Pour saluer Nicolas Bouvier
«Au-dessus de la table où j’écris est accrochée une petite boussole en acier bruni qui date de la guerre de 14. Elle indique encore le Nord d’une aiguille qui tremble un peu; le jour où elle cessera de le montrer, je mourrai.» Comment ne pas relire cette page du , aujourd’hui, le cœur serré? De la mort il parlait souvent, avec élégance et drôlerie, confiant que son approche, tout bien considéré, le stimulait plus qu’elle ne l’accablait ‒ en ce qu’elle l’invitait «à ouvrir l’œil, à dresser l’oreille, à froncer le nez comme un lapin, à prendre au plus court, à ne rien perdre de la cambrure des femmes, de l’odeur du chèvrefeuille, du fumet d’un gigot ou du chant d’un loriot.» Rien ne l’agaçait plus que la peur hygiénique de la camarde, qui nous la fait évacuer aujourd’hui du quotidien: exemplaire, à l’inverse, lui
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