Rwanda
()
À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEURE
Ancienne journaliste au Soir, auteure de nombreux ouvrages sur l’Afrique des Grands Lacs, Colette Braeckman sillonne le Congo et le Rwanda depuis des décennies.
En savoir plus sur Colette Braeckman
Vers la deuxième indépendance du Congo: Essai Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMes carnets noirs Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRwanda : Mille collines, mille douleurs: L'Âme des peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCongo : Kinshasa aller-retour: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCongo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Rwanda
Livres électroniques liés
République démocratique du Congo: Les Grands Articles d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Mystères du peuple: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoix du Congo: Anthologie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTrois nouvelles de la traversée du monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Histoire de l'Algérie: De la résilience à la quête de la modernité Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'extermination des Tutsis au Rwanda: Le dernier génocide du XXe siècle Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationKenya : Les séismes du Rift: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCrète : Le labyrinthe de Zeus: L'Âme des peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuand l'Afrique s'éveille entre le marteau et l'enclume: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa dérive monarchique et klepto-autocratique en Afrique: Essai Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMikhaïl Gorbatchev: De la glasnost à la fin de la guerre froide Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBob Marley: L’icône du reggae Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe génocide en République démocratique du Congo : Révéler la tragédie oubliée. Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Winston Churchill: Résister pour un monde libre et en paix Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa revanche des innocents: Igisubizo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPromenades dans Marseille Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationStaline: Du rêve socialiste au cauchemar de la terreur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSecret d’État: Le Livre Noir des Belges zaïrianisés Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Nouvelles de Côte d'Ivoire: Récits de voyage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne brève histoire des colonies françaises: Étude historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage au Congo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire de la Révolution française, Tome 6 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMao Zedong: Fondateur de la République populaire de Chine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa bataille de Verdun: 1916, les Poilus dans l’enfer lunaire des tranchées Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Toutânkhamon: Entre mythe et réalité Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSans capote ni kalachnikov: Gagnant combat des livres 2019 Radio-Canada Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Prohibition ou la lutte contre l'alcool: Une page sombre de l’histoire américaine Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Charles de Gaulle: L'homme de la Résistance aux multiples facettes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa France à fric Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCongo. Mémoires à vif: Reportage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Histoire africaine pour vous
Histoire de l’Afrique: Les Grands Articles d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHeros Africains Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLéopold Sédar Senghor: De la négritude à la francophonie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTazmamart: Le témoignage bouleversant d’un survivant des années de plomb Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Il Était Une Fois Le Maroc: Témoignages Du Passé Judéo-Marocain Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire du Congo: Des origines à nos jours Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Au temps des Grands Empires Maghrébins: La décolonisation de l'histoire de l'Algérie Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les origines Kôngo d’Haïti: Première République Noire de l’Humanité Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Sexualité et rites en Afrique: Hier et aujourd'hui Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire de la région du Sud Cameroun - Tome 1: Encyclopédie Ekan et assimilés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPour une poignée de terre: Du combat des Pieds-Noirs d'Algérie à la construction de la Méditerranée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAfrique du Sud: Les cicatrices de la liberté Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMaroc: Les Grands Articles d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRois, Princes, Esclaves et Nobles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAfrica's Last Colonial Currency: The CFA Franc Story Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTunisie: Les Grands Articles d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBerbères et Arabes, l'histoire controversée: L'histoire oubliée de nos glorieux ancêtres et controverse identitaire Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le viol, une arme de terreur: Dans le sillage du combat du docteur Mukwege Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Belgique et le Congo (1885-1980): L'impact de la colonie sur la métropole Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRéparer les femmes: Un combat contre la barbarie – témoignage, justice, violences sexuelles et chirurgie réparatrice Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa guerre de Palestine de 1948: De la proclamation de l'indépendance d'Israël à l'armistice de Rhodes Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDes soldats noirs dans une guerre de blancs (1914-1922): Une histoire mondiale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRésilience: Crise des Grands Lacs : témoignages d’une fratrie rwandaise après l’attentat du 6 avril 1994 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFemmes politiques au Maroc d'hier à aujourd'hui: Portraits historiques de figures politiques, rebelles et militantes marocaines Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIl pleut des mains sur le Congo: Contexte et témoignages sur la période coloniale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Rwanda
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Rwanda - Colette Braeckman
La revanche des mille collines
Les insomnies d’Imana
Depuis des années, je passais devant le musée de Butare sans m’arrêter. À la longue, j’avais l’impression d’avoir déjà vu et revu les clichés de l’époque coloniale, les guerriers, les danseurs aux coiffes de paille. Dans l’ancienne Astrida, la première ville fondée par le colonisateur, proche du Burundi, je n’avais plus envie de revoir les paniers tressés, pareils à ceux de la boutique de souvenirs, en face de l’hôtel Ibis. En ce dimanche après-midi de fin de saison sèche, alors que les passants semblaient encore revenir de la messe ou de visites familiales, je suis cependant retournée au musée.
Nicole, que je connaissais via des amis communs, m’y avait donné rendez-vous. Vêtue d’une longue robe aux couleurs vives, elle était accroupie sur un petit tabouret de bois et consultait son téléphone portable, comme la plupart des jeunes Rwandais que j’avais croisés depuis la frontière du Burundi, tous accrochés à leur tablette ou scotchés à leur écran. Lorsque Nicole se déplia de toute sa taille et entreprit de me guider à travers le musée, tout ce que je croyais savoir prit soudain un coup de vieux.
