Birmanie : Dieux, or et frontières: L'Âme des Peuples
Par L'Âme des peuples et Guy Lubeigt
()
À propos de ce livre électronique
L’aube se lève sur les collines de Pagan hérissées de temples. Le brouillard du lac Inle se dissipe. À Rangoon, la pagode Schwedagon brille de tous ses feux d’or, tandis que les robes rouges des bonzes ressemblent à des braises prêtes à s’enflammer. La Birmanie est un enchantement pour le voyageur. Les effroyables décennies de dictature militaire, et le combat infatigable d’Aung San Suu Kyi, ont forgé dans ces confins d’Asie du Sud-Est une réalité bien éloignée des pays voisins absorbés par la modernité. Ici, les dieux, les minéraux précieux et les frontières s’entremèlent. Mosaïque ethnique, l’Union de Myanmar, puisque tel est son nom officiel, est un canevas tissé au fil des royaumes bouddhistes, de la colonisation britannique et d’un relief sans pareil, entre l’océan Indien et les contreforts de l’Himalaya.
Ce petit livre n’est pas un guide. C’est un décodeur. Il raconte ce que l’œil ne voit pas, ce que la langue birmane décrypte, ce que les pagodes abritent, ce que cachent les terres lointaines du Triangle d’Or et leurs populations montagnardes Kachins, Shans ou Wa. Le récit d’une passion, nourri par des années d’itinérance dans ce pays alors fermé aux étrangers, accompagné d’entretiens avec des personnalités proches des gens. Et aptes à nous les faire comprendre.
Un grand récit suivi d'entretiens avec Min Ko Naing (J'ai été emprisonné pendant seize ans) et Win Pé (Les militaires sont toujours au cœur du pouvoir birman).
Un voyage culturel, linguistique et politique pour mieux connaître les passions birmanes.
EXTRAIT
Depuis sa fenêtre, le Birman regarde le monde extérieur en se disant qu’il fait bon vivre là où il est. Résidant dans un espace sacralisé clairement délimité par le stoupa, la pagode et le monastère, il ne veut quitter ni son cocon bouddhisé, ni sa rizière, ni ses palmiers. En ville comme à la campagne, il se sent protégé par ses traditions, sa culture et ses croyances. La Birmanie est un monde bien sécurisé où chacun peut manger à sa faim et vivre à l’abri des cinq calamités traditionnelles : le voleur, le feu, l’inondation, la tempête et les autorités.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
[…] Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un "décodeur" des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités […]. À chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps
Comment se familiariser avec "l'âme" d'un pays pour dépasser les clichés et déceler ce qu'il y a de juste dans les images, l'héritage historique, les traditions ? Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir. - Librairie Sciences Po
À PROPOS DE L'AUTEUR
Universitaire, géographe, linguiste, Guy Lubeigt a passé sa vie à étudier la Birmanie et à en décrypter les traditions comme l'actualité. Avec l'intelligence du spécialiste et le cœur de l'explorateur.
En savoir plus sur L'âme Des Peuples
Suisse : L'invention d'une nation: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCongo : Kinshasa aller-retour: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAllemagne : la mémoire libérée: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEspagne : La passion de l'identité: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGrèce : La nouvelle odyssée: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHongrie : L'angoisse de la disparition: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationIsraël : Les blessures d'un destin: L'Âme des peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉtats-Unis : Tribus américaines: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Birmanie
Livres électroniques liés
Hongrie : L'angoisse de la disparition: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPays-Bas : Les pieds sur terre: L'Âme des Peuples Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Mexique : La révolution sans fin: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBrésil : Dans les pas du géant: L'Âme des peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPetites histoires de la cuisine à raconter la bouche pleine: Essai historique et culinaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÉtats-Unis : Tribus américaines: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAdieu Kobé: Un Français à travers le Japon en guerre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHanoi: Heureux qui comme… Paul Bourde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCroquis d'Extrême-Orient, 1898 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe Saint-Louis à Tripoli par le lac Tchad: Voyage au travers du Soudan et du Sahara - accompli pendant les années 1890-91-92 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Routes de la Soie: L'histoire du cœur du monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne brève histoire des colonies françaises: Étude historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJournal d'un aventurier des temps modernes - Livre II: Son Asie en vérités Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRoumanie : Au carrefour des empires: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTénèbres et lumière: Histoire d'un pays en guerre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPhnom Penh: Récit d'un diplomate passionné Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCorse : Vertiges de l'honneur: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationFils du Champa: Dans l'empire disparu du peuple des