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Résilience: Crise des Grands Lacs : témoignages d’une fratrie rwandaise après l’attentat du 6 avril 1994
Résilience: Crise des Grands Lacs : témoignages d’une fratrie rwandaise après l’attentat du 6 avril 1994
Résilience: Crise des Grands Lacs : témoignages d’une fratrie rwandaise après l’attentat du 6 avril 1994
Livre électronique318 pages3 heures

Résilience: Crise des Grands Lacs : témoignages d’une fratrie rwandaise après l’attentat du 6 avril 1994

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À propos de ce livre électronique

Notre père, le général-major BEM Déogratias Nsabimana, surnommé Castar, était le chef d’état-major des Forces Armées Rwandaises. Il est mort dans le crash de l’avion présidentiel rwandais du 6 avril 1994, dans lequel deux présidents africains, des officiels rwandais et burundais ainsi que des membres de l’équipage français ont péri. Le Rwanda devenait tristement célèbre à cause du plus grand génocide du XXème siècle et une crise sans précédent dans la région des Grands-Lacs.


De par sa formation militaire, il était un fin stratège militaire, respecté par ses pairs. Il fut un acteur clé durant la guerre déclenchée le 1 octobre 1990 par l’invasion de l’Armée Patriotique Rwandaise. Patriote et intègre dans l’âme, il a joué un rôle essentiel dans les négociations des Accords de Paix d’Arusha de 1993 auxquels il croyait fermement, convaincu que seule la paix pouvait permettre aux Rwandais de vivre en harmonie.


Nous, ses enfants, avons choisi de partager quelques tranches de vie et leçons de vie à travers ses mémoires. Ce manuscrit est une main tendue et un message d’amour, de paix, de pardon et de résilience pour les victimes de guerres ou autres catastrophes dans le monde.

LangueFrançais
ÉditeurRésilience
Date de sortie6 avr. 2022
ISBN9782960304602
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    Aperçu du livre

    Résilience - Nsabimana Alice

    PRÉFACE

    Par M. Johan Swinnen, ambassadeur de Belgique au Rwanda entre 1990 et 1994.

    27 ans après la tragédie rwandaise, nous sommes toujours à la recherche de toute la vérité derrière cette expérience horrible et tragique.

    L'histoire du génocide, tant de son prélude, de son déroulement et de son dénouement est trop rarement racontée sous tous ses aspects. Trop souvent, l'histoire est incomplète. Dans le pire des cas, l'histoire est entachée de simplifications polarisantes, de préjugés et d'ambiguïtés, de présentations unilatérales ou même de mensonges purs et simples.

    En effet, la recherche de la vérité se trouve entravée par des insinuations injustes et des accusations de révisionnisme ou de négationnisme. Cependant, les chercheurs de vérité ne cèdent pas. Ils sont bien conscients de la nécessité et de l'impact libérateur d'une position ferme contre le politiquement correct paralysant, la pensée unique oppressante et les histoires de propagande unilatérale et fabriquée.

    Alice Nsabimana fait preuve de courage et de diligence en relatant l’histoire de sa famille, imprégnée de souvenirs nostalgiques d'une jeunesse insouciante, pleine de rêves et d'harmonie, mais secouée par les douloureuses contractions d'un processus qui était censé conduire à la paix et à la démocratie mais qui, en fin de compte, tourne mal et se termine par un terrible et effroyable génocide.

    Son père, le général-major Déogratias Nsabimana, chef d'État-major des forces armées rwandaises (FAR), périt avec le président dans l'attentat du 6 avril 1994 contre le Falcon présidentiel.

    La description des restes démembrés de son père est particulièrement émouvante et poignante. Mais l'immense chagrin de la famille ne se transforme pas en désespoir et en défaitisme. Dans l'attitude sereine et forte d'Alice, une jeune fille d'à peine dix-sept ans, de sa mère et de sa famille, je reconnais la dignité et la résilience de nombreuses familles rwandaises avec lesquelles j'ai gardé contact après le génocide ou que j'ai appris à connaître.

