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Congo : Kinshasa aller-retour: L'Âme des Peuples
Congo : Kinshasa aller-retour: L'Âme des Peuples
Congo : Kinshasa aller-retour: L'Âme des Peuples
Livre électronique101 pages1 heure

Congo : Kinshasa aller-retour: L'Âme des Peuples

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À propos de ce livre électronique

Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre

Un pays ? Pas tout à fait, tant ses frontières sont convoitées et disputées. Un continent ? Pas complètement. Un peuple ? Pas si sûr. Alors, une fresque ? Évidemment !

Le Congo est un tableau peint au rythme de l’Afrique, sur une toile immense où l’ardeur de survivre et l’ingéniosité forment les ressorts d’une naïveté apparente et si séduisante.

Le Congo est musical, il danse, il chante, il vibre quand il rit et quand il pleure, sur les rives du grand fleuve, cette artère profonde de l’Afrique remontée par des aventuriers tout droits sortis du cœur des ténèbres.

Ce petit livre n’est pas un guide. C’est un décodeur. La rumba congolaise y rythme l’amour et les folies de la vie. Le courage des femmes outragées par les guerres interminables y révèle la détermination de surmonter les décennies d’horreur. Un récit à l’image des Congolaises, rempli de leur folle énergie et ode à l’éternelle maternité de l’Afrique.

Un grand récit suivi d’entretiens avec Isidore Ndaywel, Maddy Tiembe et Freddy Tsimba.

Un voyage historique, politique et culturel pour mieux connaître les passions congolaises. Et donc mieux les comprendre.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

[...] Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un «décodeur» des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités [...]. À chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps

Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir. - Librairie Sciences Po

À PROPOS DE L'AUTEUR

Spécialiste de l'Afrique pour le journal Le Soir (Bruxelles), auteur de nombreux livres, Colette Braeckman a fait du reportage de terrain, aux côtés des grandes et petites gens, sa marque de fabrique. Une authentique exploratrice des âmes et de la culture de l'Afrique des Grands Lacs. Elle est l'auteur de Rwanda et de Congo dans la collection L'âme des peuples.
LangueFrançais
ÉditeurNevicata
Date de sortie10 oct. 2016
ISBN9782512003762
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    Aperçu du livre

    Congo - L'Âme des peuples

    AVANT-PROPOS

    Pourquoi le Congo ?

    Tirés à quatre épingles, une raie divisant leurs cheveux crépus, les souliers bien cirés, qu’ils étaient beaux, les premiers Congolais aperçus alors que je suivais ma mère à l’Expo 58¹ !

    Entre les pavillons vantant, sans arrière-pensées, « l’œuvre civilisatrice » de la Belgique, ils déambulaient fièrement, curieux de nous autant que nous étions intrigués par eux. Alors que je tirais sur le bras de ma mère pour les voir de plus près, je m’entendis asséner une mise en garde sans appel : « Sois polie avec eux. Et sache bien que ces Congolais sont des Belges comme nous. »

    Deux ans plus tard, alors que dans les rues de Bruxelles nous croisions de plus en plus « d’évolués » toujours aussi sérieux, aussi bien habillés, ces « Belges comme nous » allaient soudain monopoliser les grands titres de la presse. Sans bien comprendre, je regardai les manchettes des journaux bien pensants : Émeutes à Léopoldville, Table ronde, Indépendance, Insulte au roi Baudouin, L’armée intervient, Exode de nos compatriotes.

    Bronzées, arrogantes et parfois brisées par leur départ soudain, dans des conditions quelquefois dramatiques, des filles revenues d’Afrique débarquaient dans notre école. Sans leur poser trop de questions, nous nous serrions pour les accueillir parmi nous.

    Lorsqu’elles parlaient, il était question d’ingratitude, de violence. De nostalgie aussi. Elles évoquaient des cieux plus vastes, le soleil, la joie de vivre, la liberté dont elles jouissaient là-bas. Moi, je rêvais au paradis qu’elles avaient perdu.

