Demain, après Kabila: Remettre les cerveaux à l'endroit. Reconquérir notre dignité et nos terres. Réinventer le Congo-Kinshasa
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À propos de ce livre électronique
Les Congolais sont-ils condamnés à être des spectateurs de la guerre par morceaux, de la crise de sens et de la crise anthropologique que connait le Congo-Kinshasa depuis plus de deux décennies? Comment rompre avec cette pensée unique qui nous confine à croire que ce sont les mêmes qui doivent à tout moment faire et défaire "les rois du Congo" ?
A travers une série d'essais, Jean-Pierre Mbelu, propose une démarche pour opérer une rupture avec le processus politique vicieux et vicié en cours, d'une part, et, d'autre part, briser, individuellement et collectivement, les chaînes d'un néocolonialisme qui n'a fait que trop durer au pays de Patrice Lumumba.
Jean-Pierre Mbelu
Originaire du Congo-Kinshasa, philosophe de formation, abbé et analyste politique, il est auteur des livres "A quand le Congo ?" (2016), " #Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences" (2017), "Demain, après Kabila" (2018) et "C'est ca Lumumba" (2020). Jean-Pierre Mbelu est également cofondateur du mouvement civico-écologique congolais LIKAMBO YA MABELE.
En savoir plus sur Jean Pierre Mbelu
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Aperçu du livre
Demain, après Kabila - Jean-Pierre Mbelu
DU MÊME AUTEUR
Le Congo post-Kabila par la diaspora congolaise (livre collectif sous la direction de Freddy Mulongo), Paris, Edilivre, 2010.
La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion (livre collectif, sous la direction de J. Kankwenda Mbaya et F. Mukoka Nsenda), Kinshasa – Montréal- Washington, ICREDES, 2013.
Les congolais rejettent le régime de Kabila (livre collectif sous la direction de Fweley Diangitukwa), Vevey, Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, 2015.
Le Manifeste de la démocratie participative en République Démocratique du Congo, sous la direction de Mbelu Babanya Kabudi, Artisans de paix/ Appeace, 2016.
A quand le Congo ? Réflexions & propositions pour une renaissance panafricaine, Paris, Congo Lobi Lelo, 2016.
#Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences, Paris, Congo Lobi Lelo, 2017.
Le sens de nos actions vient de demain.
C’est en fonction de la manière
dont nous projetons nos sociétés demain,
que l’on décide des actions à faire aujourd’hui.
SOULEYMANE BACHIR DIAGNE, Entretien avec Thinking Africa
Toute épreuve pour un peuple
ou bien sert à purger des fautes
ou bien signifie la promesse d‘un immense bonheur.
AHMADOU KOUROUMA, Quand on refuse on dit non
SOMMAIRE
AVANT-PROPOS
Opérer une rupture…
INTRODUCTION
De quoi «Joseph Kabila» est-il le nom ?
PREMIÈRE PARTIE
Remettre les cerveaux à l’endroit
Revoir certaines de «nos croyances»
Rompre avec «les petits mensonges du genre» : Un mouvement citoyen est a-politique
Effacer le mot alternance de notre vocabulaire
Sortir les masses populaires des ténèbres de la nuit
Rompre avec l’ensauvagement
«Co-rompre» les corrompu(e)s
Séparer les véritables prophètes des prophètes de la cour
DEUXIEME PARTIE
Reconquérir notre dignité et nos terres
Guérir les cœurs et les esprits
Guérir les cœurs et les esprits, part. II
Lutter contre l’autoflagellation
Attacher une grande importance à l’histoire et à la théorisation de l’action
Critiquer les rapports archivés de l’ONU
Libérer la politique de la pensée unique et de la bêtise
Entretenir la mémoire collective vivante
TROISIEME PARTIE
Réinventer le Congo-Kinshasa
Opter pour une politique qui soit l’art de participer à l’édification de sa cité
Poser les questions qui fâchent
Constituer un contre-pouvoir efficace contre la perpétuation de guerres secrètes
Savoir que dire non ne suffit plus
Mettre en valeur la richesse de nos rapports sociaux
Organiser des solidarités résistantes
Réaliser une bonne révolution
CONCLUSION
Le travail des intellectuels organiques et structurants est indispensable
A PROPOS DE L’AUTEUR
LIKAMBO YA MABELE
AVANT-PROPOS
Opérer une rupture…
Kabila n’est pas le système qui est en train de semer la mort au Congo aujourd’hui. Kabila part, et après ? Est-ce qu’il y a de sérieuses pensées élaborées sur l’après Kabila ? Pourquoi devons-nous nous extasier en évitant de poser les bases d’une pensée refondatrice du pays après Kabila ? Cela nous éviterait d’être pris au dépourvu afin que tout ne se passe pas comme après Mobutu.
