Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Mexique : La révolution sans fin: L'Âme des Peuples
Mexique : La révolution sans fin: L'Âme des Peuples
Mexique : La révolution sans fin: L'Âme des Peuples
Livre électronique88 pages1 heure

Mexique : La révolution sans fin: L'Âme des Peuples

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Parce que pour connaître les peuples, il faut d’abord les comprendre

Le Mexique est une utopie. Il vous nourrit autant qu’il vous épuise. La mort y est saluée avec dérision dans les fêtes populaires. La violence des narcotrafiquants renvoie une image de chaos. Mais le pays ne se réduit pas à l’actualité angoissante de ces dernières années. Car ici, au coeur du continent américain, tout mérite le détour. Ici s’est forgée l’histoire du Nouveau Monde colonisé par les conquistadors. Ici vivent les mythes des révolutionnaires latino-américains. Ici se mobilisent les rebelles du Chiapas. Ici grandit un peuple jeune qui reprend le flambeau de la révolte.

Ce petit livre n’est pas un guide, c’est un décodeur. Il raconte le Mexique et les passions mexicaines : une soif effrénée de liberté sans cesse contrariée par la mainmise d’un vieux système prédateur sur ses ressources naturelles et économiques. Un vrai roman latino-américain !

Un grand récit suivi d’entretiens avec Soledad Loaeza (Au Mexique c'est l'Etat central qui a crée la nation), Ricardo Raphael (L'identité mexicaine va se réinventer au nord du rio Bravo et repénétrer au Mexique) et Jorge Volpi (Au Mexique, il n'est jamais de vérité claire. Notre vérité est toujours ambiguë).

Un voyage historique, culturel et linguistique pour mieux connaître les passions mexicaines. Et donc mieux les comprendre.

EXTRAIT

Derrière ces estampes, où se cache l’identité mexicaine ? Si tant est qu’elle existe dans un État fédéral où se déploie une mosaïque de cultures et d’ethnies, où 68 langues indiennes, comme le nahuatl, sont parlées en plus de l’espagnol, et où la géographie complexe a creusé une infinité de recoins isolés, où des communautés vivent en toute autonomie. Sur une population de 120 millions d’habitants, ceux de Mexico, Monterrey, Guadalajara et Mérida peuvent se ressembler, partager un mode de vie et un terreau culturel. Mais un Indien tzotzil du Chiapas, un Afro-Mexicain de la Costa Chica du Pacifique, un Yaqui du Sonora et un ranchero mennonite du Chihuahua se reconnaissent difficilement du même pays, s’il n’était cette bannière nationale qui les unit. Entre l’Amérique du Nord, à laquelle il appartient géographiquement et vers laquelle tous ses regards sont rivés, et l’Amérique latine à laquelle on le rattache culturellement et qu’il méconnaît profondément, le Mexique déroute. Il déboussole dans ses métropoles modernes et peuplées de références aux anciennes civilisations. Le Mexique incarne, par-dessus tout, une Amérique mythique et éternelle, faite de cités perdues et d’eldorados à venir.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

- […] Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un « décodeur » des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités […]. À chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps

- Comment se familiariser avec « historique, les traditions ? » Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir. - Librairie Sciences Po

À PROPOS DE L'AUTEUR

Correspondante basée à Mexico de plusieurs médias francophones, Emmanuelle Steels a voulu comprendre autant que raconter. Son Mexique est celui des Mexicains : puissant, parfois désabusé, mais toujours résolu à nous surprendre.
LangueFrançais
ÉditeurNevicata
Date de sortie28 mars 2018
ISBN9782512010128
Mexique : La révolution sans fin: L'Âme des Peuples

Lié à Mexique

Livres électroniques liés

Essais et récits de voyage pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Mexique

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Mexique - Emmanuelle Steels

    1982.

    La révolution sans fin

    À la place du cœur, il y a le Zócalo. C’est sur cette place que tout un pays et son histoire confluent en un palpitement incessant. Pour la fête nationale, la foule s’y presse pour voir le président agiter le drapeau depuis le balcon du Palais national. Une autre foule lui succède, celle des manifestants qui réclament, le reste de l’année, sa démission. En hiver, par 25°C au soleil, on y installe une patinoire géante. Au printemps, 500 jeunes filles y célèbrent leurs quinze ans aux frais de la mairie, princesses en robes pastel et diadèmes nacrés. Shakira et Justin Bieber y ont chanté devant 200 000 personnes. Des prédicateurs au verbe haut, exégètes de conspirations en tous genres et baratineurs de malheurs y improvisent régulièrement une tribune, montent sur un tabouret et trouvent parmi les passants amusés une foule à haranguer. Des étudiants se sont couchés sur ces pavés pour manifester¹. Des travailleurs y ont campé pour défendre leur travail. Des parents y ont brandi la photo de leur enfant tué.

