Secret d’État: Le Livre Noir des Belges zaïrianisés
Par Vincent Delannoy et Olivier Willocx
4/5
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À propos de ce livre électronique
•Une saisie de onze tableaux au musée d’art Ancien de Bruxelles pour une valeur de 500 millions FB.
•Deux ministres des Affaires étrangères qui concluent un accord secret.
•Des avoirs de la Sabena qui sont récupérés à Kinshasa sans laisser de trace.
•Une valise pleine de billets pour récompenser un Premier ministre.
•L’entrée de la Belgique dans la zone euro perturbée.
•Un arrêt de la Cour de cassation dont le gouvernement ne tient pas compte.
•Des procès qui s’éternisent…
•Le point commun de tous ces événements : Un secret d’État jalousement gardé.
•Documents et preuves à l’appui…
Belgique - République Démocratique du Congo. Mars 2007. Les deux États reprennent leur coopération structurelle, interrompue depuis juillet 1990 par Mobutu. L’histoire se répète-t-elle ? Voici environ trente ans, les deux pays renouaient leurs liens de coopération, suspendus par le président zaïrois à la faveur d’une crise diplomatique. L’un des épisodes de cette période troublée commence le 30 novembre 1973. Ce vendredi-là, le général annonce un vaste programme de nationalisation d’entreprises appartenant à des ressortissants étrangers. Les victimes de la « zaïrianisation » sont-elles indemnisées de manière équitable ? Non. Elles réclament réparation. Aujourd’hui encore, trente-quatre ans après les faits, le dossier suit son cours. Quelque 150 affaires restent en souffrance devant les tribunaux belges. Que s’est-il passé ? Comment expliquer une telle situation, à la limite du concevable ? Les auteurs ont mené l’enquête. Au point de faire des découvertes… hallucinantes !
CE LIVRE N’EST PAS UNE FICTION !
À PROPOS DES AUTEURS
Vincent Delannoy (né à Kinshasa en 1972), licencié en Histoire (Katholieke Universiteit Leuven) et en Philologie romane (Université Catholique de Louvain), travaille pour la presse économique et d’entreprise. Dès son plus jeune âge, il s’est passionné, pour son pays natal. Depuis 2006, il se consacre au journalisme d’investigation.
Olivier Willocx (né à Ixelles en 1966), licencié en Sciences économiques (Université Libre de Bruxelles), titulaire d’une maîtrise en Droit européen (Universiteit van Amsterdam), est administrateur-délégué de la Chambre de Commerce de Bruxelles et de l’Union des Entreprises de Bruxelles. À la suite de nombreux voyages en Afrique, il suit de près le dossier des Belges zaïrianisés.
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Aperçu du livre
Secret d’État - Vincent Delannoy
SECRET D’ÉTAT
Vincent Delannoy
Olivier Willocx
Secret d’État
Le Livre Noir des Belges zaïrianisés
Document
Préface de
Frédéric François
LeCriLogoCatalogue sur simple demande.
lecri@skynet.be
www.lecri.be
(La version originale papier de cet ouvrage a été publiée avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles)
La version numérique a été réalisée en partenariat avec le CNL
(Centre National du Livre - FR)
CNL-LogoISBN 978-2-8710-6719-1
© Le Cri édition,
Av Leopold Wiener, 18
B-1170 Bruxelles
En couverture : © Mobutu (Belga/Afp), Graphisme Le Cri (2007).
Tous droits de reproduction, par quelque procédé que ce soit, d’adaptation ou de traduction, réservés pour tous pays.
PRÉFACE
Belgique, Zaïre et Congo : l’ambiguïté
« Secret d’État », le titre est peut-être un peu forcé mais il est néanmoins significatif de l’ambiguïté quasi permanente de la politique belge à l’égard de son ancienne colonie.
En 1960 déjà le gouvernement belge soutenait officiellement le gouvernement central congolais de Patrice Lumumba tout en accordant son aide, en sous-main, à la sécession katangaise de Moïse Tshombe.
