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Le Népal: Un récit de voyage trépidant
Le Népal: Un récit de voyage trépidant
Le Népal: Un récit de voyage trépidant
Livre électronique117 pages1 heure

Le Népal: Un récit de voyage trépidant

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À propos de ce livre électronique


Laissez-vous happer par les mystères du Népal du XIXe siècle

« Chimiste, physicien, médecin, sociologue, psychologue, philosophe, archéologue, expérimentateur, artiste, voyageur, quel esprit peut-on comparer à Gustave Le Bon ? Il faut remonter jusqu’à Leibniz, jusqu’à Léonard de Vinci, pour retrouver une pareille universalité, une pareille génialité. »
Ainsi parle Raymond Queneau de Gustave Le Bon, qui influença Freud par ses travaux sur la psychologie des foules… Une singulière redécouverte !

Texte intégral publié dans Le Tour du monde en 1886.

Gustave Le Bon dresse le portrait d’un pays et de sa culture avec justesse et humour

EXTRAIT

Après avoir franchi la dernière des chaînes de montagnes, nous nous trouvâmes au-dessus de la vallée où s’élèvent, dans un espace restreint, la capitale et les plus importantes cités du pays. Elle offrait un aspect d’une fertilité incomparable. Les villages dissimulés sous cette végétation exubérante ne se révélaient qu’à notre approche. Avec ses petits temples, ses maisons de bois toutes sculptées, chacun d’eux semblait une réunion de pagodes. Nous entrâmes à Kathmandou avec l’escorte envoyée à notre rencontre par le résident.

A PROPOS DE LA COLLECTION

Heureux qui comme… est une collection phare pour les Editions Magellan, avec 10 000 exemplaires vendus chaque année.
Publiée en partenariat avec le magazine Géo depuis 2004, elle compte aujourd’hui 92 titres disponibles, et pour bon nombre d’entre eux une deuxième, troisième ou quatrième édition.

A PROPOS DE L’AUTEUR

Gustave Le Bon, né le 7 mai 1841 à Nogent-le-Rotrou et mort le 13 décembre 1931 à Marnes-la-Coquette, est un médecin, anthropologue, psychologue social et sociologue français.

LangueFrançais
Date de sortie26 août 2016
ISBN9782350744407
Le Népal: Un récit de voyage trépidant
Auteur

Gustave Le Bon

Gustave Le Bon lebte von 1841 bis 1931 und wurde weltberühmt mit seinem Werk "Psychologie der Massen", mit dem er einen Standard in der Massenpsychologie setzte.

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    Aperçu du livre

    Le Népal - Gustave Le Bon

    LE NÉPAL

    I

    Difficultés d’un voyage au Népal – Négociations préparatoires pour obtenir l’entrée du territoire – Arrivée à Motihari – Réunion des porteurs nécessaires pour franchir l’Himalaya – Beauté du spectacle – Arrivée dans la vallée du Népal – Aspect féerique des temples et des palais – Séjour à Kathmandou – Curiosité des habitants – Leurs idées sur la France – Rencontre de l’Empereur

    Les études archéologiques dont j’avais été chargé par le ministère de l’Instruction publique devaient me conduire successivement dans les régions les moins explorées de l’Inde. Parmi les contrées qui tentaient le plus ma curiosité se trouvait le mystérieux Népal. Je savais que cet antique empire, isolé de tous les pays voisins par la formidable barrière que forment autour de lui les géants de l’Himalaya, est situé dans une des régions les plus pittoresques et les plus grandioses du monde ; qu’il possède des villes merveilleuses, dont l’architecture fantastique diffère entièrement de ce que nous connaissons en Occident. Mais je savais aussi qu’on ne peut y parvenir qu’en surmontant des difficultés de toutes sortes, et qu’une consigne rigoureuse, soigneusement respectée par le gouvernement des Indes, interdit absolument à tout Européen, Anglais ou autre, en dehors de l’ambassadeur britannique, de pénétrer sur le territoire de cet empire sans une autorisation spéciale de l’empereur. Or une telle autorisation est très exceptionnellement accordée. Jacquemont dut renoncer jadis à visiter le Népal. Aucun Français n’y avait pénétré encore. L’Allemand Schlagintweit¹ n’avait réussi à y entrer, il y a quelques années, qu’après d’interminables pourparlers diplomatiques et en mettant en œuvre les plus puissantes influences. Ces difficultés diverses ne faisaient naturellement qu’accroître mon désir de visiter cette curieuse contrée.

