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L'avènement du Jihad en RD Congo: Un terrorisme islamiste ADF mal connu
L'avènement du Jihad en RD Congo: Un terrorisme islamiste ADF mal connu
L'avènement du Jihad en RD Congo: Un terrorisme islamiste ADF mal connu
Livre électronique243 pages3 heures

L'avènement du Jihad en RD Congo: Un terrorisme islamiste ADF mal connu

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À propos de ce livre électronique

Un livre essentiel pour éveiller les consciences sur un groupe terroriste peu connu : les islamistes ADF.

Beni ville et territoire dans le Ruwenzori au nord de la RD Congo vit dans la terreur et l’horreur depuis 2014 : des populations civiles kidnappées, ligotées avant d’être massacrées à la hache et à la machette.
Le terrorisme des islamistes ADF, tel que vécu et décrit ici, permet d’élaborer des critères plus réalistes et plus objectifs afin d’appréhender, à de différents niveaux de responsabilités, ce qui mérite le blâme ou l’éloge au sein des services de défense et sécurité de la RD Congo et de la Monusco (Nations-unies).
Le grand mérite de ce livre, le premier écrit par un journaliste congolais qui a fait ses preuves dans l’investigation, est de toucher et revisiter l’art de la guerre dans les transformations qu’elle impose aujourd’hui, face aux enjeux géopolitiques et géostratégiques.

Découvrez une analyse inédite de ce mal du XXI siècle, le terrorisme islamique...

EXTRAIT

Depuis 2010, les massacres de Beni s’accomplissent dans l’indifférence totale de ceux qu’ils n’affectent pas directement : une grande partie de la communauté nationale et les Occidentaux. Les morts en masse sont devenues banales comme le furent jadis les massacres anonymes. Des victimes qui incarnent la vie quotidienne, les cultivateurs dans la majorité des cas, avec ce trait essentiel de mourir des mains du meurtrier. Massacre de l’innocence. Catastrophe du silence.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Par sa profondeur, ce livre est un outil et une contribution indispensable pour les états-majors des armées singulièrement de l’armée congolaise, les Fardc. - Musabiyamana.net

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né le 5 janvier 1959 à Vanga dans la province du Kwilu (RDC), Nicaise Kibel’bel Oka est l’un de rares journalistes d’investigation en RD Congo. Directeur du bimensuel francophone Les Coulisses, il dirige aussi le Centre d’Etudes et Recherches géopolitiques de l’est du Congo (C.E.R.G.E.C.) qui s’est spécialisé dans des recherches géopolitiques et géostratégiques de la région des Grands Lacs africains. Il est lauréat des prix Toges noires (RDC en 1994), prix Abraham pour la Conservation de la nature (USA 2006), prix africain 2009 pour la Liberté de la Presse décerné par CNN et a été proclamé parmi les 100 Héros de l’information au monde en 2014 par Reporters sans frontières (RSF).
LangueFrançais
ÉditeurScribe
Date de sortie10 nov. 2017
ISBN9782930765266
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    Aperçu du livre

    L'avènement du Jihad en RD Congo - Nicaise Oka Kibel'bel

    p.19.

    Chapitre 1 : Les massacres de Beni

    1.1. Analyse des mobiles et motivations des massacres

    1.1.1. Les premières tueries de Beni

    La ville de Beni, située dans le nord du Nord-Kivu, a acquis officiellement le statut de ville en 2003. Bien avant, la rébellion du RCD/K-ML en avait déjà fait une ville. Ce qui en a modifié les limites et a créé des conflits de terres avec les chefs terriens. Par manque de terres, ces chefs se sont rabattus sur une portion du Parc national des Virunga appelée « Mayangose. »

    Les chefs terriens, bénéficiant du soutient de l’Armée du Peuple Congolais, en sigle APC, branche armée du RCD/K-ML, se la sont disputée avec le PNVi. Par deux fois, ces populations sont descendues dans la ville de Beni munies des armes blanches pour abattre le conservateur Norbert Mushenzi.

    Les limites de la ville de Beni appartiennent à une communauté ethnique appelée

    « Bapakombe ». Les Bapakombe habitent les deux côtés de la Nationale 4 allant de Beni à la limite de Mbau. Ils se partagent donc les deux rives. La rive gauche en allant vers Mavivi communément appelée « Masiani » où se trouve l’Université Chrétienne Bilingue du Congo (UCBC) revient de droit à la famille du chef Grégoire Kitobi.

    L’autre rive appelée « Mayangose » revient à ses cousins les Posombili.

    Mayangose est constitué de trois agglomérations, à savoir Kasinga, Tubamene et Kadoghu.

    Le vieux chef Posombili, sentant sa mort venir et n’ayant pas trouvé un successeur valable pour sa lignée, confie la gestion de son domaine terrien à son cousin, chef Grégoire Kitobi, le temps que ses propres enfants grandissent pour en assument la descendance et la gestion.