Chams Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAsie fantôme Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBordeaux : Au-delà des Chartrons: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBushido: L’âme du Japon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJournal d'un aventurier des temps modernes - Livre III: Le Sud-Est asiatique, Et moi, et moi, et moi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe beau XIIe siècle en Europe: D'Hastings à Bouvines Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage autour du monde: Analyse complète de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJeunesse Spoliée: Kinderlandverschickung Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVoyage aux montagnes Rocheuses: Chez les tribus indiennes du vaste territoire de l'Orégon dépendant des Etats-Unis d'Amérique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMaria Chapdelaine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationContes et mythes de Birmanie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Belges du Wisconsin: Essai historique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Déracinés de la Grande Île: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Voyage en Asie pour vous
Japon : L'empire de l'harmonie: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVivre le Japon: Le guide pratique de la vie au Japon - 2e édition Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGuide de voyage de Tokyo Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSecrets ancestraux d'un maître guérisseur: Un sceptique occidental, un maître oriental et les plus grands secrets de la vie Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Japon perdu: Un dernier aperçu du beau Japon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Sûtra en 42 articles Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCambodge : Maîtres de la terre et de l'eau: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJapon à volonté: Comment profiter à fond de vos yens Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationScènes de vie en Corée: Un essai d'interprétation Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTengu, Petites Histoires et Légendes du Japon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVietnam: Un voyage écolo et éthique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThaïlande: Un voyage écolo et éthique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Japon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGuide Nelles Inde du Nord: Delhi, Taj Mahal, Rajasthan, Khajuraho, Ladakh, Himalaya Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCorée du Sud: Pays asiatique avec de beaux temples, villages charmants et de paysages majestueux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGuide Nelles Inde du Sud: Maharashtra, Goa, Orissa, Karnataka, Andhra Pradesh, Tamil Nadu, Kerala Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHô Chi Minh: Vers l'indépendance de la nation vietnamienne Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTibet Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuand les arbres parlaient aux empereurs: Sur les traces d'un pèlerinage au Japon Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation28 jours au Japon avec Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir: Récit de voyage Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJapon : mode d'emploi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLaos : Mirages de la tranquilité: L'Âme des Peuples Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe livre du Thé Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe mystère de l’Inde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Béatitude de la tortue: Un voyage dans le kurma yoga Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVivre la Chine: Le guide pratique de la vie en Chine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMéthode de Japonais - Ecrire les Hiragana - Katakana et Parler Japonais Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Birmanie
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Birmanie - L'Âme des peuples
AVANT-PROPOS
Pourquoi la Birmanie ?
Quand j’ai mis le pied sur le sol birman en 1968, vingt ans après l’indépendance, il n’y avait que 70 000 véhicules à moteurs enregistrés officiellement, y compris les vieilles motos militaires rescapées de la guerre et les tracteurs ! Hormis les vieux autobus japonais, dont l’avant écrasé ressemblait à des museaux de bouledogue, les rues étaient quasi désertes. À cette époque, la Birmanie était écartelée entre les rébellions « multicolores ». Les communistes étaient divisés en deux clans : drapeaux rouges (Moscou) et drapeaux blancs (Beijing), tandis que les anarchistes se reconnaissaient à leur drapeau noir. D’autres drapeaux, ceux des mouvements indépendantistes Karen, Kachin ou Shan, s’ajoutaient à cet éventail lumineux.
Le drapeau bleu de l’Union de Birmanie créée en 1948 (avec un président Shan et un Premier ministre birman), sur lequel figuraient les cinq étoiles représentant ses États, était brandi par les militaires socialistes du général Ne Win, au pouvoir depuis 1962. Quant au drapeau bouddhiste, ses bandes arc-en-ciel complétaient la palette en illustrant ce qui apparaissait comme un véritable casse-tête politique. Communistes, chrétiens, musulmans, hindous et bouddhistes ne se faisaient guère confiance quand ils ne se combattaient pas. Même les moines, armés de sabres et lance-pierres, se battaient pour la possession d’un monastère cossu du quartier résidentiel de la capitale.
