La fabrique d'un Etat raté: Essais sur le politique, la corruption morale et la gestion de la barbarie
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À propos de ce livre électronique
La guerre de basse intensité menée par les élites anglo-saxonnes contre le Kongo-Kinshasa depuis l invasion de l Alliance des Forces Démocratiques de la Libération (AFDL) en 1996 avait pour objectif de produire un Etat raté afin de contrôler ses ressources stratégiques ainsi que les coeurs et les esprits de ses habitants. Apres, 25 ans d'extermination et de clochardisation des populations, d'abrutissement des citoyens, d'affaiblissement des institutions, et de pillage des ressources nationales, cet objectif semble être en passe de se concrétiser. Et tout cela, derrière la façade d'une jeune démocratie. C'est ainsi que la confusion est créée et entretenue. Une confusion que l'abbé Jean-Pierre Mbelu, à travers cette série d'essais, s'attache à déconstruire.
"La fabrique d'un Etat raté" s inscrit dans le travail de réflexion et de décryptage que mène Jean-Pierre Mbelu depuis plus d'une décennie autour de la guerre permanente contre le Kongo-Kinshasa d'une part, et de la crise anthropologique qu'elle a engendrée chez les congolais, d autre part. Ce travail, relayé sur ingeta.com, a pour ambition d'éclairer les réponses et les actions à même de contribuer au redressement, à la renaissance et à la réinvention du Kongo-Kinshasa. Il a une dimension interculturelle très marquée. Pour cause. Jean-Pierre Mbelu est convaincu que le Kongo-Kinshasa n'est pas une île dans un monde où les luttes d'influence entre les architectes et les partisans du mondialisme et ceux du multilatéralisme n'épargnent aucun pays.
Jean-Pierre Mbelu
Originaire du Congo-Kinshasa, philosophe de formation, abbé et analyste politique, il est auteur des livres "A quand le Congo ?" (2016), " #Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences" (2017), "Demain, après Kabila" (2018) et "C'est ca Lumumba" (2020). Jean-Pierre Mbelu est également cofondateur du mouvement civico-écologique congolais LIKAMBO YA MABELE.
En savoir plus sur Jean Pierre Mbelu
Demain, après Kabila: Remettre les cerveaux à l'endroit. Reconquérir notre dignité et nos terres. Réinventer le Congo-Kinshasa Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Ingeta: dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationC'est ça Lumumba: Partager, soutenir et poursuivre pour la dignité, la justice et l'émancipation Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
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Aperçu du livre
La fabrique d'un Etat raté - Jean-Pierre Mbelu
DU MÊME AUTEUR
Jean-Pierre Mbelu, A quand le Congo? (Réflexions & propositions pour une renaissance panafricaine), Paris, Congo Lobi Lelo, 2016.
Jean-Pierre Mbelu, #Ingeta (Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences), Paris, Congo Lobi Lelo, 2017.
Jean-Pierre Mbelu, Demain, après Kabila (Remettre les cerveaux à l’endroit. Reconquérir notre dignité et nos terres. Réinventer le Congo-Kinshasa), Paris, Congo Lobi Lelo, 2018.
Jean-Pierre Mbelu, C’est ça Lumumba (Partager, poursuivre et soutenir le combat pour la dignité, la justice et l’émancipation), Paris, Congo Lobi Lelo, 2020.
NOTE DE L’ÉDITEUR
Cet ouvrage traite des réalités politiques, socio-économiques et géostratégiques de la République Démocratique du Congo sous le prisme de ce que le pays est devenu depuis les années 1990: celui d’un État raté. Qu’est-ce qu’un État raté? Edward S. Herman, Professeur Emérite de l’Université de Pennsylvanie, qui s’est penché sur cette question, définit l’État raté comme «un État qui, après avoir été écrasé militairement ou rendu ingérable au moyen d’une déstabilisation économique et du chaos qui en résulte, a presque définitivement perdu la capacité (ou de droit) de se reconstruire et de répondre aux attentes légitimes de ses citoyens.»
La guerre de basse intensité menée par les élites anglo-saxonnes contre le Kongo-Kinshasa depuis l’invasion de l’Alliance des Forces Démocratiques de la Libération (AFDL) en 1996 avait pour objectif de produire un Etat raté afin de contrôler ses ressources stratégiques ainsi que les cœurs et les esprits de ses habitants. Après, 25 ans d’extermination et de clochardisation des populations, d’abrutissement des citoyens, d’affaiblissement des institutions, et de pillage des ressources nationales, cet objectif semble être en passe de se concrétiser. Et tout cela, derrière la « façade d’une jeune démocratie ». C’est ainsi que la confusion est créée et entretenue. Une confusion que l’abbé Jean-Pierre Mbelu, à travers cette série d’essais, s’attache à déconstruire.