    Le témoignage d'Alice m'a intrigué car je connaissais personnellement son père. Dans mon livre « Rwanda, mon histoire », où je raconte mon expérience en tant qu'ambassadeur de Belgique à Kigali d'août 1990 jusqu'au début du génocide en avril 1994, je salue sa nomination comme chef d'État-major des FAR à la fin du mois de juin 1992. Cette nomination coïncida avec le début des négociations de paix à Arusha et eut, à mon sens, un impact bénéfique sur le moral des troupes militaires.

    Les compromis négociés à Arusha sur le partage du pouvoir politique et militaire, avec des concessions substantielles faites du côté du gouvernement, n'ont pas pu ébranler la confiance du général dans le processus de paix. Alice est impressionnée par sa croyance en la paix et la réconciliation, seul moyen de parvenir au « renouveau du Rwanda ». Malheureusement cet espoir vole en éclats lorsque le processus de démocratisation du Burundi voisin reçoit un coup fatal avec l'assassinat du président Ndadaye.

    Je me souviens bien du désenchantement du chef d'État-major lorsqu'il me dit : « Arusha est dépassé. Le partage du pouvoir doit tenir compte de la nouvelle configuration politique suite au coup d'État au Burundi. Désormais, la connotation ethnique bat son plein ». Il exprima ainsi une crainte largement répandue. Même dans les milieux modérés, de plus en plus de voix s'élevaient pour redouter ce que l'on appelait le retour imminent de l'ancienne domination.

    Je garde également un souvenir très vif de la rencontre entre le président Habyarimana, le colonel Marchal et moi-même, que le général Nsabimana a organisée dans sa résidence de Ndera en février 1994, quelques semaines avant la dramatique explosion. Le président et son chef d'État-major nous ont alors dit combien ils étaient attachés à une évolution positive du processus de paix et au rôle important que les Belges devaient jouer dans ce contexte. Quelques jours plus tard, le général Nsabimana rendait visite au détachement belge de la MINUAR. La jeune Alice doit sans doute avoir gardé un œil à distance sur ces conciliabules !

    L'histoire d'Alice et mes propres souvenirs montrent que Déogratias Nsabimana était animé par « des espoirs ponctués d'inquiétudes » et par la prise de conscience que « la seule option viable était l'unité des Rwandais ».

    Le témoignage de la fratrie Nsabimana, et d’Alice en particulier, est remarquable pour son ton positif et reconnaissant. Il y a beaucoup de nostalgie et de tristesse, mais elle n’a aucune amertume à l'égard de sa patrie. Pas de rancœur, pas de haine. Alice a aussi très bien compris que leur père était porteur d’un message qui a encore une valeur particulière aujourd'hui et qu'elle a formulée comme suit : « Notre père nous a appris à ne jamais juger l’humain par son ethnie, et par extension sa race, son origine, sa couleur de peau, sa religion ».

    À mes yeux, ce récit apporte également une contribution enrichissante à l'histoire complexe du génocide. Un pays qui crée des opportunités d'ouverture civique, de témoignages de deuil et d'initiatives de recherche de la vérité augmente ses chances d'accepter le traumatisme du passé et de s'engager durablement sur la voie de la réconciliation et du développement de manière durable. Alice, la fille de Déogratias, s’est engagée dans cette voie.

    DÉDICACE

    Ce livre est dédié à notre mère, Athanasie Uwimana, qui ne s’est pas contentée de nous donner la vie. Elle nous a aimés inconditionnellement depuis notre enfance ; elle est notre roc depuis la mort de notre père.

    Elle est née en 1951 à Gisenyi, préfecture située dans le nord du Rwanda. Mariée en 1971, elle a été le soutien de notre père, le suivant dans ses différentes affectations à l’étranger. On peut dire qu’elle est notre « ministre de l’Intérieur », la main forte qui a toujours géré la maison. Quand nous avons fui précipitamment le Rwanda en avril 1994, elle n’avait que quarante-trois ans. Avec les yeux d’adultes et de parents que nous sommes à présent, nous ne pouvons que l’admirer aujourd’hui davantage. Celle qui a été femme d’affaires, jouissant d’une respectabilité vis-à-vis de ses pairs, disposant d’une résidence immense avec du personnel, s’est brutalement retrouvée avec pour seul statut celui de veuve et mère célibataire de six enfants. Elle n’a alors pas hésité à retrousser ses manches pour tout recommencer à zéro afin de nous redonner un foyer.