Mais on retiendra surtout, et le présent ouvrage le souligne à plusieurs reprises, que, très souvent, les relations belgo-congolaises ont été basées plus sur des rapports personnels que sur une stratégie gouvernementale concertée. Avec toute la fragilité que de telles relations supposent. Il est vrai que Mobutu était un grand charmeur… De nombreux leaders socialistes ont succombé à son charme : Leburton, Cools, Harmegnies, pour ne citer que ceux-là. Les chrétiens n’ont pas mieux résisté : Wilfried Martens en est le plus bel exemple, lui qui s’exclamait, au cours d’une de ses visites au Zaire : « J’aime ce pays, son peuple et… ses dirigeants ». Trop is te veel et le Premier ministre d’alors devait nuancer ses propos dès son retour en Belgique car, à l’époque, plus personne ne pouvait ignorer – pas même un Premier ministre – que Mobutu était un dictateur s’enrichissant au détriment de son peuple. Quant au président socialiste Leburton, n’avait-il pas invité au congrès de son parti une délégation du MPR, le parti unique mis en place par Mobutu, lorsqu’il a supprimé la démocratie ? Cela alors même que le parti socialiste venait d’accorder son parrainage officiel au parti d’opposition à Mobutu, l’UDPS de M. Tshisekedi !
Et que dire aussi des relations plus qu’amicales que la famille Mobutu a entretenues pendant des années avec nos Souverains, et des retombées éventuelles de ces relations sur notre politique bilatérale ?
Tout récemment, on a encore mesuré le poids des relations personnelles dans la politique bilatérale : comment expliquer sinon la légèreté avec laquelle notre ministre de la Défense est allé promettre au président Kabila de le faire docteur « honoris causa » de l’École royale militaire ? Pour être ensuite forcé de faire marche arrière, ce qui ne peut être que dommageable pour nos relations avec ce Zaïre redevenu Congo.
La politique de la Belgique vis-à-vis du Congo a aussi été influencée, par moments en tous cas, par nos problèmes belgo-belges. C’est ainsi qu’on a pu avoir l’impression que nos responsables politiques flamands s’intéressaient moins au Congo que leurs collègues francophones. Il est vrai qu’au Congo, la langue véhiculaire est le français et qu’après plusieurs termes passés au Congo, les coopérants flamands rentraient au pays… francisés. C’est pourquoi certains ministres flamands des Affaires étrangères s’acharnèrent à revoir la répartition de notre aide aux pays en voie de développement en cherchant à augmenter la part de pays plus ouverts (pensaient-ils) à la langue néerlandaise, comme les anciennes colonies des Pays-Bas par exemple. Côté wallon, il est évident qu’on n’a pas hésité – comme le montre les auteurs de ce livre – à sacrifier les intérêts des belges zaïrianisés lorsqu’il s’est agi d’obtenir, en échange, des commandes importantes pour une sidérurgie wallonne alors aux abois.
Enfin, la politique belge au Congo peut avoir été marquée par ces habitudes de « copinage » qui caractérisent parfois l’action politique belge. Et le plus souvent à l’avantage des grosses entreprises qui avaient encore des intérêts dans notre ancienne colonie. D’où le peu d’égards pour nos « zaïrianisés » qui, eux, étaient pour la plupart des indé-pendants…
Une remarque s’impose cependant : pendant toute ces années difficiles pour le Congo et sa population, la Belgique officielle, mais aussi de nombreuses ONG, ont continué à œuvrer dans des conditions pénibles et parfois dangereuses, pour améliorer le sort des Congolais.
Cela dit, il ne faudrait tout de même pas se tromper de cible. Le principal artisan de la zaïrianisation, c’est évidemment le président Mobutu. Il importait pour lui, une fois de plus, de trouver une recette miracle pour redorer son blason auprès d’un peuple fatigué de ses promesses non tenues. En outre, grâce à cette spoliation pure et simple, il faisait la joie de milliers de serviteurs fidèles et espérait ainsi créer, à moindres frais, une classe moyenne à sa dévotion. Et lui-même ne s’oubliait pas, bien sûr, puisqu’il se réservait un des plus fameux élevages du pays, celui de la famille Van Lancker.
