Pourquoi avoir écrit la vie de Louis XIV à la première personne ?
Les historiens ont tout dit sur Louis XIV, mais la plupart d’entre eux n’ont pas remarqué que, sur le célèbre portrait du Roi-Soleil, vieilli, aux traits tirés, désincarné, que nous a laissé le célébrissime Hyacinthe Rigaud, le monarque tient son sceptre à l’envers. C’est une sorte d’ironie métaphorique : elle signifie que le grand roi se moque de ses biographes et qu’il n’entend pas livrer son for intime. C’est justement cela qui m’a intrigué et qui a fait naître en moi l’idée de lui rendre la vie, de le restituer à ses enfances, à sa jeunesse, à ses plus belles années. J’ai tenté d’entrer dans le détour de ses pensées pour le suivre en ses desseins, ses doutes, ses ferveurs, ses fulgurances.
En d’autres termes, j’ai rêvé de descendre le tableau de Rigaud, de lui redonner des couleurs, de le faire revivre par un rajeunissement baroque. J’ai rêvé de lui parler et de le faire parler, de retrouver ses accents, ses élans, son coup d’œil, son esprit en cascade, sa manière de jardiner ses pensées et ses broderies d’orangers. Et j’ai voulu ainsi remonter le filet d’eau vive en faisant usage de la langue forte et sublime du Grand Siècle. Bref, j’ai écrit ce livre comme un journal intime, un mémorial imaginaire. Maintenant que je l’ai quitté, je le vois