Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Contes et mythes de Birmanie
Contes et mythes de Birmanie
Contes et mythes de Birmanie
Livre électronique266 pages2 heures

Contes et mythes de Birmanie

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire de Birmanie

Le buffle et le bœuf étaient cousins et s’aimaient beaucoup. Le buffle avait deux rangées de dents fort belles. Le bœuf n’en avait qu’une seule rangée, à la mâchoire inférieure. Mais le buffle, gentil comme il était, une fois qu’il avait terminé son repas, prêtait ses dents du haut au bœuf.
Le cheval dansait merveilleusement. C’était aussi un clown épatant. Il savait très bien chanter aussi. Il faisait des tournées à travers le pays, en tant que danseur, chanteur, amuseur. De partout, le public affluait pour voir ses spectacles. Un soir, le cheval donnait une représentation près du lieu où résidaient le buffle et le bœuf. Le buffle n’avait aucun goût pour ces frivolités. Pour lui, prendre le frais plongé dans l’eau jusqu’au cou était bien préférable aux spectacles de cirque.

À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes de France
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Burkina-Faso
• Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
• Contes et récits des Mayas
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2015
ISBN9782373800081
Contes et mythes de Birmanie

Auteurs associés

Lié à Contes et mythes de Birmanie

Titres dans cette série (37)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fiction sur l'héritage culturel pour vous

Voir plus

Articles associés

Avis sur Contes et mythes de Birmanie

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Contes et mythes de Birmanie - Susanne Strassmann

    Astres, ciel, terre

    1.

    Ningkong forge la terre

    À peine né, Ningkong se démena pour rendre le monde habitable. Il réunit en une seule masse les trois cieux et les terres. Il les divisa par le milieu d’un seul coup du grand coutelas panang kauka. Il plaça le ciel en haut et la terre en bas. Il soutint le ciel à l’aide de quatre grandes colonnes, à savoir Punbang Manjawn, Kaba Dawkong, Mu Madi Kabran, et Ka Madi Tokang. Alors, il mit la terre dans un cylindre (punkrong) et la fit bouillir dans un grand chaudron (Ma au) pour un bain de vapeur. Il versa ensuite.

    Alors, il saisit enclume, marteau, pinces, et, avec ses trois frères, il forgea la terre. Mauda Lana portait l’arbalète et les balles. Il marchait en tête comme porte-torche. Ningyiu Lawa était chargé des aliments, et cuisinait. Mauda Langut conduisait le cheval, tenant le rôle de palefrenier.

    Mauda Lana tira du côté gauche avec son arbalète, puis à droite. Les balles qu’il envoyait produisirent les montagnes. En partant du milieu de la terre (Ka-ang ka), que le jaiwa narrateur place au nord, nos quatre frères forgèrent d’abord la Chine. Ils y construisirent un palais pour les futurs empereurs, et le confièrent à la garde du cheval, du canard et de l’oie. Ensuite, ils fabriquèrent les pays des Kachin, des Shan et des Birmans. Ils bâtirent un palais pour les futurs rois, le donnèrent à garder à l’éléphant. Ils avancèrent et forgèrent le Kala ka (pays des étrangers, Indiens et autres), y firent un palais gardé par le cheval et l’éléphant.

    Ils rencontrèrent deux immenses rochers : Lung Yi et Lung La. Entre ces rocs, passent tous les fleuves qui vont se déverser en mer. Ils se tournèrent alors vers l’est et fabriquèrent le Wa ka, pays des hommes à tête de cochon, des sauvages et des Sinli ka, pays des Shan chinois. Une fois ce travail terminé, ils retournèrent au centre du monde. Il y restait une grande colonne, Mu Shadaung Maren, qu’ils voulaient dresser entre ciel et terre. Ils la mesurèrent, la trouvèrent trop longue. Ils en découpèrent la partie haute. Tous les copeaux devinrent les grands oiseaux du ciel. Ils mesurèrent encore une fois la colonne : encore trop haute. Cette fois, ils la rognèrent par le bas ; les rognures devinrent tous les animaux vivant dans l’eau. Ils parvinrent enfin à arrimer la colonne, qui se tint bien. Aussitôt, elle s’anima et devint un grand arbre, Sut Phun Nu (arbre des richesses), avec d’immenses branches couvertes de feuilles d’or et d’argent.