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses… La zaïrianisation a fait long feu ! Car les heureux bénéficiaires se sont dépêchés de dilapider les biens qui leur avaient été cédés, sans se soucier d’entretenir l’outil, de veiller à la bonne gestion, à la pérennité. Tant et si bien que Mobutu lui-même a été obligé de demander à la famille Van Lancker de reprendre possession de ses élevages pour sauver ce qui pouvait encore l’être.
Le cynisme de Mobutu n’avait d’égal que son imagination débordante. Pendant des décennies, il a su profiter habilement de toutes les occasions que lui offrait la guerre froide ; cet ancien agent de la CIA n’hésita pas à faire la cour aux Chinois ; de Pékin, il ramena l’abacos (c’est-à-dire : à bas le costume), des ouvriers chinois et de l’argent chinois pour construire un grand monument à la gloire de Lumumba, dont il avait été complice, avec la CIA, de l’arrestation et de l’assassinat.
C’est encore un jour, alors qu’il était à bout de ressources, qu’il inventa l’authenticité et invita les Congolais, devenus Zaïrois, à abandonner leurs noms chrétiens.
À la fin de son règne, son pays, mis au ban de la communauté internationale, était exsangue. Mais lui, Mobutu, était une des plus grandes fortunes du monde. Miné par la maladie, il n’en profita plus longtemps.
Aujourd’hui que le Congo est entre d’autres mains et que le ministre belge des Affaires étrangères ose tenir au président Kabila un langage clair et sans ambages, il serait peut-être temps de tenter de régler tous les contentieux entre nos deux pays, et notamment le dédommagement dû, depuis plus de trente ans, aux victimes de la zaïrianisation.
Frédéric François *
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* Frédéric François est « entré » en journalisme le 1er octobre 1950, au quotidien La Cité, organe des syndicats chrétiens. Le 1er juillet 1960, il passe à la RTBF où, en radio d’abord, en télé ensuite, il va s’occuper essentiellement de couvrir la politique intérieure et ce qui est encore son corollaire : le Congo. Depuis, et malgré un intermède de dix ans au Parlement (comme sénateur et puis député) il a continué de s’intéresser aux évènements de notre ancienne colonie, singulièrement sous l’angle des responsabilités que nous portons dans la mauvaise gestion de ce pays. Il a coutume d’affirmer que nous n’avons pas donné au Congo son indépendance trop tôt, mais que nous l’avons préparée trop tard.
Aux fidèles gardiens de la
mémoire qui nous préservent
de l’erreur et de l’oubli.
I. MAIN BASSE SUR DES CHEFS-D’ŒUVRE
Des primitifs flamands saisis
La désolation envahit le visage d’Éliane De Wilde, conservatrice en chef au Musée Royal d’Art ancien à Bruxelles. Ce mercredi 14 septembre 1994, à 9 heures, un huissier de justice, M. Leroy, saisit onze toiles de ses collections. Son choix se porte sur quatre Roger de la Pasture (le portrait d’Antoine, bâtard de Bourgogne et le triptyque des Sforza représentant la crucifixion), un Jérôme Bosch (Le Calvaire), un Hugo Van der Goes, deux Rubens (dont le portrait d’Hélène Fourment), deux Memling et un Colyn de Coter.
La vente publique des onze toiles est fixée au 19 octobre à 14 heures. Elle est censée rapporter 510 millions FB, montant que l’État belge a été condamné à payer mais dont le versement tarde à venir. La responsable des Relations publiques du musée, ébahie par la démarche, interpelle l’huissier : Vous n’y pensez pas ! La télévision débarque rapidement et filme la saisie insolite dont la technique fera école. De l’avis de la conservatrice, un seul de la Pasture pourrait rapporter 600 millions. Elle estime la valeur de l’ensemble à quelque 3 milliards FB. Les tableaux restent à leur place, c’est-à-dire dans des conditions optimales d’exposition et de