« LES INTELLECTUELS NOIRS NE SONT PAS ÉCOUTÉS PAR L’AMÉRICAIN MOYEN »
Quelle est la genèse de Rumeurs d’Amérique ?
• Alain Mabanckou : Éric Fottorino et François Busnel venaient de créer le magazine America, et ils m’ont proposé d’écrire sur la ville de Los Angeles. J’ai écrit un petit texte et, quand il est sorti, j’ai continué à écrire et écrire, jusqu’à obtenir ces Rumeurs d’Amérique. Ainsi ce livre n’est pas né des tensions sociales en Amérique, mais parce qu’on m’avait demandé de regarder une partie de ce pays, et ça m’avait touché. Peut-être qu’il n’existerait pas si je n’avais pas eu cette proposition.
Quelle place tient l’Amérique – sa littérature, son histoire, sa politique – dans votre construction intellectuelle et personnelle ?
L’Amérique a façonné mon imaginaire. Mon enfance s’est passée dans les années 1970, qui ont vu émerger! Mon époque, c’était celle de la musique de Grace Jones et sa coupe au carré, de Carl Lewis, l’homme le plus rapide du monde. J’ai aussi été marqué par les premiers films de karaté interprétés par des acteurs noirs, comme avec Jim Kelly, Jim Brown et Fred Williamson. Ou par le combat du siècle entre Mohammed Ali et George Foreman à Kinshasa en 1974. En tant qu’Africain, j’avais cette image-là. Puis j’ai commencé à lire les romans américains qu’on donne aux enfants, comme ou Par la suite, je me suis intéressé à la question raciale. Mais je ne connaissais rien de ce pays avant d’y aller.
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