Les Nymphes sourient aussi parfois: Prix Elena Poniatowska 2013
Par Anna Clavel
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À propos de ce livre électronique
C’est Ada, la petite nymphe qui raconte sa découverte du plaisir. Elle fait connaissance avec son corps et les jouissances infinies qu’il peut lui procurer, mais elle découvre aussi qu’il peut être une source de plaisir pour les autres qui la lorgnent et l’envisagent. Ada évolue dans un monde fantastique. Elle grandit heureuse dans un monde mythologique où elle cohabite avec des faunes qui portent des casques scintillants, elle mûrit et nous raconte ses amants particuliers, parmi eux, le gynécologue aux longues mains qui l’aidera à accoucher d’une manière naturelle. Il y a également son expérience avec un prince au sperme bleu, sans oublier son providentiel cousin, les nombreux amis de ses sœurs aînées et aussi son oncle.
Ce roman-conte célèbre la vie, les effluves corporels, les regards et le concept de paradis.
EXTRAIT
À cette époque, je passais mon temps à me toucher. Je coulais. Je débordais. Je folâtrais avec mes eaux. Naturellement, j’étais une source. Mais n’allez pas croire que je dis cela au sens figuré. J’étais transparente. Immédiate. Entière. Absolue. J’étais aussi une déesse. Toute-puissante. Je disais « vent » et les zéphyrs berçaient l’air. Je disais « beauté » et les eaux me renvoyaient mon image. Bien sûr, il m’a fallu apprendre chaque chose en son temps. Mes sœurs ainées me grondaient : « Tu te regardes trop, tu vas finir par découvrir la mort ». Je faisais la sourde oreille et je retournais me toucher. Je m’enveloppais dans mes pétales, me sentir me donnait du plaisir. J’aspirais mes effluves. Je respirais. Je pulsais. Je bouillais. Et je coulais de nouveau, j’étais mon paradis.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
- « Les nymphes sourient aussi parfois d'Ana Clavel. Venu du Mexique, un conte moderne : sensualité, désir, écriture. » (La Marelle).
- « Poussée par la curiosité de découvrir un peu plus le catalogue de Christophe Lucquin éditeur, je me suis laissée happer par ce roman de l’auteure mexicaine Ana Clavel. En effet, les premières phrases des Nymphes sourient aussi parfois sont tentantes et intrigantes d’impudeur... » (Vanessa Curton,Zone littéraire).
A PROPOS DE L’AUTEUR
Ana Clavel est née au Mexique en 1961. Elle a fait des études de lettres à la Universidad Autónoma de México (UNAM). Romancière et nouvelliste, elle traite principalement du corps et du désir. Deux de ses romans ont déjà été publiés en France…
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Aperçu du livre
Les Nymphes sourient aussi parfois - Anna Clavel
Les nymphes sourient aussi parfois
Ce roman prend la forme d’un conte écrit à la première personne.
C’est Ada, la petite nymphe qui raconte sa découverte du plaisir. Elle fait connaissance avec son corps et les jouissances infinies qu’il peut lui procurer, mais elle découvre aussi qu’il peut être une source de plaisir pour les autres qui la lorgnent et l’envisagent. Ada évolue dans un monde fantastique. Elle grandit heureuse dans un monde mythologique où elle cohabite avec des faunes qui portent des casques scintillants, elle mûrit et nous raconte ses amants particuliers, parmi eux, le gynécologue aux longues mains qui l’aidera à accoucher d’une manière naturelle. Il y a également son expérience avec un prince au sperme bleu, sans oublier son providentiel cousin, les nombreux amis de ses soeurs aînées et aussi son oncle.
Ce roman-conte célèbre la vie, les effluves corporels, les regards, le concept de paradis et les enseignements tels « Le propre de l’amour c’est de savoir sans avoir appris » ou bien « Les yeux aussi peuvent toucher. »
Le sexe est la seule source d’éternelle jeunesse. La passion est l’unique remède contre l’abime. Une rencontre sensuelle est le chemin de la gloire et le premier pas pour obtenir les clefs du royaume, les clefs de la vie. Voilà ce que défend Ana Clavel dans Les nymphes sourient aussi parfois.
Nous avons là toute la particularité de l’oeuvre de celle que l’on peut qualifier d’écrivain du corps entre désir et conscience.
Avec ce roman, Ana Clavel a reçu le prix Elena Poniatowska en 2013.
Les nymphes sourient aussi parfois est dans la première sélection du prix Laure-Bataillon 2015.
