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Dérive dictatoriale en Côte d'Ivoire: Déceptions de l’ère-Ouattara et nouvelles générations
Dérive dictatoriale en Côte d'Ivoire: Déceptions de l’ère-Ouattara et nouvelles générations
Dérive dictatoriale en Côte d'Ivoire: Déceptions de l’ère-Ouattara et nouvelles générations
Livre électronique526 pages6 heures

Dérive dictatoriale en Côte d'Ivoire: Déceptions de l’ère-Ouattara et nouvelles générations

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À propos de ce livre électronique

Franklin Nyamsi Wa Kamerun publie ici un essai consacré à la dénonciation d’une très scandaleuse dérive dictatoriale en cours en Côte d’Ivoire, notamment depuis le début du second mandat présidentiel d’Alassane Dramane Ouattara. Une véritable sonnette d’alarme sourd de ce livre. À partir d’un argument massif reconstituant en introduction, les pièces à conviction de la capture de l’État ivoirien par un clan déterminé à piétiner les normes de séparation des pouvoirs, à fouler aux pieds le respect des libertés fondamentales, à défigurer les exigences de bonne gouvernance et d’éthique politique, l’auteur révèle les déceptions de l’ère Ouattara. L’essayiste nous révèle ensuite, rédigées depuis 2016 notamment, une série d’alertes qui attestaient déjà de la banalisation du mal politique dans ce pays. Franklin Nyamsi Wa Kamerun - dans la prolongation de son précédent ouvrage - insiste pour finir sur l’espérance démocratique incarnée par le leadership générationnel de Guillaume Kigbafori Soro et sur l’horizon de cette promesse : l’urgence de l’État de droit en Côte d’Ivoire et dans toute l’Afrique. Ce livre mérite d’être lu et médité, si l’on veut comprendre l’avenir politique qui se dessine dans cet important pays d’Afrique de l’Ouest.
LangueFrançais
Date de sortie1 févr. 2019
ISBN9782312064741
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    Aperçu du livre

    Dérive dictatoriale en Côte d'Ivoire - Franklin Nyamsi Wa Kamerun

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    Dérive dictatoriale en Côte d’Ivoire

    Franklin Nyamsi Wa Kamerun

    Dérive dictatoriale en Côte d’Ivoire

    Déceptions de l’ère-Ouattara et nouvelles générations

    Analyses politiques de 2016 à 2019

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    © Les Éditions du Net, 2019

    ISBN : 978-2-312-06474-1

    Au grand peuple de Côte d’Ivoire, dans l’espoir de le voir enfin doté d’un véritable État de droit par ses nouvelles générations.

    Au regretté jeune citoyen Nöel Soro Kognonhon, sauvagement assassiné par des militants stipendiés du RDR le 7 juillet 2018 à Korhogo, pour avoir participé à une assemblée générale associative.

    Aux milliers de citoyens de Côte d’Ivoire sacrifiés lors des crises postélectorales de 2000, 2010-2011 et 2018.

    À tous les citoyens du monde qui, malgré les déceptions politiques, oeuvrent inlassablement au perfectionnement du genre humain.

    Aux espérances sauves de tous les peuples.

    Argument préliminaire

    Un livre véritable doit, tout en livrant sa part de vérité, délivrer celui qui parle de l’irréductible culpabilité que son silence lui aurait valu. Je me résous donc à écrire et publier ce livre pour témoigner d’une nouvelle tragédie qui se prépare en Côte d’Ivoire. La montée en puissance – le sinistre « rouleau compresseur{1} » – d’une odieuse dictature{2}. La prise en tenailles par la violence, le mensonge et la ruse, de la nation ivoirienne. Selon les mots d’un sécurocrate trop hâtivement formé{3} d’Alassane Ouattara, son ministre de la défense Hamed Bakayoko :

    « Vous voyez le président Ouattara, souvent il ne parle pas. Mais il se prépare. Quand il va dérouler le rouleau compresseur, ceux qui s’amusent sauront que le brave-tchê est toujours ADO puissanci{4}»

    Cette terminologie de la puissance, de la compression et de l’écrasement qui infantilise toute opposition politique comme « un amusement » n’est pas une métaphore en Côte d’Ivoire. D’autant plus que le Chef de l’État, le Président de la République Alassane Ouattara lui-même laisse désormais planer le doute sur sa volonté de respecter la limitation à deux mandats présidentiels consignée dans la constitution ivoirienne de 2016. Ce sont donc la loi fondamentale du pays et la pax politica qui sont menacées de mort. Dans une déclaration rapportée par l’AFP, le 2 juin 2018, Alassane Ouattara, rompant avec ses déclarations solennelles ultérieures, avait en effet affirmé sans ambages :

    « La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes{5}. »

    Une déclaration qui dirime totalement et contredit d’autres professions de foi{6} précédentes et subséquentes sur le même sujet :

    « Notre objectif, transférer le pouvoir à une nouvelle génération dès 2020{7} » annonçait-il, entre autres voeux pieux, devant les diplomates internationaux le 11 octobre 2016. On en a versé plus d’une larme d’émotion attendrie, avant que le discours du maître d’Abidjan ne tourne casaque. Things are now falling apart, dirait le célèbre romancier nigérian Chinua Achebe. Ce monde d’espérances s’effondre.

