et sèches ; elle a retiré les divers anneaux d’argent qui ornaient ses doigts, et ce déshabillage leur confère une sorte de légèreté à laquelle il faudra s’habituer ; près d’elle, sur le lit, des dépliants à en-tête d’hôtels divers et de maisons de convalescence.
Un sac de voyage à moitié rempli bâille près de la porte d’entrée. Le taxi au bas de l’immeuble s’est signalé par trois coups de klaxon brefs, comme convenu au téléphone. En fait, quitter cet appartement niché au bas de la Butte Montmartre s’avère plus facile que prévu : elle n’a fait le plus souvent qu’y passer rapidement.
Elle va fermer les différents verrous pour un temps indéterminé, et mettre ses affaires dans l’ascenseur ; seul lui reste le temps de terminer son deuxième bagage, de loin le plus important : caler dans son étui de cuir à armatures métalliques, la vieille machine à écrire en fonte qui ne la quittera plus, et, dans la poche zippée du dessus, glisser la chemise cartonnée jaune contenant une unique feuille, la seule page écrite qu’elle emporte et qui devrait devenir la première d’une série plus ou moins longue… Ça va dépendre…
Elle jette un dernier coup d’œil sur ces quelques lignes qui, une fois écrites quelques mois plus tôt, puis relues cent fois ont accéléré la décision ; se mettre en marge, quelque part, et continuer puisque les vannes semblaient ouvertes.
« … Parfums… Relents du printemps qui m’a toujours émue… Depuis ce matin, les marronniers embaument dans les allées, l’air est comme sucré, la mousse neuve, et la terre humide qui se réchauffe libère des effluves chauds, moites, presque intimes... J’ai toujours reçu, au vrai sens du terme, les odeurs, tout ce qui, passant juste par les narines, émeut le corps tout entier… Je me souviens des matinées où, après la douche, je m’éternisais dans la salle de bains… Mousse… Parfum, toujours le même depuis… Retrouver sur moi l’odeur de notre première nuit… Je me recherchais pour mieux te plaire, pour te faire encore le même choc. Était-ce de l’amour déjà ? Ou bien pur narcissisme ? Était-ce ton amour que je cherchais, ou le mien pour moi-même à une époque où je me savais « aimable », source de passion. »
Malgré elle, Dora poursuit rapidement sa lecture, lisant-récitant ces quelques phrases à la hâte, devançant la lecture et sautant des pans entiers déjà inscrits dans sa mémoire.
…Et puis, sans faillir, ton nez dans mon cou, l’étreinte folle, les mots sans suite qui promenaient ton haleine chaude sur mon chemisier, tes mots dans mes cheveux… « Toi… Ton odeur à toi qui me rend cinglé… Que je connais si bien... Les yeux fermés, sans te toucher, entre mille je te trouve… »
Était-ce toi que j’aimais ou la folie que tu avais de moi, de nos étreintes ?…
Trois coups de klaxon un peu plus appuyés lui rappellent que le taxi est toujours en bas, mais qu’il ne faut plus tarder.
« …et nos corps nus et fiévreux se cherchant, se trouvant, puis se perdant encore dans le sommeil réparateur, mais bref, aussitôt avides de se rassasier l’un de l’autre… »
Lancinantes, quelques bribes émergent de sa mémoire et l’accompagnent dans l’ascenseur, puis dans le hall d’entrée de l’immeuble où, machinalement, elle débarrasse sa boîte à lettres de quelques enveloppes de courrier réexpédié.
« …et notre amour était comme une religion… Tu caressais mon corps avec le respect et la persévérance qu’on peut mettre à prier lorsqu’on est un enfant… »
Le taxi démarre dans la rue grise de ce début d’hiver. Seule une tâche ovale claire troue la vitre arrière embuée, en cette fin de matinée : le visage légèrement interrogateur de Dora semblable à tous les visages de ceux qui s’en vont malgré ceux qui restent là, sur le trottoir, avec une question inquiète dans le regard : te reverra-t-on ? Et si c’était pour toujours ?
« …tu m’apprenais mon corps majestueusement, avec la douce lenteur que l’amour engendre… »
«… tu m’apprenais mon corps… »
Les murs de la pièce sont très hauts, lambrissés du sol au plafond ; par les fenêtres étroites et longues, le soleil dessine des flaques aveuglantes sur le parquet, que l’œil s’efforce d’éviter. Quelques crapauds damassés structurent vaguement cette sorte de salle d’attente ; poser ses fesses sur les filets d’or… Dora s’est tassée légèrement, les coudes sur les genoux, ses bagages serrés auprès d’elle ; on lui a demandé de bien vouloir patienter un peu, « Madame » va la recevoir dans un instant… Peut-être cela fait-il déjà une demi-heure ? Peu importe, elle veut bien attendre, elle est sûre, désormais…
Le taxi l’avait abandonnée à la grille ; belles lettres dorées sur un pilier de pierres apparentes, irrégulières, « La Petite Espère »… Lourdes portes ouvragées grandes ouvertes sur une allée de graviers ; au loin, entre les branches noires des chênes défeuillés, elle avait pu apercevoir les ouvertures à petits carreaux d’une grande demeure.
Silence.
Crissements de ses pas, interrompus de temps à autre, puis reprenant à l’identique : et si elle était en train de faire une énorme erreur ?
À sa main droite, dans sa boîte noire, la petite machine à écrire, lourde, indispensable compagne d’une vie… Les crissements, encore, de plus en plus rapides, de plus en plus sûrs ; puis, plus de pause.
Elle s’est levée, impressionnée par les craquements du plancher sous ses pieds ; bois ciré, astiqué, grinçant de propre et d’âge ; sur le mur, face à elle, un immense poster ; un « chromo » de sous bois qu’elle eut envie de regarder de plus près, sans raillerie ; les yeux se perdent sous les branches feuillues… Ici semble-t-il, on fait même entrer la forêt à l’intérieur des murs, pour l’avoir encore en pleine force, même les volets fermés, même en hiver, lorsqu’elle est nue et que les couleurs l’ont désertée…Décoration banale dont elle ne pense plus à sourire ; portant, il fut un temps où elle n’aurait pas manqué de se moquer… Avant…
— Madame vous attend.
Dora a eu un imperceptible mouvement vers ses deux bagages, taches sombres sur le sol blond.
— Laissez ; nous allons les faire porter dans votre chambre.
Ma chambre…
Le bureau de Madame est immense. À côté d’un bouquet de fleurs blanches, Dora reconnaît son dossier, envoyé quelques semaines plus tôt ; boîte jaune de la Poste et de la décision définitive, collée sur un mur lépreux de la Rue de Clichy, entre une laverie automatique taguée de part en part et un bar désaffecté bardé de planches à moitié arrachées ; elle avait dû se frayer un chemin entre les poubelles et les nombreux deux-roues, abandonnés là, comme pour l’obliger à être
