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Contes et légendes de France
Contes et légendes de France
Contes et légendes de France
Livre électronique281 pages2 heures

Contes et légendes de France

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À propos de ce livre électronique

Un florilège de mythes, de contes et de légendes permet de pénétrer dans l'imaginaire de France

Deux voleurs ayant dérobé une paire de boeufs à un grand laboureur, il mit son domestique à leur poursuite. Comme il ne revenait pas, il envoya sa servante à sa recherche et le petit chien la suivait. Quelques jours après, ni le domestique ni la servante n'étant de retour, il se mit lui-même en campagne; ne les trouvant nulle part, il fit tant de malédictions et de blasphèmes que Jainco (Dieu), pour l'en punir, condamna le laboureur et ses domestiques, le petit chien, les deux voleurs et les boeufs, tant que le monde existerait, à marcher à la suite les uns des autres, et il les plaça dans la Grande Ourse. Les boeufs sont dans les deux premières étoiles, les voleurs dans les deux suivantes, le domestique dans l'étoile qui est seule, le petit chien dans une petite étoile, et enfin le laboureur, après tous les autres, dans la septième étoile.

À PROPOS DE LA COLLECTION

« Aux origines du monde » (à partir de 12 ans) permet de découvrir des contes et légendes variés qui permettent de comprendre comment chaque culture explique la création du monde et les phénomènes les plus quotidiens. L’objectif de cette collection est de faire découvrir au plus grand nombre des contes traditionnels du monde entier, inédits ou peu connus en France. Et par le biais du conte, s’amuser, frissonner, s’évader… mais aussi apprendre, approcher de nouvelles cultures, s’émerveiller de la sagesse (ou de la malice !) populaire.

DANS LA MÊME COLLECTION

• Contes et légendes d'Espagne
• Contes et légendes de la Chine
• Contes et légendes du Japon
• Contes et légendes d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche
• Contes et récits des Mayas
LangueFrançais
Date de sortie30 avr. 2015
ISBN9782373800005
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    Aperçu du livre

    Contes et légendes de France - Susanne Strassmann

    LA TERRE ET LE CIEL

    1.

    La fin du monde (Albret)

    Le Bon Dieu a essayé deux fois de faire punir ce monde : il l’a toujours laissé se sauver ; mais à la troisième fois ce sera pour de bon. La première fois ce fut par un grand vent comme il ne s’en est pas revu, et qui passa partout sur cette terre : tout se renversa ; aucun arbre ne demeura debout. Il se sauva quelques personnes parce qu’il n’y avait pas encore de maisons ; il n’y avait que des grottes.

    A la seconde fois le Bon Dieu essaya de faire périr ce monde dans l’eau. Il dit à un homme qui était juste, de se faire une grande cuve pour s’y sauver dedans quand les eaux seraient dé-bordées ; ainsi l’espèce ne se perdait pas :

    — Mets-y le temps qu’il faut, lui dit-il, il te faudra sept ans : le lieu où tu travailleras sera si caché que personne ne pourra le trouver si tu ne le montres.

    Et en effet, personne ne le sut. Le diable re-marqua l’absence de l’homme juste :

    — Où est votre mari, disait-il à la femme de l’ouvrier ?

    — Je ne le sais pas, disait l’autre : il emporte la nourriture, je ne le vois plus qu’au soleil couché.

    — Demain matin, lui dit le diable, versez toute l’eau de dedans pour qu’il ne puisse pas se laver les mains : alors nous saurons ce qui en est.

    Le lendemain, en se levant, l’homme ne trouva pas d’eau à la cruche, il lava ses mains au vase de nuit.

    — Alors, dit le diable, demain matin en vous levant versez tout, nous le surprendrons.

    Ainsi fit-elle et l’homme ne put pas laver ses mains.

    Le diable le trouva comme il finissait la cuve. Avec un marteau pointu il fit un trou rond ; le pauvre homme le ferma ; le diable en fit un autre. L’ouvrier alla conter au Bon Dieu son ennui.

    — Tu t’es laissé surprendre, lui répondit le Bon Dieu, tu auras avec le diable de grands dé-mêlés ; il va pleuvoir sur toi pendant sept ans, mais je vais t’accorder sept ans de plus ; il te faudra faire une provision de chevilles, et tout cheviller à mesure que le vil démon fera ses trous.

    Ainsi fit l’ouvrier de Dieu : [dans] chaque trou que faisait le diable, il mettait une cheville.

    Au bout des sept ans le Bon Dieu commença de faire pleuvoir comme son ouvrier plantait la dernière cheville ; le démon fit un autre trou, et l’eau se mit à entrer dans la cuve sans qu’on pût l’étancher.

    Quand il vit qu’il ne pourrait jamais l’étancher, l’homme se tourna de nouveau vers Dieu. Il n’avait pas fini sa prière qu’une grosse anguille s’engagea dans ce trou et avec sa queue le ferma. Le diable confus dit à l’ouvrier :

    — Tu en as beaucoup de ces chevilles ?

    — Plus que des autres, lui dit l’homme.

    Le diable se retira confondu.