    Que s’est-il alors passé ? Pourquoi ce soudain revirement vers la terminologie de la puissance, de la menace, de l’intimidation et de la personnalisation outrancière du pouvoir d’État ? Pourquoi la mort brutale, soudain rôde de nouveau, avec son cortège de préliminaires dégueulasses, sur les citoyennes{8} et citoyens{9} de Côte d’Ivoire ? Pourquoi Alassane Ouattara peut-il se permettre, à moins de deux ans de son départ de la Présidence de la République conformément aux articles 55 et 183 de la constitution, de prétendre que la paix et la stabilité de la Côte d’Ivoire ne seront assurées que tant qu’il sera vivant ? Pourquoi laisser croire que désormais, c’est Lui ou le Chaos ?

    « Je peux vous dire que 2020 se passera bien et même très bien. Arrêtons de nous faire peur, il n’y aura rien en 2020. Nul ne pourra troubler cette paix tant que je serai à tête de ce pays{10}. »

    Or, quand la paix et la prospérité d’un pays dépendent essentiellement de la survie et de la perpétuation d’un homme au pouvoir, tous sont désormais supposés répondre devant lui et non plus devant la loi. Le pouvoir d’un seul contre tous et au-dessus de tous ? C’est de tout temps, l’essence de la dictature. Comme le Léviathan de Thomas Hobbes{11}, Ouattara veut résolument régner sur la Côte d’Ivoire par l’heuristique de la peur. Effrayer, brutaliser pour s’imposer et durer. Telle est la situation en ce mois de janvier 2019 en Côte d’Ivoire. C’est désormais pour tous, la triste expression de la réalité. Une chape de peur et d’angoisse épaisses recouvre à nouveau le pays. J’espère ainsi contribuer à l’exorciser. Le rôle de l’intellectuel politique, comme celui de tout citoyen digne de ce nom est de faire face aux dérives qui menacent l’humanité dans laquelle il est inséré. Cela suppose le recours à ce que Ptah-Hotep, le penseur négro-égyptien désignait sous le concept de Mâât, « La vérité-justice{12} ». C’est aussi ce que Michel Foucault a si bien nommé avec les philosophes de l’antiquité grecque le courage de la vérité{13}.

    J’affirme donc sur mon honneur et avec preuves que l’humanité ivoirienne est de nouveau en péril. Car, comme je vous le montrerai, les vieux démons de ce pays sont de nouveau réveillés à l’approche des élections présidentielles décisives de 2020 : mépris des lois, refus de la vraie réconciliation nationale, confiscation clanique du pouvoir, lectures narcissiques de la constitution, confusion et concentration des pouvoirs républicains par le seul exécutif, tripatouillages électoraux, manipulation de l’ethnicisme, montage de faux complots, violences organisées au profit du pouvoir, scandales de mauvaise gouvernance, conflits d’intérêts à outrance, dénégation envers les souffrances socioéconomiques de la majorité des ivoiriens, assassinats et enlèvements ciblés, personnalisation des forces de défense et de sécurité du pays, terreur psychologique généralisée sur tous les citoyens, tels sont quelques-uns des mots qui peuvent décrire les maux qui de nouveau prospèrent en Côte d’Ivoire.

    IDÉAUX IVOIRIENS EN PÉRIL

    Les idéaux de fraternité, d’hospitalité et d’espérance qui portèrent la Côte d’Ivoire sur les fonts baptismaux, de nouveaux vacillent. Gravement. Et ce, notamment par la faute des dérives dictatoriales{14} du régime Ouattara. J’en analyserai les grandes caractéristiques factuelles dans cet ouvrage et j’en esquisse la critique systématique dans ces pensées préliminaires. Mon devoir est de les dénoncer et d’indiquer comment il serait possible de les contrecarrer. Je pensais ardemment aux lendemains de la chute de la dictature ivoiritaire de Laurent Gbagbo{15} le 11 avril 2011{16}, que la Côte d’Ivoire s’offrirait enfin une chance de se doter d’une démocratie réelle et d’un État de droit effectif. Le discours identitaire et xénophobe, les politiques violentes de l’ivoirité et le refus de l’alternance démocratique par le leader du régime de la Refondation avaient largement contribué à faire du régime Gbagbo{17}, un repoussoir pour d’autres espérances. Alassane Ouattara, auréolé de sa réputation de technocrate bien lisse, policé aux mœurs américaines et expert en gouvernance moderne, semblait correspondre à ce qui manquait à la tête de ce pays. Aujourd’hui, ce mythe d’un Ouattara à la hauteur spirituelle, éthique et politique des attentes de ce pays a largement fait long feu. Après les efforts de reconstruction entrepris notamment lors du premier mandat du Président Alassane Ouattara, sous la continuité du Premier Ministre-Ministre de la Défense Guillaume Soro entre 2010 et 2012, force est de constater que ces premiers efforts se sont progressivement retournés, notamment lors du second mandat du Président Ouattara, en descente aux enfers de l’autoritarisme le plus abject. Ce livre veut restituer cette lente dégradation qualitative. Ce retournement des énergies et espérances suscitées dans le cœur des Ivoiriens en amères déceptions qui semblent toutes acheminer de nouveau ce beau pays vers la catastrophe.

