Jeanne d’Arc, l’icône rebootée
Alors, Jeanne d’Arc, homosexuelle ou pas ? L’hypothèse a pris corps ces dernières années chez certains jeunes historiens. Quand on la lui soumet, Claude Gauvard, éminente médiéviste de 79 ans, se prend la tête entre les mains, comme pour cacher son effroi. Peine perdue, sa voix grimpe dans les aigus : « Mais c’est complètement idiot ! Mon Dieu, comment peut-on autant déformer les textes ? » L’historienne serait-elle trop conservatrice pour envisager une telle hypothèse ? Pas son genre, bien au contraire ! Ces derniers mois, elle a rouvert un pan délicat de l’histoire johannique : les rumeurs à teneur sexuelle qui ont toujours circulé à propos de la « pucelle » des uns, de la « putain » pour les autres. De la virginité de l’héroïne à ses règles, l’historienne n’esquive aucun détail. Dans le cocon de son bureau parisien tapissé de livres anciens, elle évoque aussi, avec toute la pédagogie requise face au néophyte, la découverte qui a nourri son dernier livre sur Jeanne d’Arc, paru en février*, « celui que je ne pouvais écrire qu’en fin de carrière, après avoir tiré tous les fils ».
Spécialiste de l’histoire de la justice, la professeure émérite d’histoire médiévale à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne a retrouvé un document inédit sur l’héroïne médiévale. Une telle trouvaille est rare désormais, tant les archives sur le personnage ont été fouillées. Elle l’a exhumée – presque par hasard – au fond d’interminables galeries, celles des registres judiciaires du parlement de Paris, aux Archives nationales. Son , comme elle dit, nous, nouvelle preuve dans un dossier déjà épais. [« qui se livre à la débauche, du haut allemand , être en chaleur », ], indique patiemment Claude Gauvard.
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