    Cet arbre est surveillé au sommet par Ja U et Sut Kalang, oiseau d’or et faucon de trésors. Au milieu par Sut Shang Jing Ja et Khan Shang Ngala, daim et buffle de trésors. Au pied par Phundi Phun, Phunphang Phun, un vieux sourd-muet, par Mungji Jiron La, une sorte de champignon, et Jakhu Taung Ningwa, une hache de neuf coudées.

    Ningkong Wa, alors, interdit au grand serpent Padang Lapu de secouer par trop la terre. Dès lors, elle put recevoir ses habitants.

    2.

    Ningkong se construit un palais

    Une fois que Ningkong eut forgé la terre, il envoya le grand oiseau Sinpi U la mesurer. Sinpi U alla aux extrémités du monde, mais revint à toute vitesse pour se construire une maison, car il avait vu la pluie arriver. Il conseilla à Ningkong d’en faire autant. Ningkong répondit :

    – Le ciel est mon toit, la terre est mon plancher. Je ne bâtirai pas de maison.

    – Mais la saison des pluies est longue, la terre sera humide sous tes pieds.

    – Soit ! je ferai une maison !

    Ningkong, ayant pris sa résolution, tous les esprits se mirent à l’œuvre sous sa direction.

    Ils coupèrent de grands arbres. D’immenses colonnes furent affilées comme des aiguilles de porc-épic. Elles furent plantées sur trois rangs, la plus haute au milieu. Mais que faire après ? Ningkong vit un sanglier, dont la forme lui donna l’idée de fabriquer trois longues poutres, une pour le haut et une pour chaque côté. Que faire ensuite ? Ningkong vit un éléphant : son dos lui donna l’idée d’un toit. Mais comment le couvrir ? Sa sœur, Ningkum Pari Majan, mère du fil, trouva la solution. Elle se mit à filer : le toit était à moitié fait. Unti Majan, mère de l’herbe à paillote, vint à son aide. En un rien de temps, la maison fut couverte. Un vrai palais ! Ningkong tout content tua un buffle pour ses hommes, sacrifia une volaille et un cochon aux esprits de la pluie Marang nat.

    3.

    Le déluge

    Ningkong envisagea de lancer des ponts sur les voies d’eau. Il commença par l’Irrawady. Les neuf frères, fils de Layau Kanzaw, roturier fort jaloux de sa gloire, firent tout ce qu’ils pouvaient pour l’en empêcher. Ils rusèrent et mentirent. Ils firent dire à Ningkong que son frère était mort, espérant que cette nouvelle le ferait interrompre son entreprise. Mais Ningkong dit :

    – S’il est mort, rien à faire ! On lui trouvera un remplaçant.

    Et il se remit à l’ouvrage. Les neuf frères revinrent à la charge, lui annonçant la mort de sa mère et de sa sœur. Même réponse. Ils revinrent lui annoncer la mort de son père. Ningkong répondit :

    – Un père ne peut être remplacé.

    Et il fondit en larmes. Dans son chagrin, il détruisit le pont qu’il avait commencé. Il jeta ses outils à l’eau. Son marteau devint une île. Son soufflet et son enclume donnèrent naissance à deux cascades. Ningkong décida de rentrer à la maison. Il grimpa sur un éléphant, mais le sentier était trop étroit. Il prit un cheval, qui, très vite, succomba sous le poids. Il continua à pied. On peut voir encore ses empreintes.

    Une fois qu’il eût regagné son palais au milieu de la terre, il fut bien surpris de trouver toute sa famille saine et sauve, bien vivante. Il dit aux neuf frères :

    – Vous m’avez menti ! Je ferai pleuvoir sur vous neuf jours.

    – Fais pleuvoir tout ce que tu veux ! Nous ne craignons rien.

    – Je ferai surgir neuf soleils !

    – Nous n’avons pas peur !

    – J’enverrai un déluge !

    – Pas peur !

    – Soit ! que le déluge se déchaîne ! que l’humanité périsse ! Ils auront de l’eau jusqu’aux chevilles ! Et les femmes jusqu’aux genoux !