    De son vivant et durant tout son règne, le chef Grégoire Kitobi a agi avec tact de sorte à préserver l’harmonie de deux familles. Ainsi décidera-t-il de mettre en valeur le domaine de Mayangose. Il fit appel à des cultivateurs venus de Lubero, essentiellement des Nande.

    Ces cultivateurs feront venir leurs familles et vivront éparpillées dans les champs. Outre l’agriculture de subsistance, ils vont s’adonner aussi au petit élevage pour leur survie. Ils paient une redevance selon la superficie du champ allant de 20 à 40 dollars $ par mois au chef Grégoire Kitobi qui, à son tour, en distribue aux ayant-droit. Ces Nande constituent une main-d’œuvre bon marché pour la famille tout en devenant une épine au pied pour l’ICCN⁵.

    Dans cette euphorie et par soif d’argent, le chef Grégoire Kitobi, sur conseil du RCD/K-ML et ayant oublié qu’il n’était que gestionnaire momentané de la partie Mayangose, vend ou cède la presque totalité de ses terres aux nouveaux riches du RCD/K-ML qui vont lotir et construire des habitations. Il vend aussi une partie à l’Université Chrétienne Bilingue du Congo, UCBC. Sur promesse lui faite durant le règne du RCD/K-ML de lui octroyer Mayangose l’arrachant à l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN).

    Quand le pays est enfin unifié, le chef Kitobi se retrouve dépossédé de ses terres et doit compter désormais sur Mayangose. La campagne électorale de 2005 se fait sur fond de promesses, une fois élu, il chassera l'ICCN du parc et restituera Mayangose à la famille Kitobi. Naturellement à sa mort en 2010, le problème de succession et de gestion de terres rebondit.

    Il faut régler le conflit avec les cousins de Bel’air (Mayangose), la famille Posombili, le vrai propriétaire. Ces derniers réclament la gestion autonome de la redevance ancestrale. Car, Grégoire Kitobi chapeautait toutes les trois agglomérations de Mayangose. Mais surtout sa famille ayant vendu la partie Masiani, n'avait plus de ressources financières, ni de terres à faire valoir.

    En janvier 2014, les Posombili se rendent compte que leur cousin et fils du chef Kitobi Grégoire, Mbonguma Kitobi qui a succédé à son défunt père veut s’accaparer de toutes les terres et s’attribuer toute la gestion de la redevance. Ils demandent à leurs « esclaves » et à tous les locataires de terre de ne plus payer la redevance chez Mbonguma Kitobi.

    Ils exigent aussi de tous ceux qui louent leurs terres pour la culture de ne plus se soumettre à Mbonguma Kitobi. La décision de Posombili entre en vigueur au mois d’août 2014. Une décision sans appel. Au cours d’une palabre réunissant cultivateurs et vassaux, Mbonguma, très en colère, va frapper violemment Posombili Bambiti en public et lui promet la mort.

    Prenant au sérieux la menace et connaissant la hargne de son cousin Mbonguma (qui avait participé à l’attaque du CBR Nyaleke avec Selly Bana), Posombili Bambiti va vivre en clandestinité dès ce jour entre Mabolyo et Ngadi. Recherché, il se réfugiera à Ngadi. Découvert ce jour du 15 octobre, il fuira vers 15 heures et rejoindra son fief de Kadoghu où Il sera assassiné avec 22 autres personnes le même jour aux environs de 23 heures après les tueries de Ngadi. Il sied de souligner que la famille Kitobi a noué des relations avec les ADF avant l’entrée de l’AFDL en 1996.

    Tous les Bapakombe, se disant marginalisés et dépossédés par le RCD/K-ML, réclament unanimement la création d’un groupement/chefferie autonome du nom de Bapakombe Bakondo et refusent d’obéir au chef de groupement Batangi-Mbau. Ils considèrent les Kapupa comme des « envahisseurs » des terres ancestrales, car venus de Batangi de Lubero lors de la grande famine.

    Ceci va expliquer la première série de massacres autour de Beni. Dans le conflit de gestion de terres et de la redevance qui les oppose, les frères Bapakombe vont se régler les comptes entre eux. La famille Kitobi disposant d’une milice va alors punir d’abord tous ces cultivateurs Nande qui l’ont désavouée et qui ont obéi à Posombili Bambiti avant finalement de massacrer aveuglement. La famille Mbonguma bénéficie de la complicité de leur oncle Saliboko Kambale Lambert, qui dirige la milice familiale, parrainé par le RCD/K-ML et qui avait attaqué le camp des Fardc, Ozacaf et la résidence familiale du maire Nyonyi Bwanakawa. Shaolin Saliboko a travaillé avec le chef de guerre Hilaire Paluku Kombi. Il avait été maintes fois arrêté et libéré suite à des interventions des notables du milieu. C’est lui qui tue sauvagement dans la périphérie de Beni : Kadoghu, Masulukwede, Vemba, Ngadi …

    Bref, ses actions sont menées autour du Parc et des limites entre le parc et la chefferie, le long de la rivière Nzuma. C’est sur son instruction que le capita Karos qu’il avait lui-même nommé avait été lâchement assassiné par Pharaon.