    Ces eaux du ciel alors se répandirent sur les campagnes ; elles y restèrent longtemps, et quand elles baissèrent, partout se trouvèrent des lacs, des vallées, des collines, des montagnes ; avant ces eaux la terre était une surface plate comme un parquet ; elle doit revenir ainsi plate avant la fin du monde, et alors il y en aura la moitié en chemins.

    A la troisième fois que le Bon Dieu voudra détruire ce monde, il se servira du feu. A ce der-nier jour le soleil au lieu de se lever du côté de l’orient se lèvera du côté du couchant. Il montera dans le ciel jusqu’à dix heures, et à dix heures avant midi il tombera. Alors tout sera brûlé, et tout le monde périra sans que personne se puisse sauver.

    Telle sera la fin de ce monde.

    2.

    Le Soleil et la mer (Bretagne)

    Au temps jadis où le diable était garçon, le Soleil descendit sur la terre et les habitants, étouffés par la chaleur, ne savaient où se fourrer. Aussi beaucoup mouraient. Ceux qui survécurent supplièrent Dieu d’avoir pitié d’eux. Dieu les écouta, et il envoya tous les saints à leur secours. Ceux-ci descendirent sur terre, et dirent au Soleil de s’en aller. Comme ils refusaient, ils se mirent tous à pisser. Au bout de huit jours la terre fut couverte d’eau, et le Soleil eut tant de peur d’être submergé qu’il s’en re-tourna aussitôt au ciel et depuis il est toujours resté à sa place.

    C’est depuis ce moment qu’il y a une mer sur la terre et que l’eau en est salée.

    3.

    La terre et l’eau (Bretagne)

    Le diable qui est le singe de Dieu, ou son rival, fait la contrepartie de ce que Dieu vient de créer : c’est ainsi qu’après la création de la terre, le diable créa les eaux pour la noyer. Il n’avait pas fait cinquante pas que le garde forestier l’interpellait :

    4.

    Pourquoi la mer est salée. I (Bretagne) I

    Il était une fois un capitaine de navire qui devint amoureux d’une de ses voisines ; il lui fit la cour, et quoiqu’elle fût pauvre, il se maria avec elle, parce qu’elle se tenait bien. Le capitaine reprit la mer après son mariage. Pendant qu’il était absent, un seigneur du voisinage tomba amoureux de la jeune mariée, et comme il était puissant, il l’a enleva, la mena à son château et la força de l’épouser.

    Quand le capitaine revint de voyage, il fut bien navré d’apprendre cette fâcheuse nouvelle ; mais comme il ne pouvait contraindre le méchant seigneur à lui rendre sa femme, il se remit à naviguer. Il fut absent quelques années, et à son retour il apprit que la mer avait envahi tout d’un coup le château où demeurait le seigneur, et que celui-ci avait été noyé avec tous ses gens. Seule, sa femme s’était sauvée et elle était revenue demeurer dans la maison de son premier mari. En apprenant cette bonne nouvelle, le capitaine ne se sentit pas de joie ; il se hâta d’aller retrouver sa femme, et ils furent tous les deux heureux de se voir. Il lui demanda alors comment, seule entre tous, elle avait pu échapper à la mort.

    — Un jour, répondit-elle, la mer s’enfla, et elle envahit les terres du seigneur qui me retenait contre mon gré ; bientôt elle arriva au pied du château et se mit à battre les murs. Les vagues accouraient l’une après l’autre, plus hautes que les mâts de navire, et ébranlaient les murailles qui finirent par s’écrouler. Tous ceux qui habitaient le château furent écrasés sous ses débris ou noyés. Quant à moi, je n’eus point de mal dans l’endroit où je m’étais réfugiée, et quand ces méchants ont été tués, la mer s’apaisa, et je pus revenir ici.

    — Puisque la mer t’a épargnée, répondit le capitaine, il faut que j’aille la remercier du service qu’elle m’a rendu.

    Il alla trouver la Mer et dit :

    — O Mer ! pendant mon dernier voyage, vous m’avez rendu un grand service : un méchant seigneur avait enlevé ma femme et l’avait épousée contre son gré ; vous avez détruit son château et vous l’avez noyé, laissant ma femme s’échapper seule. Je viens vous remercier et veux vous montrer que je suis reconnaissant. Tout le monde vous admire, ô Mer ! pour votre étendue, votre flux et votre reflux. Désormais, si vous voulez me suivre, chacun admirera aussi votre goût.

    La Mer ne répondit rien, mais elle se mit à suivre le capitaine qui la mena dans un pays rempli de carrières de sel. La Mer couvrit le pays et les carrières, et depuis ce temps elle a toujours été salée. Elle remercia le capitaine, qui revint dans son pays ; depuis, il vécut toujours heureux avec sa femme, et s’il n’est pas mort, il vit encore.

    5.

    Pourquoi la mer est salée. II (Bretagne)

    Un jour la Mer brisa sur les rochers un beau navire, et tous les marins qui le montaient furent noyés ; la Lune, indignée contre la mer, lui reprocha d’avoir fait périr tant de monde, et la supa (avala).