    Néanmoins, Ningkong avait avec lui deux orphelins, un frère et une sœur, qu’il aimait beaucoup. Il les plaça dans un tambour avec neuf coqs, neuf aiguilles, neuf boules de cire, neuf gâteaux de riz. Il déchaîna alors le déluge, qui tua tout le monde, sauf ces deux-là, qui flottèrent sur l’eau. Le premier jour, ils mangèrent un gâteau. À travers un trou du tambour, ils jetèrent dehors un coq, une aiguille et une boulette de cire. Ils entendirent seulement le plouf que firent dans l’eau ces objets. Ils firent de même les jours suivants. Toujours le même plouf ! Désespérant ! Arriva le neuvième jour. Ils mangèrent le neuvième gâteau, jetèrent pardessus bord le neuvième coq, la neuvième aiguille et la neuvième boulette. Celle-ci dit paf, l’aiguille dit : pif et le coq cria : kiri kiki. Le déluge était fini.

    Les deux enfants, tout gais, sortirent du tambour. Tout tristes, néanmoins, car ils se trouvaient seuls, sans compagnons. Le cœur bien maussade, ils erraient. Pendant ce temps-là, les nat, oiseaux et rois n’étaient pas inquiétés par le déluge.

    4.

    La terre se repeuple

    Les deux orphelins arrivèrent bientôt à la résidence d’un nat, nommé Tungra Shung Makam. Ils lui dirent :

    – Eh, grand-père, nous sommes des orphelins sans compagnons, pourrions-nous rester avec toi ?

    – Bien sûr, mes mignons ! Je vous nourrirai, si vous faites bien votre travail. Allez chercher de l’eau !

    Il leur donne une cruche fendillée. Les enfants partent et tentent en vain de remplir la cruche. Le vieux nat leur crie qu’il va les dévorer le soir même. Horrifiés, ils s’enfuient. Après une longue marche, ils parvinrent chez un autre esprit, nommé Waun Kut Krun, et lui dirent :

    – Eh, grand-père, nous sommes seuls et orphelins. Pouvez-vous nous abriter ?

    – Oui, mes mignons ! Allez me chercher de l’eau !

    Et il leur donne une cruche fendillée.

    – Mais, grand-père, nous ne pourrons jamais rapporter de l’eau avec une cruche de cet acabit ! Donne-nous-en une autre !

    Le nat leur octroya une bonne cruche. Comme ils allaient à la source, ils entendirent le nat qui parlait de leur donner une bonne éducation. Voilà qui leur plut beaucoup. Ils travaillèrent de bon cœur pour leur protecteur.

    Mais hélas ! le premier nat les retrouva et alla les chercher chez Waun Kut Krun. Il lui dit :

    – Eh ! frangin ! n’as-tu pas vu deux enfants ?

    – Non, frangin, dit l’autre, qui les cacha dans la cheminée. Et il ajouta :

    – Entre donc ! Viens te chauffer !

    Les deux nat bavardaient près du feu. Les deux enfants, horrifiés, gênés par la fumée, pissèrent de peur. L’urine coula sur le front de Tungra Shung Makam, qui dit :

    – Eh, frère, on dirait qu’il pleut !

    – Non, frangin ! c’est un pot de bière de riz qui fuit !

    – Eh bien, buvons-en un coup !

    – Non ! Il n’a pas encore assez fermenté !

    – Si, maintenant, trinquons !

    – Je te dis qu’elle n’est pas bonne ! Reviens dans quatre jours, et nous la boirons !

    – D’accord ! On se revoit dans quatre jours.

    Et il s’en va. Alors, Waun Kut Krun extrayait les deux orphelins de la cheminée. Ils mirent à rougir un grand tisonnier de fer.

    Quatre jours plus tard, Tungra Shung Makam rappliqua. Juste au moment où il ouvrait la porte, ils lui plongèrent dans la gorge le tisonnier brûlant. Le pauvre nat, pour se rafraîchir la gorge, courut vite se plonger dans la rivière, sous la cascade. Il grognait et écumait. (Il n’avait plus envie de bière. C’est pourquoi, de nos jours, quand les Kachin l’invoquent, ils ne lui offrent que de l’eau.)

    Entre-temps, les deux orphelins vécurent chez Waun Kut Krun, qui les traitait comme ses enfants. Un jour qu’ils mettaient le bois au feu, ils brûlèrent leurs habits accidentellement. Le nat leur en fabriqua de nouveaux avec des feuilles de bananier sauvage. Un autre jour, ils allèrent à la pêche, s’égratignèrent contre les racines et les ronces poussant sur la rive. La démangeaison les fit se rouler l’une contre l’autre.