    Mbonguma recrute les jeunes de Masiani, Kianzaba… officiellement pour faire le charbon de bois (makala ou la braise) mais il les entraîne au maniement des armes. Après chaque tuerie, Shaolin Saliboko Lambert fait diversion et regagne la ville de Beni laissant les Fardc poursuivre l’ennemi virtuel dans la brousse.

    Shaolin Saliboko Kambale Lambert habite Ngite et cultive à Masulukwede. Il recrute des jeunes gens jusqu’à Lume. C’est celui qui avait accueilli pendant quelques jours dans son champ les trois prêtres Assomptionnistes de la paroisse de Mbau. Il disposerait d’un dépôt d’armes dans le parc. Ces armes jadis gardées à Mutsora auraient été acheminées à Mayangose sur instruction du patron du RDC/K-ML entre 2001 et 2002. Son neveu Mbonguma Kitobi et ses complices dont Pharaon et Jean Marie (chef du village Kasenga Sobiele) ont été arrêtés et acheminés à Kinshasa avec 37 autres personnes. Ils attendent d’être jugés.

    A propos du massacre de Vemba lors duquel a péri le capita Karos, voici un témoignage :

    « En 2010, on a découvert des tenues militaires et des sacs de haricot et de farine, des bâches et des armes à feu au domicile de Pharaon à Ngite. Ce dernier est cultivateur à Mavivi. Lorsqu’il a été arrêté, il venait de tenir une réunion à Vemba à l’est de Mavivi. Les militaires ont récupéré tous les effets et l’ont relâché. En novembre 2014, il tient un meeting public à Vemba chez le capita Karos, chef de bloc Vemba demandant à ce dernier de sensibiliser la population afin de ne pas se rendre au marché le 19 novembre car des hôtes de marque viendraient dans l’entité pour discuter des projets de développement. Ce qui fut fait. Le lendemain, les gens ont été massacrés par des hommes en armes portant la tenue militaire APC. Karos était parmi les victimes. »

    Mbonguma Kitobi avait adhéré officiellement au Parti du Peuple pour la Reconstruction et Démocratie (PPRD) mais continuait comme beaucoup d’autres anciens de la rébellion à répondre du RCD/K-ML. Il avait même fait le déplacement de Kinshasa en 2012 sous le label de la Fondation Olive Lembe Kabila avec objectif d’intégrer sa milice dans les Fardc. Il ne fut pas reçu par le Chef de l’Etat et en revint déçu.

    Comme on peut le constater, les tueries à la périphérie de Beni autour des mois d’octobre-décembre 2014 n’étaient pas uniquement l’œuvre des ADF. C’est abusivement qu’elles ont été attribuées aux seuls islamistes ADF. Il s’est agi, au départ, d’un conflit familial qui a ciblé, outre le cousin Posombili Bambiti, tous les cultivateurs et tous ceux qui avaient pris parti contre Mbonguma Kitobi. La bande à Saliboko disposant de sa milice armée s’occupait de régler des comptes à tous ceux qui étaient considérés comme leurs ennemis. Malheureusement, les cibles étaient majoritairement des Nande venus de Lubero à la recherche de la survie.

    1.1.2. Deuxième lecture de tueries

    L’assassinat du préfet de l’institut Möera de Mbau suivi du kidnapping trente-cinq jours après de trois prêtres de la congrégation des Augustins de l’Assomption le 19 octobre 2012 dans leur paroisse de Mbau aura été le sésame qui a mis au grand jour le malaise des Bambuba sur la présence envahissante des Banande sur leur sol. Les Bambuba ont exprimé publiquement leur détermination à voir les Banande quitter leur milieu⁶.

    Ils ont réclamé à l’église catholique de grands espaces de terres acquis durant la colonisation sous prétexte que les missionnaires avaient abusé de l’ignorance de leurs aïeux. Ils ne supportent plus que tous les postes de commandement reviennent aux Nande alors qu’ils sont chez eux.

    Il y a lieu de rappeler que depuis l’arrivée des rebelles ougandais des Bakonzo communément appelés « Lwanzururu Kingdom » qui deviendra par la suite « NALU », National Army for the Liberation of Uganda, cousins des Nande, les deux ethnies se sont coalisées dans l’espoir de créer un Etat mono ethnique sous l’appellation de « république Yira » lors de l’éventuelle balkanisation du pays qu’ils souhaitent de tous leurs voeux.

    Les Nande leur ont offert le Ruwenzori (tout le territoire de Beni). Les NALU ont recruté des jeunes gens de Lume, Mutwanga, Bulongo et Beni et ils les ont formés au maniement d’armes sous le régime de Mobutu. L’influence des Bakonzo (groupe armé) a été vécue par les autres ethnies comme une soumission et une domination. L’arrivée de la rébellion du RCD/K-ML va accentuer ce mépris à l’égard des Bambuba, Bapakombe et Batalinga. La distribution sélective des postes durant la Transition (1+4) va accroître le sentiment de méfiance et de frustration, les autres ethnies se sentant les dindons de la farce des

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