    Alors il n’y avait plus aucun commerce, car, faute d’eau, les navires ne pouvaient naviguer. Un capitaine rencontra un jour la Lune et lui dit :

    — Depuis que vous avez la Mer dans le ventre, tout le monde meurt de faim, car les navires sont à sec. Il faut avoir pitié des marins et remettre la Mer à sa place. Ils seront bien contents, si c’est un effet de votre bonté.

    La Lune dit alors à la Mer :

    — Si vous voulez me promettre une chose, je vous ferai sortir de mon ventre et vous remettrai où je vous ai prise.

    — Laquelle ? demanda la Mer.

    — C’est d’être toujours sous mes ordres et d’obéir à mes commandements.

    La Mer accepta, la Lune la tira de son ventre, et la remit où elle l’avait prise.

    Mais quelque temps après la Mer eut dispute avec la Lune, sa maîtresse ; celle-ci, pour la punir, voulut la super de nouveau. C’était dans le temps où la Mer, qui jadis était douce, était devenue salée. La Lune commença à avaler de l’eau de la mer, mais cette fois elle la trouva si mauvaise, qu’elle se mit à cracher ce qu’elle avait avalé.

    Depuis elle n’a jamais essayé d’avaler la Mer. Celle-ci est restée sous le commandement de la Lune, et elle est obligée d’aller et de venir au gré de sa maîtresse, qui la punit ainsi d’avoir envahi les pays où se trouvaient les carrières de sel qui, de douce, l’ont fait salée.

    6.

    Pourquoi la mer est salée. III (Bretagne)

    Il y avait une fois un sorcier qui avait inventé un moulin qui moulait tout ce qu’on lui disait de moudre. Le difficile était de l’arrêter : il fallait prononcer certaines paroles, en se tour-nant du côté de vent et en faisant des gestes que lui seul connaissait.

    Un jour, un Terreneuvat, propriétaire du navire qu’il commandait, ayant entendu parler de ce moulin, se dit qu’il serait bien commode pour lui, et que s’il l’avait il ferait fortune. Il s’introduisit chez le sorcier ; vola son moulin et s’embarqua bien vite sur son navire.

    Arrivé en pleine mer, il dit au moulin :

    — Allons, mouds-moi du sel vite et longtemps.

    — Le moulin se mit à moudre du sel tant et tant que le capitaine en emplit la cale de son navire. Quand le chargement fut complet, il cria au moulin de s’arrêter ; mais comme il ne connaissait pas les paroles qu’il fallait prononcer, le moulin continua à moudre, de sorte que le navire coula à fond. Le moulin coula aussi et il y est encore qui moud toujours son sel, et c’est pour cela que la mer est salée.

    Le sorcier est toujours à la recherche de son moulin. Il plonge de temps en temps pour tâcher de le retrouver et c’est quand il nage que la mer est grosse et houleuse. Les plongeons causent les tourbillons qui font quelquefois sombrer les navires ; la phosphorescence de la mer n’est autre que la clarté de sa lanterne quand il cherche son moulin au fond de l’eau.

    7.

    Pourquoi la mer est salée. IV (Gascogne)

    C’était un matin de Pâques. Dieu dit à l’ange Gabriel :

    — Grande fête aujourd’hui. Si nous mettions le pot-au-feu ?

    — Idée excellente. Tous les élus en seront ravis. Je vais transmettre vos ordres, Seigneur.

    Et aussitôt, une gigantesque marmite d’or trône sur son fourneau d’argent massif. Il s’y trouve des légumes plus parfumés que les violettes et les roses, des chairs au suc plus délicat que l’arôme des fleurs aimées des papillons et des abeilles. Et l’on voit des anges aux joues rosées, aux ailes blanches, soulever de leurs mains mignonnes le couvercle étincelant de la marmite, pour savourer avec délice les émanations du pot-au-feu.

    Mais, caché dans un coin, Satan qui, exclu du festin, rêve une malice infernale, saisit la salière et la vide entièrement dans la marmite : plus de cent livres de sel. Et, là-dessus, le diable s’esquive en ricanant. Le dîner est servi, et du haut de son trône Dieu préside, heureux de la joie de ses convives. Tout à coup, brusquement, à la première cuillerée de potage, il se lève avec un froncement de sourcils terribles tandis que, d’un bout de la table à l’autre, les saints et les saintes, les anges, les archanges, les chérubins se livrent à une mimique de dégoût et d’horreur. Rien d’abominable comme cette soupe du paradis. Furieux, le Seigneur saisit la marmite et la lance dans le vide ! Elle traverse l’espace, descend vers la terre et tombe juste en océan. C’est depuis ce temps-là que l’eau de la mer est salée.

    8.

    Le tourbillon de la fauconnière (Bretagne)

    Au temps jadis, il y avait à Plévenon un pêcheur qui était connu, à dix lieues à la ronde, pour le meilleur et le plus beau garçon du pays. Les fées qui habitaient une des grottes du cap Fréhel, entendirent parler de lui, et l’une d’elles, la plus jeune et la plus jolie, eut envie de voir celui dont tout le monde vantait l’adresse et la belle figure. Elle s’habilla comme une des filles de la côte, et vint à l’église un dimanche tout exprès

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