    Qui me donne, ou me dicte ce devoir ? Trêve de procès en sorcellerie. C’est ma propre conscience. Je suis un homme reconnu libre et de bonnes mœurs. Je ne suis pas un apprenti-sorcier. On me connaît pour penser ce que je dis et dire ce que je pense{18}. Ce sont ma liberté et ma dignité intérieures qui protestent devant l’inacceptable qui rampe et prospère de nouveau en Côte d’Ivoire. Je pense comme le philosophe Alain{19} que « Nul n’a de pouvoir sur le jugement intérieur. Si on peut te forcer en plein jour de dire qu’il fait nuit, personne ne peut t’obliger à le penser. » J’ai, de même, toujours pensé avec Alain qu’« Un peuple méprisé, sans agir, est un peuple méprisable. » Me taire, dans ces conditions, équivaudrait à me faire complice d’une ignominie. Je ne veux pas laisser ma plume se tremper dans le sang des pauvres gens de ce beau pays, uniquement parce qu’un Clan veut capturer{20} l’État de Côte d’Ivoire pour ses fins égoïstes. Cette introduction est donc consacrée à condenser l’argument qu’étaye l’ensemble des tribunes de l’ouvrage, rédigées comme des avertissements lucides depuis près de trois ans, à l’adresse du régime ivoirien actuel et de l’opinion au sens large. La décision d’analyser et de dénoncer ce que j’appelle « la dérive dictatoriale en cours en Côte d’Ivoire » est l’expression d’un profond déchirement personnel et d’un drame historique corrélatif.

    DES PROCÈS À DEUX BALLES CONTRE CE LIVRE

    Car je sais qu’un certain nombre de donneurs de leçons à deux balles se précipiteront sur ce livre, pour me dire : « Mais vous êtes bel et bien co-responsable de l’exercice du pouvoir de Ouattara ! Vous l’avez soutenu, idéalisé, pendant de longues années ! Et ce n’est que lorsque Ouattara a écarté votre mentor Guillaume Soro de sa succession que vos critiques se sont réveillées ! Vous avez mangé avec Ouattara, à présent, digérez avec lui ! » Or, les limites de ce procès précipité, typiques de la vulgate des esprits simplistes ou manichéens, sont évidentes. Pourquoi ? Je n’ai jamais été un Conseiller Politique du Président Ouattara et il ne m’a jamais recruté comme tel. Une relation d’estime réciproque est née entre nous dans des circonstances que je décrirai dans ce livre. Pas une amitié, encore moins une intimité ou une inimitié personnelles. Du moins, à ce que je sache. Entre lui et moi, aucun contrat de travail ou de collaboration n’a jamais été passé. Le Ouattara que j’ai soutenu, c’était la victime de la discrimination ivoiritaire, le vainqueur légal et légitime de la présidentielle de 2010, le technocrate qui annonçait sa ferme intention de rebâtir économiquement, socialement, culturellement et politiquement la Côte d’Ivoire, après avoir fait ses preuves comme Premier Ministre entre 1989 et 1993 et comme administrateur de banques centrales et internationales pendant sa carrière professionnelle. J’ai volontiers participé à la défense de l’espérance démocratique ivoirienne que constituait l’avènement au pouvoir du Président Ouattara. Je l’ai exhorté – lors des deux entretiens que nous avons eus, en août 2012 et le 23 octobre 2014 à encourager le développement, face à la bibliothèque ivoiritaire qui envahissait la Côte d’Ivoire et l’opinion mondiale, d’une bibliothèque de la résistance et de la démocratie ivoiriennes naissantes. Bien qu’il fût d’ailleurs favorable à cette proposition d’action intellectuelle juste et objective, celle-ci n’a pu prospérer en raison de l’esprit clanique de ses deux collaborateurs désignés pour agir de concert avec moi dans ce but : Masséré Touré et Fabrice Sawegnon. Nos échanges personnels, le Président Ouattara et moi, en sont restés là. On avait alors, encore de solides raisons de lui faire crédit. Et nul ne peut considérer que la confiance qu’on lui alors faite exclue le contrôle après-coup de ses promesses tenues et/ou non tenues.