    Elle a joué le rôle de père et de mère, de conseillère et thérapeute, se débrouillant pour apporter à manger, mettant tout en œuvre pour que chacun de nous ait une éducation. Elle est restée solide, nous a appris à penser positivement, à être persévérants et à aimer notre prochain. C’est indéniablement une grande dame, moderne, indépendante et en avance sur son temps. Quand notre père est mort, elle a dû nous porter un à un, usant de toute sa force et son courage pour nous donner le meilleur d’elle-même, tout en nous permettant de nous construire en tant qu’hommes et femmes. Elle nous a permis d’être libres de nos choix. Le seul mot qu’elle n’a jamais voulu entendre de nous, et c’est encore le cas aujourd’hui, c’est « impossible ». Selon elle, si on y pense très fort et que l’on visualise l’objet de notre désir, on y arrive, on l’atteint. C’est possible.

    En 2016, le 3 octobre exactement, nous avons appris avec effroi que Maman avait un cancer. La dernière fois qu’elle s’était rendue à l’hôpital, c’était pour donner naissance à notre frère cadet, en 1985 ! Hormis cela, nous ne l’avons jamais vue malade ou se plaindre de quelque mal que ce soit, mis à part ses ongles qui avaient tendance à s’incarner ! Nous la pensions donc surhumaine, presque invincible. D’abord saisis par la peur, nous avons fait bloc autour d’elle, pour lui insuffler toutes les ondes positives possibles. Maman a alors dit que si Alexander, son petit-fils et fils de notre frère aîné, avait survécu à un cancer du foie quelques années auparavant alors qu’il n’avait que deux ans, elle aussi pouvait y arriver. Elle s’est battue avec acharnement, supportant avec dignité et sans jamais se plaindre les douleurs infligées par les radiothérapies et chimiothérapies. Grâce à la volonté de Dieu et à une merveilleuse équipe médicale que nous remercions infiniment, elle s’en est sortie et nous prions pour qu’elle puisse encore vivre de longues et heureuses années auprès de nous tous.

    Elle est aujourd’hui la grand-mère de quinze petits-enfants qu’elle a portés tour à tour, selon la tradition rwandaise du Guheka, qui se transmet de génération en génération et consiste à porter son enfant sur le dos, dès la petite enfance, créant une proximité mère-enfant et permettant à la maman de vaquer à ses occupations tout en veillant sur son bébé.

    Parce que « ce qui ne tue pas nous rend plus fort », nous avons choisi tous ensemble de nous reconstruire de nos traumatismes et de transmettre nos valeurs de paix et d’amour autour de nous. C’est pourquoi nous dédions également ce manuscrit à nos enfants : Maxime, Hilarion, Eloha, Mia, Kessya, Sofia, Amani, Alexander, Keona, Timothy, Raphaël, Gabriel, Tessa, Luna et Malaïka.

    Finalement, ce livre est dédié à tous les Rwandais qui se reconnaîtront dans ce récit.

    Maman, 2021, le jour de ses 70 ans

    Kiyovu, le 6 avril 1994, vers vingt heures trente.

    Ce sont les vacances de Pâques. Nous nous installons confortablement au salon pour regarder La Mélodie du Bonheur, un grand classique et un de nos films préférés. Nous avons juste le temps de voir défiler le générique que survient une énorme explosion, suivie d’une deuxième quelques secondes plus tard. Cette fois-ci, cela n’a rien à voir avec les bruits de kalachnikovs que nous entendons parfois et que nous avons appris à distinguer. Nous nous précipitons sur la terrasse : au loin se diffuse une lumière jaune-orange. Les gardes du corps accourent et nous ordonnent de retourner à l’intérieur où les téléphones commencent à sonner tous azimuts : « Où est le général Nsabimana ? Il s’agit d’une situation d’urgence ! » C’est le chaos.