    Vociféré, scandé, martelé, épelé, décliné avec tous les accents de la haine et du mépris, un nom émergeait des conversations, se détachait de tous les bulletins d’information : Lumumba, Patrice Lumumba. Rentrant de l’école, je le retrouvai à la « une » de notre quotidien dont un correspondant réclamait qu’un « geste viril » règle enfin le problème. Puisqu’il n’était question que de cet inconnu qui attirait tant de passion, je commençai à m’intéresser à lui. Dans mon journal, je retrouvai les fragments du discours qu’il avait prononcé le 30 juin 1960 et qui avait été qualifié d’insultant. Pour ma part, je trouvai ce texte plutôt bien écrit : « Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des Nègres. Qui oubliera qu’à un Noir on disait « tu », non certes comme à un ami, mais parce que le « vous » honorable était réservé aux seuls Blancs ? »

    Cet homme m’intriguait et je suivis de loin, sans tout comprendre, sa destitution, son emprisonnement, sa fuite, son arrestation. Je n’ai jamais oublié cette photo qui le montre enchaîné, blessé, jeté à l’arrière d’un camion. Son regard m’a longtemps poursuivie. Lorsque quelques jours plus tard, en janvier 1961, sa mort fut confirmée, annoncée à la radio comme un bulletin de victoire, je me suis retirée dans ma petite chambre et j’ai passé des vêtements noirs.

    Même si j’étais trop jeune pour comprendre, il me semblait qu’il me fallait porter le deuil. Mais surtout, alors que je lisais et relisais les manchettes des journaux, j’avais le sentiment aigu d’un mensonge. Je sentais qu’on ne me disait pas toute la vérité, qu’il y avait autre chose.

    C’est alors que j’ai décidé qu’un jour, j’irais voir là-bas. De mes propres yeux. Que j’irais au Congo. Pour regarder. Pour comprendre. Pour raconter. Des décennies plus tard, je raconte toujours, ou en tout cas j’essaie, mais je ne suis pas encore sûre d’avoir compris.

    Ce pays est trop vaste. Il m’échappe, il me surprend, me déconcerte. Quatre-vingts fois la Belgique ! Quatre fois la France ! Combien de fois ces chiffres n’ont-ils pas été répétés ? Quand il s’agissait du Congo, tout était toujours conjugué au superlatif : un « scandale géologique », « le plus long fleuve du monde après l’Amazone ». Une terre riche, qui « pourrait nourrir toute l’Afrique ».

    Trop d’emphase, trop de démesure. Pour les « petits Belges » que nous étions, le Congo a longtemps été notre seule fenêtre ouverte sur le monde. Notre « ailleurs » à nous, à la fois lointain, différent et familier.

    Le Congo me fascine, m’éblouit ou me consterne. Il est trop, et parfois trop peu. Lorsque je débarque, ce pays me prend à la gorge, avec cette odeur d’herbe, de forêt qui se glisse jusque dans la poussière de Kinshasa. Sauf en saison sèche, lorsque le ciel est plombé, hermétique, les pluies ne sont jamais loin. Elles creusent des ornières, des flaques immenses que les hommes traversent en remontant leurs pantalons, que les femmes abordent en posant leurs souliers en équilibre sur leur tête.

    Au premier abord, à Kinshasa, le fleuve est invisible. On sait pourtant que sans lui, cette ville de huit millions d’habitants (ou peut-être dix, sinon douze ? l’une des plus peuplées d’Afrique...) n’aurait jamais existé. C’est à partir du pool, qui porte le nom de Stanley, que les bateaux peuvent remonter jusque Kisangani. C’est ici, via cette autoroute liquide, que le reste du pays apporte ses offrandes, le riz de l’Équateur, le poisson, les grumes... Sur la carte, ce fleuve immense se déploie comme une chevelure de femme, avec ses boucles et ses affluents innombrables, ces voies d’eau qui enserrent la forêt et définissent le pays. Mais Kinshasa, elle, tourne le dos à son fleuve ; les berges sont réservées aux baleinières qui pourrissent, aux pirogues motorisées qui fuient vers Brazzaville, la capitale d’en face.

    Ce pays me fascine, oui, par son immensité, sa diversité, ses infinis possibles. Mais aussi, surtout, par ce sourire irréductible qui m’accueille toujours. « Ça va ? Ça va un peu... un peu seulement... » et parfois, rarement, « un peu bien ». Ce qui veut dire que ça va mieux, ou en tout cas que l’on espère que cela ira. Demain, peut-être, ou après. Toujours l’incertitude, la précarité. Le bonheur, c’est au jour le jour qu’il se tisse, addition de petits moments, de chances modestes, avec un peu d’espoir toujours, qui glisse entre les interstices du malheur.

    C’est pour cela aussi que je ne me lasse pas du Congo. Que l’indignation de mes jeunes

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