    Et pour clore ce chapitre des faux procès à courte vue contre ce livre, Alassane Ouattara n’a jamais été le rival politique de Guillaume Soro, mon leader générationnel. D’abord parce que Guillaume Soro n’est pas de sa génération politique. Il n’est ni un héritier, ni un contempteur du Président Houphouët-Boigny, comme le seraient les Présidents Bédié, Ouattara ou Gbagbo. Ensuite, il ne devrait y avoir aucune rivalité personnelle entre le Président Ouattara et Guillaume Soro puisque ce dernier a organisé l’élection, puis la résistance qui ont conduit le Président Ouattara au pouvoir en 2010. Il l’a ensuite soutenu pour sa réélection en 2015. Sans les Forces Nouvelles, Alassane Ouattara aurait fui la Côte d’Ivoire longtemps avant l’élection présidentielle de 2010, on le sait. Et ce n’est pas un hasard s’il s’est réfugié très tôt auprès de Guillaume Soro et ses hommes de combat, dans l’antre de l’Hôtel stratégique du Golf à Abidjan. Enfin, l’idée d’une rivalité Ouattara-Soro n’est pas constitutionnellement pensable. Les articles 55 et 183 de la Constitution ivoirienne de 2016 prescrivent sans ambiguïté le départ définitif d’Alassane Dramane Ouattara du pouvoir d’État en 2020 et l’alternance démocratique au sommet de l’État. Pourquoi Guillaume Soro craindrait-il l’après-Ouattara, alors que ni un Amadou Gon, ni un Hamed Bakayoko, ni un Daniel Kablan Duncan, ne sont plus populaires que lui dans ce pays, selon toutes les études prospectives{21} croisées ?

    L’ARGUMENT DE CE LIVRE : SUITE LOGIQUE D’UNE SÉRIE D’AVERTISSEMENTS IGNORÉS PAR LE RÉGIME OUATTARA…

    En effet, pendant la crise postélectorale 2010-2011, j’avais pris fait et cause pour la victoire démocratique du candidat de l’Alliance du RHDP, Alassane Dramane Ouattara, qui rassemblait au second tour de cette élection tragique, le gros des près de 26 % suffrages du Président Henri Konan Bédié, candidat du PDCI-RDA au 1er tour, et de ses propres 32 % de voix acquis lors du même 1er tour. Cet engagement, qui me valut d’être placé dans plusieurs Une, à la tête des intellectuels{22} qui défendaient Alassane Ouattara, m’a valu l’estime et la considération de mon ami et frère, le leader Guillaume Kigbafori Soro{23}, que je connaissais déjà depuis 1995, lors de nos années estudiantines communes sur le campus d’Abidjan-Cocody. Le 7 juillet 2012 à L’Ambassade de Côte d’Ivoire, par l’entremise d’un jeune responsable militant du RDR à Paris – Cissé Sahindou Bacongo – je fus remis en relation avec le Camarade Che Bogota. Nous ne nous sommes plus quittés depuis lors.

    C’est par l’entremise de Guillaume Soro que je fis en début août 2012 à Abidjan, la connaissance du Président Alassane Ouattara pour la première fois de ma vie. J’avais conduit à sa rencontre un week-end au Palais Présidentiel, une équipe d’intellectuels ivoiriens africains qui firent aussi sa connaissance à cette occasion : les professeurs Augustin Kouadio Dibi, Paul-Aaron Ngomo et Alexis Dieth. Lesquels coopèreraient un temps avec nous lors de différents colloques. Nous passâmes en ce début août 2012, près d’une heure et demie en compagnie du Chef de l’État et du Chef du Parlement Guillaume Soro, qui parrainait notre délégation. Des propositions pour la défense et l’animation d’un débat public de qualité en Côte d’Ivoire furent alors exposées et encouragées. Le Président Ouattara nous écouta avec bienveillance. Nous nous séparâmes en bonne entente. Puis nous nous réorganisâmes ensuite autour du Club International de Conférences de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire (CICAN-CI){24} que je coordonne encore. C’est incontestablement l’une des plus belles œuvres de ma vie citoyenne en Côte d’Ivoire. J’en serai toujours fier. Une centaine d’intellectuels venus de tous pays ont débattu et exposé depuis 2012 à l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire grâce au mécénat exemplaire de Guillaume Soro. Nos idées se sont diversement diffusées dans la société ivoirienne où elles se sont transformées en idées-forces.

    Peut-être convient-il de rappeler que dès les années 95 toutefois, débarquant en Côte d’Ivoire, j’avais consacré mes premiers articles de presse à la défense de l’emblématique exclu d’alors, Alassane Dramane Ouattara, que l’idéologie de l’ivoirité faisant alors rage sous le régime du PDCI-RDA du Président Henri Konan Bédié avait ciblé. Lors donc que je rejoins l’équipe des conseillers du Président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro en 2012, c’est en parfaite continuité et cohérence avec tous mes engagements précédents en Côte d’Ivoire. Devenu formellement citoyen de ce pays en épousant une femme d’origine ivoirienne le 6 mai 1999 à Abobo, je l’ai gardé chevillé au corps et à l’âme depuis lors. Et c’est sans difficulté majeure que j’ai pu contribuer à l’animation de l’espace public ivoirien à travers le Club International de Conférences de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire, que j’ai conçu et créé avec la bienveillance du Président Guillaume Kigbafori Soro. Un homme dont la confiance, en temps de bonheur comme de détresse, ne m’a jamais fait défaut et vice-versa. Mon livre de février 2018, Phénoménal Guillaume Soro, n’est plus à réécrire ici. Mais il constitue une pièce à conviction de taille dans la reconstitution de cette époque. Je le recommande vivement aux esprits patients.