    Après une vingtaine de minutes interminables et émotionnellement insoutenables, à répéter encore et encore la même réponse à nos interlocuteurs - « Non, Papa n’est pas encore rentré » - et à entendre qu’un attentat a eu lieu mais qu’il y avait deux avions, la sentence, violente et sans appel nous transperce de plein fouet : « Tous les occupants qui ont embarqué à bord du Falcon présidentiel sont morts. Nous sommes occupés à rassembler les morceaux de corps qui sont éparpillés dans la résidence présidentielle. »

    Il n’est pas imaginable qu’il parte maintenant, alors qu’il semblait si près du but. Il nous disait que la paix était, peut-être, sur le point de voir enfin le jour… Et pourtant, tout bascula en cette soirée du 6 avril, pour nous et pour des milliers de personnes.

    INTRODUCTION

    Au Rwanda, beaucoup de noms font référence à Dieu = Imana. Notre patronyme Nsabimana veut dire : je prie Dieu. Nos parents ont tenu à nous donner à chacun d’autres prénoms catholiques, mais aussi rwandais, qui avaient une signification toute particulière à leurs yeux ou étaient donnés en mémoire de nos ancêtres.

    Je m’appelle Alice. Je suis née en 1977. J’ai deux frères et trois sœurs et j’ai le privilège d’être la troisième de la fratrie Nsabimana.

    Le 12 avril 1994, en plein chaos, une force que je ne soupçonnai pas m’a poussée à appeler le conseiller militaire de Papa qui nous a fait évacuer de Kigali. Depuis ce jour, je me suis fait la promesse que le moment venu, quand j’aurais fait la paix avec mon passé, je prendrais mon courage à deux mains pour relater mon histoire familiale, et que, par la même occasion, je rendrais hommage à tous ces héros, à commencer par Papa, qui ont péri au nom de leur pays ; à ces innombrables vies innocentes et à ceux qui ont eu le courage de sauver des vies, au péril de la leur.

    Depuis toujours, on m’appelle miss Organisation, qualité que j’avoue avoir hérité de Papa. À l’âge adulte, je me suis rendu compte, du fait de ma position médiane peut-être, que les événements positifs comme négatifs convergent toujours vers moi. Dans mon métier, j’ai aussi découvert chez moi cette qualité d’écoute, d’entraide, cette faculté à absorber les soucis des autres, avec la satisfaction de les aider à surmonter leurs problèmes. C’est ainsi que j’en ai fait ma profession et que j’ai voulu me former en médiation, avec l’ambition, qui sait, de contribuer à des relations durables et apaisées entre Rwandais.

    Afin de faciliter la lecture de ce manuscrit, je serai la voix qui portera notre histoire, en m’efforçant de rapporter fidèlement le vécu de chacun de mes frères et sœurs que je vous présente tout d’abord brièvement.

    Maurice, notre aîné, est né en 1972. Pour le définir en deux mots, Maurice est une encyclopédie vivante. Aussi loin que remontent mes souvenirs, Maurice a toujours eu d’excellentes notes durant sa scolarité, et plus tard, une culture générale remarquable. Décontracté, il fait tout de façon lente, et cela peut être parfois agaçant, mais cela traduit une grande sagesse dans tout ce qu’il dit et fait. Après la mort de Papa, comme dans la coutume rwandaise et beaucoup d'autres cultures africaines, Maurice a hérité du rôle de chef de famille, devenant notre figure protectrice et veillant à ce que chacun de nous trouve un équilibre émotionnel. Maurice nous pousse toujours à apprendre par la lecture. D’ailleurs, selon lui, à chaque problème correspond un livre. Et les bibliothèques n’ont absolument rien à envier à sa superbe collection.