«Joseph Kabila» n’a pas été mis au « pouvoir-os » par les congolais(es). Comment peuvent-ils l’y chasser ? Les congolais(es) ont cru avoir mis Kabila au pouvoir en 2006. Ils n’ont pas écouté les européens leur avouer qu’ils avaient financé le processus électoral parce que c’étaient leurs élections. Si les congolais avaient mis Kabila au « pouvoir-os », ils sauraient comment le chasser. Mais comme ils ne l’y ont pas mis, il va encore traîner jusqu’au moment où ses parrains vont trouver « un autre oiseau rare ». Et quand ils l’auront trouvé, ils chercheront à entraîner les congolais(es) dans « une fausse démocratie procédurale » afin qu’ils confirment ce choix opéré à leur insu tout en leur faisant croire que ce sont eux qui choisissent depuis 2006.
Ils ont proposé le dialogue avec « un faux président » ayant épuisé son « faux mandat ». Les politicards congolais savent cela. Ce qui fait mal, c’est qu’ils entraînent les populations dans ce théâtre affairiste qu’ils appellent la politique.
Comment opérer une rupture avec ce jeu en essayant de mener des réflexions à tête reposée, en essayant de mener des réflexions froidement pour briser les chaînes de ce néocolonialisme qui n’a fait que trop durer ? Allons-nous continuer à être des spectateurs de ce théâtre ou allons-nous, en nous appuyant sur les masses populaires congolaises, pour protéger nos terres, rompre avec cette lobotomisation, rompre avec cette pensée unique qui nous confine à croire que ce sont les mêmes qui doivent à tout moment faire et défaire « les rois au Congo » ? Alors que le monde est en train de devenir pluripolaire, allons-nous rêver en ayant toujours les yeux braqués sur ceux qui ont prétendu être les seuls vainqueurs de la guerre froide afin qu’ils viennent « nous libérer » ?
INTRODUCTION
De quoi «Joseph Kabila» est-il le nom ?
Alias «Joseph Kabila» mène une «guerre sans merci» contre sa véritable identité dans un contexte où ses identités d’emprunt lui permettent de jouer «un jeu» de «nègre de service» et de gagner énormément d’argent. Tenir le coup au cours de cette «guerre sans merci» livrée contre sa véritable identité lui exige des moments de haine de soi et de haine d’autrui. Et il tue ou orchestre des massacres et des assassinats.
Présenté comme «le fils biologique» de Mzee Kabila, il semble jouer le rôle de «Brutus» dans l’assassinat de ce dernier, en janvier 2001. Il va à la rencontre de Paul Kagame (accusé par ses ex-collaborateurs d’avoir participé de près ou de loin à cet assassinat) sous le parrainage de G.W. Bush. Sur cette question, voici ce que Pierre Péan écrit :
Pourtant, dix jours après la mort de son géniteur, il devient son successeur, et quatre jours plus tard il rencontre à Washington le président Bush et Paul Kagame en marge du National Prayer Breakfast, après avoir été reçu par le président français. L’acceptation par Joseph Kabila d’une rencontre avec Paul Kagame, l’ennemi le plus acharné de son père, fournit un indice important pour lever un pan du mystère Joseph Kabila. D’autant que l’impact de cette rencontre est rehaussé par une décision, en date du 1er février, d’abandonner la plainte que le défunt président avait déposée devant la Cour Internationale de justice à La Haye contre l’agression rwando-ougandaise de la RDC, après le 2 août 1998.¹ (Une plainte n’ayant pas la chance d’aboutir eu égard au rôle de «la justice dite internationale» dans «les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales»).