    Il ne se passe pas un jour sans qu’un nouveau chapitre de l’histoire de la ville et du pays, du plus saugrenu au plus protocolaire, du plus rebelle au plus conformiste, ne s’écrive sur le Zócalo. J’ai foulé cette esplanade pour la première fois en 2007. Depuis, chaque visite m’en révèle une physionomie différente. Le Zócalo est toujours le théâtre d’autre chose, la scène d’une ville tumultueuse qui se représente elle-même dans un mouvement incessant. Il n’y a pas de regard qui puisse englober sa totalité. C’est l’une des plus grandes places du monde dans l’une des plus grandes villes du monde.

    L’un de mes premiers reportages à Mexico m’apprit ce que ce gigantisme pouvait avoir de volontaire. Le sujet en était le curieux engouement des Mexicains pour les records. Le Mexique est le pays qui détient le plus grand nombre de records répertoriés dans le fameux livre Guinness. Le Zócalo a été le cadre du plus grand baiser synchronisé, du plus grand mariage collectif, de la dégustation du plus gros sandwich et de la couronne des rois, la rosca de reyes², la plus massive, de la plus longue passerelle de mode et de la photographie rassemblant un nombre record de personnes nues.

    L’aigle et le serpent

    Le Zócalo est le centre de la mégalopole actuelle, construit comme un couvercle sur le centre de son ancêtre anéantie, pour étouffer le passé. Tout doit y être plus grand. Et, si possible, improbable, à l’image de Tenochtitlan, l’ancienne capitale de l’empire aztèque, ville invraisemblable édifiée sur un lac. Dans un recoin de la place, un monument rappelle la légende de la fondation de la cité, bâtie en 1325 par les Aztèques là où leur était apparu, sur un îlot rocailleux au milieu d’un lac, un aigle posé sur un nopal³, dévorant un serpent. Le drapeau mexicain a imprimé cette légende. La vaste esplanade serait une steppe de béton nue s’il n’y avait, planté en son centre, ce drapeau. Immense, solennel, il bat le vent de ses 25 m de long.

    Sur tout le flanc oriental de la place, le Palais national étale ses 200 m de façade en tezontle, roche volcanique rougeoyante qui rappelle la situation géographique particulière de cette ville : en plus d’être édifiée sur un lac, elle est logée dans une vallée cernée de volcans. Le siège du pouvoir politique côtoie la cathédrale, dont l’inclinaison rappelle la fragilité du sol. Monuments de la conquête espagnole, le palais et la cathédrale ont été érigés sur les décombres et avec les pierres du Templo Mayor, cœur cérémoniel et politique de l’ancienne capitale aztèque, là où régnait le tlatoani, l’empereur, avant d’être détruit par les conquistadors. À l’ombre de la cathédrale penchée, le Grand Temple des Aztèques exhibe ses entrailles à ciel ouvert. Luttes de pouvoir, honneurs et sacrifices aux divinités, liesse populaire et révoltes, tout se joue et s’est toujours joué ici, sur la scène du Zócalo.

    Entre le site archéologique et la cathédrale, on se faufile dans une dimension anachronique. Des groupes d’hommes au torse peint, coiffés de plumes, frappent le sol de leurs pieds, leurs chevillères de coquilles de noix résonnant comme des grelots. Leurs atours exubérants renvoient au jaguar, à l’aigle et au quetzal⁴, les animaux de la mythologie mexica⁵. Ils s’inspirent des illustrations de guerriers aztèques consignées dans les codex préhispaniques. Saisissante explosion de couleurs en mouvement, leur danse trépidante donne soudain vie aux ruines du Templo Mayor. Elle invoque Quetzalcóatl, le Serpent à plumes, à la fois divinité et personnage légendaire, dont le culte s’est étendu dans toute la Mésoamérique.

    De l’autre côté de la cathédrale, d’épaisses bouffées d’encens se répandent. Au cœur de ce nuage aromatique, les chamanes du Zócalo célèbrent des rituels de purification individuels. Tout de blanc vêtu, le front ceint d’un bandeau rouge, le yerbero⁶ agite son encensoir, où brûle la résine de copal, tout autour de la personne, tandis qu’il lui frappe la tête, le torse et les jambes à l’aide d’un bouquet d’herbes, tout en prononçant des incantations en nahuatl. Le week-end et les vendredis 13, des files de passants se forment pour se faire administrer une limpia : rituels de purification, contre le stress, contre le mauvais

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1