La fabrique d’un État raté s’inscrit dans le travail de réflexion et de décryptage que mène Jean-Pierre Mbelu depuis plus d’une décennie autour de la guerre permanente contre le Kongo-Kinshasa d’une part, et de la crise anthropologique qu’elle a engendrée chez les congolais, d’autre part. Ce travail, relayé sur ingeta.com, a pour ambition d’éclairer les réponses et les actions à même de contribuer au redressement, à la renaissance et à la réinvention du Kongo-Kinshasa. Il a une dimension interculturelle très marquée. Pour cause. Jean-Pierre Mbelu est convaincu que le Kongo-Kinshasa n’est pas une île dans un monde où les luttes d’influence entre les architectes et les partisans du mondialisme et ceux du multilatéralisme n’épargnent aucun pays.
Un anti-intellectualisme d’auto-défense consacrerait une nouvelle
perte de l’Afrique s’il pouvait se généraliser. Nous ne pouvons pas
nous payer le luxe de rejeter ce qui nous a manqué le plus pendant
ces trois derniers siècles.
CHEIKH ANTA DIOP,
Les fondements économiques et culturels
d’un Etat fédéral d’Afrique noire
La dimension idéologique n’est pas une question secondaire.
Elle se situe, dans la défaite ou dans la victoire, au même niveau et
de manière complémentaire, avec les luttes sociales.
SAÏD BOUAMAMA,
Conférence «Capitalisme et écologie»
Gardons-nous de jamais l’oublier:
c’est notre sort à tous qui se joue au Congo.
FRANTZ FANON,
Pour la Révolution Africaine
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
« La trahison des élites »
PREMIERE PARTIE:
ESSAIS SUR LE POLITIQUE, LA POLITIQUE ET LE CONFLIT
1. Le politique, la politique et le conflit
2. Questionner la Constitution congolaise, ses intouchables et nos responsabilités citoyennes
3. Les masses populaires et la débrouillardise politique
4. Le processus d’incapacitation de l’Etat
4. La « selfisation » et la « kinoisisation » du débat congolais
5. Mondialisme, nomadisme et « société ouverte »
DEUXIEME PARTIE:
ESSAIS SUR LA CORRUPTION MORALE ET ÉTHIQUE
7. La corruption morale et éthique des acteurs sociopolitiques
8. La fabrique des pions et leur manipulation
9. La fracture actuelle n’est pas principalement tribaliste
10. Quand le fait économique (mafieux) prend le fait politique en otage
11. Le procès des 100 jours et le fonctionnement du réseau transnational de prédation
TROISIEME PARTIE:
ESSAIS SUR LA GESTION DE LA GUERRE ET DE LA BARBARIE
12. Décentralisation et balkanisation, une même guerre
13. L’instrumentalisation des minorités dans une guerre de basse intensité pour l’émancipation politique
14. La gestion de la barbarie
15. Les accords entre Kinshasa et Kigali et «le talk and fight»
16. Une guerre perpétuelle et la justice contre les transnationales
QUATRIEME PARTIE:
ESSAIS SUR LES MOBILISATIONS POPULAIRES
17. Les terrains ignorés et/ou oubliés
18. Débats et culture commune partagée
19. Identité, altérité & Bomoto
20. Quatre thèmes rassembleurs pour des mobilisations populaires
21. L’échec de la particratie, l’idéologie & le changement de paradigme en politique
CONCLUSION
Le Congo-Kinshasa et l’illusion de l’insularité
INTRODUCTION
« La trahison des élites »
Rendre les populations apathiques, les opposer entre elles, les formater de façon qu’elles luttent elles-mêmes contre leurs propres intérêts, enchaîner leurs esprits et leurs cœurs et « coloniser » leurs cerveaux, etc. sont autant d’objectifs que, depuis la nuit des temps, «les intellectuels de la cour des rois», « les experts de la pensée dominante » et « les autres faux prophètes » essaient d’atteindre. L’entretien de la peur, de l’indifférence et/ou le rejet du livre sert souvent ces objectifs. L’attrait de « la cour des sous-fifres kongolais » n’est pas une spécificité kongolaise. « La trahison des élites » ou « La pensée enchaînée » ne sont pas des mots et des expressions inventés par les Kongolais ¹.
La pensée enchaînée
La pensée enchaînée. Comment les droites laïque et religieuse se sont emparées de l’Amérique (2007) est le titre d’un livre d’une américaine « naturalisée » française, Susan George. Elle retrace l’histoire de « la colonisation des cerveaux » dans son pays d’origine en en citant quelques acteurs majeurs et en mentionnant les colossales sommes d’argent mises au service de l’école, de l’université et des Think-Tanks pour cela. Europe, la trahison des élites (2004) est un livre publié par Raoul Marc Jennar, diplômé des universités belge et française. Il y égratigne, entre autres, « les élites de gauche » ayant abandonné l’idéal de la société solidaire en se convertissant au « fondamentalisme du marché ». Eduquer la jeunesse, afin de la rendre capable d’accoucher d’hommes et de femmes capables de donner du sens à leur vie, de se donner des raisons de vivre et de mourir, a toujours fait peur aux « maîtres du monde » et à « leur cour ». Il y va de la conservation de leur pouvoir. Socrate, maître de la maïeutique, « accoucheur des âmes », fut accusé de corrompre la jeunesse.
