Alain Finkielkraut: « Le littéraire cède la place au littéral, et je l’ai appris à mes dépens »
IL Y A DOUZE ANS, le merveilleux Un coeur intelligent célébrait les nuances de la littérature contre les manichéismes de l’époque. Dans L’Après littérature (Stock), Alain Finkielkraut enfonce le clou. Le philosophe déplore non la fin des romans, mais celle d’une époque où ils éduquaient les esprits et défendaient le particulier contre le général. L’occasion de l’interroger sur ses chers Philip Roth et Milan Kundera, visionnaires en matière de « wokisme » et d’esprit de sérieux…
Dans L’Après littérature, vous évoquez plusieurs définitions de la littérature, de celle de Mona Ozouf à celle de Marc Fumaroli. Quelle serait la vôtre?
« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature », dit Proust. Les grands romans ne font pas que raconter des histoires, ils m’arrachent ce sont les artistes seuls qui peuvent « faire comprendre à une créature humaine fanatique et bornée les joies et les peines de ses frères lointains ». Il n’y a que par la littérature qu’on peut surmonter l’abîme qui nous sépare des autres hommes. Ce n’est pas seulement un bienfait, c’est un miracle. Je vais à la littérature comme d’autres vont à la Bible.
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