Chaque matin, l’homme fort du pays, Ne Win, quittait son palais présidentiel de Rangoun pour se rendre à son club de golf situé près de l’aéroport, sa distraction favorite depuis qu’il avait fait interdire les courses de chevaux qui faisaient le bonheur des joueurs rangounais avant 1962. Pour je ne sais quelle raison, le général empruntait toujours l’avenue Shwégondaing afin de se rendre sur son green préféré. Or j’habitais pour ma part une villa située au bout d’un sentier adjacent. Quittant mon domicile pour me rendre tous les jours à l’Alliance française au volant de ma Peugeot turquoise, je tombais donc sur le dictateur installé à l’arrière de sa limousine noire. Nos véhicules se croisaient. Idem pour nos regards. Cet étonnant manège dura plusieurs mois. Dès que j’apercevais sa limousine, je sortais mon bras par la fenêtre pour lui dire bonjour. Et lui me faisait un petit salut.
Après cet accueil paradoxal de la part d’un général qui terrorisait ses sujets, je m’aperçus rapidement que le petit peuple des Birmans m’accordait le même traitement amical. Souriez à un Birman et il ne manquera pas de vous rendre dans l’instant la pareille. Mais derrière cette politesse toute orientale, le visiteur plonge vite dans un univers méconnu des Occidentaux : celui du monde bouddhique, où les codes et les valeurs sont bien différents de ceux pratiqués dans le monde judéo-chrétien. Un plongeon rendu en plus difficile par les mentalités.
Les Birmans sont curieux de ce qui se passe à l’extérieur, mais ils n’aiment pas que l’on regarde chez eux, à l’intérieur de leurs 7 800 kilomètres de frontières terrestres et maritimes. Les rois birmans ont toujours réussi à refermer la fenêtre ouverte sur un monde dont ils se méfiaient. Quand leurs capitales subissaient trop les influences étrangères, ils les relocalisaient au centre du pays. Ils quittèrent Pègou et Prome pour Toungou, et Ava pour Shwébo, Amarapoura et Mandalay. Les militaires, qui ont hérité des traditions royales depuis 1962, ont eux aussi voulu relocaliser la capitale. Le 6 novembre 2005, ils ont transporté leurs pénates à Nay Pyi Taw (la résidence des rois), nouvelle capitale de l’Union de Birmanie, rebaptisée par leurs soins Myanmar quelques années plus tôt.
Rangoun, la principale ville du pays, est ouverte sur l’océan Indien. Cette situation aurait pu ouvrir aux Birmans bien des perspectives. Mais ces derniers n’aiment pas la mer. Ils répugnent à s’y aventurer car ils y perdent tous leurs repères. Au large, ni génies, ni stoupas, ni monastères, ni moines aux robes orange. L’horizon est mouvant et ils n’aiment pas ses poissons qui leur paraissent trop salés.
Confrontés à l’océan et ses frontières infranchissables, ils préfèrent leur monde terrestre circonscrit par des croyances animistes ancestrales. Ils possèdent souvent des autels sophistiqués, sur lesquels sont déposées les offrandes dédiées au Bouddha. Un petit tapis de prière montre aux visiteurs qu’ils sont adeptes de la méditation. L’autel familial sert aussi à rendre hommage au génie protecteur de la maison, symbolisé par une noix de coco. Tous les génies sont alors décrits comme les protecteurs du Bouddha et de ses fidèles, dont ils sont en quelque sorte les gardes du corps.
Depuis sa fenêtre, le Birman regarde le monde extérieur en se disant qu’il fait bon vivre là où il est. Résidant dans un espace sacralisé clairement délimité par le stoupa, la pagode et le monastère, il ne veut quitter ni son cocon bouddhisé, ni sa rizière, ni ses palmiers. En ville comme à la campagne, il se sent protégé par ses traditions, sa culture et ses croyances. La Birmanie est un monde bien sécurisé où chacun peut manger à sa faim et vivre à l’abri des cinq calamités traditionnelles : le voleur, le feu, l’inondation, la tempête et les autorités.
Outre les Britanniques (Henry Gouger, qui vécut à Amarapoura en 1824–1826, Rudyard Kipling, George Orwell ou le capitaine Mayne Reid), les Français ont toujours eu une relation spéciale avec la Birmanie. On peut citer le chevalier Pierre de Milard, Sieur de Bruno¹ (qui soutint les Môns contre les Birmans au moment de la création de la dynastie Konbaung), le gouverneur Mahé de la Bourdonnais et Dupleix (qui s’approvisionnaient en bois de teck dans la région de Moulmein pour construire leurs navires dans l’île Bourbon), l’évêque Bigandet (vicaire apostolique d’Ava et Pègou), l’ingénieur civil Bonvillain (qui travailla pour le roi de Birmanie en 1881), le