    Durant le 1er mandat du Président Ouattara, j’ai ardemment accompagné par mes publications et interventions diverses, les efforts de l’ensemble des institutions ivoiriennes pour refonder la démocratie, l’économie et l’État de droit en Côte d’Ivoire. Le Président Ouattara bénéficiait d’une large majorité politique et d’une légitimité conséquente, gouvernant avec le PDCI-RDA et les Forces Nouvelles, les principaux alliés de sa victoire inaugurale de 2010. Car, il ne faut pas oublier que la légitimité démocratique du Président Ouattara lui venait de cette large assise. Si l’on s’en tient au 1er tour de la présidentielle 2010 en effet, Laurent Gbagbo se plaça au 1er rang des personnalités politiques avec ses 38 % de suffrages. C’est avec le report de voix du Président Bédié que Ouattara passa devant au 2nd tour. Qu’on ne l’oublie point. La logique de la stabilité du régime Ouattara, dès sa naissance, aurait donc voulu qu’il continue de gouverner en bonne et parfaite entente avec ses alliés originels, fin de faire pièces au camp Gbagbo. Avec le recul du temps, je pense que c’est ainsi que Ouattara a publiquement pensé, jusqu’à l’obtention de sa réélection en octobre 2015. Une fois sa réélection acquise, il s’est mis à détricoter cette alliance, au profit d’un projet de 3e mandat qui, en cette année 2019, est devenu une lapalissade du marigot politique ivoirien.

    Or je n’ai jamais été un courtisan, un flatteur du Président Ouattara. Je me suis toujours obligé d’être face à lui comme devant tout autre homme d’État africain, un homme véritable. Un homme de vérité. J’ai ainsi eu l’occasion de lui présenter mon analyse de la situation le 23 octobre 2014, lors de l’audience{25} qu’il m’a fait l’honneur de m’accorder au Palais présidentiel du Plateau d’Abidjan, pendant près d’une heure. Je saluai d’abord le formidable effort de reconstruction du pays et de stabilisation des institutions qu’il avait mené. Je lui exprimais ensuite trois types de craintes que m’inspirait l’observation de l’évolution sociopolitique ivoirienne. D’abord, je fis valoir au Président Ouattara que la socio-économie ivoirienne demeurait en souffrance, alors que les chiffres macroéconomiques semblaient au-delà de toute espérance. Ce hiatus se traduisait par la persistance de la pauvreté, du sous-emploi, du chômage de masse et des crises sociales à l’université, dans les syndicats paysans, et dans les différents corps de l’État, notamment le gros des fonctionnaires et les armées, police, douanes et eaux-et-forêts. Ensuite, alors que nous étions à deux mois à peine de l’Appel de Daoukro, lancé le 17 septembre 2014 par le Président Bédié en faveur de sa réélection, je faisais observer au Président Ouattara que la clause de rétrocession de la Présidence de la République en 2020 au PDCI-RDA du Président Bédié faisait couler beaucoup d’encre et de salive dans l’opinion. Et qu’il faudrait rassurer les Ivoiriens sur le fait que le jeu politique après son départ de la Présidence de la République en 2020 ne soit surtout pas préempté par quelque combine politico-politicienne. Il fallait plutôt, pensai-je ouvertement, organiser une élection exemplaire et transmettre avec élégance le pouvoir à une nouvelle génération. Enfin, je soulignai au Président de la République de Côte d’Ivoire la tâche de réconciliation avec le camp frontiste qui l’attendait inexorablement, lui souhaitant de prendre le taureau par les cornes en allant parler aux plus désespérés. Alassane Ouattara m’honora d’une écoute calme et me dit de ne m’inquiéter de rien, car il oeuvrait pour un avenir vraiment meilleur dans le pays. Nous nous séparâmes sur ces entrefaites.

    Or, l’Alassane Dramane Ouattara qui était à l’écoute du pays a disparu. Nous avons aujourd’hui un Ouattara sourd, froid et cynique envers tout son environnement politique. Réfractaire à la moindre critique{26}. Une métamorphose belliciste que suit à la lettre le Clan{27} isolé qui dirige désormais le pays avec lui, maintenant qu’il a définitivement rompu les amarres avec Henri Konan Bédié{28} et Guillaume Soro. Comme si soudain, sa part sombre avait définitivement repris le pouvoir sur lui-même. Jupiter veut-il rendre fou, celui qu’il veut perdre en Côte d’Ivoire ?