    La tragédie que nous avons vécue l’a transformé et a suscité chez lui le désir d’établir une paix durable, dans la mesure du possible, dans le contexte du Rwanda, de l’Afrique ou plus globalement du monde qui l’entoure. Son trait de caractère le plus prononcé est l’équanimité. Au fil du temps, il a appris à se détacher des choses « sans importance » pour se focaliser sur la manière dont il pourrait rendre le monde meilleur autour de lui, par sa façon d’être, de penser et d’agir.

    Denise est née en 1974. Elle est notre force silencieuse. Adolescente (et même adulte), elle est restée fidèle à elle-même : droite et persévérante. Son point fort est sa capacité d’écoute que ce soit en privé ou dans son métier (ce n’est pas par hasard si elle s’épanouit dans les ressources humaines).

    Elle a quitté le Rwanda à l’âge de dix-huit ans pour poursuivre ses études supérieures en Belgique. Malheureusement, la tragédie de 1994 a frappé sans qu’elle ait eu l’opportunité de rentrer au Rwanda. Cet aller-simple l’a donc particulièrement traumatisée.

    Elle a accompli un grand pas en foulant la terre rouge du pays des Mille Collines, vingt ans plus tard, afin de se soumettre à l’exercice extrêmement douloureux du Kwibuka = se souvenir et s’imprégner des odeurs de la terre rouge du pays des Mille Collines.

    Yvonne est notre miss Peace & Love. Elle est née en 1981. Très spirituelle et toujours prête à se plier en quatre pour rendre service, elle est la bonté incarnée. Petite, c’était un « garçon manqué ». Son activité préférée consistait à grimper dans les arbres, et jouer aux Ninjas avec ses petits frère et sœur et ses amis. Sociable et débrouillarde, elle connaissait par cœur le quartier où on habitait. Entreprenante, elle arrive à marquer de son empreinte chaque ville où elle passe, soit en mettant sur pied une école de danse, soit en montant une association. Tout comme Papa a servi son pays, en ayant choisi certes un métier dangereux, elle a choisi de servir le peuple de son pays d’accueil. Elle est enseignante, et ce métier lui colle à la peau car elle a ce don de transmettre le savoir, de façon si naturelle et patiente. Partager la vie de chacun de ses élèves est un honneur pour elle et lui procure un bonheur immense.

    Josiane aka, Jojo ou Joe, est une véritable artiste. Elle est née en 1983. Bébé, c’était un enfant qui passait son temps à se promener avec son doudou, toujours calme, mais prête à exploser quand il le fallait. Fashionista dans l’âme, elle a toujours eu l’art de combiner les matières. Avant-gardiste née, elle a le flair de dénicher des pièces improbables ou banales transformant la seconde main en objet de luxe. Entreprenante, persévérante et passionnée, Josiane a réalisé son rêve en créant sa propre marque de vêtements, portant son nom rwandais Muhire qui veut dire chance.

    Fabrice, le dernier de la fratrie, est né en 1985. Après quatre filles, je pense que mes parents souhaitaient ardemment avoir un garçon et leur vœu fut exaucé avec sa naissance. Fabrice étant le dernier des « trois mousquetaires », avec Yvonne et Josiane. Au Rwanda, c’était l’enfant turbulent, le bébé de Maman, dont il fallait changer les vêtements trois fois par jour. Nous n’avons pas eu beaucoup d'interactions tous les deux jusqu’à ce qu’il grandisse et devienne adulte. Aujourd’hui, Fabrice est notre moteur. Authentique, à l’image de la race de chiens des bulldogs, il ne lâche jamais rien et ne prend pas de gants pour nous faire part de ce qu’il estime juste.

    Le temps, la persévérance et tout notre amour fraternel nous ont aidés à relater, par écrit, une partie de notre histoire. Ce manuscrit, que nous avons souhaité familial, s’inscrit dans une triple démarche :

    Premièrement, il est destiné à nos enfants. Le fait de devenir adultes et parents nous a encouragés à transmettre notre histoire aux générations futures. Nos enfants sont le miroir de ce que nous étions et avons vécu. Ils sont tout naturellement attirés par une partie de leur culture commune qu’ils n’ont pas encore eu l’occasion de côtoyer entièrement, mais

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