Leïla Slimani et Orhan Pamuk aux prises avec l’Histoire
Est-ce parce qu’il a passé de nombreuses années sur son île fictive de Mingher ravagée par la peste en 1901? Toujours est-il que l’écrivain turc Orhan Pamuk se tient à une distance plus que respectable dans le grand salon des éditions Gallimard. Face au prix Nobel 2006, la Franco-Marocaine Leïla Slimani, prix Goncourt 2016. Une rencontre au sommet, donc (et en anglais), entre deux auteurs de générations différentes et issus de deux pays au passé impérial. C’est ce passé, subi ou dominant, qui nourrit leur nouveau roman, et leurs échanges. Dans Regardez-nous danser (Gallimard), Leïla Slimani poursuit avec bonheur sa saga familiale entamée en 2020 (Le Pays des autres), plongeant cette fois-ci le lecteur dans le Maroc indépendantiste de la fin des années 1960, marqué par l’autoritarisme croissant d’Hassan II. Le démiurge Orhan Pamuk consacre pour sa part son livre-monde Les Nuits de la peste (un « océan de signes » de près de 700 pages, à la fois roman historique, politique, scientifique ou encore policier) au déclin de l’Empire ottoman, avec un focus sur la peste et un autre sur l’éclosion des nations et le nationalisme… Un roman « total », aux accents, pandémie oblige, très contemporains.
Orhan Pamuk, vous avez mis cinq ans pour écrire ce roman sur la peste, commencé donc bien avant la pandémie actuelle. Avez-vous beaucoup lu sur le sujet?
Je traite ici de la peste et de la peur de, et le deuxième, celui d’Alessandro Manzoni, .
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