Pour des compatriotes amnésiques, Pierre Péan écrit encore ceci :
L’affirmation suivante du docteur Helmut Strizek me semble pertinente : Après la mort de Laurent-Désiré Kabila, Kagame obtiendra de ses alliés américains et européens - l’intervention de l’Eufor au Congo est à situer dans ce contexte - que le Congo soit dirigé par «un jeune homme inoffensif», en la personne de Joseph Kabila. Ceci permettrait au Rwanda de faire main basse sur les richesses du Congo et à Kagame d’être sûr que le danger, dans la lutte contre le pouvoir dictatorial, ne viendra pas de la République Démocratique du Congo.²
Cette affirmation du docteur Helmut Strizek est corroborée par une intervention de Jean-Luc Schaffhauser au Parlement Européen³. L’intervention de Jean-Luc Schaffhauser dure moins de deux minutes. Elle dit d’où vient «alias Joseph Kabila», ce «Brutus», ce «jeune homme inoffensif», ce «jeune homme manipulable» pour les intérêts des multinationales. Elle dit que l’ordre d’assassiner Laurent-Désiré Kabila a été demandé à Washington. Et que cela est intervenu quand il a voulu, en «patriote», effectuer sa mue afin de servir son pays (et rompre avec ceux qui avaient été le chercher pour envahir le Congo-Kinshasa). «Ce jeune homme manipulable» veut se faire passer pour «un Raïs 100%». Ce sobriquet est «son nom» de la scène du théâtre qu’il joue au cœur de l’Afrique. Il fait aussi croire à ceux qui veulent l’entendre qu’il est «un officier militaire» (de pacotille) !
En 2007, donnant une interview à Jeune Afrique, il avait affirmé qu’il ne touchera pas à «la Constitution», que celle-ci est «sacrée», que «le pouvoir use et qu’il faut savoir quitter». Cherchant à savoir s’il n’allait pas faire comme «les autres», il avait répondu : «Joseph Kabila n’est pas comme les autres. J’ai donné ma parole d’honneur (…). Je vous donne ma parole d’officier. Que voulez-vous de plus ?»⁴
En 2018, qui peut encore croire que ce «monsieur» sait ce que signifie «avoir le pouvoir», «donner une parole d’honneur» ou «donner sa parole d’officier» ? Il est difficile, voire impossible, d’avoir «une parole d’honneur» ou «le pouvoir» sous des «identités d’emprunt». Celles-ci servent dans un jeu (théâtral) où la marionnettisme est la règle. Alias Joseph Kabila est donc une marionnette jouant plusieurs rôles : «Cheval de Troie de Kagame», «jeune homme inoffensif pour le Rwanda», «jeune manipulable pour les multinationales», «Raïs 100%» pour plusieurs flatteurs et politicards congolais, «Président de la République» pour ses parrains et thuriféraires, «criminel de guerre et criminel contre l’humanité» pour plusieurs de ses victimes congolaises, «criminel économique» dont «les hauts faits» sont décrits par Bloomberg.⁵
De quoi alias Joseph Kabila est-il réellement le nom ? Il est «le nom de la guerre économique» que les multi et les transnationales se livrent entre elles et de «la guerre perpétuelle» que leurs petites mains anglo-saxonnes livrent aux Congolais(es) éveillé(e)s au cœur de l’Afrique.
Au cours