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Registres d'un Médecin de France
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Livre électronique89 pages1 heure

Registres d'un Médecin de France

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À propos de ce livre électronique

Réflexions d’un médecin né ailleurs, formé en France, et qui au gré des voyages, des rencontres, de son exercice médical, se pose des questions sur la vie, la maladie, la mort.
Des mots, des récits, des nouvelles, complètent cet ouvrage.
LangueFrançais
Date de sortie9 janv. 2013
ISBN9782312007250
Registres d'un Médecin de France

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    Aperçu du livre

    Registres d'un Médecin de France - Jean-Marie Debadji

    978-2-312-00725-0

    Avant-propos

    Ces trois registres ont en commun d’avoir été écrits par votre serviteur certes, présentent différentes tonalités, et ont la prétention de provoquer sur le lecteur des effets émotionnels ou intellectuels particuliers.

    Le premier registre donc, reprend le parcours un peu chaotique, d’une vie imprégnée d’affect, dont les contours et le contenu ont été établis à partir du souvenir et d’images qui réapparaissent par bribes, quelquefois aussi présents que si c’était hier, d’autrefois plus vagues, bien souvent il y a des trous.

    Le deuxième registre est une suite de mots, d’aphorismes. Il y a donc quelquefois l’esprit et la lettre, mais le plus souvent il n’y a que la lettre.

    Enfin le troisième registre retrace des moments de vie, de rencontres inattendues sous la forme de nouvelles, de récits, réels ou loufoques et qui prétendent mettre en jeu une exploitation des ressources de notre belle langue.

    Registre 1

    Réflexions sur ma naissance, ma vie, la mort

    « Il y a un décalage entre ce qui se dit et ce qui s’écrit, et encore plus entre ce qui s’écrit et ce qui se pense. J’ose à peine imaginer le décalage qu’il y a entre ce qui se pense et la vérité absolue, en précisant toutefois qu’il y a autant de vérité absolue que de parcelle de vie. »

    J’aime donc écrire. Écrire est une passion pour moi, une passion ou presque, j’en rêvais souvent, sans avoir l’assiduité et l’application qu’il convenait. Je me surprenais souvent, dans mes rêveries, commencer un ouvrage avec des bribes de chapitre qui aboutissaient rarement, et puis je remettais au lendemain le projet.

    Je lisais assez souvent, en fait j’écrivais, à mon grand regret beaucoup plus que je ne lisais et bien souvent j’étais découragé par la prouesse des écrivains, enfin des bons écrivains. Jamais je ne pourrais faire comme eux, c’est ce que je pensais, ou bien c’était l’excuse que je me donnais pour ne jamais rien entreprendre.

    Je choisissais bien sûr mes livres et prêtais particulièrement attention à ceux qui magnifient la langue française. Il faut un entraînement particulier pour en saisir toutes les subtilités, et transcrire par écrit, une impression, un sentiment, décrire un tableau, un paysage, une histoire vécue ou inventée. Même puéril, l’exaltation à leur lecture naissait du fait du style, de la bonne conjugaison, de la grammaire, de la syntaxe.

    La langue française est difficile, prenez par exemple le pluriel des noms composés, l’emploi des verbes auxiliaires, l’usage de l’imparfait et du passé simple, le plus que parfait, le passé composé, le subjonctif. Il y a aussi les règles et ses exceptions et où l’exception est souvent la règle. Je ne maîtrise pas forcement tout ça. Je connais un peu l’arabe, à peine l’anglais, des rudiments d’allemand, quelques locutions latines, j’ignore le grec, je le regrette. Mais peu importe.

    Un livre terminé procure à son auteur un plaisir narcissique, l’échange avec les lecteurs, l’impression inavouée d’avoir créé quelque chose, d’avoir fait quelque chose méritent que l’on s’y adonne mais peut-être pas à n’importe quel prix.

    Bien souvent je faisais lire à mon entourage les quelques pages que j’écrivais, je les embarrassais souvent, l’exaspération qu’ils affichaient était corrélée au fait que j’attendais avec impatience leurs premières impressions. Sachant que je pouvais être déçu, ils se réservaient à me donner leur avis, ou bien s’ils me le donnaient, cela ne me convenait pas, je considérais qu’ils n’avaient pas mis la même application que j’exigeais d’eux, si bien que j’ai vite abandonné cette démarche. Il est vrai que je ne parlais que de moi, et de ce que je ressentais, la profusion de mes sentiments les agaçait. Je n’étais pas à leurs yeux en accord parfait avec ce que je proclamais solennellement. Aussi j’ai décidé ne leur faire lire l’ouvrage qu’une fois édité, je paraîtrais de ce fait moins pénible.

    Enfin j’ai compris tardivement que le jour où je n’attendrais rien de personne, ce jour-là, je serais peut-être un écrivain.

    Écrire un roman n’était pas mon truc, je considérais que ma vie, en toute modestie, est un roman à elle seule, et que j’ai suffisamment de matière pour intéresser quelques éventuels lecteurs. Cela peut s’apparenter à de la vanité, peu importe, l’analyse très fine d’un argument mène souvent à sa destruction. C’est un vieux proverbe arabe qui raconte en substance qu’à trop goûter le miel avant de décider de l’acheter conduit inexorablement à une matière qui est très loin de lui ressembler.

    Je me souviens de mes premiers écrits, des lettres à ma mère alors que j’étais éloigné d’elle, je les ai encore en mémoire, écrites bien souvent au stylo rouge, je ne sais pas pourquoi, bourrées de fautes d’orthographe. Je me gargarisais déjà à lui raconter tout et n’importe quoi prêtant plus d’intérêt à remplir une page qu’à m’astreindre à l’essentiel, ou bien des premiers livres que m’adressait mon pauvre père, qui avec naïveté me faisait lire des bandes dessinées sans aucun intérêt, parce que le maître d’école lui avait signalé que j’avais d’énormes lacunes en français.

    Plus tard au lycée, les « Lagarde et Michard » ces livres qui résumaient la littérature du xvie, xviie et xviiie siècle, que je garde toujours précieusement, ont sûrement été un déclencheur dans mon penchant pour l’écriture. Je retiens au hasard Ronsard avec « Mignonne allons voir si la rose… », Rabelais et son gigantisme avec Pantagruel fils du grand géant Gargantua, mais surtout Montaigne avec le stoïcisme, cette philosophie qui exhorte à la pratique de la méditation conduisant à vivre en harmonie avec la nature.

    Bien plus tard ma réelle sympathie avec le bouddhisme m’a amené à relire Montaigne et à l’apprécier d’autant plus. Cette façon qu’il avait d’endurer la douleur, il avait la maladie de la pierre je crois, et pour ceux qui savent ce qu’est une colique néphrétique, de plus à une époque où l’on savait plus ou moins en venir à bout, comprendront. Sa philosophie était, me semble-t-il, de goûter aux plaisirs de la vie entre deux crises et de l’apprécier d’autant plus. Il avait sa façon à lui d’appréhender la religion, il affirmait ainsi que « ce n’est pas par la réflexion ou par notre intelligence que nous avons reçu notre religion, c’est par l’autorité ou par un ordre étranger », ou bien « je ne connais pas de meilleure école pour former la vie

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