    Après sa réélection sans risques en octobre 2015, j’ai observé que la pratique politique du régime Ouattara s’est résolument mise à se dégrader. Et les tribunes rassemblées dans cet ouvrage témoignent des alertes et analyses que m’a inspirée la dérive dictatoriale qui conduit aujourd’hui la Côte d’Ivoire à être un pays où la misère du grand nombre prospère toujours ; un pays où la constitution est piétinée ; la séparation des trois pouvoirs de l’État est régulièrement violée ; où les scandales de corruption et les conflits d’intérêt au cœur et au sommet de l’État se multiplient ; un pays où les libertés fondamentales des citoyens sont menacées ; un pays offert à la dévastation et aux catastrophes écologiques ; un pays régulièrement livré aux convulsions sécuritaires ; où les assassinats, enlèvements, violences électorales et escadrons de la mort réapparaissent au grand jour. Une dictature. Les tribunes ici rassemblées l’établissent en détail. Je laisse aux lectrices et lecteurs le soin d’apprécier l’administration de la preuve de ce constat au fil des textes ici rassemblés. Mais j’aimerais illustrer grosso modo ce constat en citant trois sources indépendantes de mon camp politique, la galaxie Soro, que j’assume comme tel en Côte d’Ivoire.

    Voici ce qu’a écrit en date du 17 janvier 2019, l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie, une organisation rassemblant des élus de 87 parlements francophones du monde, après l’arrestation ubuesque du Député Alain Michel Lobognon, pour publication d’un tweet critiquant les dérives arbitraires du Procureur d’Abidjan, Richard Adou :

    « L’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) qui rassemble 87 parlements dans le monde rappelle son attachement non négociable au respect du principe d’immunité parlementaire au sein de l’espace francophone. Elle rappelle également que seul le Bureau d’une assemblée parlementaire est habilité à lever, au cas par cas et dans certaines circonstances exceptionnelles, l’immunité parlementaire qui protège les députés et les sénateurs pendant la durée de leur mandat. L’APF a pris connaissance avec surprise de l’incarcération d’un député de la République de Côte d’Ivoire. Suite à la décision du Bureau de l’Assemblée nationale ivoirienne présidé par M. Guillaume Kigbafori Soro, l’APF demande en conséquence la libération de M. Alain Lobognon, député de la République de Côte d’Ivoire, élu de Fresco, ainsi que le respect de l’immunité parlementaire de l’ensemble des députés ivoiriens parmi lesquels, M. Jacques Ehouo, député la République de Côte d’Ivoire, élu du Plateau. M. Jacques Krabal, député (France), Secrétaire général parlementaire de l’APF, en lien avec M. Christophe-André Frassa, sénateur (France), Président de la Commission politique de l’APF, ajoute qu’il suivra avec la plus grande attention l’évolution de ces situations{29}. »

    Le régime Ouattara a donc clairement violé le principe d’immunité parlementaire protégé par l’article 92 de la constitution ivoirienne en arrêtant et emprisonnant le député Alain Michel Lobognon le mardi 15 janvier 2019. Pour mémoire, voici le motif risible utilisé par Alassane Ouattara pour embastiller un Député ivoirien. Lobognon, actuellement incarcéré à la MACA d’Abidjan, avait écrit ce qui suit :

    « L’@assnatci a requis la suspension de la poursuite du Député Ehouo Jacques, en application des dispositions de l’article 92 alinéa 3 de la Constitution et de l’article 45 alinéa 3 de son Règlement. Malgré cela, le procureur a ordonné l’arrestation de notre collègue. #Alerte{30}. »

    Rien que cela ! N’est-ce pas le summum de l’ubuesque et du ridicule, que d’emprisonner un Député de la Nation, pour un tweet subjectivement jugé comme de travers par un magistrat vautré sous les desiderata du Prince de céans ?

    Et nos tribunes, à la suite de la présente introduction, établissent largement que ce n’est pas la première fois que le Parlement Ivoirien – Sénat{31} et Assemblée nationale{32} inclus – aura essuyé les intrusions brutales d’Alassane Ouattara, au moins depuis 2013. Comme par exemple la violation récente par une ordonnance{33} du gouvernement, de la loi interdisant le cumul des fonctions électives par des membres du gouvernement en décembre 2018. Au mépris total du parallélisme des formes de révision des lois prévu par la constitution !

    Concernant le pouvoir judiciaire, deux grands syndicats{34} ivoiriens de la magistrature, qui ont révélé que le ministre de la justice de Ouattara, Sansan Kambilé les menaçait régulièrement de représailles en cas d’exercice indépendant de leurs prérogatives, viennent de publier un communiqué de protestation soulignant le harcèlement du pouvoir judiciaire par l’exécutif ivoirien. Lisons entièrement ce texte-témoin de l’apocalypse en marche :

    « Les Magistrats de Côte d’Ivoire, réunis au sein des deux syndicats, l’Union Nationale des Magistrats de Côte d’Ivoire (UNAMACI) et l’Association Syndicale de la Magistrature (ASM), constatent une dégradation progressive de leurs conditions morales et psychologiques de travail en raison de violations récurrentes des textes régissant leur corporation, de menaces, d’intimidations et d’immixtions dans l’exercice de leurs fonctions. Ces faits amènent les Magistrats de Côte d’Ivoire à faire la présente déclaration.