    Il serait sans intérêt pour le lecteur de raconter comment elles furent successivement aplanies en ma faveur après les démarches de divers personnages qui voulurent bien s’intéresser à mon entreprise. Je suis heureux de dire que le gouvernement du viceroi me prêta, ainsi d’ailleurs qu’il l’a fait en toutes circonstances pendant mon séjour aux Indes, le plus gracieux concours, et se chargea de toutes les négociations nécessaires avec la cour du Népal.

    La dernière ville anglaise de l’Inde voisine de la frontière du Népal est Motihari, au nord de l’Inde ; j’y étais arrivé, venant de Patna. C’est là que je devais faire mes préparatifs de voyage et réunir les quarante porteurs nécessaires pour transporter, à travers l’Himalaya, les provisions et les bagages indispensables.

    Motihari est une petite ville habitée surtout par de riches planteurs d’indigo. Je reçus chez l’un d’eux, M. Edwards, que le hasard m’avait fait rencontrer, cette large hospitalité que les Anglais des classes supérieures pratiquent si libéralement aux Indes.

    Les Européens qui n’ont visité que les grandes villes de l’Inde, Bombay, Delhi, Calcutta, etc., situées sur de grandes lignes de chemins de fer, ne soupçonnent pas les difficultés d’un voyage d’exploration dans l’Hindousthan. Les monuments importants sont situés pour la plupart dans des jungles désertes infestées de bêtes féroces et où l’on ne trouve aucun moyen d’existence. Il faut tout emporter avec soi, depuis la farine qui sert à faire le pain jusqu’aux objets de campement. Or, pour transporter ce matériel, il n’existe aucun moyen en dehors des éléphants ou des chevaux que les princes indigènes ou les gouverneurs de province peuvent seuls mettre à votre disposition. Le voyageur, livré à ses seules ressources, ne peut s’écarter des grandes routes ou des chemins de fer. C’est en partie pour cette raison que les anciens monuments de l’Inde, qui valent pourtant nos plus merveilleuses productions de l’art gothique, sont si peu visités par les Européens qui résident dans la contrée. Les monuments d’Ajunta et de Khajurao, pour ne parler que des plus célèbres, ne reçoivent guère plus d’un visiteur par an. Oudeypour², une des plus curieuses capitales des royaumes indiens, reçoit la visite d’un Européen à peu près tous les trois ans.

    En l’absence du magistrat anglais de Motihari, je ne pus réunir comme porteurs qu’une quarantaine d’affreux gredins. Je n’aurais pas voulu rencontrer assurément au coin d’un bois en Europe aucun des individus dont la nécessité m’obligeait de faire mes seuls compagnons de voyage pendant plusieurs jours et plusieurs nuits dans les solitudes de l’Himalaya. Ma longue expérience des voyages m’ayant appris que le fatalisme est la plus sage des philosophies, j’acceptai, faute de mieux, cette suite désagréable.

    C’est au commencement de janvier 1885 que je quittai Motihari. De cette ville à Kathmandou, on compte environ cent soixante-trois kilomètres, dont le plus grand nombre à travers les chaînes avancées de l’Himalaya qui bordent au sud la vallée du Népal. Le voyage se fait en partie en palanquin, en partie dans une sorte de hamac nommé dandy, porté par quatre hommes qui peuvent au besoin se ranger à la file dans les sentiers étroits. Le nombre de porteurs nécessaire pour tout le voyage et les provisions indispensables, car on ne peut rien se procurer en route, est d’une quarantaine. Ils trottent constamment et se relaient, sans ralentir leur marche, environ toutes les cinq minutes.