Ana Clavel est née au Mexique en 1961. Elle a fait des études de lettres à la Universidad Autónoma de México (UNAM). Romancière et nouvelliste, elle traite principalement du corps et du désir. Deux de ses romans ont déjà été publiés en France
Les nymphes sourient aussi parfois
Ana Clavel
Christophe Lucquin Editeur
Titre original : Las ninfas a veces sonríen
Traduit de l’espagnol (Mexique) par Lydia Amokrane
Esta publicación fue realizada con el estímulo del Programa
de Apoyo a la Traducción (PROTRAD) dependiente de
instituciones culturales mexicanas.
Ouvrage publié avec l’aide du programme de soutien à la
traduction (PROTRAD) dépendant des institutions culturelles
mexicaines (FONCA - Fondo Nacional para la Cultura y las Artes)
© Ana Clavel
© Christophe Lucquin Éditeur, 2015
Christophe Lucquin Éditeur,
12, rue des Moulins – 75001 Paris
www.christophelucquinediteur.fr
I. À peine ténue
« Saurai-je garder le silence sous le poids
de tout ce que tait la beauté ? »
Tomas Segovia
1.
À cette époque, je passais mon temps à me toucher. Je coulais. Je débordais. Je folâtrais avec mes eaux. Naturellement, j’étais une source. Mais n’allez pas croire que je dis cela au sens figuré. J’étais transparente. Immédiate. Entière. Absolue. J’étais aussi une déesse. Toute-puissante. Je disais « vent » et les zéphyrs berçaient l’air. Je disais « beauté » et les eaux me renvoyaient mon image. Bien sûr, il m’a fallu apprendre chaque chose en son temps. Mes sœurs ainées me grondaient : « Tu te regardes trop, tu vas finir par découvrir la mort ». Je faisais la sourde oreille et je retournais me toucher. Je m’enveloppais dans mes pétales, me sentir me donnait du plaisir. J’aspirais mes effluves. Je respirais. Je pulsais. Je bouillais. Et je coulais de nouveau, j’étais mon paradis.
2.
Sur le chemin du temple, j’aimais cueillir des fleurs. En ce temps-là, il y avait, sur le trajet, de grandes étendues sans immeuble ni usine et l’herbe poussait à sa guise entre les voies abandonnées d’un train. Les coquelicots, les marguerites, les loriots, les arums s’inclinaient sur mon passage, me suppliant de leur concéder une place dans mon giron. Je les choisissais lorsque j’étais fascinée par une couleur, une transpiration sauvage ou le labyrinthe dénudé d’une corolle qui commençait à faner. J’étais une abeille mortelle bourdonnant du plaisir de les faucher et de les soumettre. J’arrivais au temple chargée d’un généreux bouquet que je n’allais déposer aux pieds d’aucune effigie. On y trouvait des pots et des vases votifs garnis de lances de glaïeuls et de nards à l’odeur pénétrante. Ainsi avant d’entrer, je secouais mes sandales et j’abandonnais le bouquet au milieu des jardins soignés de roses et de narcisses qui regardaient avec mépris la lente agonie de leurs sœurs sylvestres.
Un jour que j’empruntais le chemin qui menait à la voie ferrée, je remarquai qu’un inconnu me suivait. En réalité, je l’avais aperçu en sortant de cette confiserie juste à côté de chez moi, où j’étais allée chercher la ration quotidienne de bonbons que Don Eliseo m’offrait, ceux en forme de cœur, mes favoris. C’étaient des cœurs incarnats très épais qui, en une légère succion, pouvaient fondre sur la langue. Don Eliseo adorait voir comment les bonbons fondaient dans ma bouche, parce que, disait-il, mes lèvres colorées devenaient alors plus coquettes que celles d’une poupée.
Je me souviens que, ce jour-là, je portais une robe en gaze avec des rubans entrelacés comme un corset et un petit bouquet de violettes fantaisie à la naissance des seins. « On dirait que tu vas à un rendez-vous, alors que tu n’en as pas encore l’âge ! », me réprimanda une de mes sœurs aînées. Je ne l’écoutai guère, ravie par la légèreté de la gaze qui m’enveloppait comme un cocon. Mais quand je m’aperçus que l’homme m’avait vue sortir de la confiserie, je compris que Teresa avait raison : le Destin s’apprêtait à jouer un de ses coups du sort.
C’est sûr que, de mon côté, j’aidais pas mal le Destin : je m’arrêtais de temps en temps pour vérifier que l’homme me suivait. Je lui montrais le chemin. C’est que je ne pouvais pas m’en empêcher, l’homme me faisait penser à mon père. Il avait le même air qu’ont ces titans qui savent ce qu’ils veulent et le font savoir d’un simple tressaillement du regard. Et c’est ainsi que je l’entraînai sur le sentier des fleurs.
Je me souviens que je me penchais pour cueillir une dent-de-lion quand je sentis que l’homme était dans mon dos et que j’étais à sa portée. Je me retournai pour