    Les Magistrats de Côte d’Ivoire tiennent à rappeler que : – toutes les Constitutions de la Côte d’Ivoire indépendante ont consacré l’État de droit et le principe de la séparation des pouvoirs. Ainsi, celle du 8 novembre 2016 dispose en son article 139 : Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir exécutif et législatif. Le Président de la République est le garant de l’indépendance du Pouvoir Judiciaire. Il est assisté par le Conseil supérieur de la Magistrature ; – le principe de la séparation des pouvoirs, principe fondamental de toute démocratie, fait interdiction à chacun des trois pouvoirs – Exécutif, Législatif, Judiciaire – de s’immiscer dans le domaine de compétence d’un autre ; – l’État de droit suppose l’égalité de tous devant la Loi, et des Juridictions Indépendantes.

    C’est pourquoi, la Constitution Ivoirienne, en son article 140 in fine, dispose : … Le juge n’obéit qu’à l’autorité de la Loi ; – le principe de l’égalité de tous devant la Loi signifie qu’aucun citoyen, quel qu’il soit, ne doit être ou ne doit se sentir au-dessus de la Loi ; – la Justice, clef de voûte de l’édifice social, constitue le dernier rempart contre l’arbitraire et les abus de tous genres dans un État de droit. – l’indépendance du Pouvoir Judiciaire, proclamée par l’article 139 de la Constitution Ivoirienne, est une garantie, autant pour les Magistrats, contre les pressions de toutes sortes dont ils peuvent être l’objet, que pour tous les citoyens soucieux du respect de leurs droits fondamentaux ; – en vertu de la Constitution, le Président de la République a le devoir d’assurer l’exécution des décisions de justice et de protéger le Magistrat contre toute forme d’ingérence, de pressions, d’interventions ou de manœuvres ayant pour effet de nuire à l’accomplissement de sa mission (article 140 alinéa 2).

    En dépit de ces dispositions constitutionnelles, les Magistrats de Côte d’Ivoire notent, avec regret : – des mutations sanctions de certains d’entre eux dont le seul tort est d’avoir exercé leur office en leur âme et conscience et conformément à la Loi ; – la contestation, par un membre du pouvoir législatif, de la portée de la formule exécutoire aux termes de laquelle la justice est rendue au nom du peuple de Côte d’Ivoire ; – des menaces provenant de certains membres du pouvoir exécutif. Ainsi, il y a quelques semaines, un membre du Gouvernement, s’exprimant au nom d’un groupement politique, s’est autorisé à adresser des menaces et injonctions à la Chambre Administrative de la Cour Suprême, ouvrant, de ce fait, la voie à d’autres justiciables, en mal de publicité, pour proférer des injures, menaces et intimidations à l’endroit des Institutions Judiciaires et des Magistrats, ainsi livrés à la vindicte populaire. Aussi, les Magistrats de Côte d’Ivoire :

    1 – condamnent avec la dernière énergie ces violations de la loi fondamentale et ces immixtions intolérables dans l’exercice de leurs fonctions ;

    2 – réaffirment leur attachement au respect de l’État de droit et au principe de la séparation des pouvoirs, fondement de l’indépendance du pouvoir Judiciaire ;

    3 – exhortent tous les Magistrats à resserrer leurs rangs en vue de faire face à toutes les agressions d’où qu’elles viennent ;

    4 – invitent à la retenue tous les auteurs, commanditaires et complices des menaces, intimidations et attaques injustifiées dirigées contre les Institutions Judiciaires et leurs animateurs ;

    5 – en appellent au Président de la République, garant constitutionnel de l’indépendance du Pouvoir Judiciaire, afin qu’il prenne des mesures propres à faire respecter la séparation des pouvoirs et à faire cesser, par voie de conséquence, les graves intrusions de nature à ébranler les fondements de l’État de droit.

    Fait à Abidjan le 16 janvier 2019 »

    Qui peut nier, à la lecture des faits ci-dessus rapportés par les magistrats ivoiriens, que le régime Ouattara se soit lancé dans une vaste opération de concentration des trois pouvoirs républicains de l’État entre les mains d’un seul ? Bien malin serait cet aveugle autoproclamé. Ouattara s’est mis à aspirer tous les pouvoirs vers le centre constitué par sa personne et son Clan, qui gère tous azimuts comme son quasi-jumeau de frère Ibrahim Ouattara, « les affaires présidentielles{35} ». Un Ibrahim Ouattara, dit Photocopie, dont la boulimie de postes politiques s’avère chronique. Et ce monopole de décision se fait de plus en plus lourd sur la vie de la nation ivoirienne. Ces dérives dictatoriales sont d’autant plus évidentes que plusieurs mois plus tôt, un rapport de l’Union Européenne{36} mettait à nu la descente aux enfers du pays. Citons ce rapport :