Alors que mes compatriotes, lorsqu’ils abordaient l’histoire du Rwanda, s’étaient toujours perdus dans de longues digressions, où se mêlaient féodalités, migrations et luttes intestines, la jeune femme, d’une voix claire, entreprit de me raconter l’histoire d’un peuple très ancien, rassemblé autour de ses rois depuis onze siècles. J’appris que le nom du pays lui-même – Rwanda – venait du terme kuu anda, qui signifie littéralement « dispersion ». Il désignait la progression d’un peuple dont chaque citoyen appartenait à un bataillon militaire chargé de défendre le pays ou de conquérir de nouveaux territoires.
Désignant un panneau illustrant l’ordre de succession des rois successifs, ma nouvelle amie m’expliquait que le nom de chacun de ces souverains indiquait le rôle qui lui avait été assigné. Kigeri, le roi censé ouvrir les hostilités et lancer la conquête, devait avoir pour successeur Mibambwe, poursuivant la guerre et stabilisant les territoires conquis. Mutara et Cyilima étaient, eux, chargés d’assurer la prospérité. Le dernier dans l’ordre de succession, Yuhi, était le roi du feu, chargé d’établir le lien entre les rois pasteurs et les guerriers.
À l’instar des lettrés d’autrefois qui transmettaient leur savoir en récitant de longs poèmes épiques, Nicole énumérait de mémoire la liste des rois et de leurs conquêtes. Elle soulignait que des linguistes avaient retrouvé dans toute la sous-région des Grands Lacs – jusque Lubumbashi, la capitale de l’actuelle province congolaise du Katanga et jusque Kisangani, capitale de la Province orientale, à l’orée de la forêt congolaise – des traces de la langue parlée par ce peuple de guerriers. Aux yeux de ces conquérants, la grande forêt équatoriale (dont les piliers, c’est-à-dire les arbres, soutenaient le ciel) qui s’avançait autrefois jusqu’au Masisi – au cœur de la province congolaise du Nord Kivu – marquait la fin du monde habité.
Rassemblés dans le même ordre que dans les vitrines du Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren¹, les objets usuels, paniers de raphia, gobelets de bois, cloisons de paille délimitant l’enclos familial, racontent, au musée de Butare, l’histoire d’un très vieux peuple. Un peuple qui, jusqu’à la fin du dix-neuvième siècle, s’était suffi à lui-même et rejeta toutes les incursions étrangères, y compris celles des esclavagistes.
Les clichés jaunis, soigneusement encadrés, légués par les ethnologues et les explorateurs, permettent de comprendre la surprise éprouvée en 1894 par les premiers visiteurs allemands lorsqu’ils découvrirent des hommes de belle stature, qui les toisaient en abaissant sur eux un regard oblique. L’un des clichés le plus célèbre montre le comte von Götzen, envoyé spécial de l’empereur d’Allemagne, le premier à avoir traversé le Rwanda dans toute sa longueur, attendant d’être reçu en audience par le roi : de jeunes guerriers, s’exerçant au saut en hauteur, passent loin au-dessus de la tête du visiteur stupéfait.
« Tous les jeunes Rwandais, me précisa Nicole, appartenaient à des formations militaires et dans leurs académies, ils n’apprenaient pas seulement l’art de la guerre mais aussi l’histoire et les valeurs de leur peuple. » Il leur fallait aussi maîtriser la langue, converser avec élégance, réciter des poèmes épiques retraçant les hauts faits des rois successifs. Un héritage qui n’est pas oublié. « De nos jours encore, conclut-elle, les jeunes, à la fin du secondaire, doivent suivre durant l’été une session d’amatorero, où des anciens appelés à la rescousse leur rappellent l’histoire de leur pays et les valeurs de leur peuple, dont le courage, le sens du respect, de la dignité. »
Durant des heures, alors que la brume enveloppait cette fin de dimanche, la jeune fille m’a longuement parlé d’un Rwanda ancien, harmonieux, où celui que l’on appelait Imana, le dieu unique, fondateur et symbole de l’unité de son peuple, revenait dormir chaque nuit. Au-dessus de l’arboretum qui en 1994 abrita tant de crimes, je croyais entendre résonner les tambours royaux. Quel contraste avec ce que j’entendais avant 1994, où les guides inspirés par la lecture belge de l’histoire insistaient sur la complexité du pays, recouraient aux objets exposés pour mettre l’accent sur le fossé qui séparait les agriculteurs hutus, les éleveurs tutsis et les pygmées Twas, forgerons ou devins.
Perdue dans mes pensées, écartelée entre l’histoire racontée dans ce musée rénové et le souvenir des enseignements d’autrefois, j’ai quitté le musée en longeant la grand-route sillonnée par les minibus et les motos taxis. J’ai flâné au rythme des étudiants qui déambulaient en direction de l’Université de Butare, dépassé l’hôtel Faucon à la façade marquée d’une plaque commémorative, puis l’hôtel Ibis.
Là, le propriétaire belge Michel Campion m’a raconté que le maire de la ville, au nom de la modernité, venait de l’obliger à dresser un deuxième étage au-dessus d’une terrasse ouverte sur la rue. Depuis les années 1930, lorsque le père de Michel s’était installé dans cette ville