    Quelque temps après, un enfant leur naquit. Le nat surveillait le bébé quand les orphelins allaient travailler aux champs. Le bébé ne cessait de hurler et pleurer. Le nat le menaça de mort s’il ne s’arrêtait pas. Le bébé hurla et pleura de plus belle. Enragé, Waun Kut Krun étouffa le bébé. Avec son cœur et ses poumons comme assaisonnement, il prépara une assiettée de riz. Il coupa le corps en très petits morceaux, qu’il éparpilla là où le sentier se sépare en neuf branches. Le soir tomba.

    Les orphelins parents du bébé rentrèrent et s’informèrent du bébé. Le nat répondit :

    – D’abord, mangez donc de ce plat ! Ensuite, je vous dirai où se trouve le bébé.

    Les orphelins calmèrent leur faim, et s’enquirent derechef du bébé. Le nat répondit :

    – Vous avez déjà mangé son cœur. Si vous voulez voir son corps, allez aux neuf chemins.

    Les parents, tout en se lamentant, coururent à l’endroit indiqué. Quelle ne fut pas leur surprise quand ils virent des hommes de toute espèce : Chinois, Shan, Kachin, Birmans, Kala (Indiens et autres étrangers), fabriqués avec les morceaux de leur bébé :

    – Mes enfants ! mes enfants ! crièrent les orphelins.

    – Nous ne sommes pas vos enfants ! vous avez dévoré le cœur de votre fils.

    – Mais si, mais si ! vous êtes nos enfants !

    – Nenni ! Bon, si vous blanchissez ce charbon, nous voulons bien être vos enfants !

    Le frère et la sœur frottèrent et frottèrent le bout de charbon sans réussir à le faire devenir blanc. Ils s’en allèrent tout tristes.

    Bientôt, ils eurent un autre enfant, Shwi Shingtai, qui devint une sorcière (phyi) et la mère de tous les sorciers. Ils moururent peu après. Leur ombre se transforma en nat appelés Kaban Phraw Lung et Kasen Phynien. Depuis lors, ils gardent les mines de fer en Chine.

    On voit bien que les nat, seigneurs et rois, n’eurent pas à subir de dommage du déluge. Les plantes gardèrent leurs racines, et regermèrent peu à peu. Quant aux animaux qui périrent lors du déluge, Ningkong dut les refabriquer.

    5.

    Origine du soleil et des astres

    Soleil et lune étaient des enfants de Krung Krong et Ynong. Ils grandirent et fondèrent une famille. Le soleil avait neuf petits soleils. La lune avait un certain nombre de satellites. Quand les hommes se mirent à voler le riz, le père soleil, pour les punir, fit se lever ensemble ses neuf fils soleils, donna aux chiens neuf queues, et aux campagnols neuf chiens terriers. Aussitôt, sur terre, le riz et les enfants grillèrent. Les chiens n’eurent plus la force de remuer leurs queues ni les hommes de travailler. Ils ne trouvèrent plus moyen d’attraper les campagnols.

    Les êtres vivants s’unirent. Ils préparèrent un grand arc avec des serpents vivants, afin de livrer bataille à la famille du soleil. Voyant cela, cette famille se retira, entraînant avec elle celle de la lune. Les ténèbres couvrirent la terre, la rendant inhabitable comme avant. Les vivants tinrent conseil, et décidèrent d’envoyer quelqu’un ramener la lumière. Ils envoyèrent d’abord le tatou. Celui-ci parvint à la cachette des soleils. Hélas ! quand il se présenta, Madame Soleil, qui s’activait à décortiquer le riz sous le portique, lui donna, avec son pilon, un coup si horrible qu’il eut les dents brisées, et tomba raide mort. Elle jeta le cadavre au loin, et n’osa parler à personne de l’aventure.

    Au bout de quatre jours, les hommes, voyant que le tatou ne revenait pas, envoyèrent un nouvel ambassadeur en la personne du coq. Ce dernier, avant d’atteindre la résidence des soleils, aperçut le cadavre du premier ambassadeur (le tatou). Craignant de subir le même sort, il n’alla pas à la maison, mais s’arrêta au milieu de la cour et cria : kiri kiki kiri kiki. Puis il se cacha la tête sous ses ailes et attendit.

    Les petits soleils se précipitèrent dehors pour voir ce qui se passait. Aussitôt, ils dirent à leur père qu’un étranger était debout dans la cour, sans cou ni tête. Le père sortit et dit :

    – Eh toi, l’étranger sans cou ni tête, qui es-tu ?

    – Moi, moi, je suis le cocoq, répondit bégayant

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1