    « Sur le plan politique, la majorité parait avoir renforcé toutes ses positions, comme dernièrement avec la préemption de la quasi-totalité des sièges du nouveau Sénat. Mais paradoxalement, l’autorité du régime semble se fragiliser y compris dans son propre camp, qu’il s’agisse des accords entre partis politiques (confusion autour du parti unifié et, en arrière-plan, effritement de l’alliance Ouattara-Bédié), de la gestion des ambitions personnelles (avec le rôle toujours aussi important de l’imprévisible président de l’assemblée nationale Guillaume Soro), ou même d’options, autrefois inenvisageables mais progressivement devenues crédibles (troisième mandat de Ouattara, voire candidature de Bédié). Face à ces difficultés, les autorités se montrent hermétiques aux critiques internes ou extrêmes, et semblent désireuses de ne laisser aucun lieu de pouvoir leur échapper, alors même que le cadre électoral soulève de plus en plus de questions{37}. »

    Cette mission d’élus européens en Côte d’Ivoire sera venue confirmer, en 2018, ce que l’on pouvait déjà pressentir en novembre 2016, lorsque la Cour Africaine des Droits de l’Homme{38} condamnait le refus du régime Ouattara de réformer la Commission Électorale Indépendante (CEI), refusant ainsi de se conformer à la loi ivoirienne. On pouvait alors lire :

    « Par son Arrêt du 18 novembre 2016 dans l’Affaire Association pour la Protection des Droits de l’homme c. Côte d’Ivoire sous 001/2014, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) ordonne à la Cote d’Ivoire de modifier sa Loi de 2014 relative à la Commission électorale indépendante (CEI) jugée non conforme à ses engagements internationaux{39}. »

    Tous ces éléments d’appréciations internationaux, réputés objectifs et sans parti pris sur la dérive dictatoriale en Côte d’Ivoire, ne viennent-ils pas dès lors corroborer les critiques de l’opposition traditionnelle et des ex-alliés politiques du régime d’Alassane Ouattara ? Voici ce qu’en pensent aujourd’hui, les deux ailes du Front Populaire Ivoirien. À l’issue de son dernier congrès en août 2018, l’aile Sangaré résumait ainsi ses positions, sous la plume d’un journaliste de sa mouvance :

    « À l’issue de la crise post-électorale, avec la chute de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, le 11 Avril 2011 en Côte d’Ivoire, et vue, l’actualité socio-politique, économique, juridique et sociale, le FPI dénonce la dictature du pouvoir Ouattara a indiqué le parti. Ils ont dévoilé le mépris total du régime Ouattara pour l’amélioration des conditions de vie des ivoiriens, condamne fermement le laxisme de ce régime qui expose chaque année les ivoiriens aux catastrophes naturelles et humanitaires,… ». En outre, le parti a « appelé le peuple ivoirien à se mobiliser au côté du FPI et les démocrates, hommes et femmes de la société civile, engagés dans la lutte pour le respect des droits humains en vue de mettre fin aux grandes privations et aux injustices sociales que lui impose ce régime. Le FPI a par ailleurs, exigé la libération immédiate du président Laurent Gbagbo ainsi que tous les autres prisonniers politiques…{40} »

    Quant à l’ancien premier ministre de Laurent Gbagbo, Pascal Affi Nguessan{41}, à la tête de l’aile dite modérée du FPI, le constat qu’il formule est tout aussi implacable :

    « La dictature de Ouattara est flagrante{42}. »

    Longtemps en réserve dans la critique du régime, le Président Henri Konan Bédié, ancien Chef de l’État, actuellement à la tête du parti de l’indépendance, le PDCI-RDA, n’est plus du tout tendre après toutes les tentatives de désarçonnement dont il a été victime de la part de son ex-allié du RHDP. Le mot-clé de Bédié pour décrire la pratique politique d’Alassane Ouattara en ce deuxième mandat est aussi celui de dictature ou régime autoritaire{43}. Le 8 octobre 2018 à Daoukro, Henri Konan Bédié délivre un message cinglant que résume ici le journaliste de l’Inter d’Abidjan, David Yala :

    « Depuis un moment, le PDCI-RDA, héritage du père fondateur, Félix Houphouët-Boigny, fait l’objet de complots visant à le déstabiliser et à le faire disparaitre », a dénoncé Henri Konan Bédié ce lundi matin à Daoukro. Donnant les raisons de la convocation de ce deuxième Bureau politique organisé en moins d’un mois, le « Sphinx de Daoukro » a rappelé que les décisions du BP du 17 juin 2017, confirmées pour certaines lors du BP du 24 septembre dernier font malheureusement à nouveau l’objet de procédures judiciaires de la part de militants instrumentalisés. « Le régime en place a orchestré un harcèlement judicaire du PDCI-RDA pour pouvoir parvenir à ses fins (…) Le PDCI rassure ses militants et sympathisants qu’il ne tolérera plus jamais l’immixtion d’un quelconque juge dans la vie de son parti », a prévenu Henri Konan Bédié. Selon qui, depuis son refus d’appartenir au

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