Donc, depuis la nuit des temps, dans plusieurs sociétés humaines, l’opposition entre « les intellectuels » défenseurs de la cause des petits, des faibles, des marginalisés, de la vie, de la justice, du droit, de la vérité, etc. et ceux de «la cour des grands» est un fait réel. Souvent, en marge de ceux qui abandonnent la lutte ou « se convertissent », les premiers paient le prix de leur refus de « la pensée conformiste ». Ils sont même accusés d’être des « hérétiques de la bien-pensance ». Leur esprit critique dérange. Les nobles idéaux qu’ils défendent au nom de la vie et de l’amour à préserver et à transmettre dérangent les pouvoirs bâtis et établis sur la cupidité, la volonté de domination et le mépris des gens. Penser le Kongo-Kinshasa en marge de ce contexte historique général, c’est vouloir en faire une île coupée du monde. Des compatriotes refusant de lire et/ou rejetant le livre en disant que « les intellectuels kongolais » ont travaillé avec un dictateur et sont à la cour des sous-fifres et autres marionnettes au pays convaincraient s’ils lisaient les intellectuels non-congolais. Il n’est pas, par exemple, possible de parler de la crise de légitimité au Kongo-Kinshasa sans avoir lu des « livrestémoins » écrits à partir des sources historiques respectables et solidement référencées. La peur du livre et/ou son rejet peut se servir de « la trahison des élites » comme alibi pour justifier « la colonisation des cerveaux » et « l’enchaînement de la pensée » par une pensée fondamentaliste et/ou nihiliste dominante. Il se pourrait aussi que « les grands esprits » ayant pris le temps de lire aient atteint l’âge de « fermer le livre ». C’est possible.
Il me semble difficile de comprendre, par exemple, la crise de légitimité dont souffre le pays depuis l’assassinat de Lumumba en se passant du livre.
La crise de légitimité
On peut ne pas lire « les intellectuels congolais » sur cette question. Cela n’empêche que les compatriotes désireux d’en savoir un peu plus, d’en connaître les racines historiques, lisent, avec un grand esprit de lucidité et de discernement, Ludo De Witte ou Jules Chomé. L’un a écrit L’ascension de Mobutu. Comment la Belgique et les USA ont installé une dictature (2017) et l’autre a écrit L’ascension de Mobutu. Du sergent Joseph Désiré au général Sese Seko (1974). S’ils ajoutent à ces deux livres l’article de Frantz Fanon intitulé « La mort de Lumumba: pouvions-nous faire autrement? », ils peuvent identifier les acteurs pléniers de l’histoire du Kongo-Kinshasa, leur mode opératoire, leurs stratégies ainsi que leur capacité d’instrumentaliser « les organisations dites internationales ».
Coupée de ses racines historiques (plus ou moins proches), la crise de légitimité dont souffre le pays de Lumumba devient incompréhensible. Cette incompréhension pourrait trahir une certaine paresse intellectuelle, un refus de savoir, une volonté d’ignorer une partie importante de notre mémoire collective. Elle pourrait dire notre refus d’apprendre de notre histoire. Et ce refus d’apprendre de notre histoire nous rattrape de l’une ou de l’autre façon. Nous en vivons les conséquences nocives au quotidien. L’une d’elle est la fermeture aux orientations stratégiques et géopolitiques averties. Si nous ne savons pas qui a installé « la dictature » au pays de Lumumba, nous ne saisirons pas le lien entre l’assassinat de Lumumba et « la guerre dite de libération de l’AFDL ». Pourquoi?
Faute d’avoir identifié correctement les acteurs majeurs de la tragédie de 1961, nous ne les verrons pas à l’œuvre au cours des « guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » vers les années 1990. A ce point nommé, nous pouvons ne pas lire les livres écrits par « les intellectuels congolais » et lire ceux des non-congolais. Voici quelques exemples. Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (2010) de Pierre Péan, Les nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique centrale (2003) de Colette Braeckman, Géopolitique du Congo (2006) de Marie-France Cros et François Misser, Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique (2008) d’Alain Deneault, Delphine Abadie et William Sacher, Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise (2009) de Charles Onana ou Chasseurs de matières premières (2013) de Ralph Custers facilitent l’établissement du lien entre les acteurs majeurs de la tragédie kongolaise de 1961 et ceux de la guerre raciste de basse intensité et de prédation des années 1990. Et puis, il n’y a pas que des livres. Il y a aussi des émissions sur YouTube et des revues.
La colonisation des cœurs et les esprits au cœur de l’Afrique
L’exercice auquel je viens de me livrer tourne principalement autour d’une question: « La crise de la légitimité au Kongo-Kinshasa ». Se documenter sur une question permet de mieux l’étudier, de mieux la connaître afin de proposer des pistes de réflexion pour des issues heureuses possibles au pays. Avoir accès à la documentation, à une bonne documentation, est ici indispensable. Donc, lire sur une question quelconque exige un minimum d’initiation à la recherche scientifique, un grand esprit de lucidité et de discernement, un certain niveau de culture, etc.