Quatrain de saison: Le printemps
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À propos de ce livre électronique
Ce livre ouvre le musée de l’auteur qui part à la recherche d’autres vies, d’autres histoires. Son Musée exilé est aussi un miroir qui nous renvoie à notre propre image, parfois perturbée par notre égo qui détient la vérité et refuse celle des autres. Une vérité censée être unique, inique et non négociable. Gandhi avait écrit quelque part que toute vérité perche au-dessus d’une montagne, que chacun gravit de son côté…
À PROPOS DE L'AUTEUR
Chaouki Dachraoui quitte son pays à l’âge de 21 ans avec en poche un diplôme d’ingénieur adjoint en génie civil. Il finit par s’établir en Belgique afin de continuer son cursus universitaire, chose qu’il ne pouvait accomplir en Tunisie. Il deviendra architecte, entame par la suite un troisième cycle. Il nous livre son musée personnel qu’il expose de droite à gauche et de gauche à droite.
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Avis sur Quatrain de saison
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Aperçu du livre
Quatrain de saison - Chaouki Dachraoui
Dachraoui Chaouki
Quatrain de saisons
Le printemps
« La patrie originale de tous les humains est l’utérus maternel, personne ne s’en est sorti en souriant au contraire tous les bébés descendent dans leur second monde en pleurant !… par conséquent nous sommes tous des immigrés dans le pays où nous sommes nés et que nous croyons notre patrie ! »
Duraid LAHHAM.
À mes enfants Sarah, Leila et Rayan, mon musée exilé en héritage…
À mon ami, Monsieur Moncef Bouchrara, le Maître des mots…
Le musée exilé
Je suis un regardeur qui écrit. Je transporte sur mon épaule une caméra. Elle filme ce que je vois, ce que j’avais vécu.
Des panneaux de vies exhumés aujourd’hui.
Je deviens mon propre et premier spectateur.
Une manière de se délier de cette mémoire immatérielle, de la livrer sur le passage de tout lecteur intéressé, en partage.
Souvenirs inscrits dans l’inconscience que ce ne sont que des mots, qui partent à la quête de la conscience d’un autre regardeur.
Je suis à la recherche de cette transhumance, de cette transformation, de ce liant.
Quatre saisons en enfilade d’une vie. Le parcours d’un être humain est fait de saisons. Je dirais même d’une seule saison concentrée comme un jus pressé afin d’en extraire la dernière goutte.
J’ai décidé d’écrire, de décrire mes tableaux de vies autour de petites histoires, presque anecdotiques.
Elles sont le reflet de joies et d’amertumes, des rires et des larmes, de satisfactions et de déceptions.
Je marchais mal dans un pays qui m’avait vu naître.
J’avais envie de courir à perdre haleine, mais j’étais déjà essoufflé avant la course.
Je commencerais par « le printemps », celui de mes vingt ans. C’était une fleuraison enivrante. Une sorte de maturité juvénile. Un rite de passage incontournable. La Tunisie postindépendante, se construisait tant bien que mal, en misant sur sa jeunesse, sous l’égide du Président Bourguiba.
C’est de cette saison que je vous écris.
Mon été suivra à l’étranger, en dehors de ma Tunisie natale, loin des miens, des gens que j’avais aimés. Mon cœur s’ouvrait vers d’autres personnes à accueillir. C’était l’été des découvertes, de la liberté. J’allais apprendre beaucoup sur moi-même.
L’automne, celui d’une union dite mixte. Un mariage d’amour, fait de peines et de perditions. Une union que nous avions su appauvrir à deux, au point de la rendre frêle, insignifiante, toxique, vorace de nos égos.
La dernière saison est un hiver qui s’est installé normalement, tout doucement. Sans aucun regret. C’était une sorte de maturation, une plénitude faite d’isolement et de richesse sur plus d’un plan.
Une succession de jours, d’années, subdivisée en quatre intervalles saisonniers, laps secoués par des orages et des tremblements de vies, par des espoirs nourris d’énergie, par des fêtes et des défaites.
Ce parcours est livré tel quel, à travers mon verbe et mes mots cherchant des concordances vers d’autres chemins de vies qui me sont inconnues.
Nous sommes des naturistes, qui même ensemble, vivons notre nudité d’une manière individuelle.
Nous nous habillons d’un blindage fait de principes et de valeurs. Ce n’est que plus tard, au moment du sommeil du soir, que nous nous livrons à notre réelle solitude, celle de ce miroir amincissant, toujours bienveillant presque miséricordieux.
Aucun grain de sable ne ressemble à celui que foule cet autre estival, votre compagnon, votre voisin, sur une plage de vacances, sur une plage de vie.
J’ai choisi ces mots pour exhumer et égrener ces perles enfilées autour d’un collier que je tiens en main, en chapelet.
Aujourd’hui, et du haut de mes soixante-cinq ans, je touche chaque perle, en apprécie la douceur et la rondeur puis je la pousse délicatement, pour en prendre une nouvelle.
C’est un cercle infini dont mes doigts n’arrêtent pas de tourner autour de sa circonférence, dans un rafraîchissement constant.
Des gestes anodins qui n’ont aucune signification, sauf celle de compter les rondeurs de ce collier, dans une fatuité inconsolable.
Les souvenirs sont cette mémoire passée, une sorte de rétroviseur qui nous permet d’avancer.
Un œil furtif sur les trois saisons passées, l’autre regarde devant, vers ces dix mètres encore à parcourir.
Un strabisme convergeant ou divergeant, qui me remplit d’aise et de lucidité.
Ces saisons sont des vagues qui meurent en roulis, sur un sable toujours chaud. Elles se régénèrent à chaque extinction comme par magie, comme par enchantement.
Un va-et-vient hypnotique, infini, toujours apaisant dans sa puissance, dans sa régularité.
Ressac
Roulis d’écume qui meurt sur le sable,
Dans un dernier soupir, il disparaît.
Le second lui succède, infatigable,
S’étouffe à son tour, cesse de respirer.
Sable friand, lapant ces vagues à l’ivresse,
Qui d’un pied ferme, attend leurs retours,
Les engloutit de nouveau à toute vitesse,
Et entame un décompte à rebours.
Un ballet bleu de barbes blanches,
Qui part et revient sans cesse.
Et cette mouette qui fait la planche,
Qu’une vague tient et puis délaisse !
L’oiseau ivre de la colère des flots,
Dans une frénétique danse décousue,
Tangue, chancelant, tel un rafiot
Épie indifférent, ses ailes superflues.
C’était en Tunisie que j’avais connu mes vingt ans.
Nous habitions une petite villa discrète située dans un quartier calme à la périphérie d’une banlieue de Tunis qui n’arrêtait pas de grandir en cherchant à chaque étouffement un nouveau souffle, une nouvelle régénération urbanistique.
J’avais obtenu mon bac, section lettres, à dix-huit ans au Collège Sadiki, notre Harvard tunisien. Une année fort sportive et athlétique car je devais prendre un premier bus, qui au bout d’une heure de trajet, me déposait au cœur de la ville de Tunis dans cette gare appelée « le passage ». Un ancien cimetière Juif, déplacé par le Président Bourguiba. Il s’ensuivait un parcours à pied de trois quarts d’heure, qui me voyait