    La région la plus dangereuse à franchir, à cause des miasmes mortels dont elle est remplie, est l’épaisse forêt marécageuse nommée Téraï, située au pied de l’Himalaya. Lorsqu’on la traverse la nuit, on allume de nombreuses torches pour éloigner les bêtes féroces qui y pullulent comme des lapins. La forêt commence près du village de Semelbasa. Sous le prétexte d’aller acheter des torches, mes porteurs m’y abandonnèrent toute une nuit, dans l’espoir que les tigres et les panthères mangeraient le voyageur, mais épargneraient les sacs de roupies dont il était muni. Une collection de bougies, tirée du panier de provisions qui ne me quittait jamais, me préserva des bêtes féroces. Une divinité bienfaisante, Vishnou sans doute, me préserva des miasmes que je redoutais beaucoup plus que les tigres. Il fallut passer la nuit à travailler sur le palanquin, transformé en pupitre, pour ne pas laisser les bougies s’éteindre ; et quand, le matin, la bande de mes aimables compagnons revint pour voir s’il restait encore quelques fragments de l’Européen, un discours bref, mais énergique, leur fit comprendre que le revolver est un instrument créé spécialement par Siva pour casser les têtes des porteurs récalcitrants dans l’Himalaya.

    Les deux passes de l’Himalaya qu’on doit franchir pour descendre dans la vallée du Népal, celles de Sisaghiri et Chandragiri, sont extrêmement difficiles. Il faut passer plusieurs fois sur des sentiers larges de quelques centimètres, taillés sur les flancs de la montagne et dominant un abîme au fond duquel on entend mugir un torrent. La vue splendide qu’on a de ces hauteurs défie toute description. Les cimes nuageuses de l’Himalaya, que domine la masse géante du Gaurisankar, forment autour de vous une couronne de neige, tandis qu’à vos pieds s’étendent des forêts et des vallées verdoyantes. Auprès d’un tel spectacle, les plus beaux sites de la Suisse ou ces régions grandioses des monts Tatras que j’ai eu autrefois l’occasion de décrire, ne me semblaient plus qu’un pâle décor.

    Les fatigues et les ennuis du voyage avaient été largement compensés par la beauté de l’Himalaya. Ils le furent bien plus encore par le spectacle que devaient m’offrir les villes du Népal, Kathmandou, Patan, Bhatgaon, Pashpati, etc.

    Après avoir franchi la dernière des chaînes de montagnes, nous nous trouvâmes au-dessus de la vallée où s’élèvent, dans un espace restreint, la capitale et les plus importantes cités du pays. Elle offrait un aspect d’une fertilité incomparable. Les pentes que nous descendions, en traversant, par endroits, des cours d’eau rapides, étaient couvertes des plus beaux arbres ; les villages dissimulés sous cette végétation exubérante ne se révélaient qu’à notre approche. Avec ses petits temples, ses maisons de bois toutes sculptées, chacun d’eux semblait une réunion de pagodes.

    Nous entrâmes à Kathmandou avec l’escorte envoyée à notre rencontre par le résident. Une foule nombreuse s’était massée dans les rues pour assister à notre arrivée, qui était annoncée depuis longtemps. Je pus juger quel événement c’était dans le pays, et aussi me rendre compte dès l’abord de l’âpre et gênante curiosité qui distingue les Népalais. Désirant nous rendre à la résidence, il nous fallut traverser toute la ville. Notre escorte faisait de son mieux pour écarter les spectateurs qui nous pressaient de tous côtés, mais elle y perdait sa peine et ses coups de bâton.

    Mes rapports avec l’ambassadeur anglais, un peu tendus d’abord, dans

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